
pou voit dire comme le m aréchal Dup^ffis-Praflin :
J e joûhaite la mort, puifque je ne yeux plus fervir
vrtre majeftè, c’eft-à-dire, l’état. Il laiffa quatre
fils> héritiers de fa valeur, qui, formés par un
pareil père, rendirent de grands fervices, & en
e ùfient rendu encore davantage, fi U révocation
de l’édit de Nantes & les violences ,qui précédèrent
6c qui fuivirent cette révocation, n’a voient
mis en oppofition lenr zèle pour leur religion &.
leur zèle pour l’état. Henri, marquis du Que f ne,
l ’aîné de ces fils, distingué par les talens pour la.
guerre & pour la marine, le fut encore par une
érudition peu commune ; il a écrit en faveur de
fa le&e; les proteftans font grand cas de fes ré-
flexions anciennes & nouvelles fur l’euchariftie ;
il mourût à Genève en 172.2. Il avoir érigé en
terre étrangère un monument à la mémoire de
fon illuftre père ; dans l’infcription gravée fur ce
monument, 011 prévoit que les étrangers demanderont
pourquoi, tandis que Ruyter a, félon la
décence & la juftice, un tombeau chez fés concitoyens,
le vainqueur de Ruyter n’en a pas chez
les fiens ; la réponfe eft ; refponderè vetat laie reg-
nantis reverenti#.
Le refped du' grand roi me condamne au filençC.
Q U E SN E L , (P asquier) Hifl. eccléf. )T o u t
ce qu’on peut dire pour & contre le livre des réflexions
morales du P. Quesnel& la conftitution
unigenitus qui l’a condamné, fe trouve dans tant
d’écrits polémiques dont on s’eft occupé fi longtemps
, qu’il eft inutile de répéter ici ce que tout
le monde a lu par-tout. D’ailleurs ces queftions
rentrent dans la théologie, objet dont nous devons
nous abftenir. Quant aux faits, l’idée qui
paroît établie, efl que les jéfuites, dont le cardinal
de Noailles, fe*on-fon expreflion, ne vouloir
pas être le valet & , n’étoit certainement pas
l’am i, fabriquèrent contre le livre du P. Quesnel
Ja bulle Unigenitus pour nuire au cardinal de
Noailles ,. qui, dans le temps qu’il étoit évêque
de Châlons , avoit donné, à l’exemple de M.de
Via lar t, fon prédéceffeur , l’approbation la plus
folemnelle au livre du P. Quesnel. Des écrivains
qui traitent en général ces matières avec beau*
coup ^’impartialité, & -qui ne refufent point au
P. Quesnel les éloges qit’ils peuvent lui donner,
difeht qu’au moins il auroitpû fe montrer meilleur
citoyen; ils obfervent que quelques pages ou
■ feulement quelques lignes dé fon -livre , {uppri-
mées ou changées, auroient rendu la paix à fa
■- patrie & à l’églife. Nous ne faurions être de
cet a vis9 tout raifonnable qu’il paroît d’abord.
Des querelles théologiques ne s’appaifent pas fi
facilement ; on vouloir nuire, il ne falloir qu’un
prétexte, on nvoit pris celui-là, on en auroit
pris un autre. D ’ailleurs la doéirine condamnée
pans le P. Quesnel ? n’étoit point une do&rine
^ppyplle j ç'çtoït celle de Baïus, de /ajnfepjiis ,
/Tenrs Arnauld , de tout Port-Royal ; elle
eût toujours trouvé une foule de dèfenfeurs
qui auroient perpétué la querelle, les jéfuites
l’auroiem toujours envenimée ^ il leur fa!loir des-
ennemis & des hérétiques à combattre ; le P.
Quesnel plus fournis & fon livre corrigé , n’au-
roient été qu’un homme & un livre de moins
dans le parti janfénifte. S’il eût abandonné cette
caufe, on l’eût abandonné lui-même; le janfé-
nifine auroit eu d’autres chefs, & le P. Quefnel
eût perdu de fa confidération , fans aucun profit
pour la paix. II efl difficile de dire fi ces motifs
influèrent fur fa conduite , ou s’il fut uniquement
guidé par fon attachement à ce qui lui paroiffoit
la vérité. Il étoit entré en 1657 dans la congrégation
de l’Oratoire ; il en fortir en 16 8 4 ,
à propos d’un formulaire ridicule qu’on voulut
faire figner aux membres de cette congrégation ;
car on étoit alors bien dans le goût des formulaires
& des figuattires, L ’affemhlée générale de
f Oratoire, tenue à Paris en 1678 , avoit rédigé
ce formulaire qui défendent à tous les membres
de cette congrégation d’enfeigner ni le janfénifme
ni le cartéuanifme. Les janféniftes qui étoient
a fiez favorables au cartéfianifme, jugèrenr que
c’étoit trahir deux fois la v é rité , & en théologie
& en philofophie. Les gens du monde trouvoient
ridicule cette aflbciation du cartéfianifme avec
le janfénifme. Les gens du monde a voient raifon : car
fi les janféniftes étoient des novateurs , leur doctrine
devoit être abandonnée , puifque la théologie
n’admet point d’innovations ; mais ce n ’efl qu’à
force d’innovations que la philofophie peut faire
des progrès. Cependant cette première fottife de
l’affemblée de 16 7 8 , ne fit point encore fortir
de la congrégation le P«Quefnel, ni fes adhérerîs ;
mais lorfque dans l’affemblée de 16 8 4 , on pouffa
la tyrannie jufqu’à vouloir forcer tous les membres
de la congrégation à figner ce formulaire ,
ce fut alors que le P. Quefnel quitta^ l’Oratoire,
& plufienrs de fes confrères le fuivirent. La
persécution avoit déjà commencé à fe déclarer
contre lui ; l’archevêque de Paris Harlay l’avoit
obligé pour caufe de j.mfépifme- à quitter Paris ,
eh 16 8 1 ; il s’éroit retiré-à Orléans, où appa-
| remmgnt un janfénifte nuifoit moins qu’à .Paris. En
! 1 684, libre des chaînes de l’Oratoire . il quitta
j entièrement la France & fe retira dans -les Pays»
| B a s , auprès de fon ami le doâeur Arnauld,
J dont il recueillit les derniers foupirs , & après
! la mort duquel il fembla fenir le feeptre du
I janfénifme. Le voilà donc, à Bruxelles; hérétique
j & janfénifle tant qu’on voudra , on en étoit
! ’ délivré en France ,, on n’avoït qu’à le laifîer
j tranquille ; mais les jéfuijes étoient partout , &
t perfécutoieot par-tout ; au commencement de ce
j fiècle, ils furprirent tfn ordre du roi d’Efpagne,
j Philippe V , pour l’arrêter à Bruxelles ; l’archevêque
de Malines le fit mettre dans les prifons
j de fon archevêché ) Sc remarquons qu’alors le
Uvre du P. Quefnel n’étoit pas encore condamné. 1
Quel étoit donc fon crime , même dans l’opinion
de ceux qui veulent abfolument regarder une opinion
comme un crime ? fon crime étoit d’avoir déplu
aux jéfuites, & d’avoir eu le fuffrage du cardinal
de Noailles, qui leur déplaifoit. Ainfi tout ennemi
des jéfuites, devoit être emprifonne & perfé-
cuté ! oui fa ns- doute , & c’é toij-là là grande
vérité ' rhéologique qu’ils bruloient d’établir^ dans
toute la chrétienté. Toutes les autres opinions
leur étoient indifférentes & fe conciliofent par
le probabilifme. Qu’a r r iv a - t -il enfin?
L ’in juftice à la fin produit l'indépendance.
Cette rage de perfécution & de defpotifme
révolta ; elle infpira un de ces coups hardis auxquels
le défefpoir ou un grand intérêt peuvent
fouis faire recourir : un gentilhomme efpagnol,
employé par le marquis d’Aremberg, perça le
mur de *fa prifon, & le P. Quefnel fut libre. 11
fe retira en Hollande, pays libre où l’on n emprifon-
, noit perfçnne pour des queftions métaphyfiques;
| y forma quelques égliles janféniftes, & y écrivit
tant qu’il voulut contre fes persécuteurs &
contre la bulle, unigenitus lorfqu’elle eut paru.
Lorfqu’on l’avoit arrêté a Bruxelles, on avoit
faifi fes papiers & ceux de M. Arnauld dont il
étoit dépofitaire; on les avoit resns au P. le Tellier
qui en avoit "fait des extraits, dont madame de
IVlaintenon lifoit tous les foirs quelques morceaux
à.Louis X IV pendant les dernières années de
la v ie , de peur qu’il ne vînt à fe relâcher fur
fa haine contre le janfénifme; on conçoit que
des écrits de M. Arnauld & du P. Quefnel, en paf-
paffant par les mains du P.le TeHier,pouvoient avoir
changé de forme & être devenus bien plus propres
à'divertir Louis X IV & madame de Mairçtenon.
Il y a du P. Quefnel une multitude d’ou-
yrages, les uns purement de piété , dont quelques
uns font relatifs à la direction des âmes &
à la morale ; les autres font des écrits polémiques ,
des lib e lle s fi l’on veut, contre la conflitution
& pour la caufe janfénifte ; mais ce qu’on ne
fait pas aiifl 1 bien, c’eft que la meilleure édition
que nous ayons des oeuvres du pape S. Léon eft
du P. Quefnpl, qui la donna en 167?. Le P. Quefn
e l ne à Paris en 16 3 4 , mourut à Amfterdam
en 1 7 1 9 , 'à près de quatre-vingt-fix ans; d’après
un témoignage qu’il fe rendit en mourant à l’oc-
cafion de quelques calomnies qui avoient été répandues
fur fon compte par les jéfuites, jamais
homme régulièrement conftitué n’a pu fe vanter
d’avoir pouffé plus loin la vertu de la continence.
QUESSONO , f. m. {H iß . mod. ’Culte ) idole
adorée par les peuples du royaume de Benguela
en Afrique , qui lui offrent des libations d’un
mélange de vin de palmier & de fang de chè-
yres. ( A-. R . )
Hißoire. Tonie IV%
QUESTEUR . ( Hifl. rom.) Les quefleurs chez
les romains;, étoient des receveurs généraux des
finances; leur miniftère étoit de veiller fur le recouvrement
des,deniers publics, & fur les mal-
verfations que les triumvirs, appelles capitales ,
furent obligés d’examiner dans la fuite. Le nom.
de que fleur étoit tiré de la fçndion attachée a
cette charge.
Il y avoit trois fortes de quefleurs : les premiers
s’appelloient quefleurs de la v ille , urbani ,
ou intendans des deniers publics. queflores.arurn :
les féconds étoient les quêteurs des provinces , ou
quefleurs militaires ; les troifièmes enfin é oient les
quefleurs des parricides , & des autres crimes capitaux.
Il ne s’agit point ici de ces derniers , qui
n’avoient rien de commun avec les autres.
L’origine des quefleurs paroît fort ancienne ; ils
furent peut-être établis dès le temps de Romur-
lus , ou de Nuina , ou an-moins fous Tullus
Hoftilius. C’éteient les rois mêmes qui les choifif-
: foient. Tacite, ann. 1 1 . c. x x i j , dit que les conduis
fe réfervèrent le droit de creer des quêteurs
jufqu’à l’an 307. D’autres prétendent, qu’auffi-
tôt après l’expulfion des rois, le peuple'élut deux
quefleurs ou tréforiers, pour avoir l’intendance du
trélor public. L’an de Rome 333 , il fut permis
, de les tirer de l’ordre plébéien1 , & on en ajouta
deux autres, pour fuivre les confuls à la guerre ,
c’étoient des intendans d’armées. L’an 488 , toute
l’Italie étant foumife , on créa quatre quefleurs
pour recevoir les revenus de la république, dans
les quatre régions d’Italie ; fa v o irc e lle s d’Oftie ,
de Calene, d’Umbrie & de Calabre.
Sylla en augmenta le nombre jufqu’à v ingt, &
Jules-Céfar , jufqu’à quarante, afin de récompenfer
fes amis, c’eft à-dire, de les enrichir en appan-
vriffant les peuples. Une partie cl® ces quefleurs
étoit nommée par l’empereur , & 1 autre partie
par le peuple. Sous les autres empereurs leur
nombre ne fut point fixe. De tous ces quefleurs ,
il n’y en avoit que deux pour la 'ville , & pour
la garde du tréfor public, les autres etoient pour
les provinces & les armées.
Le principal devoir des quefleurs de la ville etoit
de veiller fur le tréfor public , qui étoit dans le
temple de Saturne, parce que fous le régné de
Saturne , dans l’âge d’or , on ne ccnnoiffoit ni
l’avarice , ni la mauvaife fo i , de faire le compte
de la recette & de la dépenfe des deniers publics.
Ils avoient auffi fous leur garde les loix les
fénatusconfultes. Jules Céfar, à qui les facrileges
ne coûtoien*' rien, rompit les portes du temple
de Saturne ; & malgré les efforts de Métellus ,
il prit dans le tréfor public, tout l’argent qui y
étoit dépofé. Cet événement de la guerre civile
des Romains eft peint par Lucain avec les couleurs
dignes du poète , 5c qui n’ont pas été flétries
par le traducteur.