
qui annonce affez par ce auidem, qu’il croit que
Pluma peut avoir befoin d’apologie fur cet éloignement
pour la guerre ; fed non minus civiiaù quàm
Romulus profuit : Eùtrqpe croyoit dire beaucoup,
& il ne difoit pas âffez : Numa fut certainement
plus utile à Rome que Romulus. Mais cet état
de paix étoit, pour les Romains , un état forcé.
Numa eut pour fucceffeur Tullus-Hoftilius ; hic
bélla reparavit, V irg ile , qui n’a que trop & que
trop bien chanté la guerre f>-quoiqu’il l’ait appellee
fcclerdtit infanïa bell! , ne îèfufe pas mon plus à
Numa d’éloge d’avoir été le fondateur de la religion
& des Ibix chez les Romains. '
Quis procul ille aütem ramis injîgnis olives-
Sacra firent ? nofco crines incanaque menta
Regis romani primus qui- lègibus urbim J
Ftindabity Curibus parvis & paupere terra.
Mifus in impefium magnum,'- *
Mais on fent qu’il voit avec plaifir la patrie
arrachée à ce grand calme ,■ & ramenée aux
armes & aux,.triomphes par Tullus-Hofiiliüs.
( , Cui eieindc fubïbit
Otta qui ruinpet patries ? . rejidef ju&mpyebk ,
Tullus in armaviros & [am defuetatniunphix
Agmina*
Cicéron a mieux fenti tout le prix d’un roi tel que
Numa* On avoit c ru, fans fondement, que ce roi
philosophe avoit été difciple de Pythagore ; mais
Pythagore n’a par:u ,dans l Italie que plus de Cent
cinquante ans;apçèfy.Niïma, qui n’a dû qu’à .lui-
même toutes Ses "idées. religieufes , politiques
philofophiques, ce qui le rend encore plus-admirable
aux yeux de Cicér.qn<:
- Quo eùam major v i? Hàbekdüs ë(i N um a j ciÏTftiïldhi
fapiéntiam conflituendcè oivitatis duebus pràpè Jk c ù lis
ante cognovit quàrn eam Grecci natam ejfe fekfetunt.
L e règne de Niima^ fut de,quarante-trois ans,
& il étoit. dans Sa quarantième 3 nuée lorfqu’il parvint
à la couronne. Ses funérailles furent très-
bon orées , fpr-:tout p ar le deuil public y il fut
enterré au pied du Janicule j fon, corps fut mis
dans un cercueil de pierre , & fes écrits qui
rouloient, à ce qu’on croit, fur la religion , furent
mis par fon ordre dans, un autre cercueil auffi de
pierre : il ne vouloit donc pas qu’on profitât de ces
écrits; Plus de cinq cents trente ans après , en
573,, en creufant dans la terrei, on trouva* ces
deux cercueils de pierre 3. celui, qui avoit contenu
le corps, étoit entièrement vid e, le temps avoit
tout cônfumé ; lés écrits étoient fains & très bien
confervés, ce que Pline explique par l’ufage d’un
certain iuc tiré du cèdre ou du citronnier, lequel a ,
felôn. lu i, la vertu de -préferver de la corruption,
6c c’efi , dit-on , de ce.fuc qu’Horace veut parler,
quand il dit:
Speremus carrriina fingt
PoJJe linenda cedro & levi fervanda cupreJJu,
Sur le rapport que fit le préteur Pétiliüs de ce
que coritenoient ces livres, ils furent brûlés, comme
pouvant nuire à la religion r pleraque-dijfolvenda-
rum religionum ejfe, dit Tite-Live. M. Rollin con-
jeélure que plufieurs fuperfiitions établies après-
coup chez les Romains , & - qui régnoient alors
à Rome, pouvoient le trouver condamnées dans
ces écrits de Numa,
NUMENIUS, (Hifi, anc.J philofophe grec, natif
d^Apamée en Syrie , qui vivbit au fécond fiècle de
■ 1è re chrétienne , & dont il ne relie que des-
fragmens qu’on trouve dans Origène & dans-
' Eufèbè: perfuadé que Platon avoit tiré de Moïfe y
ce qu’il dit de Dieu & de la création , il difoit
Qu'ejl-ce que Platon yfinon Moifeparlant athénien ?'
NUMÉRIEN (MARCusrAuREiius Numerianus.}
^H ijî, tomj [yoye^ les articles CARUS Sc
fur-tout Carin) ; (Carinus )
Dion parle d’un autre Numérien , fimple grant-
mairien , qui dans le temps où Albin & Sévère
fe difputoient l’empire , prit le titre de féna-
teur leva des troupes, battit Albin ^ Sévère *
qui 11e .le connoiffoit pas , le croyant véritable^
ment un fénateur de fon parti., lui envoya des.
renforts avec des pouvoirs pour agir en font
nom $ il ufa bien des uns & des autres ; & auflî
généreux que vaillant, ayant pris fur les ennemis,
foixante & dix .millions de fefierces, ( huit millions
fept cents cinquante mille livres) il les envoya;
auffi-tôt à Sévère. la guerre finie, il fe retire »
quitte ce titre de fénateur qu’il avoit ufurpé , ne
demande aucune récompense, & paffe paifiblemenfe
fes jours à la campagne au fond d’une retraite „
dùiil vi voit d’une modique penfion. Dion n’explique
pas les motifs d’une conduite fi fingulière..
NUM ÏTO R , {N ift, rom. ) fils de Proca, ros
des Albains , étoit appellé par le privilège dé
fa naiffance au trône de fon père. Son frère A mu-
lius , trop fier pour sobéir à un maître, ©fa lui
contefter fes droits. Tout annonçoir une guerre
civile ,. lorfque Numitor , né avec des inclinations
douces & pacifiques, immola fon ambition à la
félicité de fon peuple , content dé quelques
terres, il fe condamna lui-même à la vie privée.
Sa politique , cruelle à force d’être prévoyante 9,
força fa fille Rhea Sylvia de fe confacrer, au
miniftère de, la déeffe V e fia , pour lui ,ôter les
moyens de mîettre au monde de? enfatis qui pour-
roient un jour revendiquer les droits de leur aïeul :•
cette prévoyance fut inutile. La jeune vefiale étant
allée puifer de l’eau dans un bocage pour les faerifices
de la déeffe , fut abordée par un homme qui fe dit
le dieu Mars , à qui ce bois eft confacré. Ce titre
impofant triompha bientôt de la pudeur de la
princ.effe, & une prompte groffeffe révéla fa chute
& fa foibleffe» Numitor f fans être coupable > fot
jeté dans une prifon avec fa femme & fa fille ,
qui mit au monde Romulus & Remus ; ceux-ci
forent expofés à la fureur des bêtes féroces; Ces
deux princes, préfervés par une providence fe -
crète , ne démentirent point la fierté de leur naif-
fanee. Leurs premières années furent employées
à la garde des troupeaux : mais bientôt leur courage
murmura de ramper dans u-n fi vil emploi.
ÏLs trouvèrent plus beau de l’exercer contre les bêtes
farouches, & contre les brigands qui infeftoient
le pays. Une querelle fur venue entre les pafieurs
de Numitor & d’Amulius , fervit à découvrir le
fecret de leur naiffance. Les deux frères, dont
le père nourricier étoit pafieur d’Amulius , fe
•trouvèrent engagés à prendre fa défenfe contre
Numitor. Rémus fut pris & conduit à fon grand-
père , qui, étonné de fa fierté & de certains traits
de reffembianç^, lui fit des queftions qui le conduisirent
à reconnoître qu’il étoit fon petit-fils. Ro-
-mûlus, inftruit de la détention de fon frère, fe
mit à la tête d’une troupe d’aventuriers pour le
dégager. Il apprit dans fa marche le fecret de fa
m iffa n .e e il fe rendit au palais de Numitor, qui
fe fervît de leur courage pour rentrer dans la pof-
feflion de fes prérogatives , fept cents cinquante-
quatre ans avant 7. C. ( T-N. )
N ü N
NUNEZ ou NO NIUS, ( F erdinand ) Ç Hift,
litt. mod.) îavant qui introduifit en Efpagne l’étude
de la langue grecque. Il étoit de la noble maifon
des Guzmans , &. n’en profeffa pas moins les
belles-lettres à Alcala & à Salamanque , grand
empire remporté fur les préjugés, dans un pays
accufé de tenir fortement aux anciens préjugés.
Le roi Ferdinand-le-Catholique le mit à la t- te
de fès finances, mais il n’eft connu que comme
favant ; on fait, cas'de fes commentaires fur Pline,
fur Sénèque , fur Pomponiùs Mêla. On lui doit
en partie la verfion latine des feptante, imprimée
dans la polyglotte de Ximenès. Il mourut en
15 54 . Il fit graver fur fon tombeau cette phrafe,
demi-philofophique , demi-chrétienne, & qui peut
aufli n’être ni l’une ni l’autre : La mort ejl le plus
grand bien de la vie.,