
on l’obferve » fa mort ne diminua pâs le nombrè
de fes feéfateurs ; mais obfervons, nous, qu’en
pareil cas, quand on parle de la mort cruelle
d’un homme qui étoit dans l’erreur, il ne faut
pas dire qu’elle ne diminua pas le nombre de fes
parti fans, mais, qu'elle les multiplia, parce que
tel eft l’effet naturel & néceffaire de ces violences
& de cette horrible proftitution de fupplices non
mérités.
QUINTINIE ( J e a n i >e l a ) Hiß. litt, mod
la Quintinie a été du temps de Louis X IV , pour
les jardins fruitiers & potagers , pour les jardins
utiles, ce qu’étoit .dans le même temps.,
le Nôtre pour les jardins d’agrément, & il a fait
plus que le Nôtre , en ce qu’il a expofé favâiïiment
la théorie de fon art dans fon excellent livre qui
a pour titre : riß ni fiions pour les jardins fruitiers
& potagers t Ï1 avoit beaucoup lu les anciens au--
teurs agricoles , Columelle , Varron , Virgile ; il
avoit voyagé en Italie pour y prendre-des con-
rïoiffances fur ie jardinage', il fit des expériences
& des découvertes ; c’eft lui qui nous a enfeigné
Fart de tailler les arbres de manière à leur faire
produire du fruit plus également dans toutes leurs
branches ; c’eft par lui qu’on fait, que quand on
tranfplante un.arbre, il faut en couper le c h e v e lu ,
c’eft-à-dire les petites racines, avec autant de
foin qu’on les confervoit autrefois, parce qu’en
fê féchant & en fe moififfant, elles nuifenc à
l’arbre au lieu de lui fervir , & que l’arbre
tranfplanté ne prend de nourriture que par les
racines qu’il a_ pouffées depuis qu’il eft replanté ,
6c qui font comme autant de bouches par lesquelles
il reçoit l’humeur nourricière de la terre :
enfin beaucoup de notions devenues aujourd’hui
vulgaires, nous viennent de la Quintinie. Louis
X IV le fit direâeur-général des jardins fruitiers
& potagers de toutes les maifôns ; lé grand
Condé qui aimoit le jardinage y qui aimoit tous
lés arts , prenoit plaifir à s’entretenir & à s’inf-
truire avec lui ; Jacques i ï , roi d’Angleterre ,
voulut l’attacher à ta culture de fes jardins. La
Quintinie, indépendamment de fon a rt, étoit un
homme d’efprit, naturellement éloquent , & qui
avoit exercé’ même avec fuccès la profeffion
d’avocat., Il étoit né en 1626 - près de Poitiers ,
if mourut à Paris vers l’an 1700. On lit au bas
de fon portrait placé à fa tête de fon ouvrage ,
ces vers dé Santeuilr \
Hanc decorate , dece , quotquot regnatis in kortis
Floribus evefiris jupràqtte infraque tàbellam :
Mie dédit arborïbus ftorere & eduhbus herbis ,
E t fe mirât» efL tante Pomona celono.
QUIOCO , f. m. ( Hi(î. mod. Culte ) c’èff le
som que Tes fauvages dé la Virginie donnent à
leur principale idole y cependant quelques-uns la
«fiélîgrient feus le nom. Ôfow ou dzKioufa. Cette
idole n*eft qu’un affemblage de pièces de boîs ^
que l’on pare les jours de fête , & que les prêtres
ont foin de placer dans un lien ôbfcur au
fond du quïocofan ou temple , où il n’efi point
permis au peuple de pénétrer ; là , par le moyeu
de cordes , ils impriment différens mouvemens à
cette ftaîue informe, dont ils fe fervept pour-
trompe r la crédulité des fauvages. Ils admettent
un Dieu infiniment bon , & à qui par conféquent
MJ s jugent qu’il efi inutile de., rendre de culte ;
leurs hommages font uniquement réfervésà un ef-
prit malfai-fant qui réfide dans Pair , dans le
tonnerre & dans les tempêtes ; il s’occupe fans
ceffe à défaire lebién qne leDieude labontéleur a-
fait ; c’eft cetefprit malin que les Virginiensadorent
fous,le nom de Quipco^ ils lui offrent les prémices de
toutes les plantes, animaux & poiflbns ; on les
, açcufe même de lui facrifier de jeunes garçons
dè douze ou quinze ans , que l’on a eü foin de
peindre de blanc, & que l’on affomme de coups
de bâtons pour plaire à l’id le , au milieu des
pleurs & des gêmiffemens de leurs mères , qui
f ont préfentes à ces barbares cérémonies. Les Virginiens
élèvent encore des pyramides de pierres.,
qu’ils peignent de différentes couleurs , & auxquelles
ils rendent une efpèce de culte, comme
: k des emblèmes de la durée & de l’immutabilité
de la divinité. [A . R. ).
QUIPOS, f. m. ( terme de 1 dation ) noeuds de
laine qui fervoient, & fervent encore, félon le
rapport de M. Frezier, aux Indiens ds l’Amérique
pour tenir un compté de leurs affaires & de
leurs denrées.
Pour comprendre cet ufage, il faut favoir que
tous les Indiens , lors de la découverte de l’Amérique
par lés Efpagnols ÿ avoient des cordes de
coton d’une certaine groffçur, auxquelles cordes ils
attachoient dans l’occafiofi d’autres petits cordons *
pour fe rappeller par lé nombre , par la variété1
des couleurs de ces cordons , & par des noeuds
placés de diftance en diftance ,le s différenteschofes
dont ils votiloient fe reffouvenir. Voilà ce qu’ils'
nommoient des quipos ; ils leur fervoient d’écritures
& d’annales mêmoratives-..
L’ingénieufe Zilia a bien fçu tirer parti de cette
idée ; voici comme elle s’exprime dans fes lettres
à fon cher Aza: «A u milieu de mon bou-
« leverfement, lui dit-elle, je ne fais par quel
» hafajrd ' j ’ai çonfervé mes qüipos. .Je les poffède ,.
» mon cher A z a , c’eft aujourd’hui le feul tréfor
» de mon coeur , puifqu’il fervira d’interprête-àr.
» ton amour comme au mien. Les mêmes i^oeuds.
v qui t’apprendront mon exiftence , en changeant
m de forme entre tes mains , m’inftruiront de foa.;
; » fort. Hélas ! par quelle voie pourrai - je les-
J » faire paffer jufqu’à toi ?. par quelle adreffe pour-
» ront - ils m’être rendus ?. je l’ignore encore f,
J n Mais le même fenriment qui nous fit inventée
> leur ûfage , nous fuggérera les moyens de
» tromper nos tyrans. J ’emploie toujours dans
n cette1 efpèrance à nouer mes quipos, autant
n de temps que ma foibleffe me le permet. Ces
v noeuds qui frappent mes fens , femblent donner
n plus d’exiftence à mes difeours. La forte de
» reffemblance que j’imagine qu’ils ont avec les
» paroles , nie fait une illufion qui trompe'ma
» douleur.
-» Mon cher A z a , lui dit-elle dans une autre
ï> lettré , je me fuis hâtée de remplir mes quipos ,
v 8c de les bien nouer, pour rendre mes fenti-
v mens éternels. Que l’arbre de la vertu répande
»» à jamais fon ombre fur la famille da pieux ci-
v toyen qui a reçu fous ma fenêtre le myftérieux
tiffu de mes penfées , & qui l’a remis dans
» tes mains I Que Pachamac , plus püiffant que
« le fo lé il, prolonge fes années, en récompenfe
» de fon adreffe à faire paffer jufqu’à moi les
» plaifirs divins âvfec ta réponfe !
» Les tréfors de l’amour' me font ouverts ; j’y
m puife une joie délicieufe dont mon ame s’eni-
i> vre. E n 7dénouant les fecrets de ton coeur, le
r> mien fe baigne dans une mer parfumée. Tu
» v is , & les chaînes qui dévoient nous unir ne
9> font pas rompues ! Tant de bonheur étoit l’ob-
» jet de mes defirs , & non celui de mes efpe-
p rances ! ( D. / . )
Q U IQ U E R A N d e Be a u je u ( Hifl. de Fr. )
C’eft le nom d’une illuftre & ancienne famille de
Provence , que les hiftoires de cette province
nous montrent par-tout revêtue despremières charges
à la cour des rois de Naples , comtes de Provence
, des deux maifons d’Anjou. Depuis la
réunion de cette province , & des droits fur
Naples à la couronne , on trouve dans cette même
famille des chambellans, & des maîtres d’hôtel
de nôs rois , des chevaliers de l’ordre , des officiers
généraux, plufieurs .évêques , & dans tous
les tems , des grands-prieurs , des grands-croix . plusieurs
commandeurs & une fouie de chevaliers
de Mtifte.
Nous diftinguerons parmi tous ces perfonnages
déjà diftingués : i ° . Jean de Quiqueran, barpn de
Beaujeu , mort en 1466 , connu par les fervi-
ces fignalés qu’il rëndit à Louis III d’ Anjou, roi
de Naples , de la fécondé maifon d’Anjou , oc
pat les grandes & nobles récompenfes qu’il en
reçut. - -
/ 2°. Robert de Quiqueran de Beaujeu,, nomme
chevalier de faint-Michel en 15 18 ; gouverneur
des villes d’Apt & & de Manofque/, en 158a ;
maréchal des camps & armées du roi en 15 8 6 ,
& conful d’Arles en 1593.
3 0. Pierre de Quiqueran de au jeu , évêque
de Se nez , élevé à l’épifcopat à dix-huit ans , en
conftdération de fon grand favoir qui faifoit l’e-
tonnementdes favans. M. de Boze, dans l’eloge
qu’il a fait de l’évêque de Chartres , Honoré de
Quiqueran de Beaujeu , affcciè vétéran de l ’académie
des inferiptions &. belles-lettres , .dont nous
parlerons tout-à-Pheure, dit que Pierre tut le premier
évêque nomrité après le concordat de Léon X 6cde
François 1. Ce fait eft bien difficile à concilier avec
dv.s époques connues. L’épitaphe de ce prélat ,
qui fe voit aux grands Auguftins de Paris port«
qu’il mourut à vingt-quatre ans ; fa famille pré-
tendoit qu’il en avoit vingt-fix , & que le graveur
marquant cette date en chiffres romains ,
avoit mis par erreur le I avant le V , au lieu de
le mettre après , mais fôit vingt-quatre , foit vingt-
fix, c’étoit en -ly^o , le 18 a< ût. S’il n’avoit que
dix-huit ans quand il avoit été fait évêque, ou
plutôt s’il les avoit, il devoit avoir été nommé
en 1542 ou 1544. Comment de i | i | . à 15 4 2 ou
15 4 4 , n’y auroit-il pas eu un feul évêque nommé
? on fait comme un fait pofitif qu’il y en
; a eu un très-grand nombre. M. de Boze veut-il
I: dire feulement que Pierre fut le premier évêque
; de Senez, nommé depuis le concordat ? Ce n’eft:
! plus alors une fingularité qui méritât d’être remarquée.
On a de cet évêque de Senez , deux
ouvrages eftimés : l’un eft un éloge de la Provence
, fous ce titre : Pétri1 Quiquerani Bellojocani ,
epifeopi Senecenfis f de laudjbus provincial libri très y
l’autre eft un poëme fur le paffage d’An ni bal dans
les Gaules , & fon arrivée aux bords du Rhône
près de la ville d’Arles : De adventu Annibalis
in adverfam ripant Arelatenfis agri , hexametri cen -
tum. Ces deux poèmes ent été plufteurs fois imprimés,
& le premier a été traduit en françois.
On a vû longrtemps à Paris, aux grands A u guftins
dans, la chapelle d’Alluye , la ftatue en
marbre blanc de ce prélat à genoux fur fon
! tombeau , & fur ce tombeau , outre une épitaphe
en profe , on lifoit les vers fuivans :
Dùm juveniliskones primâ lanugine malas
V e fiit , & in calido peccorë fervet amor :
Me rapuit, quee cunBa rapit , mors invida docf-is,
Hei mihï ! eur vit ce tambrevis h o ra jiù t i
Cur brevis hora fuit ? rerum fie volvitur ordo ,
Alternatque fuas tempus & hora vices.
S i fera longcevce tribuijfent fa ta feneclcz
Tempora , venturis poma deâijfet agèr.
F ia s per l i t , periére jim u l cum corticefruclus ,
Aridaque ante fuos pomafuêre d'.es.
Mémo tamen lacrymis, nec tn fiia fanera fletm
Fcedet : cur ? volito docta per ora virûm.
Ce maufolée fut détruit dans la fuite ; alors le
cardinal de Joyeufe demanda le bulle de ce préla
t , q u i étoit de la main du fameux Pierre G o h -
geon , de qui font les bas-reliefs de la fontaine
des Innocens.
4°, Paul-Antoine de Quiqueran de Beaujeu;
chevafrer de Malthe , oncle de l’évêque de Caftres
dont nous allons parler ? a eu des avanture^
M m m z