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d’une condition obfcure, & d’une extrême pan- '
vreté. Un gentilhomme de Tes voifins du nom
de Marca , le retira chez lui , & le fit étudier;
d'OJJat employa les connoiffances qu’il lui devoit
pour l’éducation des neveux de ce gentilhomme;
il paroît qu'il fut auffi précepteur du Ris d’un marchand
de Le&oure, nommé Jean Perez. Il fuivit
à Bourges les leçons de Cujas , 8c s’attacha au
barreau à Paris ; il avoit fait fa philofophie fous'
Ramus, il le défendit contre Charpentier, qui lui
répondit par des injures.
Le fameux Paul de F o ix , confeiller d’état, 8c.
archevêque de Touloufe aimoit à raffembler chez
lui les gens de lettres & les èfprits éclairés ; il
connut d'OJJat, le diftingua , lui donna un afyle
dans fa inaifon ; 8c cette amitié de Paul de F o ix ,
pour d’OJfat, a été la première fource de la fortune
de celui-ci. De Foix fît avoir à Ion ami, en
3559 , une charge de confeiller au préfidial de
Melun, que d'Ojjdt poffédoit encore en 1588.
Envoyé en Italie pour remercier le pape 8c les
autres princes qui avoient félicité Charles IX fur
l'éleéfion de fon frère à la couronne de Pologne, ;
M. de Foix fut accompagné dans ce voyage de
M. $ OJfat & de M. de Thou , qui fut depuis ce
célèbre hiftorien;il fe forma entre ces deux hommes,
fi dignes l’un de l’autre, une amitié qui n’a fini
qu’avec leur v ie , 8c qui augmenta encore celle
. qu’ils «voient l’un 8c l’autre pour Paul de Foix.
Cet illuftre prélat ( de Foix ) mourut à Rome
vers la fin de mars 1^84. D’ OJfat avoit été fon
Secrétaire d’ambaflade; cette place lui avoit donné
des occafions de faire connoître fes talens à Villeroy,
Secrétaire d’état. La recommandation de ce miniftre,
& le mérite perfonnel ded'OJfat le placèrent auprès
du cardinal d’Eix, proteâeur des affaires de France
à Rome. Ce fut là que ri OJfat acquit cette con-
noiffasce profonde oes intérêts de toutes les puif-
fances 8c de la politique de toutes les cours ; il
fut même chargé , en fon nom, des affaires de
France dans cette cour. Henri III 8c Catherine de
Médicis lui témoignèrent la confiance la plus fiat—
teufe. Le cardinal de Joyeufe ayant fuccédé an
cardinal d’Eft, dans le titre de protecteur des affaires
de France à Rome , on donna pour guide
à fa jeuneffe, l’expérience déjà confommée de
d'OJfat. Bientôt la plus infime amitié unit ces
deux hommes eftimables , malgré toutes les différences
d’âge 8c de rang. Il étoit donne à $ OJfat
d’infpirer I’eftime 8c la confiance ; une fageffe
aimable 8c une modération fupérieure préfidoient à
toutes-fes démarches , à tous fes difcours , à toutes
fes penfées. Ceux qui eurent avec lui des liaifons
particulières femblètent jaloux de fignaler envers
lui leur amitié. L e cardinal d’Eft lui laiffa par
fonteftament une fomme de 12000ÜV. Le cardinal
de Joyeufe lu i. conféra le prieuré de Saint-Martin
du vieux Bellefme, qui étoit à la nomination. Ce
fiat en 1588 ; on ignore en quel temps & OJfat étoit
ré dans l’état eçcléfiaftique.
o s s
Villeroy étant tombé dans la difgrace, Henri II#?
offrit fa place à d’OJfat, qui la refufa; il avoit déjà
depuis long-temps Feftime de ce miniftre, il acquit
par ce refus des droits éternels à fon amitié ; 8c
Villeroy ayant été rétabli dans fes emplois par
Henri I V , n’en fut que plus emprèffé à chargée,
à'O fa t des négociations les plus importantes.
La plus importante de toutes étoit celle de l’abfo--
lution de Henri IV . Ce prince avoit été abfous
en France par des évêques françois, 6c c’étoit
une difficulté de plus dans fon affaire; Rome con-
teftoit aux évêques ce droit d’abfoudre un prince?';
hérétique , 8c il importoit à Henri IV de fe réconcilier
avec Rome. Le cardinal de Gondi 8c le marquis
de Pifani, qu’il envoya d’abord au pape, même
avant fon abjuration , ne purent obtenir d’être ■'
admis. Clément V I I I , porté fur le faint-fiége par
la faélion d’Efpagne , oc dévoué à la ligue, donna
• ordre à ces ambaffadeurs de fortir des terres de'
l’églife : mais d?OJfat étoit toujours à Rome ; il
négocioit 8c balançoit, par fes fages repréfentations,
les intrigues ardentes 8c continuelles du roi d Ef-
pagne, du duc de Savoie, de tous les ligueurs;
il fouffroit les refus , il attendoit les temps favorables',
8c il fut les faire naître , il plaifoit, il
réufîit; mais quand l’affaire eût été mille fois nouée *
rompue 8c renouée , quand il eût amené Clé-*'
ment V III de fa ’première répugnance p our"
Henri I V , au defir fincère de fe réconcilier avec*
lu i, & à la crainte de l’aliéner ; tout ce qu’il fallu®
encore employer de machines politiques , pour:
déterminer Clément VIH à conclure enfin ce qu’il'
avoit bien réfelu de faire , ne peut être compris
que par ceux qu’une longue habitude a initiés
tous les myftères de la-politique italienne.
Henri IV avoit envoyé la Ciieile, fon maître*;
d’hôtel ordinaire , faire part à Clément V III da
fon abjuration; la Glielle ne put obtenir qu’un©
audience fecrète, 8c il ne l’obtint qu’avec peine«1
Le pape affeéla de le recevoir .très-mal, mais il
l’avoit fait avertir fous main de ne pas s’effraye®
de cet accueil.
Henri envoya enfuite le duc de Nevers ; le pape!
lui fit. favoir qu’il le recevroit comme duc
Nevers, non comme ambaffadeur de Henri IV .
Le duç reçut cet avis en chemin, 8c n’en continua»
pas moins fa route. Le pape confentV à le voir,'
mais il exigea que le duc eût très-peu de fuite,'
ne vît aucun des cardinaux, 8c ne reftât que dix
jours à Rome. Le roi avoit chargé à’OJfat, ou
pour nous fervir des termes même du ro i, il l’avoit
prié de guider le duc de Nevers ; il paroît que la
duc fe jugeant capable de fe conduire par fes
propres lumières , crut pouvoir fe paffer des avis
de d'OJfat; que par une petiteffe de grand feigneur,
il négligea un homme trop inférieur à lui du côté
du rang & de la naiffance : la négociation du ducr
de Nevers ne réufîit pas ; d'OJfat feul amena le-
temps de- la réconciliation 8c de la paix ; & lorf-
qu’il eût une fois perfuadç Clément VIII de la fincéfité
Ï I ? ô s s
.écrite de la converfion de Henri IV , ce prince
lui âffocia l’évêque d’Evrenx du Perron, pour la
cérémonie de l’abfolurion. ( Sur cette cérémonie,
voye^ l’article Clément V III. )
D’ OJfat avoit été chargé ou le fut dans la fuite
de beaucoup d’autres affaires, foit à Rome, foit
dans les autres cours d’Italie.
A la mort de Henri I I I , la cour de Rome irritée
deTaffaflinat du duc de Guife , 8c plus encore de
Celui du cardinal, refufa au roi la cérémonie ufnée
des obsèques a Rome; c’étoit une in fui ce à la mémoire
de ce prince. Louife de Lorraine, fa veuve,
employa en vain le zèle 8c les talens de d'OJfat
pour-obtenir que des papes 7 «lofs tous ligueurs ,
honoraffçnt.la mémoire d’un roi mort fous les coups
de la ligue.
■ La preftatlon d’obédience de Henri I V , après
fon abfolution, fut encore une affaire-digne d’occuper
l’efprit conciliant de d'OJfat ; l’article de la
Navarre étoit une fource de difficultés dans cette
affaire, à caufc des prétentions, rivales de d’E fpagne
, 8c à caufe des progrès de la réforme dans
le Béarn ; toutes ces difficulté^ furent levées par
la dextérité de d'OJfat.
11 ne r.é.uffit -pas moins pleinement .dans la négociation
dont il fut chargé auprès du grand-duc
de Tofcane pour la reftitution des îles cl’I f 6c de
pQivègues, dont ce prince s’étoit emparé, 8c pour
les arrangemens relatifs aux fomm.es que.Henri IV
lui devoit. Elles furent acquittées par le mariage
de Henri, avec Marie de Médicis. •
' i D ’OJfat eut auftâ beaucoup de part à l’affaire de
la reftitution du tnarquifat dé Saluces ; il éclaira
de près la conduite de l’ adroit Emmanuel, 8c donna
plufieurs fois, à Henri IV des. avis, utiles fur les
démarches 8c lés projets de ce dangereux ennemi.
. Les, affaires, des jéfuites. occupèrent beaucoup
d'OJfat à. Rome; Su lly ,le jugea partifan dé ces
religieux. Sa^ conduite ’8c fes lettres ne le montrent
qu’ira partial ;8ç ’modéfé,. Sully hâinoit dans d'OJfat
î ’ànii 8ç la. créature dè VÜleroÿ ; l'inflexible aulté-r
rite’ ..de Sully Vépugnoit auffi à la do.ucé'dextérité,
clé S Offrit'; 6c peut-être ces dëüx hommes étoient-
ils condamnés .par la différence de leurs caraffères
à etrè injnftes à-l’égard Tiin de l’autre.; à OJJat
peut avoir eu des torts' à' 1 égard clé Sully ; mâis'il
faut'çônvenir iauffique Su lly ,à travers fes^randes
■ vertus ,8c- fes'iârès talenS; n’éràit; incapable .ni de
hauteur,! ni de)prévention;Il y à vô it certainement
®Bei petitlélfe î.cdûpâble: à retârdér le . qjaieraent
des.perdions-. de à\OJfat,.tandis qfi’il; fervoit bien
l'état , #crqueria médiocrité de fa -fortune , effet
de. Çani défint ér e fiem en tlu i tendait ces penfions
néceftâires. Béthune, frèré de S u lly , ambaffadeur
à. •Rome;;; dans le temps dç iantort de ri OJfat,
8c qui annonça cette! mort à V ille rb y , ne parta'r
geoii point l’inj-uftic© de .Sully, à l’égard , du, car-
dûjalÿ II marque à Villeroy qu’/Z ne tientpris.ajjé
■ À.fn'majefiéide -réparer c'etferpé.rjç, dfjiutaçt -que ce
ç&fflinal avoit joint, ; fit yieffonnt frites
Hifoire. Tome IV *
o s s
Us parties qui font féparément dans plufieurs autres ,
6* tient que l'on reconnoüra encore plus par fa pri
vallon, le défaut qu'il fera au fcrvicc du ro i, que Ton
ne s’appercevoit de Tuûl'ité qu'y apportoit fa préfence,
J ’avois reconnu, a jo u t e - 1 - il. tant de franchife &
d'intégrité dans fon ame, que , depuis que je fuis ici,
je lui avois toujours ouvert mon coeur,
Le défin téreffern en t diftingua toujours ri OJfat
auffi bien que Sully. Jamais il ne réclama le legs
que lui avoit fait le cardinal d’Eft , fon ami , &
il avoit refirfé un diamant que ce .cardinal avoir
voulu lui remettre en mourant,-comme pour lui
affûter le paiement de ce legs ; ce ne fut qüo
treize ans après la mort du cardinal d’Eft que fes
héritiers , de leur propre mouvement, acquittèrent
ce legs par refpeél pour la mémoire du cardinal
, 6c par eftime pour riOJfat.
D’ OJfat 6c Séraphin , auditeur de Rote, ( voye^
l’article Clément V III } furent nommés en même
temps, le premier,-par le roi ; le fécond, par le
pape, à l’abbaye de Saint - Nicolas - des - Prés de
Verdun. Le pape" prétendait avoir ce droit de
nomination dans les trois Evêchés, & l’on érôir
alors dans des cdnjonclures ou il devenoit dangereux
pour le roi de contefter quelque ebofe au
pape. - Xy-OJfat eônferva au-foi fon droit de nomination
, mais en même temps il le pria de
nommer Séraphin , qui l’avoit bien fervi auffi.
dans l’affaire de l’abfGlu-rion , 6c il obtint qu’il n’y
eût de faerifié que fes propres intérêts. -
Dans cette affaire il a voit tout fa it, î’évêque
d’Evreux n’éfoit arrivé que pour' la cérémonie ;
riOJJàl ne demanda de grâces que pour l ’évêcue
d’Evreux. Ce fut contre fon efpérance qu’il fut
nommé par le roi à l’évêché de B ay eu x , qu’il
réfigna , 6c aü cardinalat qui lui valut dans la
fuite l’emploi de proteâèUf des affaires de France-
à Rome ; le pape le nomma auffi à une 2'bbave
qui • avoit yaqué in curia. Le cardinal d'OJfat
mourut le -t3 mars -1^04 ; il fut enterré à Rome
dans l’égliffe de Saint-Louis ; Pierre Boflu 6c René
Courtin , fes fecr état res , qu’il avoir fàirfes héritiers,
lui érigèrent un tombeau. En 1 j e t , on
fit des réparations à cette églife , & les tombeaux
furent tiarîfportés dans le cioitre. M. le chevalier
Bafquiat/dé •: la -HoKze , . employé en diverfes
négociations, tant à la cour de Nrpies qu’à celle de
Rome j -compaçriote & admirateur du cardinal
ri OJfat s _• fit replacer j en 1763-, fon tombeau dans
IJI-gl'fe de Saint- Louis , .y ajopîa des ornemens
& vjnfçription fuivante, qui dit tout ce que nous
yeno.n?,dv ,dire :
.. jfrr. a Ida ^ OjfUo S, R. E^presbytero cardinali
QbÀÇfî&ù* 2iijg& '.univèijümq. ckryiiangm remput-licam
... f . :: •: . j ? : , ■ ;
. Ingenti :apr.(l omntsja:nâ adinitÆJirxi
-..Dudùài / < c n é j ? e t r o j î o f i ù & E l x a u J C o u r t in
Ütroqut à fetrttis
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