
change d'habit avec lu i, le fait fortir par une porte
de derrière , court fe jeter dans le lit de Pariopion,
& fe laiffe tuer à fa place.
PANORMIE, f. f. ( Hiß. mod. ) recueil de
toutes les lo ix , de[»v*> tout, & de voßtH loi. Ceft
le titre d’un décret attribué à Y ve s de Chartres,
mais qui n’eft pas de lui. Sigebert prétend que
Hugues de Châlons en eft auteur. { A . R .)
PANORMÏTA , ( l e P a n o r m i t a i n , autrement
A n t o i n e d e P a l e r m e ) {H iß . litt, mod.)
Pavant du quinzième fiècle, & qui en avoit bien
le* ton & les moeurs, comme on le voit par les
querelles qu’il eut avec Laurent Valle Laurentius
Valla ) fe nommoit le Panormitain , parce
qu’il étoit né à Palerme , Panormi. Le roi de Naples
, Alfonfed’Arragon, l’envoya, en 1 4 5 1 , demander
aux Vénitiens l’os du bras de Tite -L iv e ,
qu’il obtint. Il eut mieux valu en obtenir ces lacunes,
qu’on s’eft quelquefois flatté de recouvrer , mais
qui font peut-être perdues pour toujours. On dit
qu’Antoine le Panormitain , qui étoit d’une famille
riche & diftinguée, vendit une de fes terres
pour acheter un exemplaire manufcrit du même
T ite -L iv e , copié par le Pogge. Il mourut à Naples
en 14 7 1 , à foixante & dix-huit ans. On a
de lui des épîtres, des harangues, des épigrain- J
, desfatyres, fur-tout contre Laurent Valle ,
& un recueil d’apophtegmes du roi Alphonfe fon
maître. U avoit aufli des connoiflances en jurif-
pruderiçe.
PANQUECALUZ I, f. m. {Hiß. mod.) quatorzième
des dix-huit mois chacun de vingt jours,
qui compofent l’année des méxiquains. ( A . R . }
PAN TA LÉO N , ( S a i n t ) ( Hiß. ecclef. ) mar-
ty r de Nicomédie ; on place fon martyre vers l’an
3 0 5 , fous la perfécution de Galérius,
PANTHÉE. ( Voye^ A b r a d a t e . )
PAN T IN S , ( Hiß. mod. ) petites figures peintes
fur du carton, qui par le moyen de petits fils
que l’on tire, font toutes fortes de petites con-
* torfions propres à amufer des enfans. La pofte-
rité aura peine à croire qu’en france, des per-
onnes d’un âge mûr aient p u , daps un accès de
vertige aflfez long, s’occuper de ces jouet§ ridi-
dicules, & les rechercher avec un empreffqment,
que dans d’autres pays l’on pardonneroit à peine
à l’âge le plus tendre. ( A . R . )
PAN TOU F L IER , f. m. nom’que l’on donne
tn amérique au martpau. (A . R . )
PANT-SÉE, ( Hiß. des fupplices) nom de Tinf-
'traînent, dont on punit les coupables à la Chine.
C ’eft une große canne de bambou, bois dur &
oiaffif, fendue à demi, plate, & de quelques pieds de
longueur. Elle a par le bas ta largeur de IsS
main, & eft par le haut polie & déliée. >
Lorfque le mandarin tient fon audience, •«
eft affis gravement devant une table , fur laquelle
eft un étui rempli de pet ts bâtons longs d un
demi-pied, & larges de deux doigts. Plufieurs huif-
fiers armés de pantfée l’environnent. Au figue qu t*
donne en tirant &. jettant ces bâtons, on faifit
le coupable, on l’étend ventre contre terre, on
lui abaiffe le haut-de chauffe jusqu’aux talons;
& autant de petits bâtons que le mandarin tire
de fon étui, & qu’il jette par terre, autant d’huif-
fiers fe fuccedent, qui appliquent les uns après
les autres chacun cinq coups de pant-Jée^ fur la
chair nue du coupable. On change l’exécuteur
de cinq coups en cinq coups, ou plutôt deux
exécuteurs frappent alternativement chacun cinq
coups, afin qu’ils foient plus pefans & que le
châtiment foit plus rude. Il faut néanmoins remarquer
que quatre coups font réputés cinq; ÔC
c’eft ce qu’on appelle la grâce de l'empereur, qui
comme pere, par compaffion pour fon peuple,
diminue toujours quelque chefie de la peine. •
Ce n’eft pas feuleinènt en fiégeant au tribunal
qu’un mandarin a le droit de faire donner la baf-
tonnade , il a le même privilège en quelque endroit
qu’il fe trouve, même hors de fon diftriéfc :
c’eft pourquoi quand il fort, il eft toujours accompagné
d’officiers de juftice qui portent de*
pant-fée. Il fuffit à un homme du petit peuple qui
eft à cheval, de n’avoir pas mis pied à terre , ou
d’avoir traverfé la rue en préfence d;un mandarin,
pour recevoir quatre coups de bâton par fon
ordre. L’exécution eft fi prompte, qu’elle eft fou-
vent faite avant que ceux qui font prêfens s’en
foient apperçus. Les maîtres ufent du mêtae
châtiment envers leurs difciples, les pe rs-
envers leurs enfans, & les feigneurs envers leurs
doméftiques; avec cette différence, que le pane*
fée d ont ils fe fervent, eft moins long & moins
large, que celui des huifliers d'un ‘mandarin.
( / > . / . )
PA N V IN I, ( Onuphre ) ( Hiß. litt. mod. )
religieux auguftin célèbre , né â Vérone, mort à
Palerme en 15 6 8 , à trente-neuf ans , après avoir
fait preuve de la plus yafte érudition. Paul Ma-
nuce l’appelle , helluonem antiquarum hiflorjarumr,
dworçur d'antiquités. Sa dévife étoit un boeuf placé
entre un autel & une charrue, avec ces mots:
inutrumque paratus ; elle fignifioit qu’il étoit toujours
également prêt à fe dévouer aux plus pénibles
travaux de la littérature , & à s’immoler aux
devoirs de l’état religieux. Ses ouvrages les plus,
connus font fes Vies des papes , fes Faftes , fa République
romaine ; mais il y a encore de lui une
foule de prôduélions favames De antiquis roma-
norum nominibus; De principibus, romanis ; De trium-
pho f|| ludis Circenßbus ; De primatu. Ç-etii ; p e ritu.
fepeliendi mortuos apud veteres chnßianos 6> de etc?
meteriii
ftteterüs eorutndem ; De antique ritu bapù\ani\ catê~
chumenos ; Topographia Roma ; Cbronicon ecçlejiaf-
ticum.
P A O
PAOLÎ, (Hifl. de Corfe') Pafcal Paoli, fils puîné
d’Hyacinte Paoli & de Denife N. . . . naquit
le 2,6 avril 17 25 , au village de la Stretta , paroiffe
de Merofoglia , pieve de Roftino & jurifdiélion de;
Baftia. Quoiqu’Hyacinte ne fût pas de la claffe des
nobles, il fut çhoifi pour être un des douze re-
préfentans de la nation auprès du gouverneur
génois ) c’eft par lui que la famille, Paoli commença
d’être connue , & qu’elle ceffa d’être confondu
e avec celles de tous les payfans de . l’île ;
.mais cette obfcurité même ajoute à la gloire d’Hya-
. cinte & de Pafcal P q o li, qui ont fu donner une
. illuftration réelle à leür nom , & l’ont rendu aufli
•honorable à porter que ceux des plus diftingués
de leur pays.
Hyacinte devenu l’un des chefs des mécontens,
futemprifonpé ,puis relâché par les Génois ; nommé
général des Corfes, & vaincu par M. de Mail- V
. lebois , il fut forcé de fe retirer à Naples avec fon
fils Pafcal. Sa majefté ficilienne ayant formé un
, régiment corfe des bannis de cette île qui fe refu-
gioient dans fes états , en donna la lieutenance
. colonelle au père de Pafcal, qui ne négligea rien
. pour donner une bonne éducation à fon fils. Hyacinte
eut le bonheur de le voir répondre à fes ef-
pérances, & annoncer de bonne heure les talens
xju’il devoir développer un jour. Pafcal fut nommé
.porte-enfeigne au fervice du roi de Naples, &
exerça cet emploi honorable, mais trop inférieur
à fes talens, jufqu’en 17 5 4 , qu’il revint en Corfe,
i l étoit alors âgé de près de trente ans, & n’a-
voit pas, comme on v o it , fait une grande fortune
Les intrigues de fon frère Clément, & l’ambition
je ramenèrent dans fon pays , & le porte-enfeigne
y devint tout d’un coup général.
La nature & l’art fembloient avoir travaillé de
concert à le rendre digne de commander à une
nation valeureufe, mais qu’un caraâère violent
& indompté rend très-difficile à plier au joug fa-
lutaire des loix. Paoli étoit d’une taille moyenne,
fon regard étoit févère , fa voix agréable , fon ton
g ra v e , fon allure majeftueufe; très-aimable avec
fes partifans , il étoit haineux, mais non cruel envers
fes ennemis. (L e pardon des injures n’eft pas •
^ ’ailleurs une vertu de fon pays. ) D ’un accès
. irès-fàcile , & d’une politeffe extrême avec ceux
même dont il avoit eu lieu de fe plaindre , faible ■
& fans reffources dans les grands dangers ; mais
fachant préparer les événemens , plein de cette
fineffe qui femble naturelle aux italiens , politique
. habile & profond , naturellement laborieux, adtif
& vigilant, rempli de fçns -froid .& de fagacité , ;
jifanr avec promptitude dans les yeux d’un homme
tout fon caractère, doué d’une grâce , d’une faci-
HiJioire, Tome P7 ,
11 té Singulière à s’exprimer, d’une éloquence qui
féduifoitjd’une mémoire prodîgieufe , d’une fou-
pieffe d’intrigues non moins fiîrprenanre , & d’urte
diferérion impénétrable. Voilà les qualités qu’il
ïéuniffoit.
Paoli femble avoir eu peu de goût pour les
femmes ; s’il en eût marqué , il auroit alarmé la
jaloufie des Corfe s, multiplié fes ennemis & les
facilités de confpirer contre lui : fi l’on ne veut
pas croire , comme on l’a prétendu , que fa. fageffe
n’étoit qu’une vertu de tempérament, on peut
penfer qu’elle étoit l’effet de fa politique ; il favoit,
outre l’italien fa langue naturelle, le françois qu’il
aimoit & parloit bien, il entendoit l’anglois & le
latin : il aimoit à s’entretenir avec les jeunes gens,
& fes converfations avec eux étoient celles d’un
inftituteur qui prêche avec grâce la vertu , le courage
, l’amour des hommes & de fa patrie, & qui
fait aimer fes leçons: avec fes amis, fes difeours
les plus ordinaires rouloient fur la politique, la
littérature, la religion » & à ce fujet il ne leur fai-
foit pas myftère de fes opinions hétérodoxes, ni
de fon adhéfion à ces fentimens que Téglife a
profçrits, & qui font fi univerfêliement répandus
& ; adoptés depuis un demi fiècle. Il diâoit lui-
même toutes fes lettres , & quoiqu’il écrivît ave_c
autant de facilité que d’élégance, ce n’étoit pas
un de fes moindres travaux.
Paoli vivoit avec un certain luxe , fon palais
à Corté étoit élégamment meublé, & fa table bien
fe rvie , la liberté s’y plaHbit au milieu d’un grand
nombre de convives; vers la fin du jour il for-
! toit, & fe" promenoir à pied, efeorté de fa garde &
! accompagné de quelques amis ; fon embonpoint
ne lui permettoit guère l’exercice du cheval, &
il n’étoit pas à beaucoup près auffibon écuyer qu’il
avoit, dit-on, été autrefois à Naples dangereux
fpadaflin.
Quand celui dont nous venons d’efquiffer le
portrait & de décrire les moeurs , fut parvenu au
générâlat des Corfes , il prit une route tout-à-fait
oppofée à celle qu’avoient fuivie les généraux
Corfes fesprédéceffeurs; ilne crut pas, comme eux,
que les Corfes dûffent continuer la guerre contre
les génois, afin de les contraindre à leur accorder
un réglement d’adminiftrarion , & à établir une
forme de gouvernement qui convînt aux infulai-
res : Paoli portant fes vues plus haut que Ciac-
caldi, Giafferri & G a fio r io , prétendit à gouverner
feul » il perfuada en conféquence à la nation
qu’elle étoit capable de fe gouverner librement &
fans dépendre de Gènes; les exemples des républiques
fubfiftantes, & de celles dont on ne con-
noîr plus que l’hiftoire, ne lui manquèrent pas , &
les Corfes convaincus qu’ils pouvoient faire pour
eux & contre Gènes, ce que la Hollande avoit exécuté
pour elle & contre les Efpagnols, réfolurent
de ne jamais traiter avec la république qu’elle n’eut
reconnu leur indépendance & leur légitime fou-
^eraine.té, Animés par leur général, & remplis
Y