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eft l’auteur connu d’un ouvrage eftimc à quelques
•égards ( les Révolutions d'Angleterre') ; on trouve
dans l’abbé de Voifenon l’anecdote fuivante , qui
femble d’abord ne-pouvoir pas-être vraie, au moins
de la manière dont elle eft contée : « Le père
.» 6'Orléans préfenta ees Révolutions au régent, I
» q u i, frappé de la conformité du'nom , crut que ;
» cela ne venoit pas en droiture. Il queftionna le j
» père, qui écarta fes foupçons , en affurant que
*» fa famille étoit d’une très-bonne nobleffe d’Ôr-
)> léans. N'en a-t-elle pas obligation à quelqu'un de
» mes ancêtres, reprit le prince ? Monfeigneur, lui
» répliqua modeflement le père, je fats que ma
■ v famille exijloit long-temps avant que le roi eût
» donné l'apanage au premier des ducs d’ Orléans. »
L e fond de ce fait peut être v r a i,' & la queftion
du prince n’a rien que de très-yraifemblabie ; mais
il ne falloir pas l’appelJer régent, car .la régence
n’a commencé qu’en 171,5 ., & le père dé Orléans
étoit mort dès le 3 j mars 1698. De plus , le père
de M. le régent étoit le premier duc d'Orléans
de fa branche , & M. le régent ne pouvpit pas
croire que fon p ère, né le a i feptembre 16 4 0 ,
fut le père du premier à'Orléans né en 1641 ; d’ailleurs
, il n’eût pardit un de mes ancêtres, pour défi-,
gner fon père; mais p 'u vo it-il, avec quelque
propriété d’exprefiion , donner ce titre d’ancêtres
à des princes dont les branches étoient éteintes,
& dont, il ne defeendoit pas ? C’eft une queftion
que nous faifons ; & fi on répond affirmativement
, nous avouons qu’il n’y a pas beaucoup de
difficulté à admettre l’anecdote très-vraifemblable
de l’abbé de Voifenon ; car il a pu dire le régent,
pour défigner le prince qui fut régent dans la
fuite ; & quant au mot d’ancêtres', pour défigner
les anciens ducs $ Orléans , en fuppofant ce mot
impropre, M. le régent peut ou l’avoir employé
pour abréger, ou en avoir feulement dit l’équiva
len t, comme par exemple: n en-a-telle pas l'obligation
à quelqu'un de nos prédéceffeurs ? L’auteur
qui rapporte un fait , ne garantit pas les mots.
On pourroit demander encore fi le père
d'Orléans entendoit que fa famille exiftoit avant
Philippe, duc dé Orléans y cinquième fils , ou fi on
ne compte que ceux qui vécurent, fécond fils
du roi Philippe-de-Valois , & le premier de tous
les princes de la race Capétienne, qui ait eu Orléans
pour apanage ? Nous ne pouvons répondre à cette
queftion. Nous favons feulement qu’il y a une
noble & très-ancien rie famille du nom à! Orléans,
établie à Orléans, & dont étoit feu M. le marquis
d'Orléans , beau-frère de feu M. de Foncemagne ;
mais nous ignorons fi le premier à'Orléans étoit
de cette famille. Quoi qu’il en foit , c’eft à titre
d’écrivain qu’il eft le plus connu. Outre les Révolutions
ef Angleterre , nous avons de lui les Révolutions
d'Efpagne , continuées par les pères Arthuis
& Brumoi ; l'hijloire des deux conquérons tartares
Chunchi & Can-l’i , qui ont fubjuguë la Chine ; les
vies du P . Cotton , du bienheureux f*ouis de Qon-
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çague, & de quelques autres jéfuites ; celle de
M. Confiance , premier miniftre du roi de Siam ;
des fermons en deux volumes.
On prétend que c’eft une naïveté du père d’Or-
léans-y qui a donné à Jean-Baptifte Roufieau l’idée
de fon épigramme :
C o u r a g e , d i t le p r ê t r e t
O ffr e z à D i e u v o t r e i n c r é d u l i t é .
On prétend qu'il fit à peu près la même réponfd
à la célèbre Ninon de l’Enclos qu’il avoit entrepris
de convertir , & qui lui montroit beaucoup de
doutes fur la religion.
Louis-François Gabriel d'Orléans de la Motte
évêque d’Amiens, né à Carpentras en 1683 9.
nommé à l’évêché d’Amiens en 1733 » mort Ie
10 juillet 17 74 , a lai fie la réputation d’un homme
très-vertueftx & très-aimable, & qui l’a ete
conftamment jufqu’à l’âge de quatre-vingt-onze
ans ; mais il .n’appartient à l’hïftoire que par un
recueil de Lettres fpirituelles imprimées en 1777 >
en un volume in-12 .
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ORMA , ( LE m a r q u i s F e r r e r i d’ ) {H ijî.
mod. ) d’une famille noble de Mondovi en Piémont,
général des finances du roi de Sardaigne Viélor-
Amédée, & employé par ce prince en plufieurs
négociations importantes avec beaucoup de fucces ,
futT miniftre dès affaires étrangères fous le roi
Charles Emmanuel, fils de Viélor, qui le f i t , en
1 7 4 1 , chancelier dé robe & d’épée. 11 étoit auni
de l’ordre de l’annonciade.
ORMESSON , ( l e F é v r e d’ ) ( H ijl de Fr. )
famille diftinguée dans la robe , & qui a produit
des hommes de beaucoup de mérite & de
vertu.
De cette famille étoient :
1 °. Olivier le Févre, feigneur d’Ormeffon, préfixent
de la chambre des comptes, intendant &
contrôleur-général des finances ; mort le 26 mai
16 0 0 .
2.0. André , fon fils, doyen du confeil. Il
porta la parole au nom du roi au renouvellement
de l’alliance avec les Suiffes, fait dans l’églife de
Paris, le 18 novembre 16 6 3 , le chancelier Seguïer
étant malade alors. Il mourut le 2 mars 166$ à
88 ans . ayant fervi plus de foixante ans les rois
Henri IV , Louis X I I I , Louis X IV , dans leurs
confeils.
30. Nicolas , frère du précédent, auifi doyen
du confeil, mort le premier novembre 16 8 0 , à plus
de cent ans.
40. Olivier, fils d’André , maître des requetes,
intendant d’Amiens, de Soiffons > des armées,
C’eft celui qui fut un des deux rapporteurs du
procès de M. Fouquet ; il joignoit à toute 1a
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tlélicateffe de là probité tout le courage de la
vertu.
Une particularité affez .fmgnliêre du procès de
M. Fouquet, eft qu’il fe méprit tellement fur ies
difpofitions dé fes juges à fon égard, que quand
il fallut nommer .tes rapporteurs , madame Fouuet
la mère pria- M. :1e premier préfide.nt de;
onner l ’éxçlufiô’ri à te même M. d’Ormeffon ,
qui s’acquit tant d’honneur dans cette affaire par'
fa courageufe' indulgence envers M- Fouquet;.:
elle lui Coûta la dignité de chancelier qui lui avoit
été promife. Au lieu de cette grande place, il
eut le refpeâ du public, & Teftime du roi lùi-
même. Lorfque lé petit-fils de M. d’Ormeffon fût
préfenté à ce prince : je l ’exhorte , dit Louis X IV ,
à être aujji honnête homme que fon grand-père ; c’eft
ainfi que la vertu obtient, tôt ou tard, l’hommage
de ceux même à qui elle a d’abord déplu en
contrariant leurs paffions. Mort 1e 4 novembre
*686.
50. André, fils du précédent, intendant de Lyon,
fciort avant fon père en 16 8 4 ; c’eft pour fon inf-
truâion que l’abbé Fleury compofa VHifloire du
droit françois , imprimée à la tête des Inftitutions
d’Argou.
6 °. Claude-François de Paule, frère du précédent
, grand-vicaire de Beauvais, où fa mémoire
eft encore en bénédiftion , & qu’il ne voulut
jamais quitter pour aucun évêché. Mort 1e 3
février 17 17 .
7 0. Henri-François de Paule , confeiller d’état
& au confeil royal des finances , dire&eur du
temporel de Saint-Cyr, place occupée depuis par
fon fils aîné, intendant des finances, & qui l’eft
aujourd’hui par fon petit-fils , que nous avons vu
intendant des finances & contrôleur-général. Henri-
François de Paule mourut le 20 mars 1756.
Anne-Françoife , foeur de Henri-François de
Paule , fut la femme du chancelier d’Agueffeau. j
( Voyt{ l’article d’A guesseau , où* elle n’eft
nommée qu’Anne. )
M. 1e premier préfidènt d’Ormeffon eft fils de
Henri-François de Paule.
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ORNANO. ( Hiß. de Corfe & Hiß. de Fr. ) Il
y a deux maifons de ce nom , toutes deux originaires
de Corfe , & dont l’une defeend de l’autre,
mais par femmes feulement..
La première , très-illuftre & très - ancienne,
eft descendue des anciens fouverains de la Corfe.
De cette maifon étoit Vannina d’Ornano , qui
époufa le célèbre aventurier Sampiétro, & c’eft
d’eux que defeend la maifon d’ürnano , qui a
produit deux maréchaux de France.
Peu.de perfonnagfs méritent ju tan t d être remarqués
que ce Saôjpjétro. de. BaJtelicacolonelr
général sdes Cor fes. en France* Cet, homme fin-
gùlief , ne en Corfe * élevé 'en '''Italie chez lès
ORN tor
Médicîs ] parut avec éclat en France. François F-r
lui donna dans fes armées dés emplois diftingués,
où Sampiétro acquit la plus grande gloire. Cette
gloire lui fervit de titre au défaut de naiffance,
pour obtenir la main de Vannina d'Ornano. Jean-
Marie Spinbla, gouverneur de cette île pour les-
Génois , 1e foripçonnant de quelques intrigues
Contraires aux intérêts de Gênes, 1e fit mettre en
prifon à Baftia. Le roi Henri II 1e réclarna. Sampiétro
devenu libre , court fervir Henri II ; &
moitié reconnoiffance pour fon libérateur, moitié
haine pour les Génois , il engage le roi de Françe
à s’emparer de la Corfe ; de-là ^expédition de Pau!
de Termes en 1553* Elle réuflit bien tant qu’elle
fûr fécondée par Sampiétro ; mais ce capitaine
s’étant brouille avec de Termes pour tes intérêts
de fes concitoyens , & ayant été ràppellé en
France , Doria déconcerta aifément toutes les
meftires des François. Cependant Sampiétro avoit
toujours un grand parti en Corfe ; i l . demanda la
vice-royauté à la cour de France, & ayant été
refufé , il parcourut prefque toutes les cours de
l’Europe , offrant par-tout la conquête de la
Corfe , à qui voudroit la tenter , & s’armer contre
Gênes. Les Génois avoient confifqué fes biens*
Pendant fon abfence , de faux amis engagèrent
Vannina, fa femme, à défavouer devant le fénat
de Gênes la rébellion de fon mari, & à fe féparesr
de lui pour conferver à fes enfans tes biens de
Sampiétro ; mais ayant été arrêtée dans fa route
par un ami de Sampiétro , elle eft conduite à Aix„.
Sampiétro étoit à A lg e r , lorfqu’îl apprit la fuite
de fa femme ; aufli féroce que vaillant, il fe livre
aux tranfports de la plus fombre fureur ; il tuer
de fa main Pierre-Jean Caluèfe , fon domeftique *
parce que cet homme s’étoit permis fur cet événement
délicat des réflexions indiferètes ; il part
d’A lg e r, arrive à Marfeille , court à A ix , demande
fa femme : elle étoit fous la garde du parlement v
qui fit difficulté de là livrer à fa fureur; mais h*
courageufe Vannina déclare qu’elle veut retourner
avec fon mari ; ils reviennent enfeir.ble à Marfeille
, où Vannina faifoit fa réfidence ordinaire.
A la vue de cette maifon encore démeublée ,
dont le défordre rappelloit la fuite de Vannina ,
Sampiétro ne peut plus fe contenir ; il déclare à-
fa femme avect un fang-froid affreux , qu’un crime*
I tel que le Tien ne peut être expié que par la mort »
& il lui laiffe trois jours pour s’y : préparer ; il
revient enfuite accompagné des miniftres de fa.
1 vengeance , auxquels il ordonne d’étrartgler Vannina.
Que je meure du moins par vos mains Y
lui dit-elle. J ’y confens, Sc j’obéis j puifque vous
l’ordonnez , lui répond ce barbare accoutumé , au
milieu de fes plus terribles emportemens, à ref-
peâer fa naiflance,, & à lui parler en inférieur ,
qüoiqu’en maître ; il fe jette à Tes genoux, en:
Tappellant encore fa dame & fa fouveraine , 8$
en la priant de lui pardonner fa mort ; alors, fanp
être touché de Tes larmes, il lui dénoue tes jar-
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