
Dèfinarets de Saint-Sorlin, qui attirèrent
à Port-Royal deux lettres non imaginaires ni vi-
fionnaires du fetil homme qui, pour la plaifanterie
polémique, pût entrer en lice alors avec Pafcal,
. " ac*ne j parla traduélion latine des lettres provinciales
fous le nom de Guillaume Vendrock ;
par une multitude d’autres écrits polémiques contre
tes CalvinirteS & contre les jéfuites. Nicole n’a voit
defprit & de lumières- que la plume à la main;
il avoit beaucoup de défavantage dans la conver-
lation ; il difbit lui-même d’un autre folitaire de
Port-Ro yal; (M . de Tréville qui parlait bien) il
me bat toujours dans la chambre ; mais je ne fuis
£as au bas de Vefcalier qui b me vient dans l ’efprit
7e S u?j *ƒ Confondre. Il reffembloit beaucoup, dans
la focieté, à la Fontaine pour la timidité, la naïveté,
1 infouci^nce-, & auffi pour la diftraàion, & pour
une forte de difpropof-rion bien marquée entre fa
converfation & fes écrits, difproportion que les
gens fans efprit croient appercevoir chez prefque
tous les gens de lettres, (foit par l’idée fauiTe
quils le font de i'efprît, foit par le jugément non
moins faux qu’ils portent fur le mérite de la converfation
, ) mais difproportion qui êft au contraire
t rè s - ra re , & dont on expliqueront prefque tou-'
jours les apparences par la timidité ou par le défaut
dufage. On raconte que Nicole fut refufé à l’.exa-
men pour le fôiis-dikconat, parce qu’ilTé troubla ,
-trembla , & ne fut pas répondre aux qiiéftions des
examinateurs dont il eut pu etre dès-lors-le maître ;
©n ajoute que les examinateurs furent un peu
"honteux , quand ils furent quel candidates avoiem
refufe , car M. Nicole avoit déjà beaucoup de
réputation ; ils offrirent de le recevoir .avec acclamation
pour réparer leur'erreur; mais Nicole., •
foit humilité chrétienne, fort fuperftition, foit
quelque autre motif, voulut s’en tenir à ce pre—1
mier jugement, & le regarder comme celui dr
Dieu même. On attribue à M .Nicole des trait:
de pufillanimité' bien outrés ; on dit qu’il o fo if :
peine paffer dans les rues, tant il étoit troùbh
par la crainte perpétuelle que quelque tuile ne lu
tombât fur la- tête. Il demeuroit au bout du faux-
bourg Saint-Marcel, dit Saint-Marceau ; & quanc
on lui en denïandoit la raifon , il répondoit que
e’étoit pour échapper plus arfémebt aux ennemi;
qui, venant de la Flandre, dévoient naturellement
entrer dans Paris par la porte Saint-Martin ; cette
défaite a bien l’air d’une plaifanterie' qu’on aura
jwife pour une réponfc férieufe ; erreur qui n’eft
nullement rare". Nicole, né en 16-25 , entré dans
le moride vers 1645 » mort en 16 9 5 , n’avoit vu
que les profpérités des armes de la France, &
n’avoit jamais été dans le cas de craindre l’àrtivée
des. ennemis à Paris. Le trait fuivant annonce un
degré de fimplicïté bien étrange dans un homme
éclairé. Une demoifelle le confultoit fur un cas
de confcience relatif à des aveux, peut-être délicats,
qu’elle lui avoit faits, par la confiance qu’infpiroit
à cette demoifelle ou le cara&èrede Nicole ou fa
réputation- On annonce le père Fouquet de I’ora-
toire, un des fils du fameux miniftre & fur-intendant
Fouquet ; a ce nom, voici ; madetnoifelle,
secrie Nicole, quelqu’un qui lèvera vos doutes,* eu
meme temps il raconte au père Fouquet tout ce
qu’jl y avoit de plus fecret dans l’hiftoire de cette
demoifelle, dont la rougeur continuelle » pendant
ce -récit, temoignoit l’embarras. On fut cette in-
diferetion, & on en fit reproche à M. Nicole r
qui crut fort bien fe défendre en difant : C’efl
mon confejfeur, je ne lui cache rien. Nicole, qui avoit
tant difpnte dans fa v ie , la plume à la main, ne
difputoit jamais dans la converfation, & même dans
la difpute écrite il mettoit beaucoup de logique ,
& n’y mettoit point d’ardeur. Je n’aime p a s, difoit-
- i l , les guerres civiles.S on ami M. Arnauld les aimoit
mieux. Tous deux aimoïent beaucoup & gouver-
noient un peu la duchefie de Longueville, qui
n avoit jamais haï la guerre civile, & qui, mondaine
, avoit été à la tête de la fronde, & dé vote, fê
mit a la te te du janfenifme, ce qui avoit perfuadé
à Louis X IV que les janféniftes n’étoient que des
frondeurs mitigés. Après la mort de cette princeffe,
arrivée en 1679. Perdu tout mon crédit, difoit
Nicole j ai même perdu mon abbaye, car cette prince (fs
étoit la feule qui m’appellât M. l ’abbé. En effet, il
ne voulut avoir ni bénéfice ni titre dans TEglifev
il la fervit potir rien, il ne vouloit qu’écrire; ce
partage fuffit à la félicité de quelques hommes,-
& c e ne font pas les moins eftimables. Il fa! ! oit
bien qu’un homme de ce mérite & de ce janfé-
nifme ftit perfécuté, il le fu t; il ne manqua rien
à û gloire, ni au ridicule odieux des perfécuteurs.-
On crut ufer d’une grande indulgence, envers un
homme;, dont topte la vie n’avoit été que paix
“& que vertu , fauf quelques guerres théologiques,
enlui permettant de revenir d’abord à Chartres
fa patrie, enfuite à Paris même , dans fon faux-
bourg Saint-Marceau, ou une cour, toujours agitée
d’intrigues & dé pallions , fe plaignoit encore qu’il
troubloit fa paix par des écrits; c’eft une étrange &
ffupide manie que celle qu’ont des hommes, dontl'e-
trouble & l’intrigue font l’élément, d’imaginer que
la paix dont ils n’ont pas l’idée , foit troublé? par
les écrits d'un folitaire qu’ils ne connoiffent 'pas,
qu’ils ne lifent pas, ou qu’ils n’entendent pas, s’ils-
le lifent. Eh ! laiffez écrire , & ceffez d’intriguer.,,
i l . y aura peut-être alors de la paix.
On a un recueil de vers d’un Claude Nicole
préfident de Péleéïion de Chartres, mort-en 16 8 j* .
parent & compatriote du célèbre Nicole_
François Nicole de l’académie des fciences, mathématicien
célèbre, auteur d’un ejfai fur la théorie
des roulettes, qui le fit recevoir en 1707 dans cette
compagnie, d’un traité du calcul, des différences finies
d’un traité des lignes du troifième ordre, &c. étoit-
né à Paris, en 16 8 3 , & mourut en 1757.
Nicolle de la> Croix» ( Voye^ Croix-*
voyei Ballerini ; voye^ Barbeau de l a
Bruyère, )-
^ NICOLO DEL A L B A T T E , (H'ffmod.) peintre
italien , qui a beaucoup travaillé en France a Fontainebleau
& à Paris, aux hôtels de Soubife & de
Touloufe. Il étoit élève du primatice; l’examen
& ^appréciation de fes ouvrages regardent le
diâionnaire des arts; Nous ne parlons ici de lui
que pour obferver. qu’il eft l’auteur d’un portrait,
emblématique de François 7, d’une idée & d’une exécution
affez bizarre , que feu M. le comte de
Caylus adonnée, en 1765 , au cabinet des effarapes
du roi. Le tableau a neuf pouces de haut fur fix
pouces de large*. François I y efi repréfenté debout ;
.il tient d’une main l’épée de Mars, de l’autre , le
caducée de Mercure, dont il a auffi les talonnières ;
il porte fur la poitrine l’égide de Pallas, fur les
épaules, le carquois de l’Amour, au-deffous eft la
trompe de Diane. Le peintre a voulu repréfenter
fous ces cinq'emblêmes les principaux caractères
qui difiinguoient fon héros. Ronfard a rendu l’idée
du peintre dans ces huit vers;
François en guerre eft un Mars furieux ,
En paix Minerve & Diane à la chafle ,
A bien parler Mercure copieux ,
A bien aimer vrai Amour plein de grâce.
O France héureufe Lhonore donc la face
De ton grand roi'qui iurpalïe nature ;
Car l’honorant tu fers en même place ,
Minerve , Mars , Diane , Amour , Mercure.
.Ce tableau a été gravé par Chenu, dans la même
grandeur que l’original.
NiCOLO Del A b b a t t e , étoit né à Modène en
17 1 2 . Il vint en France à la fuite du primatice ,
en 1532,.
NICOLOTTI & C A S T E L L ANL (Hiß. de Ven.)
Ce font deux partis oppofés parmi le peuple de
Venife , qui tirent leurs noms de deux églifes de
cette ville ; ils forment deux efpèces de fàÔions ,
qui en viennent quelquefois aux mains; mais le
confeil des dix ne tolère ces deux partis, qu’au-
tant qu’il n’y a point de fang répandu dans leur
querelle. Cette république ariftocratique pourroit
fans doute éteindre peu à peu l’animofité populaire
des deux faClions ; mais elle aime mieux la
laiffer fubfiftef, dans la crainte que ces deux partis
ne fe réunifient pour tramer quelque complot
contre le fénat, ou contre la nobleffe. (D . J . )
|NICOMEDE. ( Hifl. anc.) Trois rois de Bythi-
nie portèrent ce nom. L e premier, à qui on le
donna., eut un dangereux concurrent dans fon
frere qui lui difijüta le trône. Nicopiede appella à
fon fecours les Gaulois, qui le débarraffèrent d’un
rival f f redoutable. Les détails de fon règne font
tombes dans l’oubli. Ce fut lui qui bâtit la ville
de Nicomédie. ( T -N . )
N ic o m e d e , fécond du nom, étoit fils de Prufias :
v V1 au^ ^on fucceffeur au trône de Bythinie,
©u il monta par un parricide. La cruauté de fon
père , qui avoit voulu le faire affaflîner , adoucit
1 horreur de cette aâion, & il n’en fut pas moins
aimé & refpeélé de fes fujets. Mithridate, après
la mort d’un de fes fils , roi de Cappadoce, s’appropria
fon royaume dont il dépouilla fon petit-fils,
Prufias craignit qu’un voifin fi puiffant ne vînt
fondre fur les états. Il fuppofa un enfant de huit
ans qu’il envoya à Rome comme fils du dernier
roi de Cappadoce , pour y revendiquer l’héritage
de fes ancêtres. Le fénat, lans approfondir ce m y l-
tère,déclara les Cappadociens libres ; mais ce peuple'
nourri & familiarifé. avec Pefclavage, rejeta un
don- fi précieux, & eut la baffeffe de demander'
un roi de la main des Romains qui nommèrent'
Ariobarzane. Nicomede , quelque temps après, fut
tué par fon fils S o c ra te q u i fera b la regarder le
parricide comme un tirre pour régner. ( T -N . )
N icomede, troifième du nom, & fils du pré-"
cèdent, fut proclamé roi de Bythinie, auflï-tôt
après la mort de fon père Mithridate, qui, voulant
affoiblir fes voifins par dés divifions , lui fufeita'
un concurrent dans la perfonne de fon frère Socrate,
dont il appuya les droits. Nicomède, précipité
du trône, fe rendit à Rome pour implorer
l’affiftance du fénat, qui, moins par l’amour de la
jufiiee que par le defir d’abaiffer Mithridate, le-
rétablit dans fes étais. Dès qu’il fut affuré de l’appui
des Romains, il eut l’ambition de tirer vengeance-
du roi de Pont. Il fit plufieurs incurfions dans4
fes provinces, d’oii il revint chargé d’un butin qui
l’aida à payer- les dettes qu’il avoit coritra&ees-
à Rome pour acheter fon rétabliffemenr. Mithri-
date porta fes plaintes au fénat; mais n’ayant, pitem
.obtenir fatisfkélîon , il fe la procura fes armes*
à la main. Il entra dans la Bythinie dont il chafi*»
pour la fécondé (ois Nicomede. S y lia , vainqueur
de Mithridate, l’obligea de fé réconcilier avec lui A
& .de lui rendre fes états. Nicomède , pour recon-
Hoîrrê les fervices du fénat, fit, en mourant le=
peuple romain fon héritier. ( T -N . ).
NîCO T , ( J e a n ) ( 77//?. l'ut. Pnod. j fils d W
no.taire de Nîmes, fut. ambaffadeur en Portugal
fous -les-règnes de Henri II & de François II!
A fon retour il apporta en France la plante f i
connue aujourd’hui fous le nom de tabac & qui
fe nomma d’abord de fon nom Nicotiana & herbe
à la reine , parce que Nicot la préfcnta en arrivant'
à Catherrne de Médicis.-
Nicot eft encore cclèb“ «par irn autre endroit*,
il eft fauteur d’un diétronnaire imprimé après f i
mort en 1606-, fous ce titre : tréfor de la langue
fran coi fe,-tant ancienne que moderne. Il avoit laifTé
aufli en manuferit un traité de la marine, ou il a voit?
recueilli tous les termes de cet, art. Mort à Pa*is*
en 1600^
N I D
NIDHARD, ( Voyei Nithard. )