
en fit lever le fiège. En 1^40, il perdit une jambe
& fut eftropié d’une main au fiège d’Arras. En
16 4 1, il fe trouva & te fignala au- fiège d’Aire.
En 16 42 , il fut fait prifennier au combat d’Hon-
necourt. En 1644 , il fe diftingua au fiège de Gravelines
; il fut fait maréchal de France le 16
juillet 164 j* , &, la même année il abjura le lu-
tliéranifme, car les intérêts de religion ne tiennent
guères. à la longue contre les intérêts de
l ’ambition. 11 fervit en Flandre les années fui-
vantes. Sa fidélité ayant été injuftement foup-
çonnée , malheur auquel on eâ toujours- expofé
dans un fervice étranger, & qui devrait déterminer
à ne férvir jamais que fa* patrie, Rameau
fut arrêté le 27 février 1649. Il fit connoître ton
innocence, & fut mis en liberté, le 22- janvier
16 50 . Il mourut le 4 feptembre fui van t , fans
laiffer d’enfans, non plus que ce maréchal de
Gaflîon fon contemporain, qui difoit qu’il n’avoit
jamais vu.de femme dent il voulût être le mari ,,
ni d’enfans dont il voulût être, le pere. On van-
toit fa figure , fa taille , fon efprk'j fon éloquence
la valeur ; on lui reprGchoit de l’ivrognerie défaut
alors' commun fur-tout dans un allemand',
une humeur un peu chagrine ,., une ambition difficile
à fatisfaire; mais auffi à quelles récompenfes*
n’avoit-il pas droit, & s’il demandoit à la France,
que n’av-oit-il pas facrifîé pour- elle ? Jamais militaire
n'a voit été. fi. honorablement mutilé.; ja-;
mais la guerre n’avoit coûté, fi cher à perfonne
dont elle eût épargné la vie. On difoit qu’elle, ne
lui avoit laifle qu’un oeil, qu’une, oreille., qu’un,
feras, qu’une jambe , qu’il n’avoit qp’un enfin de.
tout ce que les hommes ont deux ;. c’eft le.feus
de fon épitaphe, qui fut célèbre dans le temps-,
& qui conferva encore quelque, choie d'impofant,.
Du cor-pj? dû grand Ràntçaw.tu n’a qiifune dç,s parts ,,
L ’autre moitié refia dafis.les.p-laiues de-Mars;;
31 difperfa.pat-teur fes membres & fa gloire..
Tout abattu qu’il.fut, -il.demeura_vain.queur t .
Son fang.fut en cen-t lieux le prix de favi<ftoûe.->;
S i .Mars ae.lui lai (Ta rien d’entier que .le coeur..
B. A O
■ RAOUL X X X I - roi' de France-, ( ■ dé
France. ) fils & fuccefleur de Richard; duc-de.
TBourgpgne,, n’eut d’autres droits à la couronne
<Je France que-ceux- de la vi£loire: : Charles le.
funple, prifonniet de fes fujets-rebellesrendit.
Hugues le. Grand arbitre du royaume :c e guerrier
p.olitique., qui pouvoit-mettre la couronne fur fa
tête,, la déféra à Raoul, qui fut facré à Soiflbns
(;an 021 ). L e nouveau monarque, pour: afiurer
fon autorité. ufurpée, marcha contre, le duc de
Normandie Ion ennemi le plus redoutable ; la
ville. d'Eu.fut emportée d’aflaut, 6c tous les habi-
furent taafi^crés..Lçs Normands étoiem répandüs
dans les différentes provinces du royaume?
le monarque eût bien voulu les en chaffer ; mais
comme il faifoit les- préparatifs qui pouvoient
anurer fes fuccès, de nouveaux ennemis vinrent;
l’àttaquer. Le roi de Germanie lui enleva la Lor~
raine, & l’Aquitaine fecoua le joug de fon obéif-
fan c e ;il eût bien voulu ranger à fon devoir cette.-
dernière province , mais il fut obligé de fe rendre;
auparavant, en. Champagne, . que menaçoient les
Hongrois, peuple féroce alors, & qui ne fem-
bloit vouloir tout conquérir que. pour avoir droit:
de. tout, détruire..
La monarchie n’éteit plus qu’ôn corps mutilé;*
& languiffant ; Raoul avoit affez de talens^ponr*
lui rendre quelques rayons de fa première fplen-
deur ;.mais Charles le Simple vivoit encore, &
fon titre de roi ufiirpé : fur ce prince, le rendait-
odieux, même à ceux qui avoiept favorifé fon.
élévation ;. la reconnoinance qu’ils exigeoient,.
étoit un hydre qui dévoroit les richeffes du trône..
L’impuiflance d’affouvir leur cupidité fit beaucoup
de mécostens, qui fous le spécieux prétexte -
de tirer Charles le Simple de fa captivité, entre*
tendient les difeordes de l’état.. Ce prince infor-
| tuné mourut à Péronne. Raoul, devenu pofTeffeur-'
plus tranquille du ro y a um e n e s’occupa que du;
foin d’en faire renaître les profpérités ; les Normands
fiers & indociles fuient réduits" à
’ puifiance de nuire. Charles Conftamin fit hommage
dû Viennois. Le dùc de Gafcogne, qui ne
voulort point reconnoître de fnpérieur , fut obligé;
de plier fa fierté & de donner des* témoignages;
d’une entière, foumiffion : ces fupefbes vaflaux;
étoient- les tyrans des- fujets; ilsr employoïent à ;
leurs propres querelles - les forces- de letat. Lan
; fubordtnarion eût. été parfaitement rétablie fans-;
une maladie , dont mourut. Raoul l’an 936 $ ili
iaififa la réputation d’un.prince bienfaifant & cou—,
rageux : fa gloire eût été.fans tache, fi fa puiflance:
'dont-il n’ufa que pour le. bonlieur public, eût éfêé
| fondée, fur. un titre. légitime. ( M—y , |
R A W
RAPIN7 (H ifl lut:mod.) Ce nom a été illu ftré-
-dans les lettres par trois différens perfonnages : •
1 9. Nicolas Rapine poète latin & françois, boni
citoyen, chaffé dë Paris parles Ligueurs, pour
fon attachement à Henri lII , fon-bienfaiteur, quii
i’avoât fait grand- prévôt de la connérablie, fut r
très-utile à Henri IV ,■ qui le rétablit dans fa charge..
On ne doit pas regarder comme un des moindres ;
i fervices rendus à-ce prince-, la part qu’il eut à la ;
. fatyre Ménippéè. Ses épigrammes latines ont encore
quelque réputation. Il avoit été vice-fénéchal 1
'de Eonrenai-le-Comte en Poitou, fa patrie. Né en*
115 4 0 , .mort à. Poitiers en 16 0&
\ 2 0. Réné R a p in , c’eft-à-direle P. R a p in , jéfuite^
îjié.à Tours en }6 i.i ^mort à .Paris en 1 687,* ef^t
fol poète latin, beaucoup plus célèbre encore. Son
poème des Jardins eft un des meilleurs poèmes
latins modernes. Il eR vrai que les .vers en font
fouvent aufli beaux que ceux de V irg ile , par la
même raifon que certains vers grecs de M. de
Fontenelle étoient aufli bons que ceux d’Homère,
«’eft qu’ils en étoient. Le P. Rapin avoit d’ailleurs
beaucoup de littérature , & une littérature choifiè,.
comme le prouvent fes réfléxions fur l’éloquence,
fur la poéfie, fur l’hiftoire , fur la phitofophie , fes-
parallèles d’Homère & de V irg ile , de Démof-
thène & de Cicéron, de Platon & d’Ariftote , dë
Thucydide & de Tite-Live ;• il publioit alternativement
des ouvrages de littérature & des ouvrages
de piété l’abbé de la Chambre difoit à ce fujet :
Ce jéjuitc fert Dieu & le monde par femejlre. S’il
n’avoit fervi que^ Dieu ,. il feroit peu connu. Ses
.ouvrages dévots font ignorés.
3 0. Paul Rapin de Thoiras. En 15.68, le parlement
de Touloufe , dans fon zèle contre les pro-
teftans , avoit refufé de vérifier l’édit de paix qui
venoit de leur être accordé ; il ne s’étoit enfin
»en du qu’a près quatre julîions, & pour fe venger
de la néceflité d’obéir, il avoit fait pendre, ou,
félon quelques-uns v décapiter fur quelque prétexte
forcé, un gentilhomme nommé Rapin t que
le roi & le prince de Condé avoient envoyé à
Touloufe puur prefler la vérification de l’édit. En
15 6 9 , les foldats proteftans de Monrgommeri,
étant logés aux environs de Touloufe , mirent le
feu aux fermes & aux maifons de campagne des
confeillers,, puis écrivirent fur les mafures avec
des charbons, ces deux mots r vengeance de Rapin.
Ce malheureux gentilhomme étoit le bifayeul de
Paul Rapin de Thoyras, auteur de la feule histoire
d’Angleterre que les Anglois, fi riches aujourd’hui
dans ce genre , ayent eue pendant longtemps.
Rapin de.Thoyras, né à Caftres en 16 61 ,
«toit proteftant & d’une famille pr-oteftante, en;
qui le fouvenir du fupplice de Rapin & de fa
vengeance devoit redoubler le zèle qui l’attachoir
à fa feéle. La révocation de l’édit de Nantes- lui
fit quitter la France ; il fe partagea entre la Hollande
& l’Angleterre, s’attacha au prince d’Orange
Guillaume I I I, le fuivit dans-fon expédition d’Angleterre,
l’alla fervir en Irlande tk ailleurs; il"
fet enfuitegpiverneurde Milord Portland en 1707;
ii s’établit avec fa famille à Wefel, il y mourut
en 1725 ; il étoit devenu entièrement Anglois &
Ion hiftoire s’en reflent, elle eft d’une partialité
«ont les Anglois-conviennent eux-mêmes, &-que
leurs Pages hiftoriens fe font bien gardés d’imiter;
il fe venge de fa patrie, & la combat par-la
plume après l’avoir combattue par les armes.
Dans la fàmeufo querelle. d’Edouard III & de
Philippe de Valois pour la fucceffion à la couronne
de F r a n c e i l . prend hautement parti pour
Edouard que tous les Anglois condamnoient même-
alors ; il fuppofe que les états-généraux, auroient
été. favorables ài Edouard,, & les états-généraux
jugèrent formellement contre Edouard en faveur
de Philippe de Valois ; il fuppofe que la queftion
ne fut point entendue, & c'eft lui qui n e .l’entend
point & qui renveife les faits & les principes.
On §a aufli de Rapin Thoyras une diflertation
fur lés Wighs- & les Terris.
RAPPORT. (Hifl. rom.) On nommoit ainfl
toute propofition qu’on faifoit au fénat, pour qu’ii
en délibérât; mais on obfervoit beaucoup d'ordre
& de règle au fujet des rapports qu’on avoit à faire
dans cette âugufte aflemblée.
Le magiftrat devoit faire fon rapport au fénat;
premièrement, fur les chofes qui concernoient
la religion, enfiiiite fur les autres affaires. Ge n’étoic
pas feulement le magiflrat qui avoit aflemblé le
fénat qui pouvoit y faire fon rapport, tous ceux
qui avoient droit de le convoquer, jouiflbient du
même privilège ; aufli lifons-nous que divers ma-*
giftrats Ont, dans le même temps, propofé au fénat
des chofes différentesmais le conful pouvoit défendre
de rien propofêr au fénat fans- fon agrément,.
ce qui ne doit pas néanmoins s’entendre
des tribuns du peuple, car non feulement ils pouvoient
propofêr malgré lui 3 - mais encore changer
& ajouter ce* qu’ils vouloient aux propofltions
du conful; ils pouvoient même faire leur rapporty
fl le conful ne vouloit pas s’en charger-, ou pré--
tendoit s y oppofer.. Ce droit étoit commun à-
tous ceux qui avoient une charge égale ou fupé-;
rieure à celle du magiftrat propofant,* cependant,-
lorfque le conful voyoit que les efprits penchoienc
dun cote , il p ouvoit, avant que chacun eût dit
fon fentimenr* faire un difecmrs à l’affemblée«*
Nous en avons, un exemple dans la quatrième-
Catilinaire, que Cicéron-prononça avant que Gaton1
eût dit fon avis.
Après que la république eut perdu fa liberté ^
1 empereur, fans être conful, pouvoit propofêr-'
une, deux 6c trois chofes au f é n a t & c’eft ce-'
qu’on appelloit le. premier, le fécond & le ûoifième.
rapport.. Si quelqu’un en opinant, embrafloit plu-*
(leurs objets, tout fénateur pouvoir lui dire d^‘
partager les matières , afin de les difeuter fépa--
rement dans des rapports différens. L’art de celui-
qui propofoit, étoit de lier tellement deux affaires ,>
qu elles ne puffent fe divifer.-
Chacun des fénateurs avoh* aufli le- droit-, lorf-*
que les confuls- avoient- propofé quelque chofe
6i que leur rang étoit venu pour opiner, de-'
propofêr tout ce qui leur paroiffoit avantageux à*
la république, 6é de demander que les confuls
en fifient, leur rapport à la compagnie,-& ils le*
faifoient fouvent, afin d’être- affemblés tout
jour ; car apres la dixième heure, on ne pouvoir*
faire aucun nouveau rapport dans le fénat, ni au=-
cun fénatus-confulte après-le coucher du foleili.
Oh difoit- fon avis debout ; fi quelqu’un s’oppo--*
foit,.l« décret n’étoit point appellé fénatus-confulte-,»