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r> roi...., j’avoue ma - faute. Je la dois néanmoins
* révérer comme mère de mon .ro i, & y fuis
» tant plus obligé qu’elle m’a été bonne maîtreffe. »
Il finit par dire qu’il va de ce pas fe rendre pri-
fonnier a la conciergerie pour juftifier fa vie. Gar-
dez-vous-en bien , lui dit le chancelier , vous offen-
l'eriez le roi. Il fe rendit à fes remontrances , &
parut devant le ro i, auquel il remit la perfonne de
Moniteur« Le roi. lui dit : « Je ferai bien aife que
» vous demeuriez auprès de moi, j ’aurai foin de
j# vous, & je ferai du bien à vos enfans. » Le
garde-des-fceaux ajouta que ce qui arrivoit dans ce
moment n’étoit l’effet d’aucun mécontentement de
la part du roi ; ;& pour preuve, il fpécifia Iss grâces
Si les récompenses que le roi accordoit dans :
co moment mêtue à M. de'Brèves ; le roi lui laifïa
d e . plus fes entrées, lui -donna fa main à baifer
en ligne de fatisfaélion, &. le lendemain à fon
lever, il voulut que ce fût M. de Brèves qui lui
donnât f» chemife.
Mais quelle raifon allégua-t-on de fon renvoi? .
Aucune, car on ne pouvoit pas dire la véritable,
Tout ce récit eft tiré d’une relation intitulée : j
ZHfcQurs véritable , fait par M. de Brèves y du pro-> •
cédé tenu lorfqu,il remit çntre les mains du roi la
perfonne de monfeigneur le duc d'An jou, frère unique
de, fa -majefié. • ;
L ’époque préçife de cet événement, que M. le
président Hénault rapporte à l’année 16 1,7 , eft le
a*3 avril 16 18. Le comte de Lude fut fubftitué 3
M. de Brèves, & l’éducation de Mpnfieur fut auffi
négligée que Ja cour pouvoit le défier, que
la nation pouvoit le craindre.
Le règne du connétable de Luÿnes fut court ;
la reine-mère reprit, pour quelque/temps, une partie
de fon afeendant fur l’efprit du roi ; de Brèves
■ne fut point remis auprès dè Monfieur, carie mal *
fe répare rarement, mais il fut dédommagé ; il
-fut fait premier écuyer de la reine'par le brevet
•du a i célébré 1624. Sa terre de Brèves fut érigée
en comté par des lettres-patentes du mois dô
-jnai 1-62.5 ; il fut fait chevalier de Fordre du Saitit-
> Efprit le 13 novembre de la .même année. Il fut
de l’affemblée des notables en 1 6x6. Il eut l’entrée
au çonfèil des dépêches par 'brevet-du 28 août
ifb y . . ' • .
Il mourut à Paris en 16.2:8. Son corps fut tranf-
porté au couvent des Anncneiadçs de faint Eutrçpe-
fcE-Chantéloup , près c ’Arpajon, dont il avoir .été
le fondateur. Anne de Thbu fa veiïve,. lui fit
ériger dans ce couvent uii maufûlée fur, lequel on
lit deux épitaphes,l’unç çn. prpfe latine, l ’autre en
vieux :vers français.,
C ’eft à Camille, comte de Brèves, -fils *iaé de
Fiznçei? , que la relation >dss: voyages de1 François
St fes- (Jifoouïs, font dédiés par un üetir-du 'Gaftehj
qui les fit imprimer en l’année m&ïie de k
inôjt d? J^anç$i-jr
s a v
Ce fils aîné ‘de François, comte de Brève?, eft
le feu! qui fe foit marié. Son fils & fon petit-fils
ont porté, comme lui, le nom de Camille. Le petit-
fils fut bleffé dangereufement au combat de Leuze
en 1691.
P auL*Louis-rJean-Baptiße Camille de Savary-Brêves 3
marquis de Jarzé, fils de-ce dernier , a laiffé plu-
fieurs enfans.
Marie-Renée-Bonne-Fclicité de Savary-BrèvesV
femme de M. le comte de Maillé, étoit fa fille, il
lui refte Marie-François Camille de Savary, comte
de Brèves, dernier de cette branche, meftre-de-
çamp d’infanterie, en qui filluftre François de Savary
, premier comte de Brèves, verroit avec com-
plaifan.ee un digne héritier de fon goût pour les
connoiflànçes , de fes vertus , de fon zèle pour le
■ fer.vice du ro i, & en qui on défirgroit feulement
une fortune plus digne de-lui & de fes ancêtres..
Et dame Marie-Louifè de Savary-Brèves, chanoi-
neffe d’honneur au chapitre noble de Poulangy ea
Champagne.
SAVAR Y. (Hiß. Litt, Mod.) Jacques & Phi-
lemcn-Louis, fon frère; le premier infpeaeur-
généfâl de la douane de Paris ; le fécond , chanoine
de faint-Maur-des-Foffés , chapitre fuprune
depuis , font auteurs d’ un dictionnaire uherfel
du commerce très - connu , qui en fait attendra
un meilleur , plus étendu & plus détaille.
Jacques eft mort en 1 7 16 , fon frère en 17 2 7 ;
Jacques leur père avojt eu beaucoup de part au Code
marchand qui parut en 1773* On a de lui le livre inti-.
tulé i le parfait négociant, J1 mourut en 1692,
On a d'un autre Jacques Savary, poète latin ,
mort en 1670 , des poèmes fur la chafTe du
lièvre , du renard 8t de la foume, du cerf p fur
le manège ; une traduâion de i’Odyfiee en vers
latins, des vers à U louange de Louis XXV, &cc,
SAVILL, (H en r y ) Lin. Mod.) Théotî
logren Anglois. On lui doit une édition grecque
de Saint Jean - Chryfoftôme, le récrieil intitulé s
Jitrum anglicarum jerfytqr.es .pofl Beaam, &c, né'
en 15 4 9 , mort à Oxford en x6ai.
SAVOX., (LOUIS ) Hiß. tiß. mod. ) médecin de
Louis X I V , enfant/ Ori a de lui un difeturs f i t
' les médailles antiques ; tardhkeaùn fninçoift des
hcUimens particuliers, avec des ’notes de François-
Blondél , une traduâion du livre de Galien, de
: l’art de guérir par la fiignée , un Traité : de caußf
csdärum. Né a Sanlieu en Bourgogne vers l’a»’
1-579; mort vers l'an itXxO.
SAVONAROLK, ( J érome ) ( Hiß, thod. j
£t 5futiiez-vBV.s «fi Saint plus angélique,
J. rt. •.
S A V
Çue faint Thomas , s’ils en trouvent moyen,
Ils vous feront, le tout pour votre bien.
Comme autrefois au bon Savonarole.
Que pour le Ciel la feraphique- école
Fit griller vif en feu clair & vermeil,
Dont il mourut par faute d'appareil.
R o u s s e a u .
Quelle trifte plaifanterie , & combien elle eft déplacée
dans un pareil fujet 1 Voici l’hiftoire de cet
infortuné.
' Jérôme Savonarole, naquit à Ferrare le 2 1 Septembre
14 52. Il étoit petit-fils de Michel ou Jean-
Michel Savonarola ou Savonarole, natif de Padoue,
médecin de quelque réputation, attache aux ducs de
Ferrare de la maifon d’Eft , & auteur de plufteurs
ouvrages de médecine eftimés dans le temps,. Il eut
deux fils, dont le puîné fut père de Jérôme. Celui-ci
fe fit dominicain à Bologne en 1474. Il fut un Prédicateur
célèbre, &. on exalte fur-tout la ferveur
éloquente avec laquelle il tonnoit contre les mau-
vailes moeurs, contre les défordres du clergé, fur-
tout contre ceux de la cour de Rome, ce qui lui a
Yalu, après fa mort, la faveur dès proteftans. Beze,
Cappel, du Pleffis-Môrnay & tous les luthériens
d’Allemagne le nomment , dans leurs livres, le témoin
fidèle de la vérité, h prieurfeur de la réformation
évangélique > le fléau de la grande Babylone , l’ennemi
juré de f antechrijl romain, en un mot, le Luther
d’Italie : & Naudé, dans fon apologie des grands
hommes accufés de magie, obferve qu’on auroit dû
l’en appeler, fur-tout, Te Jean Hus, puifqu’il eut le
fort de celui-ci. Ses d é c l a m a t i o n s contre la cour de
Rome n’étoient que trop, légitimes, puifqu’il vivoit
& qu’il mourut lôus le pontificat d’Alexandre VI.
Les opinions ont beaucoup varié fur Savonarole,
d’après les fa&ions du temps : on l’a vanté comme
un prophète, on l’a décrié comme un fourbe ; Bayle
obferve à fon fujet, q u e fi, d’un côté, le s t a r t u f f e s ;
les plus fcélérats trouvent des apologiftes, de l’autre,
les zélateurs les plus f i n t è r e s trouvent des accufateurs.
C ’étoit à Florence que prêchoit Savonarole; cette
république* étoit alors plus que jamais en proie
aux fa&ioîis ; les uns vouloient maintenir la maifon
’de Médicis, ou dumoins le gouvernement ariftocra-
tique ; les autres étoient pour la démocratie, & Savo-
narole étoit à'la tête de ce parti. c.c Jamais prêcheur
dit Philippe de Comines, qui le loue & l’admire
beaucoup , « n’eut tant de crédit en cité ». Il paroît,
par le témoignage, même de cet écrivain j'que Savonarole
mêloit à les déclamations des prophéties, &
qu’il s’en piquoit; il avoit prédit, longtemps d’a-
Vance, l’expédition de Charles V III en Italie ; il
l ’avoit annonce comme un prince envoyé de Dieu
pçur châtier les tyrans & pour venger les peuples;
cette première prophétie ayant eu fon exécution,
ïl ;prophetifa l e retour, de Charles'VIII dans cette
contrée j & Charles. V III n’y retourna point. En
même temps il écrivoir à Charles V III pour l’en-
Hifioire. Tome I V ,
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gager à y revenir, & il le menaçoit des vengeance?
divines s’il négligeoit fes avertiffemens. On trouva
que pour un italien, il étoit trop zélé partifan de la
France, que pour un moine, il etoit trop occupé des
affaires du fiècle , que pour,un faint homme, il aimoit
trop la gloire & la domination. Ses prophéties mêmes
lui nuifirent; celles qui s’accompîifioient, lerendoient
iufpeâ d’en avoit préparé l’accompliffement par des
intelligences fecrètes ; celles qui reftoient fans accom-
pliffement le décréditoient. L)e grandes haines s’ al-
lumoient contre lui "dans Florence & dans toute
l’Italie ; il avoit fait livrer au fupplicefept ou huit des
plus cor.fidérables & des plas nobles citoyens de
Florence; les grands, qu’il décrioit par fes fermons,
y trouvèrent de grandes erreurs : les accufationsd’hé-
réfie, alors les plus redoutables de toutes, lui furent
intentées; il fut cité a- Rome & refufa, fous différens
prétextes d’y comparoître, il fut condamné par défaut
& s’abftint de prêcher , mais pendant quelques
mois feulement, au bout defquels epoyants’apperce-
voir que fa réputation & fa confidération foudroient
de fon filence, il reprit fes for.âions avec plus d’audace
■ & de force qu’auparavant, en prenant la précaution
néceffaire alors de fe faire accompagner à l’églife
en chaire par des gens armés. Il fallut, pour détruire
ce moine, une cabale de moines. L ’éternelle
rivalité des francifcains & des dominicains fut ce
qui le perdit. Savonarole étoit Te héros de fon ordre ;
lès.plus favans dominicains tenôient à honneur d’ être
fes difciplés. Il avoit avancé fept thèfes ou propo-
fitions ou prédirions :
i ° . L ’églife de Dieu a befoin de réformæion.
20. Elle fera fouettée.
- 30. Elle fera renouvellée.
40. Florence auffi ferai fouettée & renouvellée,
50. On efpérera enfuite ; ôdes infidèles fe conver*
tiront à Jéfus-Chrift.
6Q. Toutes ces chofes arriveront de nos jours.
7 0. L ’excommunication de frère Jérôme (Savona-
ro/e) eft nulle; ceux qui n’y défèrent pas, .ne
pêchent point.
La première & la dernière de ces propofitions étoient
feules des thèfes, les autres étoient des prédirions.
Il falloir en attendre l’açcompliffement ; mais la querelle
s’échauffa tellement entre les cordeliers qui atta-
quoient ces propofitions, & les dominicains qui les
défendoient, qu’on fe fit , de part & d autre , fur
ces belles queftions des défis folemnels dans lefquels
il ne s’agiftoit pas moins que de fubir en perfonne
l’épreuve du feu. Les dominicains & Savonarole ha-
zardèrent les premiers ce défi , qui fut accepté par
les francifcains. Dominique de Pefcia^ jacobin, figna
un écrit par lequel il s’ engageoit d’entrer dans le
feu avec k cordelier qui avoit ofé prêcher contre
les thèfes de frère Savonarole. Il déclara qu’il ©f-
Y y y y