
de Rohan ; c’eft le fameux maréchal de Gié
gouverneur du jeune comte d’Angoulême , qui
fut par la fuite le roi François I , vers l’an Zf(>4,
L e roi Louis X II eut une maladie dans laquelle
les médecins parurent défefpérer de fa vre ; la
douleur de la reine Anne de Bretagne , ne l’empêcha
pas de prendre des mefures pour fe retirer
en Bretagne avec fes filles. Quelques bateaux
chargés de fes meubles les plus précieux
defcendoient déjà vers Nantes par la Loire. Le
maréchal de G ié , gouverneur de l’Anjou , ofa
penfer qu’il étoit de fon deyoir de faire arrêter
ces bateaux. La reine, dont il étoit né fujet,
fentit cette injure jnfqu’au fond du coeur ; fes
grandes vertus lui avoient laiffé le grand défaut
d’être implacable. En vain le roi parut applaudir
à la fidélité du maréchal de Gié , il ne put
réfifter éternellement aux plaintes d’une femme
adorée , il fallut livrer le maréchal à fon reffen-
timent, elle fit rechercher avec rigueur toute fa
vie ; on vouloit des crimes, on ne manqua pas
d’en trouver. Le coiifcil du roi nomma pour faire
le procès du maréchal, le parlement de Tou-
ioufe, parce qu’il avoit la réputation d’être le
plusfévère du royaume; mais ce parlement fi févère
ne fit que manifeftt-r l’innocence du maréchal
de Gié , par- -Ul.douceur des peines qu’il lui infligea
: il fe contenta de le fufpendre pendant
cinq ans des fondions de maréchal de France,
& de le bannir à dix lieues de la cour. Le
maréchal de Gié fe retira dans fon château du
Verger en Anjou. Nous apprenons par fon arr
ê t , qui eft du 9 février 1506 & par l’extrait de
fon procès , que , dans l’exercice de fes fonctions
de gouverneur du comte d’Angoulême, il
avoit déplu à la' comteffe, mère du prince ,
auprès de laquelle il avoit long-temps affeélé
tous les foins d’un amant & prefqqe les droits
d’un mari. La com telle, toujours ennemie d’Anne
de Bretagne, s’unit avec elle pour le perdre.
Il récit fa même exprèfîement la comtefle, lorf-
qu’elle voulut dépefer, dans fon procès, tant il !
la jugeoit mal difpofée à fon égard. Comment i
eût-il pu réfifter au crédit de ces deux femmes,
redoutables même l’une pour l’autre, & qui ne
s’étoient jamais réunies que contre lui ? L’arrêt
du maréchal de G ié , le dépouille nommément
de la place de gouverneur du comte d’Angoulême.
21®. Pierre de Rohan, fils du maréchal de G ié ,
tué à la bataille de Pavie.
22°. Réné fon fils, tué le 28 oâobre 1552,
dans un combat près de Metz.,
2 ,3 °. Le duc de Rohan Henri II , petit - fils de
René, & Soubife fon frère , furent les chefs des
proteftans, dans la guerre qui éclata*en 1621.
Ils formèrent des projets vaftes ; ils voulurent
changer entièrement la conftitution, faire de 'la
France une république, la divifer en cercles fur
1 | modèle de l’Allemagne ; ils en firent en effet
I une cfivifion chimérique en huit cercles, dont
| le gouvernement devoit être donné aux principaux
chefs du parti. Louis X III leur fit la guerre
en. perforine. Le duc de Rohan étoit gendre du
fameux duc de Sully. Voyez à l’article Ch a bo t
comment le duché de Rohan paffa dans cette
maifon par une fille de ce duc de Rohan.
La maifon de Rohan a produit pltifieurs prélats
célèbres, entrrautres François de Rohan , archevêque
de Lyon, mort en 153 6; les quatre cardinaux
, évêques de Strasbourg , dont le dernier
vit encore aujourd’h u i, & dont treis , y compris
ce dernier , eut été de l’académie françoife.
Deux femmes célèbres de la maifon dé Rohan9
eurent une conduite & une deftinée bien différentes,
L’une, Françoife dçRohan, dame delà
Garnaché en Poitou, aima le duc de Nemoursr
8c fur la foi d’une promeffe de mariage, dont
elle n’attendit pas l’aecora pli fie me n t pour dë.ve-
i nir mère, elle en eut un fils fans état, qu'elle-
qualifia prince de Génevois, en prenant pour
elle-même le titre de madame de la Garnaché
oiTtle ducheffe de Loudunois.
L ’autre, Catherine de Rohan, nièce de la
précédente, fut aimée de Henri IV , 8c rejetia
fon hommage, en lui difant qu'elle étoit trop pauvre
pour être fa femme, & de trop bonne maijon
pour être fa maîtrejfe. C’étoit la feeur du duc de
Rohan - 8c de Benjamin de Rohan, leigneur de
Soubife , chefs des proteftans.
ROHANDRIANS. ( terme de relation, ) Fla -
ceurt dit qu’on appelle rohandrians à M»dagafcar
ceux d’entre les blancs qui dans la province
d’Anoffi font élevés en dignité. Ils ont la peau
rcuffe 8c les cheveux peu frifés. On choifit les
chefs du pays dans cette race d’hommes., & ils
jouiffent feuls cîu privilège de pouvoir égorger
les bêtes. On ne manque pas en Europe de
bouchers dignes d’être rohandrians. ( D . J . )
ROHAULT , ( Hifl.- litt. mod. ) fils d’un marchand
de la ville d’Amiens, phyficien connu
par fon zèle pour la philofophie de De (car tes,
qui n’infpire plus de zèle à perfonne , quoique
le nom de Defcartes fpit toujours révéré comme
celui d’un grand homme dont les principes
généraux font le fondement de la bonne philofophie
8c la condamnation de fes erreurs par-*
ticulières Rohault a écrit fur la phyfique; il a
donné des élémens de mathématiques, un traité
de méchanique, 8cc. Il étoit utile dans fon temps^
Né en 1620^ mort en 1675.
R O I
R O I , nom que les anciens donnèrent on %
Jupiter où au principal miniilre de la religion
dans les républiques.
A p r è s q u e le s A th é n ie n s e u re n t fe ç o u é le jo u g
der
o t
fl« leurs r i i s , ils élevèrent une ftatue à Jupiter
fous le nom de Jupiter roi , pour faire connoître
qu’à l’avenir ils ne vouloient point d’autre maître.
— A Lébadie on offroit de même* des facrifices à
Jupiter roi, & on m u v e que ce titre lui eft fou-
vent donné chez les anciens.
Mais ils ne le çroyoient pas tellement attaché
à la fuprême puiffance de ce dieu, qu’ils ne l’at-
tribuaflent quelquefois à certains hommes diftin-
gués par leur dignité, Ainft le fécond magiftrat
d’Athènes ou le fécond archonte s’appelloit mi,
yff ; mais il n’avoit d’autres fondions que celles
de préfider aux myftères & aux facrifices : hors
de là nulle fupériorité. Dans le gouvernement politique,
fa femme avec le titre de reine partageoit
aulii fes fonctions facrées.'L’origine de ce (acerdoce,
dit Détnofthînes dans l’oraifon contre Néera, ve-
noit de ce qu’anciennementdans Athènesle roiexer-
çoit les fondions de grand-prêtre ; & la reine , à
caufe de fa dignité, entroit dans le plus fecret des
myftères. Lorfque Théfée eut rendu la liberté à
Athènes en fubftituant la démocratie à l’état monarchique
, le peuple continua d’élire entre les
principaux & les meilleurs citoyens un toi pour
les chofes facrées, & ordonna par une lo i , que
fa femme feroit toujours athénienne de naiffance ,
& vierge quand ilTépouferoit, afin que les chofes
ûcrées fuffent adminiftrées avec la pureté convenable
; & île peur qu’on n’abolît cette lo i, elle
fut gravée fur une colonne de pierre. Ce roi pré-
fidoit donc aux myftères ; il jugeoit les affaires
qui regardoient le violentent des chofes. facrées.
En cas de meurtre , il rapportoit l’affaire au fénai
de l'aréopage ; 8c dépofant fa couronne , il s’af-
feyoit parmi les autres magiftrats pour juger avec
eux. Le roi & la reine avoient fous eux pïufieurs
miniftres qui fervoient aux cérémonies de la religion
: tels que les épimeletes, les hiérophantes,
les gerères, les ceryces , &c.
La même chdfe fe pratiqua chez les Romains.
Quelque mécontens qu’ils ruffent de leur dernier
roi , ils avoient cependant reçu tant de bienfaits
desïix premiers > qu’ils ne purent abfolument en
abolir le nom : mais au-filne lui attribuèrent-ils que
des fondions qui ne pouvoient jamais menacer la
liberté , je veux dire le foin des cérémonies reli- ’
gièufes. Il lui étoit d’ailleurs défendu de remplir
aucune magiftrature & de haranguer le*peuple. Gn
le choififfoit parmi les plus anciens pontifes & augures
, mais il étoit toujours fubordonné au fou-
verain- pontife : cette dignité fiibfifta jufqu’au
règne du grand Théodofe. {.Ai R .)
R o i - d’Arm e s , { Hifl. de France.') C’étoit un
officier de France qui annonçoit la guerre , les
trê v e s , les traités de paix & les tournois. C’eft
le premier & le chef des héraults-d’armes : nos
ancêtres lui ont donné le titre de-roi, qui fignifie
feulement premier chef. La plupart des fa va ri s affu-
rent que ce fut Louis-le-Gros qui donna à Louis
Hiflohe. Tome IV .
R O I 601
de Ronfîy Ie titre de roi-d’armes, inconnu jufques-îà.
Cet établiffement fut imité par-tout, honoré de
pïufieurs privilèges , de penfions confidérables ; 8c
les fouverafns à qui les rois-d’armes étoient envoyés
, affeéloient pour faire éclater leur grandeur
dans les autres p ay s , de leur faire de beaux pré-
fens. '' - . .
Philippe de Comines a remarqué que Louis X I ,
quoique fort avare , donna à un ro'-d'armes que
le roi d’Angleterre lui avoit envoyé , trois cents
écus d’or de fa propre main , tL trente aunes de
velours cramoifi, & lui promit encore mille écus.
Le rang de leur maître les rendoit rerpeclables »
& ils jouiffoient des mêmes privilèges que le droit
des gens accorde aux ambaffadeurs , pourvu qu’ils
fe renferma fient dans les bornes de. leur corn-
miffion ; mais s’ils violoient les loix de ce droit ;
ils perdoient leurs privilèges. Froiffart obferve ,■
que le roi-d?armes du duc de Gueldres ayant défié
le roi Charles V I c.landeftinement dans la ville de
Tournai, 8c fans lui en donner connoiffance il
» fut arrêté , mis en prifon, 8c cuida être mort,
dit cet. hiftprien , pour ce que tel défi étoit
?> contre les formes & contre l’ufage accoutumé >•
n & de plus dans un lieu mal convenable, Tournai
» n’étant qu’une petite ville de Flandres. »
Le refpeél qu’on avoit pour les rois-darmes fui-
vis de leurs hérauts; étoit fi grand, qu’ ils ont
quelquefois , étant revêtus de leur cotte-d’ar-
mes, arrêté par leurpréfence , en criant hola, U
fureur de- deux armées dans le fort du combat.
Froiffart a obfervé, que dans un furieux afiiut
donné à la ville de Viliepode en Gallice, à la
parole des hérauts, ceffèrent les affaillans & fe reposèrent.
Le roi d'armes avoit un titre particulier, qui étoit
mont-joye S . Denis ; 8c les autres hérauts portoient
le titre desfeize principales provinces du royaume ,
comme Bourgogne, Normandie, Guienne , Champagne.
Il y a en Angleterre trois rois-d'armes , fous
le titre de la jarretière, de Clarence & de Norroy
En Ecoffe, les rois-a arm.es & les hérauts ont été
employés dans les tournois, dans les combats à
plaifance ou à outrance , à fer émoulu ou à lancé
mornée, que les feigneurs particuliers fàifoiênt
avec la permiflion du roi. Mais ils font à-préfent
fans emploi par tout pays ; 8c on ne les voit plus
parcourir les provinces, pour reconnoître lès vrais,
nobles, les armoiries dés familles 8c leursblafons ,
en un mot, pout découvrir les abus quei’on corn*
niéttoit concernant la nobleffe 8c les généalogies*
Voye1 roi-d’armes , hifl. d?Angleterre.
Quant aux cottes qui font l’habit qu marquait
leur titre 8c leur pouvoir, celle du wi-d’armes eft
différente de celle des hérauts , i ° . en ce que les
trois grandes fleurs-de-lis qui font au-devant 8c au-
derriète de la cette-, font fur montées d’une couronne
royale de fleurs-de-lis fermée; 20. en ce
qu’elle eft bordée tput-aùtop^ d’ une broderie d’o r ,
G S S 8