
Le pajfeport proprement d it, ne fe donne qu’aux 1
amis ; on donne des fauf-conduits aux ennemis.
Pafquier prétend que pajfeport a été introduit
au lieu d-2 pajfepaftout.Balzac rapporte un pajfeport
bien honorable qu’un empereur accorda à un philosophe
; il eft conçu en ces rermes : « S’il y a
» quelqu’un fur terre ou fur mer, allez hardi pour
» inquiéter Poramon, qu’il examine s’il eft allez
» fort pour faire la guerre à Céfar ».
Pajfeport lignifie aufli la permiflion accordée
par lè prince de faire amener ou tranfporter des
marchandifes, des meubles, &c. fans payer les
droits d’entrée ou de fortie.
Les marchands fe procurent quelquefois de
pareils pajjeports pour certaines fo rtes'de marchandées;
de on les accorde toujours aux am-
balïadeurs & aux miniftres pour leurs bagages ,
équipages , &c.
Pajfeport eft auffi fouvent employé pour une
permiflion qu’on obtient de faire amener ou emporter
des marchandifes réputées comme contrebande,
& déclarées telles fur les tarifs,
comme l’or , l’argent, les pierres prçcieufes, les
munitions de guerre, les chevaux, les blé s, le
bois, &c. après avoir payè-les droits. ( A . R, )
PASSER ( l e ) terme de relation, ç’eft-à-dire ,
marché ou bazar. Le pajferde Bender-Abazzi, ville
de Perfe d’un grand négoce , eft une grande place
toute voûtée avec des boutiques autour, & une
allée ou corridor air. milieu pour la commodité
du comnerçe. C’eft là que l’on étale les marchandifes
les plus précieufes , & que les Banians,
les p'us habiles nègocians de l’A f ie , tiennent
leur banque, & font leur négoce. (A . R . )
P A S S E R A T , ( J e a n ) ( Hifl. litt. mod.) poëte
latin moderne, poëte François, ancien fucceffeur
de Ramus dans la chaire d’éloquence au collège
royal. C'eft lui qui a fait la plus grande partie
des vers de la fatyre menippée', parmi fes autres
poéfies françoifes , on diftingqe & on eftime fâ
métamorphofe d’un homme en oifean. On a de lui
d’ailleurs une traduftion de la bibliothèque d’Apol-
lodore ; des commentaires fur Catulle , Tibulle &
Properce ; un traité de cognatione litterarum, &,c.
Pafferat étoit né à Troyes en Champagne en 1534 ,
g t.il eft au nombre des hommes les plus illuftres
de cette v ille ; il a voit perdu un oeil. d’un coup
de balle dans un jeu de paume. Il eut dans M. de
Mêmes, (H e n r i ) chancelier du royaume de
Navarre, & depuis chancelier de la reine Louife
de Lorraine, veuve de Henri I I I , un'ami' utile
dont il ne ceffa de célébrer les bienfaits &
l’amitié. Il mourut en 1.602.
r P A S S E R !, ( J e a n - B a p t i s t e ) ( Hifl. litt. mod.}
peintre , poëte & hiftorien , a écrit les vies des
peintres , fçulptturs & architectes qui travaillèrent à
Rome depuis 16 4 1 jufqu’en 1^ 7 3 , Mort à Roffld
en 16 7 9 .
PASSIONEI, (D om in iq u e ) ( Hifl. mod. ) né
à poftbmbrone dans le duché d'Urbin en i6 8 i ,
d’une famille diftinguée, vint en France en 1706
apporter la barette au nonce Gualterio fon parent.
Il s’y fit remarquer par fon goût pour les lettres ;
il vifita fur-tout les bibliothèques, & il commen-
çoitf dès-lors à s’en former une qui devint dans
la fuite très-riche & qui fut ttès-bien compofée ;
il fréquenta les favans en tout genre & devint
leur ami. Don Mabillon & Don Montfaucon furent
ceux avec lelquels il fe lia le plus intimement. Il
fut chargé parle faint liège de diverfes négociations
délicates & fecrètes en Hollande, en France, au
congrès de Bâle en 1 7 14 , àSoleure en 17 15 . Il
avoit éré fait, en 17 13 , Camerier-fecret & prélat
domeftique ; i l fut fait en 1 7 1 9 , feçrètaire de la
Propagande, Il fut depuis archevêque d’Ephèfe ;
nonce en Suiffe, puis à Vienne. Ce fut dans cette
dernière nonciature qu’il connut le prince Eugène,
dont il fit dans la fuite l’oraifon funèbre, qui a été
traduite en françois par madame du Boçcage. En
17 3 8 , il fut fait fecrétaire des brefs & cardinal. Ce
fut le pape Benoit X IV qui le nomma en 17 5 ?
bibliothécaire du Vatican , & ce fut un choix digne
de fa fageffe & de fa juftice. Ce pontife favoiç
tirer parti des vaftes connoiffances & des bonnes
qualités du cardinal PaJJionei, & s’amufer de fes
défauts; car PaJJionei en avoit quelques-uns a fiez
marqués ; il étoit emporté, impatient, homme
d’humeur, homme de parti, d’une ardeur & d’un
defpotifme dans la difpute, qui obligeoient toujours
le pape de lui céder; il étoit janfénifte
très-déçlaré , trè s-z élé , & c’étoit fur-tout de ce
janfènifme que le pape s’amufoit, n y étant pas
lui-même trop contraire. On raconte qu’un jour
il lui envoya un certain nombre de livres à
examiner, & qu’il mêla parmi ces livres-, comme
par hafard, un Buzembaüm. Le pape avoit vue de
fon appartement fur celui du cardinal, & il ob-
fervoit ce qui alloit arriver; il voit le cardinal
ouvrir fes croifées avec colère & jetter le Buzem-î
baüm par la fenêtre : le pape alors paroît à la
fienne, & donne en riant fa bénédiélion au cardinal.
Ce badinage aimable ceiTa fous le pape Clément
X I I I , (R e z z o n ic o ) ; celui-ci n’entendoit point
raillerie;-fur le janfènifme; il força lé cardinal
PafTionei de figner , en qualité de fecrétaire des
brefs, le bref de condamnation qu’il avoit donné
contre le livre de Vexpçjition de la doctrine chrétienne
par M. Mefengui : le cardinal avoit long-temps
refufé fa fignature, & on croit que la violence
qu’il fe fit pour la donner, ne contribua pas peu
à accélérer l’attaque d’apoplexie dont il mourut
le 5 juillet 17 6 1 . On dit qu’il avoit proferit de
fa bibliothèque tous les ouyrages des jéfuites ; il
n’aimoit pas beaucouD plus les autres religieux, à
l’exception des bénédi&ns. C’étoiënt les feuls qu’il
eût '»ccueillis en France» Franc & colère comme
ï ï l Tétoît, il ne pou voit cacher ni fes affeéUofIS
ni fes averfions & il les naontroit quelquefois
d’une manière indécente. Il n’aimoit pas le cardinal
Valenti, Secrétaire d’état, il ne Tappelloit que
le Pacha. On dit qu’un jour, en lui donnant la paix
à baife-r, il lui dit affez haut Salamalec, au lieu de pax
tecum.W a écrit en favantfur quelques endroits de la
bible & ce qu’il a écrit annonce de la connoiffance
des langues orientales ; il a revu avec Fontanini
le Liber diurnus Romanorum ponùflcum ; mais fon
ouvrage le plus confidérable eft celui qui a pour
titre Aéta legationis H elvetica; c’eft une relation de
fa nonciature en fuiffe, il y rend conpte des
affa ires qu’il avoit eues à traiter dans ce pays là.
L ’abbé Goüjet a donné un_abré.gé de la vie de ce
cardinal. Il avoit été reçu en qualité d’affocié
étranger à l’académie des inscriptions & belles-lettres
en 17 55.
M. Benoît PafTionei, neveu du cardinal, a publié
à- Lucques en 17 6 5 un volume in-folio italien , qui
contient toutes les inferiptions grecques & latines
que fon oncle avoit. pris plaifir à raftembler. Le
cardinal avoit aufli dans fa colle&ion beaucoup de
bas-reliefs, d’urnes, & c . elle a été diftlpée après
fa mort. On devroit toujours raftembler & ne
difperfer jamais.
P A ST RUM A , ( terme de relation') les voyageurs
au Levant nous difent que le paflruma eft de la
chair de boeuf cuite, deflechée & mife en poud
re , que les foldats turcs portent à l’armée,
pour la difïoudre avec de l’eau, & en faire une
pfpèce de potage. ( £ > . / . )
P A T
PA T A LAM ou P a d a l a s , ( Hifl. mod. ) c’eft
ainfi que les Banians ou Idolâtres de l’Indouftan
somment des abîmes foutërreins ou des lieux
dé tourmens qui, fuivant leur religion, font
deftinés à recevoir les criminels fur qui Dieu
exercera fa vengeance. Ils les nomment aufli
padala-logum ou enfer; c’eft Emen ou le dieu de
la mort qui y préftde: fa cour eft compofée de
démons appelles Rashejas; c’eft-là que les âmes \
des damnés feront tourmentées. Suivant la mythologie
de ces peuples, il y a fept royaumes
dans le patalam', les hommes qui feront condamnés
à ce féjour affreux, ne recevront d’autre lumière
que celle que leur fourniront des ferpens
qui porteront des pierres étincelantes fur leurs
têtes. Cependant les Indiens ne croyént point
que les tourmens des damnés feront éternels :
\e patalam n’eft.fait, félon eu x , que pour fervir
de purgatoire aux âmes criminelles, qui rentreront
enfuite dans le fein de la divinité, d’où elles
font émanées. (, A . R. )
P A T AM A R , ( Hifl. mod. ) c’eft le nom qu’on
donne dans l’Indoftan pu dans les états du grand*
Hijloire. Tome IV*
Môgol , à des ttieffagers qui vont d’une ville à
l’autre. ( A . R . )
P A T ANES ou Patan s , ( Hifl. mod. ) c’eft ainfi
que l’on nomme les reftes de l’ancienne nation
fur qui les Mogoïs ou Tartares monguls ont fait
la conquête de l’Indoftan. Quelques auteurs
croyentqueleur nom leur vient de Paina, province
du royaume de Bengale au-delà du Gange ; mais
d’autres imaginent avec plus de vraifemblance
que ce font des reftes des Arabes, Turcs &
Perfaiis mahométans, qui vers l’an 1000 de l’ère
chrétienne > firent la conquête de quelques provinces
de l’Empire fous la conduite de Mahmoud
le Gaznévide. Les Patanes habitent les provinces
feptentrionales de l’empire Mogol ; ils font courageux
& remuans, & ont eu part à la révolu-?
tion caufée dans l’Indoftan par le fameux Tha-
mas-Kouli-Kan, ufurpateur du trône de Perfe.1
{ A . R .)
PATERCULUS , ( Voye^ V e l l e i u s . )
P a t i n , ( Hifl.de Laponie) les Lapons fuédoi*
fe fervent pour courir fur la neige de patins de
bois de fapin fort épais, longs d’environ deux
aunes, & largos d’un demi-pié. Ces patins font
relevés en pointe fur le devant, & percés dans
le milieu pour y paffer un cuir qui tient le pie
ferme & immobile. Ils courent fur la neige avec
tant de vîteffe, qu’ils attrapent les animaux les
plus légers à la courfe. Ils portent un bâte n ferré
, pointu d’un bout, & arrondi de l’autre. Ce
bâton leur fert à fe mettre en mouvement, à
fe diriger, fe foutenir, s’arrêter; & aufli à percer
les animaux qu’ils pourfuivent. Ils defeendent avec
ces patins les fonds précipités , & montent les
montagnes efearpées. Les patins dont fe fervent
les Samoïedes font bien plus courts, & n’ont que
deux piés de longueur. Chez les uns & les autres
les femmes s’en fervent comme les hommes.
Ce que nous nommons patins des Lapons,
s’appelle raquette au Canada. (D . J . )
PA T ÏN ( G u i & C h a r l e s ) ( Hifl. litt. mod. )
père & fils. Gui Patin eft beaucoup moins connu
par fon médecin & fon apothicaire ch an te blés, &
par fes notes fur le traité de la pefte.de Nicolas
Allain que par fes lettres ; elles ont réuflï, comme
malignes & fa lyriques , mais il y a peu çl’inftruc-.
tion à en tirer, tout y eft trop inexaél & trop
hazardé. Patin étoit un homme d’humeur & un
homme à préventions , grand ennemi des ufages
de fon temps & des découvertes nouvelles. Il
combattit l’antimoine de tout fon pouvoir, il
tenoit regiftre des ravages qu’il attribue it à ce
remède & ilnommoit ce regiftre le manyreloge de
l'antimoine. Il fut inconfolable d’avoir vit admettre
le vin émétique au rang des remèdes purgatifs
par une délibération de la faculté du 29 mars 1666.
Par une fuite du même êEprit, il sfl'eéloit de
refter à une énorme djftance de fon fièçle pour.
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