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ligue catholique, qui redoutoit les armes françoifes,
, ^es ' démarchés inf ru6h.ietvfes pour priver l*u ni on
évangélique d’tm anffi puiffant fecours. L a Châtre
partit avec une armée, & força le duc Léopold
de Sortir de Juliers. Ce duc fe retira en Bohême
ou fes troupes mal difciplinées & plus mal payées
commirent de très-grands défordres. L’empereur
ayant témoigné beaucoup d’amitié pour Léopold,
Matthias en conçut de vives inquiétudes, & fa
jaloufie fut un furcroît de chagrin pour Rodolphe
dont les états étoient en proie aux feux des guerres
“Civiles, Matthias éclata d’abord en murmures.
Ayant mis enfuite dans fou parti les états de Bohème,
il força l’empereur de lui en aflurer la couronne
: il n’en eut cependant que les droits honorifiques.
Les revenus du domaine relièrent à Âo-
tlo.'phe, qui fe conlola , dans le fein de la phi.'o-
tophie , des peines inféparables du trône , & des
procédés violens d’un frère ambitieux, il mourut
lan 16 1a ., dans la foixantième année de for, âge ,
la trente-fiximpe de fon règne comme empereur ]
ta trente-huitieme depuis fon couronnement en
lio n g r ie , & la trente-feptième depuis qu’il étoit
*ur te trône de Boheme. Rodolphe eut pour le ma-
rçage une efpèce d’averfion que rien ne fut vaincre,
fces courtifans lui proposèrent plufieurs partis con-
fiçlérabies| entr’autres , Ifabelle, infante d’Efpagne,
ÖC Marie de Medicis, fille de l’archiduc Charles.
L e nom de ce prince ne peut figurer avec celui
des héros ; mais il fera toujours compté au nombre
■ des bienfaiteurs de l’humanité. Heureux le fiècle
«11 ceux-ci obtiendront la préférence, & recevront,
fans contràdiéüon , le jufie tribut d’éloges que trop
Couvent on leur refufe ! Né avec des pallions calories
, Rodolphe I I étoit généreux & affable ; qualités
qui fe trouvent rarement féparées, parce que
î ’une eft prefque toujours le réfulrat de l’autre.
A mi zélé de routes les verras, il les accueillît dans
*ôus les rangs. Rémunérateur éclairé des lalens
& des produirions du génie, il veilla fans celle
pour étendre la fpbère de nos connoiffances, &
perfeéîtonoer les arts, fur-tout les arts utiles. Il
defcendoit fouvent de fon trône pour entrer dans
le cabinet des favans , & s’entretenir familièrement
avec eux. On ne peut lire fans plaifir la réponfe
u Ion frere Matthias , qui lui reprochoit cette grande
liberté qu’il accordait aux favans. « Notre naiftance
» & notre rang, lui dit-il, nous élèvent au-deffus
» d’eux ; mais fouvent ils nous prouvent qu’ils
* valent mieux que nous 1 c’ eft un bonheur que
» nos foiblefles nous en rapprochent, Si nous faf-
31 lent fentir que nous fotnmes hommes comme
* eux. « { AT— r . )
RODRIGUE , Roi des Vifigoths, ^ l u i . d’E f-
jwg/ir. ) Le même crime qui jadis anéantit la
a-oysuté chez les Romains, fit tomber Rodrigue j
du trône, où fa valeur & les fuffrages de la nation i
ravoient placé. C e crime cattfa même en Efpagne
w&$ iaaîlifââJ's plus irréparables que uTep a voient |
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caufe a Rome l’incontinence deTarqnîn; caria
chute de Rodrigue fut fui vie de la ruine entière
& de la «leftruélion de la monarchie des V ifigoths,
du maftacre ou delà feiv rude de tous les habitans
des contrées espagnoles, conquifes, ravagées &
foumifes aux Maures. Il régné bien de l’incertitude
dans les récits que les hiftoriens contemporains
& poftérieurs ont faits de cette mémorable-
révolution. Voici , en peu de mots , ce qiï’à travers
l’obfcurité , les fables &. la confufion de leurs
diverses narrations , j’ai cru appetcevoir de moins
invraifemblable. Witiza , détefté par fes crimes,
abhorré par fes cruautés, §avoit foulevé -contré
lui la nation prefqu’en tiêre. Rodrigue, fils de Théo—
defrede, jugeant cette difpofition générale des V i-
figots favorable à fes défirs ambitieux, aigrit,
autant qu’il fut en lu i, le mécontentement de fes
■ concitoyens contre leur opprefteur, mit dans fes
intérêts la plupart des grands du royaume , fe fit
un parti redoutable , arma fes adhérans , alluma
les feux de la guerre civile , & combattit avec
fuccès contre la faciion de Witiza, Trop acharnés
Fun contre l’autre, pour fonger au danger qui
menaçoit la patrie & l’Efpagne entière , les deux
partis ne s’appperçurent même pas des tentatives
heureufes des Maures d’Afrique , qui profitant de
ces divifions, avoient pa£Té en foule fur les cotes
d’Efpagne , & s’étaient emparés déjà de quelques
cantons de ce pays riche & fertile, où depuis
fort long-tems Ils defiroientde s’établir. Vraisemblablement
la conquête qu’ils firent lors de cette
première defcente , ne parut pas affez importante
aux Vifigoths , pour réunir.contr’eux tomes leurs
forces , oc ils continuèrent à s’entre-détruire. Après
bien des combats qui affoiblirent confidérablement
la nation, Redrigue, complettement vainqueur
de fon r iv a l, relia maître du trône , & Witiza
fu trué, félon quelques-uns, ou alla, fuivant quelques
autres, achever de vivre à Tolède. Le nouveau
fouverain profita fort mal de l’exemple que
lui dennoit îa chute de fon prédecefièur, chaffé
de fes états pour avoir mécontenté le peuple par
fes vexations & irrité les grands par l’excès outrageant
de fon incontinence. Le comte Julien ,
l’un des plus habiles généraux de Rodrigue, étoit
en Afrique , & avoit laiffé en Efpagne Cav a, fa
fille , jeune perfonne d’une rare beauté , & attachée
à la reine Egilone. Les grâces de Cava firent
la plus vive impreflîcn fur le coeur du monarque ;
il tenta de la féduire, & ne put réuflir, Entrainé
par la violence de fa paffion , il arracha par la force
& le v io l, des faveurs que fes offres n avoient pu
lui procurer. Cava , au défefpoir, fit avertir fon
père de Feutrage qu’elle avoit reçu. Le comte
Julien, tout entier à la vengeance, pafîa en Efpagne
, & diflimulant fon iadignation , engagea
Rodriguez, l’envoye r, en qualité d’ambafia^ur,
auprès de„Muza, gouverneur de la Mauritanie
pour ta calife , & de permettre à fa fille de l’ac-
compagner# Le roi qui ne fe doutoit point des
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projets de ce feigmur, confcntit a tout , & le j
comte Julien ne fut pas plutôt arrivé en Mauri- j
tante , qu’il engagea Muza à entreprendre la conquête
de l’Efpagne, qu’il pr-'.-mit de lui faciliter,
flans le même tems Évan & Sirebut, fils de Witiza
, ne pouvant Supporter de fe vo ir dégradés de
la qualité de princes , & privés , par la ruine de
leur père , de Fefpoir de régner, consultèrent
leur oncle Oppaz., métropolitain de Séville , le
plus fourbe des hommes, le plus corrompu des
prêtres de fon îenas, & le plus mauvais des citoyens;
par fes avis , ces jeunes princes lièrent
des intelligences avec les Sarrazins , & leur proposèrent
de faire pafier une armée en Efpagne,
Les Maures déjà difpofés à cette expédition par
le comte Ju lien, fe déterminèrent à l’exécution
de cette entreprife , & Muza fit embarquer douze
mille hommes, fous les ordres de Tarick Àbincier,
qu’il nomma général en chef de cette petite armée,
avec ordre de pouffer fes conquêtes en Efpagne
anffi loin qu’il lui fer oit poffible. Rodrigue raffem-
fola toutes fes forces, & ne put fe procurer qu’une
petite armée, à la tête de laquelle il couvrit autant
qu’il put fon pays contre les courfes des Sa-
razins , qui , malgré la réfiftance du roi des Vifigoths
, firent d’horribks ravages, & exercèrent,
guidés par le -comte Julien-, les plus grandes
cruautés fur les habitans, là plupart défarmés &
fans défenfe. Cependant les hofiilités de ces étrangers
n’aboutiffant encore à rien de dècifif, Muza
envoya de nouveaux fecours à Tarick q u i, comptant
fur la fupérjorité de fes forces, marcha contre
les Vifigoths , raffemblés fous les drapeaux de leur
fouverain, leur livra bataille , & remporta fur eux
une vi&oire fi complette, qu’ils furent entièrement
défaits. Animé parce grand fucces, Muza,
fuivi d’une armée nombreufe & formidable,
vint achever ce que fon général avoir fi heureu-
fement commencé ; la fortune le féconda d’une
manière encore plus marquée, en forte qu’en
très-peu de tems , le renverfement de la monarchie
des Vifigoths & la conquête de l’Efpagne,
furent le prix de fa valeur. A l’égard de Rodrigue, ■
quelques hiftoriens affurent que, trahi dès le commencement
de la bataille que Tarick lui avoit
livré e , par Oppaz^ & les fils de Witiza , qui paf-
ferent, fuivis d’une foule de Vifigoths , du côté
des Maures ; battu & hors d’etat de rappeller la
fortune qui l’avoit abandonné , il alla fe cacher
dans un monafL re près de Mérida , d’où il fe fauva
en Portugal., & alla finir fes jours dans un hermi-
tage près de Vifcé. Quelques autres écrivains , &
rferreras fur-tout, affurent, avec plus de vrai-
femblance, que, couvert des bleffures, il fe retira
du côté de Vifcé, où peu de tems après il mourut,
foit des bleffures qu’il avoit reçues, foit du cha-
|rin que lui caufa la funefte révolution qui mit
fin à fon règne & à la monarchie des VifigGths.
Oh penfe qu’il mourut vers la fin de l’année 710 *
s-jpeu-près tout ce tju’ii y a de moins inyrai-
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femùlable dans les relations^ la plupart fabuleufes
Si tontes très-déte£hieufes, qui nous ont été tranf-
mifes , au fujet du règne de ce fouverain. (£. C. )
ROD&iGUEZ , ^ Alphonse) Hiß, litt, mod, )
é fui te de Valladolid, mort à Séville le 2 1 février
16 16 , à 90 ans, eft l’auteur du traité de
la pofedion. chrétienne , traduit, par tneffieurs de
Port-royal & par l’abbé RegnierDémarais ( voyez
ce dernier .article).
On a d’un autre Rodrigueç ( Emmanuel ) portugais,
religieux françifcairi, Une fomme des cas
de çonfeience ; des queflions régulières & cano.
niques, Sic, Mort à Salamanque en 16 19 .
R (E M
R IEM ER , ( Hifî. m o i.) c’e (1 a'nfi que l’on
nomme à Francfort fur le Mein , Phôtel-de-viile;
il efl: fameux dans toute l’Allemagne, parce
qu on y conferve la bulle d’or de l’enipfireuc
1 Charles IV , qui efl la loi fondamentale de l’empire
germanique. ( A . R .)
RO EM ER , (Olaus ) Hiß. litt. mod. ) de l'académie
des fciences , mathématicien & aftronome
célèbre, étoit un Danois, que le célèbre M.
-Picard de l'académie- des fciences de Paris en-»
vové par Louis XIV dans le Nord pour faire des
obfervations, avoit conquis à la France. Roëmer
travailla aux obfervations aftronomiuues avec
MM. Picard & Caflini, & fit des découvertes
dans ce genre. Il étoit né à Arhus dans le Ju t-
land en 1 6 4 4 . Il fut reçu à l’académie des fciences
de Pans en 16 7 1 . H enfeigna les mathématiques
en France à un grand prince qui fie peu
d honneur à tous fes maîtres, au Dauphin, fils
de Louis X IV . Il retourna en Danemarck, où il
lut mathématicien du roi Chrifliern V & pro-
feffeur d'aftronomie ; il fut confelller d’état fous
Frédéric IV . Il mourut en 17 10 . Pierre Horre-
bow , fonditciple, proféffeur d’aftronomie à C o penhague
, y fit imprimer en 1 7 3 5 diverfes ob-
fervanons de Roëmer, 8c un autre ouvrage du
meme auteur fous le titre de iafis afirommia-
c eft proprement une méthode d’obferver.
R O G
RO GAT IO legis, ( Hiß. Rom. ) terme quî
tigmhoit dans la jurifprudence romaine, la demande
que fatfoieut les confuls ou les tribuns au peuple
romain , lorfqu’ils voulolent faire paffer une
loi.
Voici les termes dans lefquels on faifoit cette
demande; par exemple: voulez-vous ordonner
qu on jaffe la guerre à Philippe ! Le peuple ré-
pondott : le peuple romain ordonne qu’on faflè U
guerre a Philippe, & cette réponfe s’appdtou tk-
cretum, décret ou téfslution.