
» d e l’a rb re d e v i e ; il y a e n c o r e des ferpens n d ans le p a rad is de la te r r e ; c'efi là qit’Evè votre
» mert s’ efi corrompue ; c'efi là que celle qui vous
* a donné la v ie , a perdu Jon innocence. E t fi j’ ai
»> p e rm is à q u e lq u e s -u n e s d ’a lle r fe la v e r» .d an s
» la p ifc in e d e S i l o ë , o u d e fe fa ir e tr an fp o r te r
w d ans le s g a le r ie s de la p ifc in e d e B e th f a ïd e , au-
m to u r d e la q u e lle le s m a la d e s a tten d en t le m o u -
*» v em e n t d e s e a u x fa lu ta i r e s , je le u r ai c r ié de
w to u te s m e s fo r c e s : n’ a lle z pa s re v en ir* noires',
U v o u s q u i ê te s belles comme les tentes de Cédar :
»1 c ra ig n e z le g ran d j o u r , tr em b le z q u e le foleil
»> ne vous rende brunes, 6* ne vous ôte toute votre
n couleur.
I l m en a c e d e fa v i f i t e le s m a u v a is r e l ig ie u x
q u i n’o n t p o in t l’e fp r it d e le u r é t a t , & o n d it q u ’il
p ’a v o i t p a s tro p l’e fp r it d u fien .
n Je vifiterai dans mon indignation c e s h om m e s
*» fan s f e r v e u r , c e s h om m e s d e ch a ir & d e f a n g ,
m d é g o û té s d e le u r p r o fe f f io n , q u i p a ro ifièn t n’ ê -
» t r e to u s e n tie r s qu ’u n e v i le b o u e . . . . V o u s fied -
il b ien d e v o u lo i r p o r te r le s m o u v em e n s d e
w v o s p a llio n s v e r s c e lu i q u e l e c ie l a m is fu r
m v o s t ê t e s , a fin qu e v o u s a tten d ie z fe s com m an -
v d em en s ? E f t - c e v o u s q u e D ie u a é ta b lis fu r
n le s b e fo in s de la p ro v in c e ï Ce troupeau apparia
tient-il à Mélibée ?
Cujum pecus? an Melibsci ?
C e p a fla g e d e V i r g i l e , fa it ic i u n e é tr a n g e
fig u r e p a rm i tan t d’ a p p lic a tio n s a fie z é tr a n g e s au ifi
d e l’ é c r itu re fa jn te .
jk G a rd e z - v o u s , p o u r fu it l ’o r a t e u r , d’ a b u fe r d e
w n ia d o u c e u r ; n’ a rm e z p o in t u n h om m e p a c ifiq u e :
ai j ’ a jo u t e ro is a lo r s a u x p a ro le s d’I f a ïé c e lle s de
» l’ é v a n g i l e , je ne fuis point venu apporter la paix ,
» mais Cépée , & la p u n it io n fu iv r o it d e p rè s » v o t r e ir ré g u la r it é , v o s é c a r t s , v o s d é fo b é if-
» f a n c e s . . . . . S i j e n e v e u x p a s m e fa ir e cra in -
ai d re p a r u n e d u re té o d ie u f e , j e fe ra i a t t e n t if à
m n e p a s m e fa ire a im e r p a r u n re lâ ch em e n t m é -
ai p r ifa b le ; & , à l’e x em p le d e Jo n a th a s , j e ti-
»> re r a i du m o in s v e r s v o u s les jléches d'un averti
tijjement amer, q u an d je p o u r ra i m e d ifp e n fe r
» d e t i re r d e s flè c h e s qui v o u s b le fle n t.
O n v o i t qu’ à t r a v e r s le r id icu le d e s a p p lic a t io n s ,
& la fo lie d e s d ifc o n v e n a n c e s , c e t h om m e n e
jn a n q u o i t ni d’ é lo q u en c e n i d e m o u v em e n t , &
q u ’en g é n é r a l fa d iâ io n e ft belle»
L e P . Poiffon é p ro u v a d e s -difgraces d an s fo n
o r d r e , & m ouruc e x ilé à T a n l e y e n 1 7 4 4 . I l
é to i t n é à S a in t - L ô , en N o rm an d ie » S o n n om
4e b ap têm e é to it P ie r r e ,
P O I T I E R S ou P O I C T I E R S , {Hifi. de F V . ) c ’e ft
l e n om d’ une an c ien n e & illu ft re m a ifo n f r a n -
ç o ; f e , d o n t la tradition e ft qu ’ e lle e ft la m êm e
q u e l’ an c ien n e m a ifon d’A q u ita in e & qu ’e lle d é fe
n d d e G u illa um e I X , d u c d’A q u i t a in e , q u i
I mourut le 9 avril 1 1 3 7 , dans un pélérinage ï
Saint-Jacques en Galice; c’efi fur ce fondement
[ qiie la maifon de Poitiers porte pour timbre de
fes armoiries un faint Guillaume, en habit d’her-
mite, un chapelet à la main. Il paroît cependant
certain que ce dernier due d’Aquitaine n’eut pour
héritière que la célèbre Eléonore d’Aquitaine fa
fille, femme de Louis le jeune, roi de France,
puis de Henri II , roi d’Angleterre. (Voyez l’article
Aquitaine. ) Quoi qu’il en foit de cette origine,
celle de la maifon de Poitiers eft de la plus haute
antiquité; elle a poffédé*en fouveraineté les comtés
ae Diois & de Valentinois , dont Louis I I ,
dernier des mâles de la branche aînée de la maifon
de Poitiers, fit donation en 1404 à Charles V I ,
roi de France.
Un autre Louis, .coufin-germairt de Louis I I ,
fut la tige des comtes de Saint-Vallier, branche
qui s’eteignit vers le milieu du feizième fiècle
dans la perfonne de Jean de Poitiers , feigneur de
Sain t-Vailier, chevalier de l’ordre du r o i, capitaine
de- cent hommes d’armes, père de la célèbre
Diane de Poitiers. Il fut impliqué dans l’affaire
du connétable de Bourbon; il avoit eu le
plus de part à la confiance de ce prince; il étoit •
fon parent & fon ami, d’ailleurs iL étoit mécontent
du gouvernement. Il raconte dans fon interrogatoire,
qu’étant allé voir le connétable à
Montbrifon, ce prince, en s’enfermant avec lui
dans fon cabinet, lui donna quelques bagues;
puis réclamant tous les droits de l’amitié, comme
prêt à verfer un grand fecret dans fon fein , il
lui préfénta un reliquaire où il y avoit du bois
de la vraie croix; « mon coufin, lui dit-il, mon
» coeur ne peut avoir de fecrets pour toi ; jure-
» moi fur cette croix de ne jamais révéler ce
»» que tu vas apprendre » . Son coeur fe décharge
alors , il éclate en plaintes**contre le ro i, en reproches
contre fa mère ; » moniteur, lui dit Saint*
Va llier, que ne parlez-vous au roi? » Le ro i,
répliqua le connétable, n’entend plus rien lorfe
» qu’il s’agit de fa mère, mais mon deftin m’offre
» d’autres reflources, & tous les princes ne font
» pas auffi aveugles que lui ». Il confie alors à
Saint-Vallier les intelligences qu’il entretenoit avec
l’empereur, & les propofitions que lui faifoit ce
prince. « Mais, moniteur, lui dit Saint-Vallier
» comptez-vous fur toutes ces magnifiques pro-
» méfiés? Beaurein, chambellan de l’empereur,
» doit venir ce foir chez moi, répliqua le connétable
, tu l’entendras, tu jugeras toi-même du prix
» que l’empereur attache à mon alliance, tu ver-
n ras que ton ami n’eft pas encore le rebut du
» monde entier.
Le comte de Saint-Vallier fut préfent en effet à
l’entrevue du connétable avec le comte de Beau-
rein, & étant enfuite refté feul avec le connétable
, il lui fit un difcours pathétique pour le ra- ’
mener au devoir & à la vertu ; il le conjura au
nom de l’amitié» au nom de la patrie, au nom
d’a n fr è r e m o r t à fes côtés en com b a ttan t p o u r
cette même patrie à la bataille de Marignan; au
nom de fa gloire enfin, de ne point flétrir fes
lauriers, de ne point chercher une coupable renommée
dans la révolte & l’infidélité. « Ah î
s’écria douloureufement Bourbon , que veux-
» tu donc que je devienne ? ils m’ont tout pris ;
» je n’ai plus rien , je ne fuis plus rien ; ils veu-
» lent que j ’expire dans l’opprobre &, dans la
» mifère ». Alors il répandit un torrent de larmes
dans le fein de fon ami; Saint-Vallier pleuroit aufli
entre fes bras, & l’attendriliement animant fon
éloquence, il parut ébranler Bourbon., il fe flatta
de l’avoir entraîné. « Mon coufin , lui dit Bourbon,
avec un tranfport qui paroifloit fincère »
» n’en parlons plus, je renonce à mon projet;
» jure-moi de nouveau de n’en jamais parler à
» perfonne, & reçois le ferment que je te fais
de n’y plus fonger.
Le lendemain, Saint-Vallier prenant congé du
connétable, lui dit: « Monfieur, je vous quitte,
v content de. vous & de moi, raflùré fur votre
11 fort & fur celui de la France. Oui, coufin ,
lui répondit le connétable, tiens ta parole, &
«1 compte fur la mienne ».
Environ un mois après, le connétable lui envoya
réitérer les memes affurances & les mêmes
exhortations. Saint-Vallier le crut véritablement
\ changé , & ne fut défabufé que par fa fuite. Telle
fut du moins la dépofition de Saint-Vallier ; il
ne confentit à la faire qu’après s’être aflùré que
tout le fecret de la confpiration étoit découvert ;
jufque-là il avoit toujours nié d’en avoir la
moindre connoiffance ; ii perfifta dans fa dépofition
jufqu’à l’échafaut ; mais il n’eft nullement
sûr qu’elle ait été fincère dans tous les points ;
par exemple , He&or d’Angerai, feigneur de Saint-
Bonnet, attaché au fervice du connétable, avoit
été chargé d’aller négocier en Efpagne le mariage
de ce prince avec la reine de Portugal, fceur
de l’empereur ; il étoit parti pour l’Efpagne avec
le comte de Beaurein. Dans la route, Beaurein
avoit appris à Saint-Bonnet qu’il s’agifloit d’une
confpiration contre la France; à cette nouvel.w,
Saint-Bonnet avoit quitté Beaurein, étoit revenu
û fur fes pas, & s’étoit retiré du fervice du connétable;
ce fut le motif des lettres de rémiffion
qui furent accordées à Saint-Bonnet. Saint-Vallier,
pendant tout le cours dû procès & jufqu’à fa
confrontation avec Saint-Bonnet , avoit toujours
déclaré n’avoir aucune connoiffance de la négociation
pour le mariage , ni de la commiffion
donnée à cet égard à Saint-Bonnet ; il alla même
jufqu’à remettre entre les mains des juges un
cartel de défi à tous ceux qui oferoient lui fou-
tenir qu’il eût eu connoiffance de ces faits &
de tous les autres projets imputés au connétable. Or
Saint-Bonnet ayant été confronté à Saint-Vallier,
lui foutint qu’il (Saint-Vallier) étoit préfent,
lorfque le connétable avoit ordonné à lui Saint-
Hifioire, Tome I F ,
Bonnet, de partir pour l’Efpagne arec le comte
de Beaurein. On voit fouvent dans les interrogatoires
de Saint-Vallier, que , preflé par les
queftions de fes juges & par les difficultés qu’ils
lui propofoient, il prenoit le parti de ne plus
répondre, & de dire qu’il révéleroit tout au roi
& à la duchefle d’Angoulême ; d’après cela, quelle
foi doit-on ajouter à fa dernière dépofition, dans
laquelle il peut fi bien n’avoir avoué que ce qu’il
ne pouvoit plus nier, & avoir tourné tout le
refte à fon avantage? Pourquoi, d’ailleurs, les
juges qui fe montrèrent plus indulgens que François
Ier ne l’auroit voulu envers tous les autres
complices, auroient-ils été plus rigoureux pour
le feul Saint-Vallier, fi les charges du procès ne
les y eufTent forcés?
A toutes les inftances qu’on lui fit pour lui
arracher d’autres aveux, il répondit qu’il permet-
t-oit à fon confefTeur de révéler fa confeffion, fi l’on
croyoit qu’elle contînt quelque chofe de plus que
fa dépofition & que fes réponfes aux interrogatoires;
il foutint toujours & avant & après l’arrêt
, qu’il n’avoit mérité ni la mort ni aucune
autre peine; qu’il n’avoit rien à fe reprocher, qu i l
n'avoit jamais rien fait que de bon & honnête , il
vanta- les fervices : j'ai toujours fervi le roi à mes
dépens, dit-il. Il fe plaignit de l’abandon où on
le laiffoit. Mes amis, dit-il, me manquent bien au
befoin. Les interrogations qu’on lui faifoit fur de
prétendus attentats contre la perfonne du roi &
des princes fes fils, le mettoient fu r-tout en
fureur & lui arrachoient les fermens les plus
terribles; il s’agitoit, il fe tourmenroit; fa fanté
s’altéra fenfiblement. L’arrêt, qui le déclarant
criminel de lèze-majefté, le dégradoit de tous
honneurs & le condamnoit à perdre la tête, eft
du 16 janvier 15 14 . II portoit qu’avant d’être
conduit à la Grève , S. Vallier feroit mis à lx
queftion. Sa maladie obligea d’en différer l’exécution;
le roi parut mécontent de ce délai, &
le 13 février fuivant, le chancelier vint de fa
part au parlement ,prefft r l’exécution de l’arrêt.
Le 17 on fit venir le médecin du parlement, qui
déclara que le malade ne foutiendroit point la
queftion ; le chancelier Duprat vouloir qu’on la
lui donnât, d jt-il y p é r ir ; le parlement plus
humain fut d’un autre avis ; S. Vallier ne fut
que préfenté à la queftion & ne la fubit pas ; on
lui en étala l’effrayant appareil pour le fahe parler;
il protefta qu’il n’avoit rien à dire. Il fe fournit à
tous ccs tourmens avec beaucoup de réfignation,
mais il parut très-fenfible à la cérémonie humiliante
par laquelle on lui arrachoit le cordon de
S. Michel; Le roi, s’écria-t-il, nefl pas en droit
de jne Voter fans le confentement de tous les chevaliers
affemblés, & je n'ai pas mérité d'en être dépouillé.
Il n’avoit point fon collier; le rci, dit-il, fait que
je l'ai perdu à fon fervice. On lui en 'préfema un
pour faire la cérémonie de le lui arracher; y re-
fufa jufqu’à deux fois de le prendre. Le préh dent