
N A D E R , f m. ( Hiß. mod. ) C’eft le nom d’un
des principaux officiers de la cour du grand-mogol,
qui commande à tous les eunuques du palais. 11 eft
chargé de maintenir l’ordre dans le maal ou ferrail,
ce qui fuppofe line très-grande févérité. Il règle
la dèpenfe des iultanes & des princeflès ; É eft
garde du tréfor & des joyaux, & grand-maître de
la garde-robe du monarque; enfin, c’eft lui qui
fait toute la dèpenfe de fa maifon. Cette place
éminente eft toujours remplie par un eunuque,
qui a communément un crédit fans borne. (A , R. )
N A E
NAEP , f. m. ( Hiß. mod. ) terme de- relation ,*
juge fubalterne établi par les cadis dans les villages
de Turquie ,.ou par lès raulas des grandes ville s,
pour être comme leurs lieutenans (D . J . )
N Æ V
NÆ V IU S , ( Cn e ïUS) ( Hiß. rom. ) poète latin ,
auteur de comédies & d’autres poèmes , mort plus
de deux fiècles avant l ’ère chrétienne. Son principal
ouvrage étoit une hißoire de la première guerre
punique; il ne refte de lui que des fragmens dans
le corpus poeTctruin de Maittaire. Horace parle du
refpect qu’on avoir de fön temps pour Noevius,
parce qu’il étoit ancien :
Ncevius in manibus non eft , & mentibus hcerct
Pene recens , adéb fanaum eft vêtus omne poïma.
N A H
NAHER , f. m. ( Hiß. mod.') noble indien. Les
habitans du Malabar fe divifent en caftes ou tribus,
qu’on appelle des nambouris , des bramines & des
nahers. Les nambouris font prêtres, les bramines
philosophes , les nahers nobles. Ceux-ci portent
feuls les armes ; le commerce leur eft interdit; ils
fe dégradent en le faifant. Dans ces trois caftes on
peut s’approcher, fe parler , fe toucher fans fe
laver ; mais on fe croit fouillé par l’attouchement
le plus léger de quelqu’un qui n’en eft pas. (A . R . )
NAHUM, ( Hiß. facr. ) le feptième des douze
petits prophètes. Sä prophétie eft compofée de
trois chapitres. Il paroît avoir prophétifé fous
Ezéchias, lorfque Sennachérib portoit dans la Judée
la défolation & l’effroi. Ses prédi&ions, dirigées
uniquement contre les Affyriens , auxquels il dénonce
une entière deftruâion , feniées, félon le
goût oriental, de figures & d’emblèmes , fervoient
à çonfoler les Juifs des maux qu’ils fouffroient, par
la vue de ceux qui dévoient fondre fur leurs
ennemis. Elles furent.accomplies dans le temps où
Cyaxare&Nabucadnçtzar, (Nabuchodori*ofor) réu-
niliant leurs forces, firent tomber la fuperbe Ninive,
égalèrent çijfio lçs vainqueurs aux yaincqs*
NA IKS ou NAIGS , f. m. ( Hijl, mod. ) C’eft le
nom fous lequel on défigne, dans quelques parties
de l’Indoftan , les nobles ou premiers officiers
de l’état ; c’eft la même chofe que nains. ( Voyeç
cet article. )
N A IL LA C , ( Ph il ib e r t d e ) (H ijl, mod. ) élu
en 1383 grand-maître de l’ordre de Saint-Jean de
j Jérufalem , réfident pour lors à Rhodes. Il combattit
en 1396 , à la funefte journée de Nicopolis,
| à la tête de fes chevaliers qui furent taillés en
pièces. Mort à Rh odes en 14 2 1.
NAILOR , ( J a cq u e s ) ( Hijl. d*Ang. ) fameux
impofteur ou fanatique anglois, embralfa la feéle
des Quakers ; il fit, en 16 5 6 , une entrée triom-
| phaute dans Briftol, pour imiter celle de J. C.
i dans Jérufalem. Un homme Si une femme tenoient
les rênes de fon cheval, & une foule de fes feâa-
teurs & de fes difciples crioient : fa in t,fain t, fa in t,
le feigneuf dieu de, fabaoth. Les magiftrars lui firent*
faire une autre entrée d^ans la même ville de
| Briftol , mais, dans un autre appareil, il étoit
encore à cheval, mais le vifage tourné vers la
| queue , & cette dérifion ignominieufe, qui étoit
Ü peut-être la feule-peine que méritât fa folie, avoit
| été précédée,.d’un traitement plus rude ; il avoit
| eu la langue percée d’un fer chaud , & le front
î marqué de la lettre i? , c’eft-à-dire„ blàfpliémateur 9
c’eft-à-dire fou, mais on ne devroit point faire
de mal aux fous ; on ne doit tout au plus que les
enfermer. On enferma célui-ci , & on le rélâcha
, car après tout fa folie n’étoit pas dangereufe.
On le ailfa prêcher & être le dieu de fabaoth,
tant qu’il voulut. Il mourut en 1660.
N A IN , ( Louis - Sé b a s t ien le N a in de
T il l em o n t ) ( Hijl. litt. mod. ). favant vertueux
& modefte, fils de M. le Nain, maître des requêtes,
avoit été élevé à Port-Royal ; il pafla une partie
de fa vie dans cette folitude de Port - R o y a l, &
une autre dans l’agréable folitude de Tillemont, au-
defiîis de V ncennes, à laquelle il adonné de la célébrité.
C’eft là qu’il a compofé ces fa vans ouvrages
, qui ont toute l’autorité des fources même
dans lefquelles il a puifé. Les plus confidérables
font fes mémoires pour fervir à L’hijloire eccléftajlique,
& fon Jtijloire des empereurs. Il ne fortit jamais
de fa retraite , que pour aller voir en Flandre
M. Arnauld , & en Hollande un évêque perfécuté
auflrpour.le janfénifme. M. de Sacy l’engagea, en
ï 6 76, à recevoir l’ordre de prêtrife ; & M. de
Buzanval , évêque de Beauvais , vouloir l’avoir
pour fucceffeur; mais il fe refufa conftamment aux
vues de ce prélat. Cetffiomme , plein de douceur,
eut une difpute littéraire contre le P. Lami, de
l’oratoire . fur un point d’érudition eccléfiaftique;
c’étoit » difoit Nicole , un modèle-de la manière
dont les chrétiens devroient difputer entr’eux.
Boffuet, qui mêloit aux vertus chrériènnes bien
d’autrçs qualités , difoit au contraire à M. de
TiUeiuontj
Tillemont, fur ce fujet : ne foyez pas toujours aux
genoux de votre adverfaire, & relevez-vous quelquefois.
M. de Tillemont étoit né en 16 37 ; il com-
jnença dès l’âge de 18 ans à recueillir des matériaux
pour fon hiftoire eccléfiaftique ; il mourut
en 16 9 8 , après quarante -deux ans & plus de
folitude, de travail & de bonheur. L’abbé Tronchai,
chanoine de L aval, a écrit fa vie.
Dom Pierre le N ain, fon frè re , folitaire de la
Trappe, a écrit la vie de l’abbé de Rancé , réformateur
de cette abbaye, & l’hiftoire de l’ordre
de Cîteaux. On a aum de lui une traduction fran-
çoife de Saint Dorothée , père de l’Eglife grecque,
ïk divers ouvrages de piété. Né en 1643 > mort
en 17 13 .
Cette famille des le Nain » récemment éteinte,
avoit produit beaucoup de magiftrats diftingués
par leur vertu & leur capacité , entf’autres un
fous-doyen du parlement , père des précédens,
mort en 1655 ; un maître des requêtes, fon fils ,
homme du plus grand mérite, mort en 1698 ; un
doyen du parlement, fils de celui-ci, mort le 20
feptembre 1 7 1 9 ; un avocat-général, fils de ce
dernier , & mort avant lui-, le 24 oétobre 17 0 9 ,
dont M. le chancelier d’Agueffeau, alors fon
confrère au parquet du parlement, a fait un fort
éloquent & fort jufte éloge. « Au-deffus des plus
»> grandes affaires pair l’étendue de fon génie , &
» fe croyant prefque au deffous des plus petites,
» par l’exa&itude de fa religion; efprit auffi lumi-
5» neux quefolide, les principes y naiiToient comme
ï» dans leur fource, & la même jufteffe qui les
» produifoit, les plaçoit fans effort dans leur
w ordre naturel ; fes paroles remplies , & comme
» pénétrées de la fubftance des chofes mêmes,
*> fortoient moins de fa bouche que de la profon-
9 deur de fon jugement, & l’on eût dit, en l’é-
» coûtant, que c’étoit la raifon même qui parloit
» à la juftice................. Il devoit encore aujourv
d’hui faire entendre cette v o ix , dont la douce
» infinuation fembloit donner du poids à la juftice,
w & du crédit à là vertu. Que ne nous eft-il
« permis de le faire parler au lieu de nous ! Mais,
s» puifque nousfommes privés de cette fatisfa&ion,
« que pouvons-nous faire de mieux que de vous
» parler de lui ? Son éloquence même ne lui étoit
*» pas néceffaire pour infpirer l’amour de la vertu;
*> il n’a vo it, pour la rendre aimable, qu’à fe peindre
j» dans fes difeours, parier d’après lui-même.
•î» Né dans le fein de la juftice , digne fils d’un père,
» aüffi heureux de lui avoir donné la v ie , que
» malheureux de lui furvivre ; élevé fcCus les yeux
» d’un aïeul vénérable , objet de la tendreffe & de
» la complaifance de cet homme v ra i, qui n’a
» point connu les foibleflès du fang, & qui, dans
» lès propres enfans , n’a jamais loué que la véri-
» t é , il avoit fu allier heureufement à la vertu
*> héréditaire de fa famille, des grâces innocentes
» qui, fans lui rien faire perdre de fa droiture
» inflexible , répandoîent fur elle ce charme fecret
Hifoire, Tome IV #
» qui lui attire Tamour encore plus que l’admira-
» tion.
11 Quelle facilité dans le commerce ! quel agré-
n ment dans les moeurs 1 quelle douceur , ce n’eft
» pas affez dire, quel'enchantement dans la focié-
» té 1 ...........V r a i, {impie ,.fans fafte , fans affec-
« tation , aucun fard ne corrompoit en lui la
» vérité de la nature. Exempt de toute ambition ,
w il n’en avoit pas même pour les ou rages de
» fon efprit ; le defir de bien faire n’a jamais été
» avili dans fon coeur par le defir de paroître
» avoir bien fa it, & pour parvenir à la g loire ,
•» il ne lui en avoit pas même coûté de la (ouhaiter.
» On eût dit que fon ame étoit le tranquille féjour
» de la paix. Nul homme n’a jamais mieux fu
» vivre avec foi-même : nul homme n’a jamais
» mieux fu vivre avec les autres. Content dans la
i? folitude, content dans la focièté, par-tout il
» étoit à fa place; & fachant toujours fe rendre
» heureux , il répandoit le même bonheur fur
» tous, ceux qui l’environnoient.
» Le ciel n’a pas permis que nous ayons joui
» plus long-temps de ce bonheur : il a rompu les
» liens de cette union fi douce, fi intime, qui,
» dans les peines & les travaux attachés à notre
» miniftère, étoit notre force , notre fûreté, notre
» gloire, nos d é lic e s.... Nous n’aurons plus le
» plaifir de l’avoir pour collègue & pour coadju-
» teur de nos fondions ; mais nous L’aurons tou-
» jours pour modèle : & fi nous ne pouvons plus
» vivte avec lu i, nous tâcherons au moins de vivre
» comme lui. »
Le fils de l’avocat-général eft mort intendant
de Languedoc, avec la réputation d’un homme
d’efprit & d’un homme aimable ; fon fils eft mort
très-jeune, intendant de Moulins; & c’eft dans
la perfonne du fils de ce dernier, mort plus jeune
encore , que cette famille s’eft éteinte , il y a
peu d’années. Les pères, & quelques collatéraux
& contemporains de ces trois derniers perfonnages,
dont la vie a été fi courte, avoient rempli la plus
longue carrière ; tels étoient le doyen des maîtres
des requêtes, mort à 85 ans; le doyen du parlement,
mort à 87 ans; & un autre que nous avons
yu mourir à près de cent ans, doyen des correcteurs
des comptes & de toute la chambre des
comptes , & peut-être de toute la magiftrature du
royaume, & de celle du monde entier ; il avoit
une figure plutôt antique que vie ille , c’étoit un
monument bien confervé ; il étoit refté poffeffeur
pendant quelques années de la totalité de la première
tontine ( celle de 1689 ) qu’il avoit vu créer.
Il avoit furvécu près de cinquante ans à un accident
qui auroit pu lui coûter la vie. Ayant trouvé
un foir le pont-tournant des Tuileries levé , il
étoit tombé dans le foffé , & s’étoit caffé une
jambe , qui fut mal remile, & dont il refta boiteux.
Les Mafcrany , les Portail, les d’Asfeld, les
T illyd e Blaru, les Charpentier, les Chamberjot
( voyez l’article Baratieiv ) les Bragelogne , &<£
B