
emporta d’aflaut, ravagea les environs de Tolède i
& retourna triomphant dans fes états, chargé de
butin & fuivi d’une foule d’efclaves. Abderame,
roi de Coicloue, irrité des fuccés 8c jaloux de
la,-gloire du roi d’Oviédo, mit fur pied une armée
nombreufe, & fécondé par les tioupes d’Aben-
A h a y a , feigneur de Sarragofle & fon vaflal, il
fe flatta de réparer avec éclat les pertes qu’il avoit
fouffertes. Ram ire, à peine remis des fatiguesfies
dernières hoflilùés, reprit les armes 8c marcha
avec la plus grande activité à la rencontre des
ennemis, qu’il trouva campés aux environs d’Of-
ma dans une Vaife plaine; l’événement nejuflifia
point les efpérances d’Abderame, il comptoit fe
venger, & il fut complettement |?attu, plufieurs
milliers de Mau es périrent dans l’aâion , tous
les autres prirent la fuite avec leur roi vaincu.
Ramire rentra dans Léon, d’où quelques jrurs après
il fe rendit à Aftorga poür>y préfider aux états,
pendant leiquels il fit d’utiles réglemens, & réunit
quelques places qu’il à voit conquifes fur les
Maure», à l’évêché d’AAorga, fuivant l’ufage de ce
fièolé, où lés 'fouverains, maîtres dans leurs
royaumes, étéridoienc ou reflet roiènt, comme ils
le jùgeoient à propos, les dioeèfes fans le concours
de l’évêque de Rome, qui alors n’en dif
pofoit pas chez les püiflanees étrangères. D’Aftorga,
Ramire alla fe mettre -à la tête de fes troupes ,
entra dans l’Aragon, réfolu de punir Aben-Ahaya,,
du fecours qu’il avoit fourni à Abderame ; hors,
d’état de réfifter à un tel ennemi, Aben-Ahaya,
feigneur de Sarragofle, s'emprefla de fe foumertre,
fe déclara vaflal de la couronne de Léon, & s’engagea
de lui payer le même tribut annuel qu’il,
donnoit au roi de Cordoue. Ramire lui accorda la
paix à ces conditions, revint dans fes états, époufa
dona Thérefe., foeur de don Garcie, roi de Nav
a rre , & pendant une année, ne s’occupa que
des foins du gouvernement ; mais tandis qu il fe;
fîattoit de jouir d’un calme heureux & durable ,
Aben-Ahaya, infidèle à fes engagemens, s’étoit
ligué avec le roi de Cordoue , & leurs troupes
firent inopinément une irruption fur les terres de
Léon, s’emparèrent de Covarrubias, petite ville
bien peuplée, dont ils paflerent tous les habitans
ftu fil de l’épée, ravagèrent la campagne, & rie
s’en retournèrent qu’après s?être raflafliés de bntin
8c de carnage ; enorgueilli par lé fucc.ès de cette
expédition, & ne doutant point que le temps
.d’accabler les chrétiens ne fut venu, Abderame
fit les derniers efforts pour écrafer Ramire ; une
foulé de Maures vinrent d’Afrique fe joindre-à
fon armée, déjà très-formidable, & la conquête
de Léon & d’Oviédo. lui paroiflant infaillible, il
ne le propofoit rien moins que d’exterminer les
chrétiens, ou tout au moins d’obliger ceux qui
échappoient au carnage, d’aller pour la fécondé
fois. fe cacher dans les Afturies.Ses projets étoient
v a fle s , mais ils, ne réuflirent p as; au contraire,
$gtyfre ? dont kyforces paroii&ient^très-inférieures
2t celles des Mahoméians, alla à leur rencontre}
leur prèlentala bataille dans la plaine de Simancas ,
fondit fur eux avec impétuoüté, 6c malgré leur
réfiitance, remporta la viâoire & inonda la plaine
de leur fang. Il s’en retournoit triomphant, lorf-
qu’il fut averti qu’Abderame raflembloit lés de bris
de l’armée vaincue qui, malgré cette grande défaite,
étoit encore très-nombreufe. Le roi d’-Ovié-
do , fans donner aux infidèles le temps d’être tous
raflemblés, marcha contr’eu x , les joignit auprès
de Salamanque, les attaqua & les défit encore.
Cette fécondé viâoire fut plus fatale que la première
aux Maures; les vainqueurs en firent un
horrible carnage, 8c fe faifirent d’Aben - Ahaya
qui fut enfermé & traité en fujet perfide 8c re*»
belle. Dans la vue de prévenir de nouvelles in valions,
Ramire I I donna ordre aux corn. es de Cafliile
de fortifier leurs places qui, par leur fituation ,
i'ervirofenr de barrière aux Mahométans. Les
j comtes de Cafliile qui fe prétendoient indépendans
n’obéirent qu’à regret. Le roi d’Oviédo leur ordonna
enfuite d’aflembler leurs troupes & de fe tenir
prêts à marcher au premier lignai. Gffenfés de
ce fécond ordre , ils refusèrent de s’y foumettre ,
8c par leur réfiflance ^irritèrent fi fort Ramire 77 ,
qu’il marcha contr’enx à la tête-fie\jes troupes,
& fit prifonniers les comtes Ferdinand Gonçalez,
| 8c Nunno Nunnez. Cependant , comme les prétentions
de ces feignèurs étoient en quelque forte
fondées fur une longue jouiflànce, le roi d’O.viédo
n’ufa point de rigueur; il leur fit faire au contraire
de fi fages repréfentations, pendant qu’ils étoient
en prifon, qu’acqi icfçant à fes raifons, ils lui promirent
la plus inviolable fidélité. Ramire II ne f e .
content* point de leur rendre la liberté , il les
combla de bienfaits;, lés honora de fa confiance,
& peu de temps après il maria fon fils dom Or-
dogno'avec doaa Urraque, fil*e du comte Ferdinand
Gonçalez & de dona- iSanche, infante de
Navarre. Intimidés par fa valeur & fa puiflance ,
les Maures lui demandèrent une fufpenfion d’armes,
8c il leur accorda une trêve d<e fept années. Il
confacra ce temps.de paix aux travaux les plus
utiles; il fonda plufieurs monaftère$, peut-être
eût-il pu mieux faire ; mais alors i.a fondation d’un
mena.lière paflbit pour la plus belle des aérions
humaines. Il fit fortifier les places les plus importantes,
publia des loix fdgés & extirpa les abus.
Conftamment ani r.é néanmoins du defir d’exterminer
les Maures autant qu’il le pourroit, la trêve
fut expirée à peine,-que, fuivi de fon armée ,
il pafla les montagnes o’Av ila , & -fondit fur Ta -
lavera. Le roi de Cordoue envoya contre lui une
nombreufe armée ; les Chrétiens 8ç les:Maures fe
rencontrèrent ; le combat s’engagea ; l’aâion fut
décifive & glorieufe pour Ramire qui remporta
encore une victoire fignalée. Les Mahométans
perdirent douze mille hommes, •& en laiflerent
ifeptmille entre les mains des. Chrétiens qui les
• amenèrent prifonoiers. Ramire-II alla le repofer
R A M
àOvîêdb ; Ion deflein étoit de fe rendre "à Léon ,
mais il tomba malade à Oviédo , & on eut bien
de la peine à lé trànfporter a Léon ; la maladie
empira , Ramire vit fans .trouble fes derniers mo-
mens approcher ; il abdiqua la couronne en faveur
d’Ordogno fon fils-, & mourut peu de jours après,
le 5 janvier 9 50 ; il avoit régfté dix-neuf ans &
quelques mois. Lés Chrétiens le regrettèrent amèrement;
ils perdoiént en lui un excellent roi &
leur plus ferme appui. Les Maures fe réjouirent
de fa mort* tant il leur avoit. infpiré de teireur.
R a m i r e I I I , roi d’Oviédo & de Léon, ( ff jfi.
d ’E'fpagn-e.) Dans les états où la couronne efl
é le â iv e , il fembleroit que le peuple qui a le
droit de placer qui il veut fur le trône, a par
cela même auffi le droit de dépofer les fouverains
qui ne répondent point à la confiance publique,
ou qui abufent en tyrans du fuprême pouvoir.
Ce «fut ainfi que penfèrent & ce fut ainfi qu’en
agirent les Tu jets de Ramire I I I , fils du roi Sani hélé
Gros, roi jufie & fage, qui mourut pourtant
empoifonné par les mains d’un traître qu’il aimoir,
Ramïre\ n’avoit que cinq ans lors de la mort de
Sanche; mais malgré la foibleflê de fon âge , les
grands, aflemblés pour procéder à une élection,
le proclamèrent en 964, dans l’efpérance que ,
né d’un père bon St jufte, il en auroit un jour
les refpeâables qualités. Il fut recoïïnu pour roi
fous la tutelle de la reine la mère, de dona
Elvîre fa tante , 8c fous un' confeil de régence.
C e confeil de régence commença par renouveller
avec Alhacan, roi de Cordoue, le traité de paix
qui avoit été fait dans les derniers jours du régné
précédent entre les deux couronnes. Il ne fe pafla
rien de bien important pendant les premières années
de ce régné , 8c le royaume ne fut agité que par
la turbulence de l’ancien évêque de Compoflelle
qui, dépofé & enfermé , s’évada de fa prifon, &
alla, les armes à la main, fe remettre en poflef-
fion de fon évêché. Sifenand fe fit craindre, 8c on
le Iaffla tranquille fur la chaire épifcopale. Les pirates
normands qui avoiem fait précédemment plu-
iieurs invafions fur les côtes de Galice, en firent
une nouvelle 8c marchèrent vers Compoflelle.
L ’évêque Sifenand qui favoit mieux combattre
que prêcher , raflembla des troupes, marcha contre
lesJNormands, leur livra bataille, fut vaincu 8c'
tué. Enhardis par cet avantage, les Normands,
peuple inhumain dans la viéioire , parcoururent
le pays* le fer 8c la flamme à la main, & portèrent
le ravage & la défolation jufqu’aux mon-
tagnes de Catulle ; chargés de butin , ils revinrent
vers les côtes pour fe remettre en m e r; mais le
comte Gonçalez Sanchez fuivi d’une formidable
armée, les rencontia, fondit fur eux , les battit,
les nwflacra prefque tous, fit prifonniers ceux à
qui les vainqueurs fatigués dé carnage aveient
îaifTè la v ie , 8c alla mettre le feu à leur flotte.
Ac e s troubles p rès , le royaume jouit d’un calme
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profond, & Ramire I I I parvenu à la dix-feptième
année de fon âge , époufa, du confcntement du
confeil de régence , dona Urraque, jeune demoi-
félle, de l’une des plus illùftres maifons du royaume.
Eperduement amoureux de fa jeune époufe, dont
l’ambition étoit outrée & le caraâère mauvais,
il ne fe conduifit que d’après fés confeils, & les
confeils pernicieux d’Urraque l’engagèrent à trai-
,ter avec mépris la reine fa mè*e & Elvire là
tante. Ramire toujours dévoué aux fuggeflioris de
dona Urtaque, en agit avec tant de hauteur à
l ’égard de la noblefle, qu’il la mécontenta ; il
affréta fur-tout d’offênfer les nobles de Galice par
les plus révoltans procédés. Ces nobles peu accoutumés
à ce ton defpotique, s’aflemblèrent, jet-
tèrent les yeux fur le prince dom Bermude, fils
d’Ordogno III, qui leur psrut plus digne dutrôiic
que celui qui l’occupoit ; ils le proclamèrent roi,
bc cette éle&ion fut fl favorable aux Galiciens ,
parmi lefquels le jeune Bermude avoit été élevé ,
qu’ils prirent les armes pour foutenir fon élection,
Ramire ///croyant n’avoir à. combattre qu’un
petit nombre de rébelles faciles à foumettre ou
à difperjfer , raflembla fes troupes , & marcha
contre les Galiciens ; ceux-ci fe défendirent avec
beaucoup fie valeur. Les deux partis en vinrent
à une aétion, elle fut vive 8c fànglante; le combat
dura depuis le lever du foleil jufqu’à fon coucher;
la viâoire demeura indécife ; mais l’armée
ro) ale avoit été fl maltraitée, que Ramire fe rendit
à Léon pour lever de nouvelles troupes; mais
à peine il étoit arrivé dans cette capitale , qu’il
y tomba malade 8c mourut, à la fatisfaéHon publique,
vers la fin de l’année 98 2, dans la quinzième
année de fon régné, & âgé de vingt ans.
L a nation l’avoit élu pour qu’il régnât en fouve-
rain vertueux. &L modéré ; il voulut gouverner
en defpote, 8c fes prétentions in j rifles infpirèrent
à fes fujets la réfolution de faire un nouveau choix.
Il mourut cependant fur le trône; mais s’il eût vécu
encore quelques jours, il efl vraifernblable quil
feroit mort ou en prifon ou dans un monaflère ,
car la nation entière étoit foulevée contre lu i, 8c
faifoit des voeux pour Bermude. (X . Cr)
RAMS A Y ( C h a r l e s - L o u is ) Hifl. litt. mod, )
gentilhomme écoflois, efl auteur d’un ouvrage
latin , intitulé : Tacheographia, ou l'an décrire aujfi.
vite qiûon parle, dédié à Louis X IV . Cet art n’étoit
pas inconnu aux anciens, à en juger par ce dif—
tique de Martial :
Carrant verba licet, manus efl velocior Mis ,
Nondum lingua, fuum dextra peregit opus.
Mais un homme qui a rendu beaucoup plus
célèbre dans les lettres le nom de R am fa y , efl
André-Michel de Ramjay, chevalier-baronet ea
Ecofle, & chevalier de Saint-Laiare en France,
docteur de rumverfué d’Oxford, iflù d’une b r a ^