
âutel. C’étolt un chevalier qui étoît chargé de
porter l’oriflamme à la guerre ; & cet honneur
appartint pendant long-temps au comte de V ex in,
en fa qualité de premier vaffal de Saint-Denis.
Il eu affez vraifemblable qu’il y avait deux
oriflammes, dont l’une reftoit toujours en dépôt
à Saint -Denis | & lerfqu’il fe préfentoit une
occafion de guerre , on en faifoit une fécondé
toute femblable ; on confacroit cette dernière., &
on la levoit de deflùs l’autel avec de grandes cérémonies.
Si on la confervoit exempte d’accidens
pendant le cours de la guerre, on la rapportoit
dans l’églife ; quand on la perdoit, on en faifoit
une autre fur l’original , pour l’employer dans
l ’occafion.
Guillaume Martel , feigneur de Bacqueville,
eft le dernier chevalier qui fut chargé de la garde
de l’oriflamme , le 2.8 mars 1 4 14 , dans la guerre
contre les Anglois ; mais il fut tué l’année fui-
vante à la bataille d’Àzincourt, & c’eft la dernière
fois que l'oriflamme ait paru dans nos armées,
fuivant du T ille t , Sponde , dom Félibien , & le
père Simplicien. Cependant, fuivant une chronique
manufcrite, Louis X I prit encore l'oriflamme
en 1465 ; mais les hiftoriens du temps n’en dil'ent
jién.
Les Bollandiftes dérivent le mot oriflamme du
celtique & du tudefque flan , fan ou y an , qui
lignifie une bannière , un étendard , & d’où l’on
a fait fanon ou fanon , qui veut dire la même
chofe; la première fyllabe on vient du latin aurum,
c’eft donc à dire étendard doré, parce qu’il étoit
enrichi d’©r.
Le leéleur peut confulter Galant, traité de Voriflamme
; Bore l, du T ille t, & les mémoires des inf-
criptions. ( D. ƒ. )
O R IG ÈN E , ( Hifl. eccléf. ) un des pères grecs
les plus célèbres, difciple de faint Clément d'Alexandrie
; on l’appelloit Adamantins, de diamant,
ou , félon Photius, à caufe de la force de fès raifon-
àîemens, o u , félon faint Jérôme , parce qu’il avoit
contre l’erreur la fermeté du diamant : le même
faint Jérôme dit qu’Origine fut un grand homme
€ès fon enfance. Léonide, père d’Ongine, fouftrit
le martyre dans la perfécution de l’empereur
'Sévère, au commencement du troifième fiècle,
& on eut beaucoup de peine à empêcher Origine,
-âgé alors de dix-fept ans , de s’offrir de lui-même
à la perfécution, Il n’a voit que dix-huit an s,
lorfqu’il fut nommé catéchifte ou profeffeur des
lettres fainres à Alexandrie ; il compta tant de
martyrs parmi fes difciples , qu’on a dit qu’il fem-
bloit tenir école de martyre plutôt que de théologie.
Il enfeig'noit la théologie aux femmes auffi
cfune grande autorité dans l’églife* Les bénédid*
tins en ont donné l’édition complète en quatre
| volumes in-folio.
J Origine étoit né à Alexandrie , l’an 185 de l’ère
! chrétienne; il mourut à T y r Pan 2 5 2 ,2 5 4 ou 256,
] cat on balance entre ces trois époques.
bien qu’aux hommes, St on fait quelle étrange
<& courageufe .précaution il prit à cet égard contre
la calomnie; on l’en a loué, on l’en a blâmé ;.ori*
-a Suffi beaucoup dïfputé fur fa prétendue chûte &
Sur fes prétendues erreurs ^ mstisfes ouvrages fout
Un prédicateur & un littérateur moderne ,
M.1 l’abbé Gros de Befplas, ne trouve pour parler
à'Origine que des hyperboles, & il ne croit jamais
en trouver d’affez fortes. C’eft une pierre angulaire
fur laquelle repofe l’édifice de la religion ,
■ c’eft comme une émanation de la divinité refierrée
dans un corps mortel. « J ’efpère , dit-il, qu’on
■ » me pardonnera cet enthoufiame pour le plus
n grand homme, l’homme le plus accompli qu’ait
» eu la religion & peut-être le monde. J ’avoue
» que je ne faurois tracer les moindres lignes de
» fon portrait, fans que mon a me en foit émue ,
» fans que le pinceau tombe plufieurs fois de mes
» mains défaillantes , fans que j’éprouve un fré-
» miflement délicieux qui tranfporte mon coeur
» hors de lui-même; & alors mes y e u x , baignés
» des larmes de l’attendriffement, ne me laiffent
■ » plus former que des traits confus d’ua tableau
» que je n’ai pas même la force d’achever. »
Il y a encore un autre Origine , philofbphe
platonicien, difciple & ami de Porphyre & d’Am-
monius, & condifciple d’Hérennius & de Plotin.
Il étoit à peu près contemporain du père de l’églife ;
& des- auteurs même favans, tels que Baronius
dans fes annales , & Holfténius dans fon traité
de la vie & des écrits de Porphyre, ont confondu
ces deux Origines, mais c’eft une erreur aujourd’hui
reconnue.
ORIGNI , ( d’ ) ( Pie r r e -Ad a m ) étoit de
Reims ; il entra d’abord au fervice & fut bleffé
à l'attaque des lignes de Wiffembourg. Le refte
de fa vie fut d’un favant ; il écrivit beaucoup fur
l'Egypte & fur la chronologie des Egyptiens.
Mort le 29 feptembre 1774.
ORTOL, ( d’ ) ( Pie r r e ) ou AUREOLE oit
DORIOLE cordelier , un des héros de la fcolaf-
tique , au quatorzième fiècle, natif de Verberie fur-
Oyfe , ardent défenfeur de Pim maculée Conception
, fut nommé le deéleur infigne, ou félon quelques
uns le dotlcur éloquent ; on a de lu i , jmH-
tr’autres ouvrages , un commentaire fur la Bible ,
que Mézeray dit être tris-fucculent. Sa réputation
lui procura, en 1 3 2 1 , l’archevêché d’Aix, Il vivoit
encore en 1345.
O R IO L E , ( P ier re d’ ) ( Hiß. de Fr. ) chancelier
de France fous Louis X I , étoit fils • d’un
maire de la Rochelle, & avoit lui-même occupé
cette place , dans laquelle il s’étoit affez dif-
t in gué pour attirer les regards de la cour. Il
avoit de la probité, des talens, des lumières; il
avoit d’abord été attaché an frère du ro i, & l’a voit
fervi dans la guerre du bien public ; mais bientôt
dégoûté des intrigues qui divifoîent cette petite i
cour , il s’attacha au ro i, qui le fit d’abord général
des finances, & qui, à la mort du chancelier
Juvénal des Urfins , arrivée en 1472 , le
nomma fon fucceffeur. L ’hiftoire lui rend le témoignage
que dans les fondions de cette place, &
dans les affaires importantes & délicates de toute
efpèce dont il fut chargé pendant dix ou onze
ans , il fut toujours occupé du bien public, &
parut moins , jaloux de l’amitié de fon maître que
de fon eftime. Louis X I lui envoyoit fou vent fes
ordres defpoùques, auxquels il réfiftoit avec autant
de fermeté que de refpeéi. Ce tyran lui
écrivoit un jour en ces termes: « Chancelier, . vous
» ave^ refufé de fceller les lettres de mon maître-
» d'hôtel Bouùlas ; je fais bien à l'appétit de qui
» vous le faites...... D.pécheç-le fu r votre vie. » En
1483 , dans un moment où il n’avoit contre le
chancelier aucun fujet de mécontentement même
injufte , ce roi, qui âitnoit à changer pour le plaifir
de changer, Si fans en rendre d’autre raifon ,
fi non que nature fe plaît en diverfité , mande au
chancelier à! O ri »le, que fon âge ne lui laiffe plus
l ’aéfivité néceflaire pour cette place, & qu’il
s’acquittera bien mieux de celle de préfident de
la chambre des comptes , à laquelle il le nomme ,
««n même temps qu’il donne la chancellerie à
Guillaume de Rochefort. Pierre d’Oriole mourut
•n 1485.
O R L
OR ANDIN, ( Nicolas ) jéfuite italien, auteur
d’une hiftoire latine de la compagnie de Jé fu s ,
né à Florence en 1 536 ; mort à Rome en 1606.
ORLÉANS. ( la Pucelle d’ ) ( Voye^ Arc. )
( J eanne d’ )
Or l ÉjUNS , ( Hifl. de Fr. ) Aurélia. , Aurelianum
ou Genabum. On eft partagé fur l’étymologie &
la fignification de ce nom ; Sabellicus croit que
ce nom vient de l’or que le commerce de cette
ville lui rapporte. Or-Céans, c’eft-à-dire, il y a
de l'or là dedans. Othon de Frifinghen a cru que
l’empereur Aurélien Payant augmenté, l’avoit ap-
pellé de fon nom Aurélia ; d’autres croient
qu'Or-léans eft ora Ligeriana , rive de Loire.
Orléans foutint à différentes époques quatre fiéges
particulièrement mémorables •, celui d'Attila, en
4 5 1 , dont elle fut, dit-on , miraculeufement
délivrée par les .prières de faint Agnan , fon
évêque. Celui des Anglois, en 14 2 8 , dont elle
fut tout auffi miraculeufement délivrée par la
pucelle d'Orléans. Celui des proteftans, en 15 6 2 ;
celui des catholiques , où le duc de Guife, François,
fut tué par Poitrot de Méré en 1563.
L’univerfité ci 'Orléans fut fondée par Philippe-
le-bel. L’cglife de Sainte-Croix eft cette cathédrale
vantée par le pape Grégoire V I I , par faint
Bernard , par Pierre-le-Yénérable J rqinée par les
* proteftans , elle fut rebâtie par les foins de
Henri IV ; elle eft aujourd’hui une des plus belle?
églifes de France.
Orléans a été un royaume dans le partage des
quatre fils de Clovis & des quatre fils de Clotaire
Ier. Clodomir, fécond fils de Clovis , &
Gontran , fécond fils de Clotaire , furent rois
d’ Orléans.
Orléans a été l’apanage de plufieurs de nos
princes,. ' .,x|
Le premier qui fut duc d'Orléans , fut auffi le
premier dauphin de la maifon de France ; c’eff:
Philippe, cinquième fils de Philippe de Valois.
Il mourut fans enfans , en 13 7s ; & ce duché,
qui lui avoit été donné en apanage & qu’il
tenoit en pairie, fut réuni à la couronne. Il
I avoit époufé Blanche , fille unique de Charles-
: le-bel. ,
La première, maifon $ Orléans defeendoit de
Charles-le-fage par Louis T r , duc Orléans , qui
avoit époufé Valentine de Milan, fille de Jean
Vifconti, feigneur de Milan.
La nuit du 23 au 24 novembre 1407 , le duc
d'Orléans fut affafliné' dans la rue Barbette , par
ordre du cruel Jean de Bourgogne, fon coufin
germain. Ce fut à la fois le crime de la jaloufie
& de l’ambition. Le duc d'Orléans , galant &
indiferet, comptoir publiquement la ducheffe de
Bourgogne au nombre de fes conquêtes ; mais
.fur-tout il difputoit au duc de Bourgogne les
rênes du gouvernement, pendant la démence de
Charles V I ; ces deux princes abufoient, à Penvi,
du pouvoir précaire & borné qu’ils s’arrachoient
l’ un à l’autre. Le peuple qu’ils opprimoient tour-
à-tour prefque également , mettoit pourtant en-
tr’eux une jufte différence : en effet le duc de
Bourgogne étoit plein de vices & de fureurs ;
le duc d'Orléans n’avoit que des pallions & des
foiblefîes.
Le duc d’Or/£/7/2j- laifî'a trois fils : Charles, due
d'Orléans ; père de Louis X I I ; Philippe, comte
de Vertus, qui ne laiffa point de poftérité légitime
; & Jean , comte d’Angoulême, aïeul .de
| François I er.
I II eut auffi de Mariette d’Enghien , femme
! d’Aubert de Cany, gentilhomme de Picardie, le
I comte de Dunois, tige de la maifon de Longue-
I ville. ( foye^ les articles D unOIS, Longueville
j & Rothelin.)
[ Charles , duc $ Orléans , vécut malheureux, &
! mourut de douleur. A peine forti de l’enfance , il
I fe trouva chargé du devoir pénible de venger fon
? père fur un criminel puiffant & armé de l’autorité.
| fl implora la juflice du roi ; la j 11 {lise tremblante
I fe taifoit devant l’affaffin ; Charles eut recours
| aux armes, il appella les Anglois ; mais bientôt
! il fentit qu’il eft toujours plus jufte de fervir l’état,
f ' même injufte, que de le troubler pour l’intérêt
j le plus facré; il céda au temps , & tourna fa
| valeur contre ces mêmes Anglois qu’il avoit