
y> cence, quoi qu’on puilie dire, fera’ouvertement
3> reconnue ; je le prie , dis-je, qu alors il ne
» vous fa fie pas rendre un compte rigoureux du
■3J traitement cruel & indigne que vous m’aurez
v fait.
» La dernière 8c la feule chofe que je vous de-
v mande, eft que je fois feule à porter tout le
s> poids de votre indignation ,8 c que ces pauvres'
3> 8c innocens gentilshommes qui, m’a-t-on dit,
» font retenus à ca.ufe de moi dans une étroite
v prifon, n’en reçoivent aucun mal. Si jamais
yy j ’ai trouvé .grâce devant vous, fi jamais le nom
yy d'Anne de Boulent été agréable à vos oreilles,
>y ne me refufiz pas cette demande, & je ne vous
yy importunerai plus fur quoi que ce foit ; au con-
v traire j’adrelferai toujours mes ardentes prières
yy à Dieu, ana qu’il lui plaife vous maintenir
» en fa I:orme garde, & vous diriger en toutes
v vos aélions. De ma trille priion à la Tou r, le
v 6 de mai. Votre très-fidelle & très - ©béiffante
yy femme, Anne de Boulen ». ( D . J .)
P LA C E T T E ( J e a n de l a ) , ( Hifl. litt. mod.)
fils d’un miniftre proteftant Français, & lui-même
rrsinifire en France avant lat révocation de Fèdit
de Nantes, étoit regardé comme le Nicole des
proteftans, parce que , pomme M. Nicole, il a
beaucoup écrit fur la morale. On a de lui en *
effet de nouveaux ejjais de morale , des réflexions
chrétiennes fu r divers fujets de morale., la morale
chrétienne abrégée, &cf & d’autres traités toujours
relatifs à la morale ; on a de lui auffi plusieurs
‘écrits de controverfe en faveur de fa feéle. Né
a Pontac en Béarn en 1639 , mort àUtrecht en * 7 18 .
P LA C ID E ( Hifl. litt. mod. ) Le père Placide,
auguftin déchauffé de la place dès Viâoires à Paris ,
géographe, élève du géographe Pierre D u v a l, a
îanTé .plufieurs cartes, dont la plus eftimée efi celle
qui repréfente le cours du Po. Mort à Paris en
£ 7 3 4 , après foixante-liuit ans de profeflion,
P L A C ID IE , (G a llâ Placidia) Hifl. rom.) û lie
de Théodofe le-Grand & fbeur de cet Arcadius
& de cet Honorius, connus feulement par leur
foibleffe, eut les lumières & le courage qui man-
quoient à fes frères. Lorfqu’Alaric s’empara de
Rome en 40.9 , il mit cette princeffe dans les fers;
mais faite pour régner & fur les Romains, &
l'iir le* barbares, elle infpira de l’amour à Ataulphe,
beau-frère d’Alaric ; Ataulphe l’époufa & elle le
gouverna. Après la mort d’Ataulplie, tué à Barcelone
par un de fes domeffiques en 4 14 , elle retourna
auprès d’Honorijus for? frère, avec lequel
elle y i voit avant l'irruption d’Alaric. Honorius lui
fit époufer en 14 17 Confiance de Ny ffe , général
<!eS armées romaines , qui fut affocié à l’empire ,
c’éroit la -faire impératrice; elle perdit encore ce
fécond mari en 4 2 1 , 6c confacra tous fes foins
;à l'éducation du fils qu’elle avoit eu de lui, 8ç
qui fut dans la fuite l’empereur Valentinien III ;
Placidie mourut à Ravenne en .4^0 , s’étant fignalée
par une grande fermeté dans le malheur 6c de
grandes vertus dans la profpérité. On a une
médaille dans laquelle cette princeffe efi re-
préfentée, portant fur le bras droit le nom de
J . C. avec une couronne qui lui efi apportée du
ciel, ce qui'annonce affez que la foi 8c la piété
étoient au nombre de fes vertus.
P LA C IT A ( hifloire de France. ) efpèce de parlement
ambulatoire que tenoient les premiers rois
de la monarchie françaife; c’eft de-là qu’eft venu
le mot de plaid. ( D J . )
PLANCHER ( le Fevre de la ) Hifl. litt. mod. )
avocat du roi à la chambre du domaine, mort
en 1 7 3 8 , auteur du traité du domaine, publié
après fa mort en 17.65 par M. Lorri , qui l’a
enrichi de notes.
PLANCHER (dom Urbain) Hifl. litt. mod.)
favant bénédi : in de la congrégation de Saint-
Maur , auteur de Vhifloire du duchéde Bourgogne ,
mort au monaftère de Saint-Bénigne de Dijon en
17 5 0 , à quatre-vingt-trois ans.
PLANCUS, (Hifl.rom.) LuciusMunatius) oen-
ftri l’an de Rome 7 10 avec le triumvir Lépide ,
tandis qu'un frère de Lépide 6c un frère de Plancus
étoient proferits ; au milieu des horreurs de ces
proferiptioris, ils demandèrent 6c obtinrent le
triomphe , pour quelques petits fuccès qu’ils prétend
oient avoir eu dans les Gaulçs , ,6c les foldats
crioient derrière eux : de Germants ,■ non de Gallis
duo triiimpha.nl conjules, jouant fur l ’équivoque
du mot Germains. Plancus étoit attaché à Antoine ,
& on lui attribue la mort du jeune Pompée (Sex-
tus ). Il quitta dans la fuite Antoine pour Oétave.
Si l’on en croit Plutarque, cette défeâion n’eut
rien de condamnable ; Plancus, félon lu i, avoit toujours
fortement exhorté Antoine à s’éloigner de
Cléopâtre, 8c n’ayant rien pu gagner fur ce général,
la crainte du reffentiment de cette reine
le força lui-même • d’abandonner Antoine ,• qui
n’eût pas manqué de le facrifier; vmais Velleïus
Paterculus qui avoit été à portée de connoître
Plancus, dit que cet homme avoit toujours .été
le plus vil flatteur 6c le plus lâche éfclave de
Cléopâtre; qu’auprès d’elle & d’Antoine, les plus
honteux minifières rie i’avoient jamais rebuté, qu’il
avoit oublié la décence jufqu’à fe traveffir dans
une fête en dieu,,marin, peint en verd denier,
8c nud, ayant la tête • ceinte de rofeaux, une
queue de poiffon 6c danfant fur les genoux ; que
ce ne fut par aucun motif honnête qu’il quitta
Antoine, mais parce que ce général lui avoit re»
proché publiquement à table fés conpuffrpns 8c
fes rapines, 6c lui avoit fait craindre d’en être
puni. Cet hifiorien ajoute que* Plancus, fuivant la
méthode
P L A
«tiéthode des traîtres 6c des transfuges, invefii-
vant fortement dan b le fenat contre le parti qu il
avoit quitté , nommément contre Antoine, qu’il
chargeoit d’une multitude de crimes,.un ancien
préteur, nommé Gopunius , lui tint un propos
plein de fens 6c fait pour le confondre. « Cet
» Antoine, dit-il, en a donc bien fait la veille
du jour que vous l’avez abandonne; mu t a ,
si mehercules , fecit Antonius p r ia it quàm tu ilium
s> relinqueres v . Auffi. lâche adulateur d Oélave
qu’il l’avoit été d’Antoine, ce fut Plancus qui
propofa dans le fénat de lui déférer le nom 6c
le titre d’Augufte; Plancus , pouffoit l’adulation
jufqu’à l’impudence, 6c avoit réduit cette impudence
en principe : « Gardez-vous , difoit-il ,
5» de mettre de la fineffe & de l’art dans la flatterie,
» craignez d’en perdre le mérite, fi elle n efi pas
yi apperçue *, jamais le flatteur n'a mieux reuflï
ss que lorfqu’il efi pris fur le fait, lorfqu’il elfuye
s» des reproches, lorfqu’il efi force de rougir ;
» non ejfe occulte nec ex dijflmulaio blandundum ;
» périt 3 inquity procari, f i latet ÿ plurtmum adulator
s» cum deprehenfus efl profieït, plus etiam f i objur-
gatus efl y f l erubuit. Sen. Nat. Quæfi. liv. 4 »
ss chap. 1 . ». Plancus fut fait cenfeur , l’an de J . C.
0.2, 8c déshonora la cenfure par fes moeurs.
C’eft ce Plancus Lyon reconnoît pour fon
fondateur, c’eft à lui qu’Horàce adreffe la feptieme
•ede du livre premier.
Xaudabunt alii elaram Rhoden aut Mithylenen
Sic tu fapiens finire memento
TriftitiafR viteeque laborcs,
■ Molli, Plante , mero . fèu te fulgentia fignis
Caftra tenent, feu denfa tenebit
Tiburis umbra tui.
Plancus fon fils , perfonnage confulaire, fut mis
à la tête d’une députation que le fénat envoyoit
à Germanicus qui faifoit alors la guerre en Germanie,
l’an 14 de J . C. Il s’agiffoit decomplimens
que le fénat faifoit à ce prince fur la mort d’Au-
gufte. C’étoit dans le temps de ces moHvemens
6c de ces feditions de l’armée de Germanicus ,
.que Tacite décrit avec tai)t d’éloquence, 6c que
Germanicus eut tant de peine à calmer , mais
-qu’il calma enfin à force de douceur 6c de fermeté.
A l’arrivée de cette députation , les mutins
qui fe fentoient très coupables , fe per fu a dent
que Plancus eft porteur, 6c bientôt après ils le
difent auteur d’un arrêt du fénac qui ordonne de
les punir rigoureufement ; la fédition recommence,
les mutins fe jettent fur les députas, ceux-ci
prennent la fuite, à la réferve de P la n cu s , que
fon rang 6c fa dignité forcent de relier en place,
6c qui ne trouva d’afile contre leur fureur que
l ’aigle & les drapeaux de la première légion ,
fous lefquels il fe mit à couvert ; peu s’en fallut
fReore que, par un crime, rare m êm e entre
Hifloire, Tome IV .
P L À 313
* ennemis, un homme public, revêtu d’un c .. . ac -
| tère facré, ne perdit la vie par les mains de fes
concitoyens , 8c ne fouillât de fon fan g les autels
domeftiques. R a. ram etiam inter kofles , Icgatus populi
romani Rom.mis in caflris fanguint fue ciliaria deum
lômmaculavijfet. Germanicus arrive, prend Plancus
fou> fa garde,, déplore éloquemment les droits
de la légation violés, cette 1 tireur contre un homme
qui n’a voit rien fait pour fe l’attirer 6c qui
ne favoit .pas même en arrivant dans le camp
ce qui s’y étoit paffé , la honte dont tant de foldats
romains venoient de fe couvrir, 8c voyant
parce d feours plutôt fufpendus que calmés, les
tranfports de l’affembiée y.attoniia mugis, quàm
quieiâ- concione , il renvoya les députés du fénat
avec une efeorte d. cavalerie étrangère.
Plancus Burfa étoit le nom d un tribun du
peuple , ami de Clodius , ennemi oe Cicéron 8c
protégé par Pompée, mais qui., malgré c-tte pro-
teélion , fut condamné par le fénat , à la grande
fatisfaélion de Cicéron , l'an de Rome 700.
PLANTÀGENETE , ( Hifl. anc. ) eft un fur-
nom qui a été donné à plufieurs anciens rois
d’Angleterre.
Ce mot a fort embarraffé les critiques 8c^ les
antiquaires , qui n’ont jamais pu en trouver 1 origine
6c l’étymologie. Tout le monde convient
qu’il 'fut donné d’abord à la maifon d’Anjou, que le
pretnierroi d’Angleterre qui le portafut Henri II,6c
qu’il paffa de ce roi à fa poftérité jufqu’à Henri V I I ,
pendant l’efpace de plus de quatre cents ans ; mais
on n’eft point d’accord fur celui qui a le premier
porté ce nom. Plufieurs auteurs anglois croyent
que Henri H l’hérita de fon père Geoffroy V ,
comte d’Anjou , f i l s de Foulques V , roi de Jé rusalem
, qui mourut en 114 4 ; ces auteurs prétendent
que Geoffroy eft le premier à qui on a
donné ce nom, 8c que Henri I I , forti de Geoffroy
par Maud, fille unique de Henri 1, eft le fécond
qui l’ait porté.
Cependant Ménage foutient que Geoffroy n’a.
jamais eu le nom de Plantagenete ; 8c en effet ,
Jean de Bourdignè , l’ancien annalifte d’Anjou ,
ne l’appelle jamais ainfi ; Ménage ajoute que le
premier à qui on a donné ce nom , eft Geoffroy ,
troifième fils de Geoffroy V ; néanmoins ce nom
doit être plus ancien qu’aucun de ces princes, Cl
ce que dit Skinner de fon origine 8c de fon étymologie
, eft vrai. Cet auteur raconte que la maifon
d'Anjou reçut ce nom d’un de ces princes , qui
ayant tué fon frère , pour s’emparer de fes états ,
s’en repentit, 8c fit un voyage a la Terre-Sainte
pour expier fon crime ; que là il fe don noir la
difeipline toutes les nuits, avec une verge faite
de la plante appellée genêt; ce qui le fit appeilef
Plantagenete.
Il eft certain que notre Geoffroy fit le voyage
de Jérufalem , mais il n’avoit point alors tué fou
frère : de plus, il ne fit point ce veyage par pé