
commeSecrétaire , go ni me co n fn l, comme ré fi-
d e n t , Toit dans'le L e v a n t , i oit en Allem agne ,
s’eft beaucoup inftruit pendant Ton féjour dans
le L e v a n t , de ce qui concerne l’empire T u r c &
la Grèce ; il a très-bien écr it fur. ce fujet. On a
de lui une kijlo ir e de l'é ta t préfent de l'empire
Ottoman , traduite en françois par B r io t , puis
par Bcfpier ; une h ifla ire des Turcs , dans le
d ix - fep t ièm e f i c e l é , traduite .auffi par B riot ; l'état
p r e fen t des e g life s de la Grèce & de C A rm én ie ,
traduit par Rozamond.
R I C C A T I , ( Vincent ) ( H i f l . lin . mod. )
Je fu ite , profefleur de mathématiques à Bologne,
tiava illa long temps fur le cou rs ,d e s fle u v e s ;
Î1 eft auteur d‘un tra ité , du ca lcu l in tég ra l , fort
eiiiine,- L a république d e .V e n ife fit frapper en
fon honneur une médaille d’or , e n . 17 7 4 . Son
ordre avoir été fupprimé en 1 7 7 3 . ^ mourut en
*7 7 5 -
R IC C I . C ’eft le nom de divers perfonnages,
dont il faut dire ici quelque chofe.
1 . Matthieu R ic c i, jéfuite-Italien, millionnaire
à la C h in e , math matieien habile , théologien
plein de d e x té rité , obtint de l’empereur de la.
Chine la -peraviffîoir. de- faire ,barir à-Pékin une;
églife chrétienne ; fes ennemis difent-qu'il emp
lo y a pour établir le chriftianifine à la Chine,-
une indulgence & des complaifances que le-chril-
tianiftne ne peut permettre. Il fit pour les Chinois
un petit catéchifme , ou- félon le père d’Orlé ans,
qui a écrit la v ie du père Ricci ; i l ne mit p r e fq u e -
que les points de la morale & de la religion les
plu s conformes à la religion chrétienne•; c ’eft- à-dire,
en bon fran ç a is, qii’il n y m i t de religion chrétienne
que ce qu’il ne put pas honnêtement fe
difpenfer d’y en mettre. I l porta cet excès de
complaifance jüfques dans les fciences exaéles ;
l ’empereur de la Chine lui ayant demandé une carte
géographique , le père Ricci difpofa les .chofes de
manière que la Chine fe trouvoit placée au centre
du monde. C a r comment la Chine n’auroit-
e lle pas été le premier empire du monde, &
comment la géographie au roit-elle pu s’égarer au
point de ne pas placer le premier empiré du
•pionde au milieu du monde ? L e père R i c c i , né en
3 5 5 2 à M a ce ra ta , v ille d’Ita lie , dans la inarche
d ’Anconp , mourut à Pékin en 16 10 ; laiffant
çies mémoires fur la Chine-, dont le père Trigault
s’eft fe rvj pour écrire lhiftoire de cet empire.
2®. L aurent-Marie R i c c i , jéfijite italien, général
des jéfuites. C e fut fous fon généralat qu’a rr
iv a le plus grand événement concernant les }è -
fuites , je veux dire la diffolution de cette fociété
ü u i , par la foibleffe de tant de princes, ava it
ufurpé tant-de puiffance. Ce s mêmes princes
^oien t les prem jç r s,enfpite à regarder. à repréfenter
celte fociété comme dangereufe, fans,
confidérer qu’elle ne pouvoit l’être que par leur
foibleftè, & que c ’éto.it à eux à l’empêcher de
l’être. Pour rendre les jéfuites u tile s, difeit le
cardinal de F leu ry , il faut les empêcher de (è
rendre néce fia ires. Alais l’heure de ces malheureux
éroit v en u e ; ils avoient fait trop de m a l,
quand ils avoient pu en fa ir e , ils -avoient trop
montré en déiruifant P o r t -R o y a l, combien il eft
aifé de d étruire; les pierres de P ort-Royal retombèrent
fur eux & les écrasèrent. Leur lu pp refit cm
fut un événement confidêrable dans les,quatre
parties du monde. Leur inftitution avoit à peine
été une nouvelle pour Montmartre, dans l’églife
duquel elle s’étoiî form e. Cette fociété eut les
commencemens & les accroiffemens que Rome
avoit eus autrefois : quo ne que ab exo rdio ullum
fe r e minus , neque incremmtis toto orbe terrarum
arnplius humana p o tefl memoria recordan. On dit
que la mal-adreffe&rinfléxibilitéde Laurent-Marie
R i c c i , contribuèrent à la deftru&ion de cet ordre,
ou du moins l’accélérèrent. Louis X V voyan t le
feule veinent des tribunaux de fon royaume contre
les jéfuites qu’il aimeit & qu’il efiimoit par une
fuite-de fon éducation , voulut, en les couler v au t ,
corriger ce -qu e leur inftitut pouvoit avoir de
contraire aux maximes, de fon royaume. Il en
fit écrire à R ic c i. Ce lui-ci qui avoit déjà eu l'imprudence
d’indifpofer contre lui & contre fon
ordre , un ambafladeur françois devenu, dans la
fuite -un puiffant miniftre , e u t , d it-on , l’imprudence
beaucoup plus forte de faire cette sèche & mo-
nofyllabique réponfe : (înt ut fu n t , au t non f ln t :
q u ’ils fo ien t tels q u 'i ls f o n t , ou q u 'i ls ne Jo ie n t
p o in t. Ils ne furent plus. On auroit pu fans-doute
leur: épargner des4 traitemens cruels & in juftes,
tant en France que d îns d’autres p a y s ; on enferma
R i c c i & fes afliftans, & les principaux de
l’o rd re , au château fa int-Ange ; pourquoi les enfermer
? Ils avoient fait enfermer autrefois leurs
ennemis, ils avoient eu grand tort ; pourquoi les
imiter? Laurent-Marie R ic c i mourut dans fa pri*
fon en 17 7 5 , laiffant une proteftation ou efpèce
de teftament qui fut rendu public , où prenant
Dieu à témoin de fon innocence & de celle de
fa fo c ié té , il pardonnoit à fes perfécuteurs & à
fes calomniateurs; ces proteflations de pardonner
font la meilleure preuve qu’on ne pardonne point,
&. qu’on fe vengeroit fi l’occafion pouvoit en revenir.
Mais remarquons que tout le monde fe
plaint de la perfécution jufqu’aux perfécuteurs,
quand il? en font devenus l’objet.
3 0, Jofeph , R ic c i B re ffan , clerc régulier de
Somafque, eft auteur d’une hiftoire de la guerre
d’A llem agn e , dite la guerre de trente ans ,
d’une hiftoire des guerres d’Ita lie , depuis 16 1 3 ,
jufqu’e a 16 5 3 .
4 ° . Michel- J in g e R i ç c i , cardinal, né à Rom&
R 1 c
trt 16 19 - , mathématicien hab ile , auteur d’ufl trai-
té de m a x ïm is 6* minimes. Innocent X I lui donna
le chapeau en 16 8 1 . Il mourut le a i mai i 6 8 t .
R IC C IO ( David ) H i f l . dCEcoffc ) L ’aimable
& infortunée Marie Stuart avoit d elà foiibleiTe dans
le car.iûère , elle ne choiliflbir pas toujours avec
aflez de dilcernenienr ceux qu’elle honoroit de fa
confiance ; un avanturier Piémontois s’en empara,
c étoit D avid R ic c io ou R iz z io , .fils d’un muficien,
niufici&n lu i-m ê in é , venu en Ecoffe à la fuite du
comte de Morette , ambafladeur du duc de Sa-
v o y e . R i c c io amufa d ’abord Marie par fon talent
qu elle aimoit, mais plus peut être encore par
fon accent étranger , par fa prononciation vicieufe ,
par la Angularité de fes manières, par fa difformité
même qui avoit quelque choie de piquant.
D ailleurs , les circonftances expliquent & juftifient
çette confiance que Marie Stuart avoit en R i c c io ;
il étoit le confident de l’inclination que Marie
avoit conçue pour Smart Darn le y fon coufin,
depuis fon é p o u x , inclination qui dura longtemps
après le m ariag e , & qui ne fut détruite
que ^ par les mauvais procédés . de D arn le y ;
de-là , ces afliduités, q u i, chez ce peuple fauvage,
paflèrent aifomenr pour des familiarités indiferettes;
ces aflicuitis s’expliquent encore par deux autres
circonftances .* l’ une, qu’un Italien , un catholique
qui a v o i t , dit-on, des relations particulières avec
le pape, devoit être néceffaire à une reine catholique,
qui fe trouvoit prefque feule .d e fa religion
au milieu d ’un peuple proteftant, & qui
confervoit dans fon ceeur le defir de rétablir en
Ecoffe la foi de fes pères ; l’autre, que R ic c io étoit
le fecrétaire de Marie pour les affaires de France,
circonftance qui tient à la précédente & qui la fortifie.
On fent d’ailleurs combien ces deux mêmes
circonftances qui juftifient M a r ie , la rendoient
coupable au contraire aux yeu x des Ecoffois pro-
teftans, & difpofoient ceùx-ci à la calomnier;
mais les auteurs les plus fé r ié s , parmi ceux mêmes
qui-font les plus prévenus châtre Marie Stuart,
ne croient point que la confiance qu’elle avoit en
R ic c io cachât rien de criminel ou de fufpeft ;
mais il paroît que cet homme avoit dans l’efprit
1 mfinuation qui féduit, &. le defpotifme qui fub-
jugue; il étoit avec adreffe bas & infolent; tour-
a-tour il fe rendit néceffaire à M a r ie , qui le con-
fulmit fur toutes ch o fe s, èc ne pouvoit plus fe
pafler de lui. Le lord Darn le y lui - même, pour
obtenir la main de Marie , avoit eu befoin de fe
rendre R c c io favorable. Il s’en fouvenoit, & ce
« étoit pas ave c reconnoiffance : R ic c io n’avoit
pour lut que la re in e ; les proteftans le haïffoient
comme un efpion du pape ; les catholiques le
mèpriloient comme un homme qui aviliffoit leur
parti ; les courtifans étoient jaloux de fa faveur;
les grands déteftoient fon infolence, & le peuple
Ion avidité f ^
roi Henri D a rn le y , ( car la reine lui avoit
R I C 9
• donné ce titre de r o i ) , vouloit envahir l’autorité
, la .reine vouloit la conferver & réduire Darn
le y au rang de fon premier fujet. D arn le y
attribuoit avec rai fon cetre difpofition de la reine
aux confeils de R i c c io , qui avoit intérêt qu’elle
gardât l’adminiftration, puifqu’elle la lui confioit.
Quand’ les feigneurs proteftans $ dont R ic c io
avoir principalement ahbatu le ci éd it, virent le
roi mécontent, ils ne ceffèrent de l’irriter contre
Riccio , de parvinrent à le rendre jaloux en m a r i,
aufli bien qu’en r o i ; ils promirent à Darn le y de
lui affurer l ’autorité, de lui faire même déférer la
couronne par le patlement, fi Marie venoit à
mourir fans enfans ; ils lui demandèrent feulement
d’avouer le meurtre de R ic c io quand il leroit commis
; il promit to u t , & la mort de R ic c io fui?
i réfolue.
L a manière dont ce complot s’e xé cu ta, m a r -
quoit un deffein formel de braver & d’outrager
Marie. Elle étoit g ro ffe , & dans fon feptième mois;
cette circonftance qui demandoit tant de ménag
emen t, ne détermina pas même à lui épargner
ce fpeéhicle d’horreur & d’effroi. L a reine étant à
fouper avec quatre ou cinq perfonnes , du nombre
defquelles étoit D a v id Ricc io , le r o i entre dans
la falle par une porte de derrière , accompagné
du lord Ruthven & de quelques autres conjurés.
Ruthven , homme naturellement d ifforme , à qui
la pâleur de la colère & de la maladie donnoir un
air encore plus affreux , & q u i, fe traînant ave c
peine foutenu par deux h om me s, avoit voulu
commettre.cet affaflinat aux y eu x de fa fouve-
raine , Ruthven lance un regard foudroyant fur
R i c c io , & lui ordonne au nom du ro i de le
fuiv re ; la reine demande fi le roi a donné cet ordre ;
le r o i , déjà déconcerté p?r cette queftion , répond
: v o u s v o y e i qu e j e ne d is rien. L a reine ordonne^
Ruthven de fortir ; Ruthven , au lieu d’o -
b e ir , s avance pout faifir R ic c io ; celui-ci court tout
effrayé fe cacher derrière la reine , qu’il tient étroitement
embraffee.George D o u g la s, oncle du r o i ,
entre dans le même temps avec la foule des conju
r é s , & faififfant l’épée du ro i, en perce la v ic time
au hafard de tuer la reine elle-même. L e
malheureux R i c c io luttant contre la mort & pouffant
des cris lamentables , s’attachoit toujours au
fauteuil de la reine comme à fon feul a fyle ; on l’en
arrache , Marie veut fe le ve r pour le défendre,
le roi la retient, & la reine n’a plus de reffource
que fes larmes ; mille cris confus de rage & de
terreur remploient la falle & redoublent l’horreur
de cette fcéne ; R i c c io entraîné dans une
chambre voifine , eft percé de cinquante-fix coups'
On vient annoncer fa mort à la re in e ; alors elle
effuie fes larm e s; j e ne p leu re ra i p l u s , dit-elle
j e ne fo n g e ra i qu 'à la vengeance ; c’éioit la première
./ois que .e e mot étoit dans fa b ou ch e , &
ce fentiment -dans fon coeur. L’infolent Ruthven
rentre dans la fa lle , il reproche à la reine toute
i fa conduite-, fa foibleffç pour Riccio, fon zéW