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lui à? Naples, à Rome, dansda LoçGbardie-*à'travers
/les neiges de l’Apennin , à travers mille dangers
qïîé lès troublés continuels, de l ’Italie faifoient
naître fous, les pas, & .qui eft difpofé à mourir
content y puifqu’ii a eu le bonheur de v parler à
' dpctranpie,'J&:de.• l’entendre,c tantôt c’eft le célébré
Kienai qui ■ lui -fait parc de fes .projets pour., le
r état) lifte nient de la république romaine &.du tri«
imnat^ & qui-parvient à l ’y iqtéreffer ; parce
jque tout ce qui avoir l’air gr.a'nd & noble, fîattoit
Ron.imagination , & prenoit un grand empire fur.
ion ame; tantôt ce font des fou ver ai ns qui fe
Je :d ifputent, qui .veulent fe l’attacher , mais, dont
iLne.véyit jamais recevoir de hienfaits qui pirifient
Rengager fa liberté ; tantôt c’eft un poëteiFerrarois,
Antoine de Beccari, qui fur .un faux bruit/de fa
; mort, luicompofe en vers Italiens une pompe funèbre
allégorique de fort mauvais goût , .mais qui, au
jugement .de M. le baron de la Bad ie , .pourroit
avoir .fourni à Sarrazin, l’idée cle.fa pompe funèbre
de, Voiture ; tantôt. Ge dont les Eiotentins q u i,
ayant radie té des deniers/publics., les biens de
‘fa..ja mil Le. confifqués. dans le temps de l’expulfion .
& du, banniflement de. fon père, les lui .rçfti- ;
.tuent foiemnellcment, & lui fredonnent: tous les .
droits de citoyen par un .décret „honorable que v
Bpcace fut chargé de lui porter, de la .p a rt,d é jà ,
République ; fur quoi M i ,fie Voltaire fait .cet'te :
*éfle,xion. : > La J^r.èce dans fes. plus beaux: jours;
» ,4îè montra jamaîis-.plüs de goût & plus d’eftiriiev
» pour les talens.. C’é toit, obfer,ve-t il encôre,:
’ «n.hotnipage queR’efonnement de fop.fiécle residoit
à ,-fon génie alors .unique.
Pétrarque étoit déjà.vieqx ;& -infirme , Jorfque
{François de-Çarrare ,;l’un de fes. bienfaiteurs , s’é- .
tant’ brouillé ,avec la république de .Venife , &
ayant Aété .abandonné de fes alliés., eut recours
à fon éloquence ,& à fa ,-reco'nnoifiance,, ,po.ur
obtenir du.fénat de Venife une.paix,qui lui éfoit ,
devenue méqeffairje, •.& qu-cn n’étoit^as..difpofé ,
à lui. acGQTjàèr^Jtratfuep'dLrt Rarrivê à Venife le 247
Septembre 15 73 , & lé .furlendemain.il eut fon audience,
publique. -La majefié du.fénat afîemblé lui .
‘parût-fi imppfante, que tout accoutumé qu’il étoit
à ^cqs fiio n s publiques , & quoiqu’aimé du doge .
'§£ de la plupart .des .fénateurs, il fe troubla &
■ qu’il.fallut remettre l’audjençe au lendemain. Sans v
doute , -la crainte de ne pas.réuffïr darçs. une négo-
‘dation où il s’agifiTpit de la deftinée d’un bienfaiteur
& d’-un ami , entrapour beaucoup dans les idées
qui le troublèrent. Le lendemain devenu plus in-
ûqreffant encore par l’accident de La v^illej & plus
éloquent parle dêfir de le réparer, il excita une ad-
miration.générale, & obtint tout ce qu’il deoiandoi.tr
Son,difçoursr, qui^n’eft point parvenu jufqu’à nous,
fu t , félon.ï’exprçiïion de M. le.baron de la .Baftie,
.le chant du cigne. I l f ie fit plus que languir, &
.njoutuçà Arqua dansleFadouanyle^i8 juillet 13 7 4 ,
Rentre les bras d’un ami , nommé François de
jfo jc p . L e jour de Ja mor/ , dit jye m^me barpn de
{P 1 #
l a ‘B aille; ne fut pas moins-glorieux 'pour iu î
que le jour de -fon couronnement, par la conf-
<-tei>natidn généralej& l’emprefiement à lui rendre
les derniers devoirs.*Son teflament qui a été imprimé
parmi: fes oeuvras ,~ne contient riem de bien
■ remarquable , excepté -peut-être le legS fait
célèbre Je an Bocace de cinquante florins 4 'or dç
Florence pour acheter une ,robe^de--chambreqai
le garautiffe. du froid , lorsque pendant-' f hi ve r
il fera occupé à étudier que les exeufes pleines
de tendreffe qitfil lui fait fur-la modicité d’un
tel legs.
Laure étoit morte le 6 a vril-1348', le mêmejour
où vingt-un ans auparavant, Pétrarque en é tok
devenu amoureux , fi ce. petit rapport n’a pas été
recherché , comme iLarrive fouvent, ajyt-dépens
. de l’exaditude .& de la vérité. ' 1
,On a prétendu en. 153 3 , fous François I , avoir
découvert dans l’ègJife de Sainte-Croix d’Avignon
; îe tomhfeau de la belle Laùré, & François I lifi
fit, dit-on, à.cette occafion l’épitaphe fuivante:
... ç E n ..p e tit l i e u .c Q m p r in s . v o u s .p o u v e z . .v o j f ,
,.:Ce qui; comprend beaucoup par renommée,;
>fl ./Plume , labeur1, là langue & lè- faveir ■
Fîirent vaincus de l’amant par l’siméc.
.O gentille ame > étant'tant efbmée ,
• /Qui te pourra lodeï qu’en fe taifarit,-? ’
Car la paroie:' eft ' toujours réprimée
Quand lé fujet furmont'e îe difantô
«Le troifième •& le quatrième vers font voir
que rameur qui/peut-être n’àvoxt de L.aiirè qu’une
idée imparfaite^' lRconfondoit avec Héîoïfe , qiii
eut véritablement par fes écrits , cette/upériorité
fur Abailardfoh amant; Marót félicite Laure d’av.oir
été chantée par François I. '
' /O L a u r e , L a u r è j ! I l t ’ a é t é 't b e f o iu g
/D ’ a im è r l ’ h o n n e u r & . d ’ ê t r e v e r tu e u f e
C a r 1 F r a n ç o i s t o i . f a n s c e l a n ’ e u t .p r i s fo in ff
D e t’ h o n o r e r d e tom b,e f o m p t u é u f e ,
Ne d’employer, fa dextr.e valureufe
A par eferit ta-louange.coucher :
Mais il l’a -faic p,our. autant qu’amoureufe
Î;U as été; de ce qu’il tient plus cher.
Il,faut avouer qpe les ..vers Italiens de Pctrarqw
à la gloire de,Lame .valent mieux que,ces vers
françois. Au;relle , M. .le .baron de la Bafiie croit
que-François I manquoit fon but dans ]es-honneurs
qu’il rendojt aux reftes. pré tendus de Laure,;il.parok
détruire facilenient les..foibles ;-raifôns, les fojblesi
j apparences fur lefquelles on appuyoir la prétendue
! découverte de fon tombeau. Pétrarque qui ne dit
rien de jpréck fur le lieu où reppfoient les ceiîdçes.
de Laure, ^en dit aflez pour xe.p pu fier l ’idée qu’elles
fufient dans ,une .villp.
Pétrarque n’gyoit pas été fi fidèle à .çqtte-fage &
fevère
p e t
févère tnaïtrefle, qu’il n’eut eu à Milan, d’une
fi».iîtrefle plus facile, une fille qu’il nomma Fran-
çoife , à laquelle il donna une excellente éducation
, & qu’il maria dans la fuite à un jeune
JVIilanois, nommé François de Broflano. De ce
mariage naquit un fils qui mourut, âgé de deux
ans, avant Pétrarque fon aïeul, & dont Pétrarque
fit l’épitaphe en douze vers latins. Ce fut François
de Broflano, fon gendre, que Pétrarque inftitua fon
légataire univerfeh
Pétrarque avoit beaucoup de piété, quoique fes
écrits foient pleins de déclamations très - vives
contre le clergé , le facré collège & la côur de
Rome ou d’Avignon.
Ses ouvrages latins, tant en profe qu’en ve rs,
fur lefquels il fondait Pefpoir d’une réputation
immortelle, & qui eurent de fon temps le plus
grand fuccès, font aujourd’hui oubliés ; fes chan-
fons Italiennes, qu’il regardoit comme des bagatelles
& comme de fimples délaffemens de fes
tra v aux , vivront éternellement. On connoît la
traduélion ou imitation que M. de Voltaire a donnée
dune de fes chanfons 9 dont Laure eft l’objet :
Claire fontaine, oncle aimable , onde pure ,
Où la beauté qui confume raon coeuT,
Seule beauté qui foit dans la nature ,
Des feux du jour évitoit la chaleur ;
Arbre heureux, dont le feuillage
Agité 'par les zéphirs ,
La couvrit de fon ombrage,
•Qui rappelles m e s foupirs ,
En rappellent fon image;
• ©memens de ces bords & filles du matin ,
' Vous dont je fuis jaloux , vous moins brillantes qu’ elle »
Fleurs qu’elle eiribellilïoit quand vous touchiez fon fein ;
Itoffignols , dont la voix eft moins douce & moins belle’;
Air devenu plus pur , adorable féjour,
Immortalifé par fes charmés,
Lieux dangereux & chers , où de fes tendres armes,
L’amour a bleiTé tous mes feus ;
Ecoutez mes derniers accen* ,
Recevez mes dernières larmes !
A force de goût, Pétrarque étoit parvenu à changer
d’avis fur fes ouvrages , & dans fa vieillefle il
^crivoit à fon ami Boccace , que fi c’étoit à recommencer,
il n’écriroit plus qu’en langue vulgaire;
c’eft en effet îa feule langue dans laquelle
qn penfe & on fente véritablement.
Toute l’Italie s’accorde aujourd’hui à regarder
Pétrarque comme le prince de la poéfie lyrique,
& comme le père de la langue Italienne. ( Voy-e{
la vie de Pétrarque, par M. le baron de la Baftie ,
Mém. 'de littérature, tome X V , pages; y 4 6 & fuiv,
<& toute X V i l .depuis la page ^çojufqu à la page 490.
PÉTRONE(Ffi/l.Rom,) Petronius Arbiter)
jcft l’objet d’une queftion qui partage les fayans.,
Hifioire* Terne IV*
P E T M 9
Ze Pétrone auteur de cette efpèce de fatyre Mé-
nippée , ( Voye^ M e n ip p e ) ou fatyre mêlée de
profe & de v e r s , de ftyle férieux & de ftyle
enjoué, dontil ne nous refte que des fragmens, eft—il
le même que Petronius Turpilianus, proconful
de Bithynie , & enfuite conful , principal miniftre
des voluptés de Néron , & dont Tacite fait le
portrait au feizième liv re , chapitre 18 de fes
annales ? M. de Voltaire décide que non ; lem o -
defte Rollin ne décide rien.
Selon Sidoine Apollinaire, Pétrone étoit Provençal
, né aux environs de Marfeillë; il paroît
qu’il vivoit fous les empereurs Claude & Néron.
Les fragmens que nous avons de fon roman fa-
tyrique & allégorique , ou peut-être de divers
livres fatyriques (fatyricon) ne font que des
extraits faits par quelque particulier inconnu ; c’eft
lin choix des morceaux , qui apparemment lui
avoient plu davantage dans les écrits de Pétrone.
Tout le monde convient que ces fragmens offrent
beaucoup d’obfcénités, ce. qui perfuade à M. de
Voltaire qu’ils font l’ouvrage de'quelque libertin
obfcur , qui a fait un tableau de rantaifie d’après
quelques fpeélacles de débauche dont il avoit pu
être témoin dans la mauvaife compagnie ; qu’il
eft ridicule de les attribuer à un homme de cour-*
à un homme de goût, eruditi luxûs , arbitre des
plaifirs , de la grâce & de la délicatefîe, au conful
Pétrone, & d’y voir le tableau allégorique des
voluptés de la cour d’un puiffant empereur.
Ceux qui croient au contraire que l’auteur des
fatyres eft le même que le conful, & qu’il s’agit
en effet de la cour de Néron , trouvent dans
ces fragmens à travers tant d’obfcénités , beaucoup
de goût, de fineffe, de délicateffe , de talent pour
peindre, nuancer & varier les différons caractères.
Ils appellent Pétrone, auEior purijjinue impu-
ritatis ; il ne faut pas, difent-ils, que les titres
de conful, de proconful & d’empereur Romain
nous en*ïmpofent; cet empereur-étoit Né ron,
ce proconful , ce confol étoit Pétrone,- qui n’avoit
trouvé grâce devant Néron que par fes vice s,
qui n’étoit parvenu aux grandeurs que par la
baffeffe ; ut alios indujlria, ità hune ïgnavia ad
famam protulerat. . . . revolutus ad v itia , feu vi-
tiorum imitationem , inter paucos familiarium Nerom
adfumptus eft eleganticz arbiter. Initié à ces honteux
myftères de la familiarité & des voluptés de
Néron , il pouvoit y voir d’étranges fpeétacies
de débauches. Pour qui Petrone ,étoit-ïl ua objet
d’envie ? Pour T ig ë llin ,
H o n t e u x d’ ê t r e v a in c u ,d a » s f a p r o p r e f c ie n c e .
XJnd'e invidia. Tigellini, quaft adversus amulum &
feietitiâ voluptaturn pptiorem. D ’ailleurs que prouvent
les obfcénités contre l’identité de 1 auteur
& de l’-homme de cour ? Ovide .& Horace yi-
voient à la cour d’Augufte, & ils font pleins
d’obfcénkés.
ï s