
rengager à conlerver une couronne dont il étoit
vraiment cligne* On prétend qu’il confentitqu’Oton
régnât après lui : mais eft - il croyable que ce
prince eût voulu écarter Frédéric l ï , l'on neveu ,
d’un trône où ce jeune prince avoir déjà été appelé
par les voeux de la nation ? Philippe mit tous
fes foins à fe réconcilier avec Innocent III. Ce
pape étoit bien capable d’exciter fes inquiétudes :
c’étoit l’aine de Grégoire V I I , qu’il furpaffoit encore
par la force de fon génie. C’eft ce pape que
l’on vit dans les croifades abandonner avec adrefle
le foin Hérile de délivrer la terre - fainte pour fe
failir de Conftantinople, conquête bien plus importante
pour fon liège. L ’accommodement fe fit ,
à condition que l’empereur donneroit fa fille en
mariage à Richard , neveu du pontife , avec tous
fes droits fur la Tofcanb , la Marche - d’Ancône
& 1e duché de Spolétte. Les uns prétendent qu’O-
ton fut compris dans 1e traité ; d’autres qu’il fut
oublié. Philippe ne put recueillir 1e fruit de cette
paix qui étoit fon ouvrage ; il fut affaffiiiê par
Oton de Witelsbak, qui le furprit au lit comme
on venoît de le fàigner, & lui coupa la gorge d’un
coup de fabre. La haine de cet affaffin étoit excitée
par le refus qu’avoit fait l’empereur de lui
donner une des princeffés fes filles, parce qu’il
s’étoit déjà fouillé d’un parricide. Philippe avoit
te vifage beau, les cheveux blonds, 1e corps foible
& un peu maigre ; fa taille étoit médiocre. Les
avantages de fon efprit étoient bien au-deffus de
ceux de fon corps. Il étoit doux, humain, libéral;
il favoit pardonner à propos : il avoit une éloquence
naturelle & peu ordinaire dans un prince.
Inftruit par la mature & par l’art à diflimuler,
il ne fe fit jamais une funefte étude détromper
ou de trahir. L’hiftotre ne lui reproche aucun
crime politique. Sa valeur qui lui affura le trône ,
avoit facilité les fuccès de Henri V I , fon frère &
fon prédécefleur. Son corps fut enterré dans l’é-
gîife de Bamberg, d’où fon neveu Frédéric le fit
tranfporter dans celte de Spire. Il eut, de fon
mariage avec Irène, foeur d’Alexis , empereur de
Conftantinople, quatre filles, Cunegonde, femme
de Wenceflas , roi de Bohême ; Marie, femme
de Henri , duc de Brabant ; Ethife ou E life ,
femme de Ferdinand III , roi de Cafiillc ; &
Béatrice , femme d’Oton IV . On prétend que fa
mort caufa celle de l’impératrice , qui ne put
vaincre fa douteur. ( M — Y . )
PHILIPPE ( 1e marquis d é S a i n t ) dom Vincent I
( Baccalar-y-Sanna ) ( Hiß. cTEfp. ) né dans l’iflêde i
Sardaigne , d’une ancienne famille originaire d’Ef-
pagne, fe rv it, avec un zèle é g a l, te dernier roi
d’Efpagne de la maifon d’Autriche ( C h a r l e s II )
& 1e premier de la maifen de France (Ph i l i p p e V ).
Ce fut Philippe V q u i, pour récompenfer fes
fervices, 1e fit marquis de Saint-Philippe. On
a de lui des mémoires pour fervir à l’hiftoire de
Philippe V , depuis 1699 jufqu’en ‘17 2 4 vol.
in-ia . Ces mémoires ont été traduits en françois.
L’hifloire de la guerre de la fucceffcn d’Efpagne
y eft très-détaillée. On a ai.ffi de lui une favante
hifioire de la monarchie des hébreux , pareillement
traduite en françois. Mort à Madrid en 1726.
PH IL P P E S , bataille de ( Hiß. rom. ) Cette bataille
fe donna l’an 7 12 de Rome fur la fin de l’automne.
Brutus & Caffius , les derniers rom a in s y
périrent, & leurs*roupesfurent entièrement défaites
par celtes d’Oélavien. Cette ville de Fhilippes étoit
dans la Phthiotide »petite province de Theffalie ; <k
c’eft une choie affez remarquable, que la bataille
de Phariale & celle de Philippes qui porta le dernier
coup à la liberté des Romains, fe foient données
dans le nu me pays & dans tes mêmes plaines.
{ A . R )
PHILIPPE eu PHILIPPIQUE Ba rd an e , {Hin.,
du bas-Empire, y aihü nommé par les hiftoriens ,
mais qui porte fur les médailles le nom de Philippique
, Arménien, d’une nai fiance illuftre, fit tuer
en trahifon l ’empereur Juftinien I , & fefit proclamer
a fa place en 7 1 1 . Il fut dépofé & eut tes
yeux crévés en 7 13 .
PHILIPPIN, bâtard de Savoie ,voyezCRÉQXJY.
PHILIPS, (Hiß. litt. mod. ) nom illuftré par la
poéfie en Angleterre.
i ° . Catherine Philips, dame angloife, célèbre
par fes poéfies, a traduit en anglois le Pompée de
Corneille, qui a beaucoup réufli dans fa traduélion.
a°. Jean Philips, poète anglois, auteur du poëme
de la bataille THochßet, & de deux autres poèmes,
traduits en françois , ainfi que 1e premier , par
M. l’abbé Ya rt’ , de l’académie de Rouen. Jean
Philips mourut en 17 0 8 , à trente-deux ans. Simon
Harcourt, étant chancelier d’Angleterre, lui fit ériger
à Weftminfter, un maufolée auprès de celui du
célèbre Chaucer. ( Voyez l’article C h au c e r . )
PHILISTE, (Hiß. litt, anc.) célèbre hiftorien grec;
vivoit du temps des deux Denis,tyrans deSyracufe,
quatre fiècles ou environ avant Jéfus - Chrift.
(Voyez l’article Denis ou Denys. ) Il avoit fait l’hif-
toire de Denys 1e tyran en fix livres, celle de Sicile
en onze, celle d’Egypte en douze; aucun de fes
ouvrages ne nous eft parvenu : Cicéron en fait un
affez grand éloge ; il l'appelle ficulus Ule creber, acutus
, brevis, c’eft, félon lu i, un petit Thucydide ,
penè pufillus Thucydides. Il paroît encore, par un
autre témoignage plus pofirif de Cicéron , que
Philiße avoit pris Thucydide pour fon modèle. Ce
Philifle étoit d’ailleurs homme de guerre & homme
d’état, c’étoit un des plus riches & des meilleurs
citoyens de Syracufe. Nous avens dit à l’article Den
y s, que ce fut en femontrant d’abord zélé citoyen
que Denys parvint à la tyrannie; Agrigemeayant
été pris par les Carthaginois , Syracufe accu fa la
négligence de fes magiftrats; Denys déclama contre
eux & fut cortdaroné à une amende ; mais il n’avoit
pas de quoi la p a y e r ; P h ilip la paya pour lu i,
loua fon zèle pour la patrie, & . l’anima par toute
forte de motifs, à continuer fes .libres & auda-
cieufes harangues ; ils s’attachèrent l’un à l’autre, &
Philiße fut un des plus utiles inftrumens de la grandeur
de Denys , qui 1e fit gouverneur de Syracufe
quand il s’en fut fait le tyran; Philifle lui devint
fufpeâ dans la fuite , il l’exila, & ce fut pendant
cet exil que Philiße , retiré en Italie, dans la ville
d’Adria, y compofa fes hiftoires , ou foit juftice &
.générofié, foit defir & efpérance d’être rappellé ,
il loua Denys comme il auroit pu faire dans 1e
temps de fa faveur. Il fut rappellé en e ffet, mais
ce ne fut que fous Denys ie jeune, & ce fut par
une intrigue de courtifans, qui voûtaient l’oppofer
à Dion & à Platon ; il fervit Denys le jeune, comme
il avoit fervi le père ; il fit plus, il mourut pour lui.
Dans 1e temps delà révolution que Dion fit à S y racufe
, (voir les articles Denys & Dion ) il com-
manda contre Dion la flotte de Denys , ou plutôt
quelques galères qu’il-avoit amenées à fon fecours ;
il fut battu, pris, égorgé ou livré au fupplice.
PHILOMÈLE ( Hiß. anc. ) Les Phocéens ayant
été déclarés facriléges & condamnés à une amende
parte tribunal d -s Amphi&ions, pour avoir labouré
des terres confàcrées^à Apollon, ce qui,
dans les idées fuperftitieufes du temps & du
p ay s , étoit les profaner; Philomèle , un des principaux
citoyens parmi tes Phocéens , tes révolta
contre ce décret , alluma ce qu’on appelle la
guerre facrée, première guerre de religion connue,
& fut nommé général des Phocéens ; il prit &
pilla le temp’e de Delphes, fe fit rendre tous
les oracles qu’il voulut & qui l’autorifoient à
faire tout ce qu’il voudroit ; il eut d’abord quelques
avantages qui l’enhardirent ; mais enfin il
fut battu , car il faut bien l’être quand on fait
quelque temps la guerre ; & fe trouvant pouffé fur
une hauteur d’o'u il n’y avoit point d’iffue, après
s’être long-temps. défendu avec courage, il prit
fan? défefpoir & avec réflexion le parti de fe
précipiter, la tête en bas, du haut d’un rocher,
pour échapper aux tourmens que tes ennemis lui
préparoient s’il fut tombé vivant entre leurs mains.
Car comme cette guerre é.toit j(acrée & que les
Phocéens étoient déclarés facriléges & excommuniés,
tous ceux d’entr’eux qui étoient faits prifonniers,
étoient impitoyablement mis à mort; & comme
tes cruautés fé rendent très-'facilement, tous ceux
des ennemis qui tomboiententre tes mains des Phocéens
& qu’ils avoient auffi excommuniés de leur
côté , étoient traités avec la ne me rigueur. Cet
événement arriva environ trois fiècles & demi,
avant J . C.
PH ILO N, ( Hiß. anc. ) c’eft 1e nom de divers
perfonnages connus.
1 P kilo n , juif -d’Alexandrie , d’une famille!
facerdotale, chef de la députation que tes Juifs
d’Alexandrie envoyèrent à l’empereur CaïusCali-
gula, pour fe plaindre des Grecs de la même
v ille , a laiflé une relation intéreffante de cette
négociation ; il a laiffé auffi une peinture non
moins intéreffante d< s maux que les Juifs fouf-
frirent fous ce même empereur. On a fes oeuvres
recueillies en deux volumes in-folio. On a traduit
en françois fon traité de TAthéifme & de la fu -
perftition. Dom Montfaucon a traduit auffi fon
traité de la vie contemplative ; il étoit éloquent ; on
l’a furnommé le Platon Tuif.
2 9. Philon de B yb lo s , ainfi nommé du lieu
de fa naiffance ; c’eft: lui qui a traduit en grec
l’hiftoire Phénicienne de Sanchoniaton, dont il
nous refte des fragmens. Il vivoit dans 1e premier
fiècle.
30. Philon de B yfan ce , ainfi nommé auffi du
lieu de f3 naîffance, vivoit trois fiècles avant
J . C . Il eft auteur d’un traité fur tes machines
de guerre imprimé au Louvre dans 1e recueil
qui â pour titre : Mathematici veleres. On lui attribue
, mais fans certitude , le traité de Septem orbis
fpetticulis , publié par Allatius.
PHILONIDE, ( Hiß. anc. ) Coureur d’A le xandre
le grand, fit, dit-on, en un jour douze
cents ftades , c’eft-à-dire , foixante lieues de Si-
cyone à Eli?. M. Rollin , en parlant de la courfe
à pied parmi tes exercices des Grecs, rapporte
d’après Herodoté & Pline , beaucoup d’autres
exemptes d’une pareille vîteffe.
PHILOPATOR. ( Voyez Pt o l o m é e . )
PHÏLOPEMEN , ( WM anc. Hiß. de la Grèce. )
né à Mégapolis, ville d’Arcadie, mérita par fes
vertus d’être appellé 1e dernier des Grecs : le
camp fut pour ainfi dire fon berceau ; mais
quoique fes penchans fuffent tournés vers la guerre,
il prit tes leçons d’Arcéfilas , qui avoit ouvert
une école pour former de véritables citoyens :
fa philofophie n’avoit point pour but d’étaler des
préceptes faftueux , ni d’exciter une curiofité Hérite
; il apprenoit à fervir la patrie dans tes difi-
férens emplois du gouvernement. 1 paminondas
fut le modèle qu’il choifit , & il allia comme lui
tes devoirs de la philofophie anx exercices de la
guerre : tes momens qui n’étoient pas conliserés
au fervice de la république, étoient employés
à la chaffe, à l’agriculture , & à d’au res
exercices propres à endurcir le corps & à forme?
un véritable homme de guerre : on le voyoit
conduire fa charrue, & faire lui-même ce qu’il
pouvoit commander aux autres ; toujours occupé
dans fon loifir, il fe délaffoit de fes travaux par
la leéhire d’Homère ou de la vie d'Alexandre. , où
il puifoit de grandes leçons d’héroifme.
Ce fut contre Cléomene, roi de Sparte , qu’il
fit fon apprentiffage de guerre ; fes manoeuvres
favantes & fon courage tranquille décidèrent
de la victoire à la journée de Selafie. La trêve