
crârç une mànhûie dont il a Jon coffre p 'ein, & qui
J a i f toute fa rïcheffti A travers toutes ces clameurs
Perrault continuoit de fervir ceux même des gens
de lettres qui l’outrageoient.
« Si on réunit fous un même point de vu e,
» dit M. d’Alembert , tant de. fervicès rendus
to par Charles & Claude Perrault aux Lettres, aux
» fciences, aux arts.... on conclura peut-être que
n cette famille de fimples citoyens , tant vexée par
” des fatyrcs, n’a guères moins fait pour la gloire
» de fon roi que fi elle eût été décorée des places
» les plus éminentes ».
Quelques mortifications que Charles Perrault
eftuya d e là part de Colbert, le forcèrent à la
retraite ; il s'enferma dans une maifon du faux-
bourg Saint-Jacques , où l’é ucation de fes enfàns
fut fa principale affaire, comme fon éducation .&
celle de fes frères avoit été la principale affaire,
de leur père. Colbert le regretta, & voulut le ravoir,
il neioit plus temps; quand Perrault eut goûté
des douceurs de la vie privée, il ne fut plus
poflïbje de le ramener au tumulte, aux agitations,
aux dangers d’une vie- publique & dépendante.
Après la mort de Colbert, Louvois le raya de
la petite académie des médailles, uniquement parce
qu’il avoit été attaché à Colbert ; Perrault s’en
confola par le plaifir de vivre libre, & de. cultiver
en; paix les lettres. Ôn a de lui plufieiirs
ouvrages qui ne font pas fans mérite. Le public
croit fur la foi de Boileau & fur celle’ du titre
que le -conte de P eau-dÂne ne mérite pas d’être
lu , & il ne le lit point, le public eft trompé ;
il feroit fort étonné d’y trouver beaucoup de traits
*•- dignes de la Fontaine; nous en dirons prefque
autant de Grifelidis. M. d’Alembert a tiré de quelques
autres de fes ouvrages, des vers qui méritent
les éloges qu’il leur donne. On connoît fon
jk hïftoire des hommes illuftres du fiècle de LouisXIV,
d’où les Jéfuites firent ôter Arnauld & Pafchal ; ce
qui donna lieu à la première application heureufe
de ce paffage de Tacite , tant de fois appliqué;
depuis' : Prcefulgebant CaJJius atque Brutus , eo ipfo
c ’.iod effigies torurn non vifebantur. Ils furent rétablis
après la mort de Louis XIV.
Charles Perrault mourut le 16 mai 1703. Soixante
ans après fa mort, on a publié fes mémoires
écrits par lui-même; ils font très-curieux : on y
trouve fur-tout ,_l’hiftoire d'e la rivalité du cavalier
Bernin avec les deux Perrault, Claude &
Charles {^ VoyeÇ l’article B e r n i n . )
C’eft le fils de Charles.Pe-raiili qui eft auteur
de ces contes de Fées en profe , qui font entre
les mains de tous les enfans, & dont quelques-'
uns , tels que la Barbe bleue 8c le petit Poucet, font-
d’un ft grand intérêt. 11 fe nommoit Perrault d’Ar-
sr. an court.
i psreu r Charles - Quint. Il mourut en 15 5 0 , 5c
Charles * Quint écrivoit à Philippe I I , fon fils :
A ous avons perdu vous & moi un bon ht de. repos»
2°. Antoine-, cardinal de Granvelle , étoit fils
de Nicolas, & eut aufii la dignité de chancelier
qu’avoir eue fon père ; il eut de plus l’archevêché
# Malin es , celui de Befançon , fa patrie, &
J 1 évêché d’A-r-raS.- 11 fa voit, dit-on, parfaitement
cinq langues, & diâoit à cinq fecrétaires à la fois
dans des langues différentes. On l’accufa de def-
potifme & de cruauté; il brûloir les proteftans ,
& feS rigueurs commencèrent la révolte des Pays-
Bas. Ii mourut à Madrid le 22 feptembre. i 580.
Il étoit né en 15 17 . Dont Proiper l’évêque, bé-
nediéhnde la congrégation de faim Vannés , a
publié , en 17^3 , à Paris , la vie de ce miniftre
en 2 volumes in - 12. Peu de miniftres méritent
cet'honneur, & un miniftre cruel ne lé méiù-
toit' guères.
P F R P E N O T d e G r a n v e l l e , ( N i c o l a s &
AîfTOlNB Y fH jjî. d^Pfpagpe ) i° . Nicolas Pttrenoty
•fcigneur de Granvelle, étoit chancelier de l’em- -
PERRIER. ( du ) ( H iff litt. mod. ) On connoît
dans les lettres deux hommes de ce nom,
François du Peiner g ami deJVlaiherbe, & à qui
ce grand pcëte adreffe, fur fa mort de fa fille
ces fiances fi connues :
Ta douleur, da Ferrier , fera donc éternelle < &ç.
imitées en quelques endroits de l’ôde d’Horace à
Valgius fur un même fujet :
Tu femper urges jlebilibus modis
Myjlen ademptum ; nec tibi yefper»
S urgente decedunt amores >
• Uec rapidum fuglente folem•
C’eftdans cette ©de de Malherbe que font lesft roches
citées dans toutes les rhétoriques fur la mort
& fur la foumifîion à la providence, 8c ces iiro~
phes font encore imitées d'Horace :
. Pallida. mors eéquo -pulfat pede pauperum tabernas
Rcgumque tunes,
èliarles du Verrier , neveu de François , a mis en
vers français placeurs ouvrages dt Santeuil, dont
il. étoit ami & jaloux; il eut aufii deux niëcës'cle
vers français couronnées à l’académie en- 16 8 1 8c‘
16 8 1 ; mais c’eft comme poète latin qu’il eft- le
plus connu , c’eft comme poète latin que Ménage
l’appeUoit n’auroit pourtant pas dû l’àppelléf )
lé-prince des pactes lyriques ; c’efl comme poète
là tin que le même Ménage , chargé de prononcer
entre lui & Santeuil ; ofa le préférer à Santériil,
jugement qui pourroit bien refiembler un peu à
celui de Midas ; car Santeuil eft de tous les poètes
latins modernes, celui dont on fait le plus de
vers , & on n’en fait point de du Venter ni. de
Ménage. Du Verrier étoit, comme tant de poètes,
pe fes vers fatiguans lç&eur infatjguable. .
C’eft fur liai, félon quelques-uns, que Boileau
fit ces vers de l’art poétique : :
Garde*-vous- d’imiter ce rimeur .furieux
Qui dè fes vains écrits lefteur harmonieux ,
A horde en réèitant Quiconque le falue ,
Et pourfuic’de fes vers les palfariis dans la rue.
Ses vains écrits, c’eft le mot : en effet, que font-
ils devenus ? evanuerunt. Du Perrier difoit un jour
devant d’Herbelot : il. n’y a que des faux, qui
puiffent ne pas efiimçr mes vers, : d’Herbelot répondit
: flultorum ïnfimtus, ,efi. numerus. ; ’ le nombre des
faux ejl infini, paffage de Salomon très-connu.
Charles du Perrier mourut en 1Ô92 , èc étoit né
à A ix ; Charles du Perrier, fon p ère , étoit gentilhomme
de Charles de Lorraine, duc de G u ife ,
gouverneur de Provence.
; PERR IN, ( P i e r r e ) ( Hifi, litt. moi. ) intro-
duôetir des ambafladeurs auprès de Gafton , duc
d’Orléans. On a de lui des opéra & d’autres poéfies
fans-pôéftè, même m e traduélion de l’Enéide en
vers , où l’on pourroit apprendre à méprifer
P Enéide ; mais il eft parmi nous l’inventeur de
l’opéra ; il en obtint, en 1669 . le privilège qu’il
céda eri 1672 , à Lully. Il mourut en 1680. '
Eh ! qu’importe à nos v e r s q u e Perrin les admire.? , -,
a dit Boileau :
F a u t - i l , d ’ u n f r o id r im e u r d é p e in d r e l a m a n i e ?
J e r e n c o n t r e à la fois P e r r in & P e l l e t i e r . . . . . . . . .
Perrin a de fes vers obtenu lé gardon-.........
A Pinchene , ,à Liniere ,, à P e r r in c o m p a r é ! &c.
■ On a des fermons du père Perrin jéfu.ite, ( Charles
Jof'eph) né à Paris en 16 9 0 , mort à Liège ,
en’ 1 7 6 7 , après la diftblution de la fociété.
' , PERRON. ( J a c q u e s Da v y d u ) (M/?. de Fr.)
Le cardinal.du Perron a été ft exalté & fi déclaré
par i’ëfprit de parti, que tout eft problème fur
ce qui le concerne , & le problème commence
à fa n ai Han ce. Les uns le font naître., à; ..haine. Lo
en Normandie , les autres en Suiffe dans le canton
de Berne ; les uns. d’une race noble , les autres
d’une famille ohfcure. Il naquit le 25 novembre
15 56 . Julien D a v y , fon père étoit proteftant,
il -paroit même qu’il étoit miniftre ; les perfécu-
tions lui firent plufieiirs fois quitter la France ;
ce font ;ces. differentes migrations -qui ont pu répandre
quelques doutes fur le lieu .de la naiflance
du cardinal.
Le jeune du Perron demeur'oit en .Normand e
avec fa.: famille, lo'ifque .le comte-de Matignon,
qui fut peu de temps après maréchal de France ,
çommandoit dans cette .province...Un gentilhomme
de la maifon de Sa y a ri-La n çofme-- infpira au
comte le defir de connoître'du Perron, qu’il lui
annonça.comme un prodige. Du Po/ron avo.it,alors
dix-fept ans ; Matignon l’ayant, -goûté , } le mena.,
trois ans après, aux états de Blois. Du Perron fut
prèfenté à Henri III ; bientôt .il. obtint l’amiiié
du fameux DaCportes, abbé de Tiron , & de l’abbé
de Bellozane, Touchard ; plus heureux encore*
il plut au duc de Joyeufe , & Defporres Payant
engagé à fe faire catholique , Henri III le cln ifit
pour fon leéleur, & lui donna une penfion de
douze c:nts èças.1 Bientôt il le mit de fes parties
de dévotion , ce qui étoit alors la marque de la
faveur. Le ro i, Defportes & du Perça s’exerr-
çoient. à prêcher , & du Perron , encore la ïc , fe
cli.ftinguok par fes fermons. Il prononça , le 14
février -1586^ dans la chapelle du collège de
Boncourt, une efp.êce d’oraifon funèbre du fameux.
Ronfard : on y apprend que Ronfard avoir écrit
.contre les proteftans avecaffez de fir cès , peur que
le pape Pie V crût devoir lui adreffer un bref de
remercîment ( du perron, dans la flûte en obtint
des, papes de fontemps. ) Rem fard étoit fourd :
«' Bienheureux fourd;,,,s’écrie du Perron, qui a
donné des oreilles aux François pour entendre
» les oracles & les; myftères de la poéfiel Bien-
» heureux fourd , 'qui a tiré notre langue hors
» d’enfance, qui lui a foimé la parole, qui lui a
» appris à fe faire entendre parmi les nations
» étrangères ! » Telle étoit l’éloquence du temps.
Du Perpon étant entré dans l’état eccl.éfiaftLue ,
fut chargé de Toraifon funèbre de Marie Smart,'
ne pouvant fans douté fe livrer en chaire à toute
fon indignation cont-e Elifabetli il s’en.dédom-
m -gea par une fatire en vers d’une énergie un peu
groffêre. On en peut juger par ce morceau :
C e v ie u x m o n f t r e c o n ç u d ’ in c e f t e & d ’ a d u l i è r e .
Q u i , fa dent a s h a r n é c au m e u r t r e v a f o u i l l a n j ,
Et le facré re.îpeft des feeptres d é p o u i l l a n t ,
• V o m i t contre les cieux fon f ie l & fa c o l è r e J
L ’ im p ie Elifabeth-, Furie inexorable ,
Cohîàcre a u x a n s f u t u r s c e fa n g l a n t m o n u m e n t j
E t du - c h e f d 'u n e r e in e occie in n o c em m e n t
Dre fie à f a cruauté c e t r o p h é e e x é c r a b le .
Du Perron fit aufii far la mort du duc de
Joyévfe , rué à Courras, une .efpèce de complainte
qui a pour titre:.: Vombre de M. Vamiral de Joyeuje.
On y trouve ces vers :
J e le u r d i r a i c om m e n t v iv a n t j e f u s a im é
D’un r o i fi g é n é r e u x , fi g r a n d , fi r e n o m m é ,
Q u i fe v o i t a d o r é d e la t e r r é & d e l ’ o n d e
E t q u i f e r t d e lu m iè r e a u x a u t r e s r o i s du m o n d e ;
P r in c e é g a l à lu i f e u l 'd o n t le lo s m é r i r é ,
A p o u r l i e u l ’ u n i v e r s , p o u r t em p s l ’ é t e r n i t é .
Ce dernier vers eft pour le moins d’une très-
grande prétention. Le même du Perron a fait
l’épitaphe de Catherine de Médicis , qu’il appelle ;
D e n o s a n s l’ornement , d e s f u t u r s l a m e r v e i l l e ,
Tout rhcînneur -de notre âge & t o u t . e e q u e l'hiifoire
■ Des v ie u x f iè c le s p a f ié s c o n fa c rC à la m ém o i r e ,
D e g r a n d , d é g é n é r e u x , d e lo u a b l e & d e b e a u .
Quand on voit de pareils éloges proftitués à
F f a