
v o y a g e , les ambafladeurs ls retirèrent pour laitier
délibérer le fen a t; les (énateürs prièrent Règulus
de relier. « J e fuis leur e fc la v e , d it-il, en ir.ontra-nt
les Cafîhaginôis , je dois les fuivre » Les am-
bafïadeurs lui permirent de re lie r , il relia Régulas
fut invité par le fénat à dire fon avis. « Je ne puis
v p a r le r , d i t - i l , ni comme fé n a te u r ,j’ai perdu
» cette dignité, ni con\me citoyen romain , je ne
si le fuis plus, je ne fuis plus rien , je fuis e fc la v e ;
si mais U vo ix d;un homme peut toujours lé faire
entendre, 8c là mienne peut encore être utile à
3i Rome , je va is parler. Alors il fe déclara contre
3> l’ échange des prifonniers ; l’ accepter, d it - il, ce
»v feroit altérer la difcipline, énerver h v a le u r ,
3> fournir aux poltrons la reffou'"ce de rendre les
si armes à l ’en n em i, dans l’efpérance d’un échange
si qui 'leur rendroit bientôt avec la liberté tous les
» droiis de citoyens ; non , n o n , des ci;oyons qui
3> ont pu rendre volontairement le s armes , ne
» font plus des guerriers à qui la patrie puiffe con-
3i fier fa défenle. Quant à moi dont l’intérêt
si femble encore vous toucher , pouvez voü sd o n c
si mettre cet intérêt en parallèle avec celui de la
»? patrie? Affoibli p a rle s maux 8c par les an s , je
si ne fuis plus r ien , je ne ps-is plus fe rvir R om e ,
s? Sc la vie d’un Romain doit finir avec fes fe rvi-
» ces. V ou s ne facrifiez donc r ien , ni moi non
n p lu s ; mais vous ave z entre les mains plufieurs
33 généraux carthaginois dans la vigueur de l ’â g e ,
3i 8c qui pourroient fe rvir utilement leur p a trie,
34 gardez-vous bien de les relâcher ».
Ce ne fut pas fans beaucoup de peine que le
fénat fe rendit à cet avis , peut-être n’auroit-il
pas dû s’y rendre. L e voe u magnanime -d’un tel
citoyen méritoit de n’ être pas exaucé ; il triompha
d ’a voir perfuadé Malgré le s larmes de fa femme,
<le fes enfans, de fes am is, malgré leurs efforts
pour le re ten ir , il partit pour aller braver les
fupplices à Carthage ; il partit avec la tranquillité
d ’un magifira t, qui libre enfin de toute affaire , va
goûter quelques jours de . repos à la campagne.
C ’eft Horace qui a le mieux e xp rim é -ce grand
cara&ère de Règulus, qui a le mieux raconté fon
h ifto ire , qui a mis le plus d ’éloquence dans fa
harangue au fénat.
Hoc caverat mens provida Regulï
Dijfentientis conditionibus
F a dis & exemple t rahcfiti
Pernicism venietis in avum ,
Si non periret immiferabihs
Captiva pubes. Signa ego Punicis,
Affixa delubris,, & arma
Militibus fine'ccede , dixit >
Derepta vidi 3 vidi ego civium
Jletorta teigo brachia libero
Portasque non claufas & arva
Marte coli populata nojiro.
Auro repenfusfcilicet acrier
Miles redibit ? Flagitio additis
Damnum , neque amijfos colores
Fana refert medicata.fuco ;
Hec î era virtus, cùmfémel excidit t
Curât reponi deterioribus;J
S i pügnat extricata denjis
Cerva plagis , erit ille fbrtis
Qui perfidis fe credidit hojiibus t
E t marte Pcenos proteret alterO,
Qui lora rejlricfis lacertïs
Setijit iners , timuitque merieiti.
Hic undl vitam funeret infc.us ,
Pacein duello mifeuit. O pudor î
O magna Carthdgo , probrofis
Altïor Icalice ruinis l
Fertur pudicce conjugis ofculum
Parvosque natos , ut capitis minor
A fe removijfe, & virilem
Toi vus humi pofuiffe vultunij.
- Donec lobantes çonflio patres
F ir mai et auHor nunquam alias datOy
Interqus meerentes amicos
- Egregius properaret exul.
Atqui feiebat quee fibi barbants
Toitor pararet ; nori aliter t arien
J)imovit objlantes propinquas
E t populum rëditus niorantem >
Quam f i clientum longa négocia
Dijudicatâ lite relinqueret, -
Tendens Venafranos in agros »
Aut Lacedemoiiium Tatentumi-
Quand les Carthaginois apprirent que l’échange
étoit re fiifé , 8c que c’étoit par le confeil-mêir.e
dé Règulus, au lieu d’admirer une telle v e r tu , ils-
ne refpirèrent que fureur & vengeance. Une-nation
qui a perdu jufqu’ au fentiment d e là v e r tu T
eft capable de toutes-les h orreurs, ils furent ingénieux
dans la recherche des cruautés. On d it
( car malgré tant 8c de fi grands témoignages *
il doit être permis de chercher encore à douter
de ces abominations ; ) on dit qu’après lui .avoir
coupé les paupières, ils 'e faifoient paffer tout-a-
coup du cachot le plus noir ou ils l’avoient tenu,
long-temps refferré, à la clarté éblouiffante du fo -
leil le plus v i f .& le plus-ardent. On dit qu’ils-
1 l’enfermèrent en fui te dans un coffre , heriffé de.
■ pointes , qui ne lui laiffoient de repos ni jour
ni nuit, & qui ,au flî-tô t qu’ il fuccomboit au foin-
m e il, le réveilloient par les douleurs qu’il reffen-
toit : enfin ils l’attachèrent en croix.. Les Romains-
indignés livrèrent à Marcia fa femme & à fe s
enfans, les plus diftingués des prifonniers Carthaginois;
la douleur & la vengeance égarèrent la
famille de Regulus , qui fans doute n’a voit- p as
fes vertus. Injuffe & barbare envers ces prifonniers
i abfolumentinnocens delà mort de fon m a r i, Marcia
les fit à fon tour enfermer dans une armoire g a i -
nie de pointes de fer. On les y laiffa fans nourriture
, cinq jours entiers , au bout defquels Boftar
mourut ; alors par un raffinement de barbarie contraire
, on nourrit Amilcar pour prolonger fes
tourmens; on le tenoit enfermé à côté du cadavre
de Boftar , & il y vécut encore cinq jours. A la
fio le s magiftrats informés de ce qui fe paffoit dans
la maifon de Marcia , firent ceffer ces horreurs ;
ils renvoyèrent à Carthage les cendres de Boftar
& ordonnèrent que lés autres pfifonniers fuffent
traités avec humanité. « I l me fem b le , dit ^ M.
Rollin qui a toujours l’ inflinél de la b o n té , il
« me femble que quelque dignes que panifient les
3> Carthaginois d’une relié barbarie , le fénat n’au-
3» roitpas dû les liv rer au reffentiment d’une femme,
3) & qu’un contrafte d’humanité auroit été une
3) plus noble vengeance & plus digne du nom
3) Romain. »
11 n’y a pas là d ’i l me fem b le , i l . falloit prononcer
, & fe déclarer hautement contre l’ufage
auffi barbare qu’ impolitique des répréfaihes ; il
f a t o u j o u r s faire craindr.e les répréfajlles & ne
les exercer jam a is ; car en les exe rçan t, on devient
à fon tour l'objet de nouvelles répréfailles ,
ce qui éternife les haines & les vengeances &
bannit de la terre toute paix Sc tome humanité.
U e plus , il eft é v id e n t , ( & M. Rôllin devoit
en faire -la remarque ) que les Carthaginois .,
prifonniers à Rome , n’étoient pas coupables des
cruautés qu’on exerçoit à Carthage fur R égu lu s ,
6c que pour leur intérêt ils ne les auroient pas
conlêillées. . -
L ’héroïfme de R é g u la s & fon malheur ont été
le fujet de plufieurs tragédies*; il y en a une fort
belle de M. Métaftafe ; en France Pradon 8c M.
Do râ t ont traité le même fujet*
2.0. C. Àttilius R é g u la s Serranus , deux fois con-
fu l , -coufin germain de M a rcu s, eut ce furnom
de Serranus , parce que , comme Cincinnatus ,
on le trouva occupé à enfemencer fon champ ,
lprfqu’on vint de la part du fénat lui apprendre
qu’il avoit été nommé conful:
E t te fuico , Serrane, ferentem,
dit V irg ile . A t t ilium fu â manu fparger.tem fem e n ,
éjui mijji érant, c o n v en en in t, dit Cicéron. S ë d i l ia
ruflico- opéré a ttrita manus fa lu tem publiçam f la b i -
lierunt , ingentes hoflium copia s pe jfum d ed eru nt, dit
Va lè re Maxime. Ën effet ce R ègu lu s , l’année de
fon premier confiilat -Vêtant expofé un peu témérairement
avec dix vaiffeaux au milieu de la flotte
Carthaginoife à laquelle fôn vaiffeau feul échappa,
finit par raffembler tome fa flotte 8c par remporter
une viéloire complette fur les Carthaginois près
des ifies de Lipari.
Dans le cours de fon fécond confulat, il entreprit
avec fon collègue L . Manlius V ulfo , le
romaines', plufieurs confuls; un didateur m êm e ,
8c dont le fuccés eft refté un problème que la
paix empêcha de réfoudre.
fiége de Lilybée ; grande & importante expédition ,
qui occupa pendant long-temps plufieurs armées j
Nous trouvons dans les faffes confiilaires un
autre Marcus Attilius Régulas 8c un autre Caïus
Attilius Règulus , poftérieurs à ceux dont on vient
de v o ir les a rtic le s, 8c tous deux aulïi deux fois
con fu ls, & plufieurs Attilius auffi confuls une ou
plufieurs fois , mais qui n’ont pas ce furnom de
Règulus.
R E G U LO ,■ f. m. ( H iß . mod. J titre qu’on
donne aux fils des empereurs-de la C h in e ..
L e fils-de l’empereur qui avoit alors la qualité
de premier régulo , étoit feulement celui de fes
enfans qui étoit le plus en fa v e u r ; mais tout à -
coup les chofes changèrent de face : l ’empereur
fut inftruit par quelques intelligences fecrettes qu’il
s’étoit m nagé e s, de l’innocence du prince héréd
itaire , qu’ il avoit d é p o fé , 8c des artifices qu’on
| avoit employés pour le perdre auprès de lu i;8 c
1 fingulièrement que le régulo , pour lui fuccéder
| avoit eu recours à la m a g ie , 8 cà l’ inftigation de
I certains lama , ou prêt fes tarrares, a v o ir fait en-
I terrer une ftatue dans la T a r ta r ie , cérémonie qui
j avoit été accompagnée de plufieurs opérations
» magiques. L ’empereur donna promptement des ©r-
j dres pour fe faifir du lama 8c déterrer la ftatue ;
! 8c le régulo eut- fon palais pour prifon. Lettres
é d i f & cur. ( A . R . )
. R E ID A N U S ( Everhard ) H iß . lit t . mod. )
de D e v e n te r , bourguemeftre d’ Arn h e im , mort en
1 7 0 z , eft auteur d’une hiftoire de Flandre depuis
j^ 6 6 , jufqu’en 16 0 1 . E lle a été traduite en latin
par D en y s Voflius.
R E IN E , f. f. ( H iß . m o d . ) femme fou-
veraine qui poffède une couronne de fon c h e f ,
8c par. droit de fucceffion. En ce fens nous n’ avons
point de reine en France , où la couronne
ne tombe point en quenouille, c’efl-à- dire où les
filles 8c les parentes de rois ne font point admifes à
leur fuccéder.
R e in e fignifie auffi la femme d’un r o i , & c’eft
dans ce fens qu’on dit une reine de France. Dans
les autres ro y aum e s, comme en A n g le te r re , en
Hongrie , S ic . , pour diûinguer une princeffe qui
eft reine de fon chef d’avec celle qui n’eft que
l’époufe d’un roi , on l’appelle reine régnante.
C e lle -c i eft foüveraine même du roi fon époux
dans fes é ta t s, au lieu que la reine dans le fécond
fens , c ’eft-à-dire , Vépoufe du r o i , eft feulement
fa première fujette.
On appelle la v eu v e du roi reine d ouairière 3
8c reine mère , fi fon fils eft . fur le trône.
,11 fe lè ve en France un impôt affeélé à l ’entretien
de la maifon de la reine, ( A . R . )