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Jntroduîts en France ; il tomba dans leurs fers k
la bataille d’Azincourt, & confuma fes plus belles
années dans l’ennui de la captivité ; il n’en fortit
qu’après vingt-cinq ans, par les foins généreux
du nls du meurtrier de fon père ; c’étoit Phi—
lippe-le-bon , duc de Bourgogne. Ce prince s’étoit
trouvé dans les mêmes conjon&ures que le duc
d'Orléans j il avoit eu comme lui un père à venger,
c’étoit le duc de Bourgogne Je an , affadi né par
la faélion Orléanoife, fur le pont de Montereau,
dans fon entrevue avec le dauphin, ( depuis
Charles VIL ) Il a voit, comme le duc d'Orléans ,
ouvert les portes du royaume aux Anglois , &
comme lui s’en étoit repenti : rendu à la bonté
naturelle de fon coeur , il avoit , on peut le dire,
pardonné en maître à fon ro i, en père à l’état,
en héros au duc d'Orléans , dont il paya en partie
la rançon. Alors toute difcorde fut étouffée ;
l’affaffinat du duc de Bourgogne avoit expié l’af-
faffinat du duc d!Orléans ; oh détefta ces crimes,
& on les oublia. Une paix fincère réunit les
maifons d'Orléans & de Bourgogne ; le mariage
de Charles avec Marie de C lè v e s , nièce de Phi-
lipperJe-bon , mit le fceau à la réconciliation.
Charles s’occupa toujours tendrement des intérêts
de fa patrie ; il vit avec douleur la conduite
altière & violente de Louis X I ramener , dès le
commencement de fon règne , les troubles que
la prudence de Charles V II avoit pacifiés. Dans
une affemblée des états, tenue à T o u rs , il parla
contre ces nouveaux défordres avec la liberté que
fon rang, fon expérience & Tes vertus fembloient
autorifer. L e ro i , dont l’oreillefuperbe s’offenfoit
de la vérité, lui répondit avec une aigreur outrageante
, qui précipita en deux jours ce prince
fenfible au tombeau.
Louis Ton fils , éprouvé comme lui par l’ad-
verfité, fut le roi Louis X I I , & Orléans i ut réuni
à la couronne, pi
Deux fils de François Ier portèrent le titre de
duc d’Orléans ; l’un fut Henri I I , l’autre mourut
fans enfans. Il mourut avant fon p ère , d’une
fièvre maligne çontagieufe , à Forêt - Moutier ,
près d’Abbeville , en 15 4 5 , le 8 feptembre , félon
du Bellay , le 9 , d’après une lettre écrite d?A - j
miens le 18 , par le nonce du pape, & adreffée
aux préfidens du concile de Trente. Ce prince
fuivoit le ro i, fon père, dans les çourfes qu’il
n’avoit ceffé’ de faire cette année, pour veiller
à la fûreté des provinces menacées & infultées
par les Anglois & les Allemands. Arrivé à Forêt-
Moutier, il ne fut pas content de l’appartement qui
avoit été marqué pour Lu ; il en trouva un qu’on
avoit laiffé vuide & qui lui plut davantage. On l’aver-
tij que deux ou trois perfonnes venoient d’y mourir
d’une maladie épidémique,qui faifoit alors de grands
ravages en Picardie : « Bon, bon, dit-il,« jamais
fils de France n’efl mort de la pe(le. » Il favoit mal
Phiffoire de fa maifon; le Comte .d’Artois, fils de
France, 8tfaintLpuis lui-même en étoient morts.
O R C
Le duc d'Orléans gagna la fièvre maligne dont
il mourut. Le Féron raconte que le dauphin &
le duc d*Orléans entrèrent dans une maifon de
payfan, quoiqu’on les eût avertis qu’elle étoit
infe&ée de la pefte ; que le duc d'Orléans plaifanta
beaucoup de cette témérité, & fe plut à y ajouter,
qu’il remuoit & renverfoit, avec fon épée , les
matelas d’un lit tout pénétré de ce venin , qu’il
faifoit voler les plumes du lit fur fon frère
& fur lui-même, qu’enfin il ne fortit de cette
fatale maifon, que puni de ce badinage & frappé
à mort.
La lettre du nonce » dont nous avons parlé,
contient des particularités qui confirment le récit
de le Féron , en y ajoutant. Après toutes les bravades
qu’on vient de rapporter , le duc d'Orléans
fe fent échauffé , il oublie que fon frère aîné efl
mort pour avoir bu un verre d’eau ayant trop
chaud ; il en boit & fe couche , deux heures
après le friffon & le «mal de tête fe font fentir :
Ah ! dit le prince, c'efl la pefie , j'en mourrai ; il
fe confeffe, les remèdes paroiffent réuffir, & le
9 on le crut hors de danger; mais ce jour même
le redoublement le faifit, il demande le viatique,
il demande à voir le roi. François Ie' l’ayant
appris , accourt malgré le danger, malgré les
remontrances de tout le monde. Dès que le
jeune prince le vit entrer : Ah ! mon feigneur %
s’écria-t-il, je me meurs, mais puifquè je vois votre
majeflé, je meurs content ,* il expire à l ’inftant aux
yeux du roi, qui jette un grand cri & s’évanouit;
revenu à lu i, fon premier foin, au milieu de fa
douleur, fut d’éloigner toute fa cour de ce lieu
funefte, & de prendre les précautions les plus
fages pour arrêter les progrès de la contagion.
On ne s’en tient jamais aux idées fimples fur
la mort des princes ; les uns ont voulu que lç
duc d'Orléans fût mort, comme mourut fon père,
d’un ulcère dans les parties fecrète,s ; les autres,
qu’il ait été empoifonné, car il faut bien qu’en
pareil cas le mot de poifon foit au moins pro-^
noncé.
Le duc à!Orléans étoit g a i, brillant , étourdi
aimable, plein de valeur comme l’étoient tous
les princes & tous les gentishommes* Ce fut lui
q u i, pendant le paffage de Charles - Quint en
France , fautant agilement fur la croupe du cheval
de l’empereur , & le tenant embraffé, s’écria 3
Votre majefié impériale efl à prèfent mon prifonnier %
mot & aélion qui firent treffaillir l’empereur,
menacé alors de fe voir retenu en France jufqu’à
ce qu’il eût donné l’inveftiture du Milanès an
duc d'Orléans , comme il l’avoit plufieurs foi$
promis.
JVlarot a dit du duc d'Orléans :
N a t u r e é t a n t e n efmoy d e fo r g e r
O u f i l l e o u f i l s , c o n ç u t f in a l e m e n t ,
C h a r le s fi b e a u , fi b e au "p o u r a b r é g e r ,
Q u ’ ê t r e f a i t fille i l c u id a ’p to p r e n ie u t :
H a i s i ’i l a v o i t à fo n commandement .
Quelque fillette , autant comme lui belle?
Il y aurok à craindre grandement
Que trouvé feüft plus mâle que femelle.-
' Marot femble ici reprocher au duc $ Orléans un
^air & un cara&ère efféminés ; cependant :cë‘prince
efféminé pouffoit le délire de l’étourderie & delà
valeur jufqnVbarf re~ le;pavé les nuits,' au péril de
fa v ie , avec de jeûnes feîgnéùrs'qùeTen'éxertiple
& leur, propre folie entraînoie.nt ; ils attaquo.ient les -
gens armés qu’ils rencontroient,fur-tout les laquais,
qui, par,.un abu$ du temps ; portoient dés armes,
caufoient mille défordrès à la fuite dé la cour,
s’emparoient. des ponts &; des grandes rues, & in-
fultoient les'paffans. Une nuit, la cour étant à
Ambôife, Te duc ci 'Orléans voulut en aller dïf-
putèr le pont à cette canaille infolente ; fa fuite étoit'
ioible , leV laquais ..nombreux ; un d’eux porte au
prince un grand coup d’épée ; le jeune*Caffélhaii
le plus brave le plus fou des gentilshommes’
de ce temps, voit partir le coup , s’élance entre
le prince 8c le laquais, efi percé , tombe & meurt.
Alors , pour faire ceffer ce jeu funeffe, on nomme
le prince , auffi-tôt les laquais effrayés prennent
la fuite ; le duc d'Orléans1, téûé maître du pont,
pleure, fon indigne vi&oire, & fait emporter le
corps de fon ami mort pour lui.
Le lendemain le roi fut ce qui s’étoit paffè ,
la tendri-ffe ne lui faifoit point difîimuler de pareilles
fautes , il traita, le duc d'Orléans avec toute
la rigueur d’un roi irrité : Vous pouve\ vous perdre,
lui dit-il , l'état .fe p a (fera bien, d’un fo u , mais il
a befoin du fang de la noblejfe, & ce fang n'efi pas
fa it pour couler au gré de vos capricesl
Le caraâère du duc d'Orléans, plus formé,
plus développé que celui du dauphin François ,
ion frère , mort en 1536 , fembloit devoir laiffer
plus de regréts, & en infpira pourtant moins;
c’eft que le duc d'Orléans étoit déjà un chef de
p ar ti, & lame & l’objet des cabales de la cour ;
•or', les partis & les cabales ôtent d’un côté ce
qu’ils procurent, de l’autre , & empêchent la
réunion- des fuffrages ; d’ailleurs, la prédile&ion
du roi pour ce jeune prince , étoit moins regardée f
comme l’effet, de fon mérite que des infliganons|
de la ducheffe d’Etampes , qui fendoit fur lui clés f
efpérances Sc des projets de retraite hors du \
royaume, après la mort de François Ier. ( Foyer l
l ’article E tampes. )
-Charles IX & Henri III , avant leur, avéne- j
ment au trône,, portoient le titre de ducfOrléans..
Le frère unique de Louis XIII ( Jean-Baptifie
Gaftôn ) fut .atiffi duc d'Orléan s.après avoir été
duc d’Anjou. Il ne laiffa que dés filles , ainfi il
ne forma point de - nouvelle maifon d'Orléans,
Sur fon cara&ère timide & irréfolû , ( voyeç l’article
Chevrev SE ;voy<?ç Gaston. ) -,
La fécondé maifon d'Orléans , dont le chef cft
.aujourd’hui premier prince du. fang,.tire fon orir
Hifloire. Tome IV ,
gîne de Philippe de France , frère unique de
Louis X IV .
Orléans ou d’Orléans , ' ( Louis ) fameux
î ligueur , avocat-général du parlement dé la ligue,’
‘ qui appell'oit Te ro i. Herjr? IV : fouiâuni fa tancé
ïwIfrtËM ^f'^Ht-prêTqiie toits-les écrits, la plupart
brûles par la main du bourreau , pbr.toieflt ce, c’a—
raélère de Violence & de fanatifrheà Ce Louis
d Orléans efi lé premier auteiir françois qui ait
rapporte le. fait de la monnoie d’or ou d’àrgenf
que'Louis.I, prince de Condé , f i t , dit-on , frapper*
à /on coin & à-fon effigie, & fur laquelle on lut
donnoit le titre de roi de France. C’étoit dans deux
libelles imprimés en 1586 & 1 * 9 0 , contre Henri
IV & les princes du fang ; un écrivain & des
écrits fi fufpeéls d’étoieht jtas-faits pour accréditer.
* 1111 pareil bruit. Louis d'Orléans d’ailleurs varie
; beaucoup dans fon* ré c it, & dit, des, chofes ma-r
nifeftement abfurdes , comme lorfqu’il fuppofe que
les Bourbons ont toujours prétendu que la couronne
leur appa’rtenoit du temps des Valois , &
qu’il cite' l’e-xempie du fameux connétable de
Bourbon , tué devant Rome , qui , félon lui êc
félon lui feul, avoit difputé la couronne à François
I. Le récit de Louis d'Orléans avoit donc laiffé
le fait de là monnoie pour le moins très-incertain j
cepéndant ce fait a depuis été mieux éclairci , 8ç
l’exiftence de cette monnoie paroît prouvée ; mais
il paroît auffi que cette monnoie étoit l’ouvrage
des ennemis du prince de Condé, qui vouloient
par-là le rendre odieux ; le nom feul de Catherine
dé Médicis- & des Guifes rend cette conjeéhire très-
vraifemblâble, auffi eft-elleadoptée par prefque tous
les auteurs proreftans, & parle plus grand nombre
des auteurs catholiques les plus fenfés. L’abjuration,
de Henri IV n’adoucit point la violence de Louis
d'Orléans; fes déclamations n’en furent que plus
fanglantes , ce qui prouve que c’étoit bien moins
le zèle catholique qui l’animoit , que l’efprft fé-
ditieux ; ï | fallut l’exiler , mais fa fureur ne fervit
qu’à faire éclater la clémence de Henri IV . Il le
rappella d’exil ; on repréfenta au roi que cette bonté;,
n’ètoit pas fans imprudence , & on lui remit fous:
Tes-3'ëux les faryres de cet homme contre la reine
1 de Navarre, fa mère’, contre le prince de Coudé
fon oncle , contre lui-même ; il en lut les endroits
indiqués , 8c s’écria : ô le méchant ! mais il n'efi
plus à craindre , & d’ailleurs je l'ai rappelle , je dois,
refpefler la grâce que je lui ai faite , quoiqu'il en
fo u indigne. De plus., ajouta-t-il, il efl bien auffi
feu que méchant, & je lui dois peut-être plus do
piïie que de colcre. D’ Orléans , foit qu’il fut rôuchô
de la bonté de Henri I V , foit qu’il craignit la
révocation de la grâce, fe hâta de la célébrer par
un remerciement au roi, imprimé en 16 0 4 , où il
lui donne autant d’éloges qu’il lui avoit donné de
malédiélions. 11 mourut fort âgé en 16 14 . Nous
avons affez dit de quel genre font fes ouvrages.
% P«re ÜOrUtns-, ( Pierre-Joféph ) jéiùite
O *