
>y efclaves tf:iiio tous' nos états & fur mer. Cepen-
>3 clant votre très-heureux empereur, cherchant- à
3- vous attire.- notre bienveillance, nous a-fou vent
-'écrit en votre ‘ faveur, nous demandant qu’il. ne!
» fût apporté aucun empêchement ni aucun trouble
» à votre commerce, 6c que nous vous fifftons
» jouir pàifiblement de notre protection »
Quand on ne reconnoîtroit* pas l’influence.-favorable
de de; Brèves , a cette attention délicate de
faire valoir aux Marfeiliois ces généreufes follici-
tations a un roi méconnu par eux, on ne pourroit
toujours pas en clouter, pùifqu’Amurat ajoute enfuite
formellement :
«c C ’eft à la prière de I’ambaffadeur de France..;
v que nous avons donné à nos Capigis nos très-
» hauts 6c très-l'ublimes commandemens, en vertu
« de {quels, fi vous vous fonmettez à votre très-
» heureux empereur, ils feront mettre en liberté
» les efclaves de votre nation, & vous feront rendre
» vos biens fur toute la côte de barbarie , 6c dans
3> les autres lieux de notre empire ».
Un autre' fruit beaucoup plus important encore ,
de Tambafiade de Brèves à' Conftantinople , eft
k fameux traité de 1604 , entre Henri- le-Grand
& le fui tan Achmet ou Amat.. De Brèves y fit
ou confirmer ou rétablir tous les avantages .quedes
traités préeédens aflùroient à la France', à l’exclu-
fion de toute autre nation , & y fit ajouter une
multitude d’avantages nouveaux.
L ’article 27 ee ce traité allure an roi de France
la préféance fur i’Efpagr.e & fur toute autre puif-
fance. Voici comment il eft conçu r
« Et pour autant qu’leeîui empereur de Franck
* eft entre tous les rois & princes chrétiens le
» plus noble & de la plus haute famille , ôç le
» plus parfait ami que nos ayeux aient acquis entre
y k s rois & princes de la croyance de Jéfus..,....,
» Nousv ou le ns 8ç commandons que fon ambaffa-
3» deur, qui réfide à notre heurèufe Porte, ait la
préféance fur l’ambaffadeur d’Efpagne 8c fur
» ceux dés autres- rois' 6c princes, foit en -notre
» divan public , ou autrçs lieux çii & fe pour-
» ront rencontrer ».
Dé Brèves avoit eu le courage de prendre la
'réféan'ce, même fur i’ambaffadeûr de' l’empereur
Rodolphe )*; il rapporté les raifôris de cette cen-
uite, dont ' on peut dkbord être étonné; Ces
raifens foiir %
i ° . Oüe tous les’princes autrichiens , lVmperetir
Rodolphe & Philippe II à leur tête , ne reeen--
»oiflant point Henri IV pour roi de France ,
fomentant en France la:ligué dont- l’objet étoit d’em---
pçeher qtfil ne fût" reconnu , dé * Brèves ne croyoit
pas non plus devoir le recoanoître.
2e. Qùè l’empereur n’a d’ambaiTadeùr à la Porté:
qu’à titre de roi de Hongrie, de forte que céder
la préféance à cet ambalïadeur, ç’auroit été mettre-
la couronne de France-au - deffous! de celle- dé
Hongrie.
De Brèves procura la.liberté à une foule d’el-,
claves chrétiens de toute nation, dont quelques-
uns même étoient dans des cir.ccnftances où un
jufte reiïentiment de la part. des. Turcs fembloit.
les menacer d’une captivité éternelle.
De Brèves" deyoit cet afeendant fur les fultans
& leurs mi niftres à fon goût pour les langues orientales
, fur-tout à la connoilîarice 6c à l’uiage de la
langue turque, qui lui étoit très-familière. D e là
mille facilités pour les affaires j mille voies de communication
, mille moyens de perfuafion qu’on ne
peut1 avoir quand on ne traite qu’avec le fecours
d’un interprète.
L ’ambaffade finie , de Brèves partit de Conftantinople,
au mois dé fnai 1605. Il lui reftôit deux-
commimons délicates à remplir j c’étôit de faire
exécuter à Tunis & à Alger- les ordres.qu’il avoit
obtenus du'grand-feigneur pour la-délivrance des
Chrétiens, fur-tout des Français, & pour la ref-
titution des. vaiffeaux & dés,' effets pris par les
corfsires de Barbarie. Le grand-feigneur fit accompagner
de Brèves, dans ce voyage ,Vpar un aga
chargé de l’exécution de fes ordres ; niais les Bar-
barelques font-des fujets de là Porte très-indociles
& très-peu fournis. 11 n’arriva que le 17 mai 1606
-devant Tunis , .parce que , toujours avide de corn-
noiffances utiles pour le, ro i, pour l’état, pu pour
lui-méme, il vilita 8c obferva k Terre - Sainte ,
l’Egypte, les if!es dé l’Archipel , les côtés mari#
rimes de l’Afie 6c de l’Afrique.
Lorfqu’on fit , dans le divan de Tunis, la leq^
ture des ordres du grand-feigneur, la milice, accoutumée
à vivre de courfes 6c de brigandages v
déclara qu’elle ne copfentiroit jamais à la reftitu--
tion xles marchandifes & de l’ argent. .11 y eut plu-,
fîeurs conférences tumultueùfes , où de Brèves cou-,
rut rifque de la v ie ;, il fallut enfin fe relâcherfuy
la rèftituticri de l’argent & des effets, & fe contenter
de la délivrance dos efclaves , ce que les
moeurs détçftables de ce| corfaires rendaient encor#
très-difficile à obtenir.
Ce qu’il y avoit de plus,, important étoit de fairè
un traité avec le dey. & la milice de Tunis, fans
quoi toutes les défenles dé la Porte «e les- auroient
pas empêché d’exercer leurs brigandages ordinaires,
contre les vaiffeaux français connue contre tous le^.
autres. Ce traité fut conclu, & la France délivrée
pour l’avenir, de leurs pirateries.,
L a • négociation avec Alger, où de Brèves arriva,
le 26 fèptembre , fut encore plus oragéùfe; outre
les depx mêmes'demandes, 'délivrance* des efclaves*
xeftitution • des effets, il en avoit une troifième à
faire pour la réconftru&ipn de cc qu’on appellpit
le hafion de France ; c’étoit une {impie maifon ,
dbâti.e ,, ay.ee la permifiion du grand-feigneur, pour
fervir de retraite aux Français qui fàifoient la pêche
du corail fur les côtés de Barbarie; elle avoit été
c détruite, par les Algériens , qui avèient'même pro-
-ïipncé des peines-contre ceux Xjui proppferoient de
•la rebâtir.
A Tunis , de Brèves avoit -trouvé un bacha qu’ il
avoit fait nommer, & qui s’en fouvénoit : à Alger
au contraire, il trouva un chérif, ou grand-prêtre
des janiffaiies , qu’il avoit fait condamner autrefois.,
aux galères, pour avoir donné un foufflet à
un conful f r a n ç a i s& qui s’en fouvénoit aufli ; il
.jfouleva contre les demandes de l’ambaffadeur, &
contre des ordres du grand-feigneur, les janiffaires
.dont il difpofoit ; ceux-ci caftèrent lùccefTivement
quatre de leurs agas qui vouloient obéir, vomirent
des imprécations contre le grand-feigneur, dés
injures mêlées de menaces contre fon envoyé, firent
‘pointer l’artillerie du port contre le galicn de l’ambaffadeur
; on voulut le faire affaffiner. Il brava tous
ees dangers , pourfuivit fon entreprife après
avoir épuifé en vain toutes lès voies dé conciliation
, il fe remit en mer & revint en France, où
il arriva le 19 novembre 1606.
Outre, la relation imprimée de fes voyages , qui
parpît faite fur fes mémoires par quelqu’un de fa
fuite, il. y a de lui deux petits ouvrages, fruit de
fes obfervations pendant fon long féjour à la Porte
6c dans les divers états' fournis à l’empire ottoman.
Ces deux traités ont un'objet entièrement
oppofé. Veut-on détruire l’empire turc ? Le premier
de ces ouvrages eft un difeours abregi des ajjur-ês
moyens, <£anéantir & ruiner la monarchie des princes
'ottomans 3 & cela dès la première campagne.
Veut-on au contraire laiffer fubfifter cët empire?
De brèves, dans un difeours fur l’alliance q 11 a le
rot avec h grand-feigneur, fait voir-de q-iiêlie' utilité
eft cette alliance pour toute k chrétienté ; &
le bien qu’il a fait pendant fa longue ambaffade',
eft la preuve de ce qu’il avance à cet égard.
De Brèves fut reçu çonfeiller d’état le 6 janvier
1607 , gentilhomme ' de 'la chambre lé -12 fep-
„femibre fuivant. Pendant fon ambaflàclej i'.Roïne,
pour laquelle il partit vers lg milieu de l’année 1608',
iLfut nommé gouverneur ,de Jean-Baptifte Gafton ,
frere unique de Louis XIII.. On croît que le ma-
,rechal 6c ja maréchale d’Àncre , auxquels il rendit
'.des fervices. en Italie, eurent part à -cette nomination.
« S’ils remplirent aufli-bien toutes les places
dont' ils disposèrent, dit le Vaffor, on eut grand
Xort de leur faire un procès, fur la manière dont
ils . diftribuoient les premières charges de l’ét'at.
Par la raifqn même .que de Brèves avoit été
ffecé par lé îr^récj^l d’ancre & fa fenyne, 6c
qu’il étoit attaché à la reine, il fit embrage à d*
Luyses,' qui voulut mettre dans cette ■ place Un
homme fur le 'dévouement ducuel il crût pouvoir
compter. M. Anquetil, dans Y Intrigue dit Cabinet,
-donne, d’après les mémoires,décrets ^de Vittori®
- Si ri , un motif, plus, pervers à ce changement.
;-çc Le fieur. de Brèves , d it-il, jôiguoit, à la connoi.
ffançe des. hommes., -beaucoép'- de. lumières
»■• politiques puifées dans .fes ambaiiades 7 - 6c une
» probité rare. . .■ . II. s’appliqua à faire - germer
?3 dans le. eoeur.de. fon. élève , les. vertus qu’il pra-
v> tiquoit, 6c à lui infpirer le goût des arts 6c des
»„ feienees qu’il eult-ivoit. 11 -réùflit' - au- point que
.» fes fuccès .causèrent de l’ombrage au roi. Au
» Heu de .-lui faire honte d’une pareille foibleffe,
» il fe! trouva des gens qui y applaudirent 6c con-
» féillèrent à Louis de congédier de Brèves , 6c
». de donner’ à . fort frère un gouverneur- dont les
y) leçons. fuiTent moins .propres à lui attirer l’efti'me
» ÔC la tendreffe de la nation ».
De Brèves Temble dire quelque chofe de.cc-n-
traire dans la relation qu’il a donnée lui-méme de
cette intrigué de* cour. « Monfieur, dit s-- il à -fèa
«, élève, rne voici à la veille, de recevoir le plus
» fanglant :déplaifir que jamais gentilhomme de-ma
>> nailiance ait'éprouvé.... Vous.en êtes- la- caufe....
» Le peu de progrès que l’on voit dans vos études,
:V 6c votre inclination, contyaire aux exercices ver-
» tueux , en font le fujet. Le roi qui vous airqe
» chèrement, defireux de' l’àvanfage de \otre édu-
■ » eâtiert, ^ a. cru que' je la néglige ; c’eft ce qui a
33 fait réfoüdré fa màjefté' de vous donner un autre
» gouverneur
. Mais ce n’eft la, qu’une remontrance de gouverneur,
qu’un propos, de devoir ce - d e , décence,,
dont on ne peut rien conclure ; il n’eft pas même
impofiible que de . Brèves, inftruit des honteux motifs
de La cour , ait mis dans ce difeours de l’ironie
,6c'de la: contre -vérité; Monfieur pleura beaucoup*
les fanglots. l’étouft.oient ; il parla d’aller Je jetter
aux pieds du roi,; de Brèves, qui fentit qu’on lui
imputeroit cette démarche., le retint, ôc lui recom-
..manda le filence , 6c la foûtniffion : il fe rendit en-
fnite chez ; le chancelier de Sillery, où il étoit mandé
dè la part du roi, 6c où il. trouva le garcle-des-
fceaux du Vair 6c lé prefident Jëànnin ; il y fit
un difeours noble . 6c , fier, où il expofa dans un
grand détail'tous ! fes fervices, folt dans les am-
paffades , .feit dans {’éducation du prince. « Ce que
» j ài fait,, leur, dit-il, mérite'rëcômpenfe 6c n«n
» oppreffion..... Meffiéurs , fi I’ üfage de maltraiter
» ceux qui ont toujours fidèlement fervi nos rois
» 6c leur -état, fe pratique en ce royaume, jugez
33 quelle en peut être la conféquënce1 Si vous ne
» me voulez aider pour l’amour dé m o i, faites-le
» pour- l’amour de vous-mêmes, étant à craindre
» ' due . vous| ne receviez en vos perfonnes , ce qui
» fe veut pratiquer, à la-mienne.... Si: c’eft péché
» mortel d’honor.er & révérer la r e ia em è i -e du