
très ; & après en avoir fait un affreux carnage , .
près d’un lieu appelle Stttin , il les força de rece- 1
voir la paix & de continuer les tributs auxquels j
ils étoient affujettis.
Les Saxons auroient été punis avec plus de
fèvérité , fi le vainqueur n’eût été rappellé par
les troubles de l’Italie. Didier avoit repris les
projets d’Aftolphe ; & quoiqu’il s’y fût engagé
par ferment, il refufoit de rendre plusieurs places
comprifes dans le traité de Pavie ; il avoit même
commis piufîeurs hoftilités contre le pape. Après
avoir exercé le ravage dans la Pentapole, il avoit
chaffé le duc de Bénévent , & mis le duc de
Spolette dans les fe rs, pour les punir l’un & l’autre
de leur attachement aux Romains. Paul I , frère
d’Etienne I I , lui avoit fuccédé. Ce nouveau pontife
ne montroit pas moins de zèle pour les intérêts
du faip.t Siège: fes clameurs ne manquèrent
pas d’intéreffer Pépin„ Didier ayant tout à redouter
de la part de ce monarque, fe rendit à
Rome , où il s’entretint avec Paul fur les moyens
de rétablir le calme. Le pape le conjura, par tout
ce qu’il y avoit de plus faint, de Taire juftice au
faint Siè g e , & de lui rendre les places qu’il
â’efforçoit de retenir contre la foi des traités : il
le pria de fe reiTouvenir de la parole qu’il avoit
donnée à Pépin , difant que cette parole de voit
être regardée comme donnée à faint Pierre lui-
même. Didier y confentit ; mais à cette condition
que Pépin lui rendroit les otages qu’Aftolphe lui
avoit livrés. Le pontife, inftruit dans l’art de
tromper, feignit d’être fatisfait de cette réponfe,
& congédia Didier , après lui avoir donné des
marques de réunion qu’il croyoit fincères. Mais
ce prince fut à peine forti de fa préfence, que
Paul écrivit à Pépin pour lui recommander de
retenir .les otages, &. pour le folliciter d’envoyer
une armée en Italie. Mais, comme il craignoit
d’éprouver les Vengeances de Didier, fi ce roi
parvenoit à découvrir fa perfidie, en interceptant
fes lettres, il en donna d’autres à fes ambafi'a-
deurs, chargés de les remettre , par lefquelles il
prioit fpn protecteur de donner la paix aux Lombards
, Taffurant qu’aucun peuple fur la terre
n’étoit plus digne de fon amitié, Didier ne s’ap-
perçut de l’artifice du pohtife, que quand les
ambafTadeurs François lui apportèrent de nouvelles
menaces. Il fentit alors qu’il falloit obéir
ou fe réfoudre à voir fondre fur la Lombardie ces
tempêtes qu’Aftolphe n’avoit pu conjurer. Il rendit
une partie des villes, & s’obligea , par de
nouveaux fermens, à rendre les autres dans un
délai fixé : mais, comme il ne pouvoit fupporter
plus long-temps les hauteurs de Pépin , il fongea
â augmenter fes forces par des alliances. Il entretint
des correfpondances fecretes avec l’empereur
de Conftantinople, & s’attacha le duc de
B a v iè re , en lui donnant une de fes fiües en mariage.
Ï 1 fit ceffer les hoftilités des Lombards , &
fe rsndiî à R om e : il permit an pape^ d’e n v o y e r
des comfffiffaîres pour prendre connoiffance de
toutes ks: places qu’il réclamoit, & pour fonger
au moyen de les reprendre fans exciter le murmure
de ceux .auxquels il en avoit confié le gouvernement
: mais , pour lui prouver que fes intentions
étoient pures, il lui remit à l’inftant tout
ce qu’il lui avoit pris dans les duchés de Spolette
& de Bénévent : il écrivit encore aux habitans
de Naples & de G a y e t t e d e laiffer au pape la
jouiffance de tout ce qu’il réclamoit dans leur
territoire. Pépin étoit alors occupé contre les
Aquitains, auxquels il faifoit une guerre opiniâtre :
il avoit remporté piufîeurs vi&oires fur ces rebelles
, fans avoir pu les réduire. Didier v o y o it ,
avec une joie fecrète, que ces peuples oppoloient
une .puiffance. redoutable à fon ennemi ; il fongea
à multiplier les embarras de Pépin , fans cependant
l’attaquer ouvertement. Taffillon, duc de
Bavière , follicitè par Luitperge, fils du prince
Lombard, rentra dans fes états ; & , fous pré-,
texte d’une maladie, ce duc refufa de continuer
la guerre d’Aquitaine où il s’êtoit fignalé.
Mais le génie de Pépin rompit tontes fes mefu-
re s , & le rendit encore une fois maître de la
deftinée de fes ennemis. Gaifre, duc d’Aquitaine,
fut trahi & tué par fes propres foldats, après
; avoir erré en fugitif dans une province où il
avoit commandé en roi. Taffillon, craignant que
fon oncle ne le punît de fa défection, fut obligé *
d’implorer la médiation du pape , q u i, flatté de fe
voir l’arbitre de fon fo rt, obtint fa grâce. Le roi
des Lombards, fe voyant privé de cet a llié, n’ofa
plus fe flatter de pouvoir tirer vengeance des
humiliations qu’il avoit reçues. Pépin, au comble
de la gloire, eut encore celle de fe voir rechercher
par Conftantin Copronime qui, du fond de
l’Orient, lui envoya des marques de fon eftime ,
& des ambaffadeurs chargés de lui demander G i-
fe lle , fa fille , qu’il vouloit faire époufer à fon
fils, préfomptif héritier de l’empire. Mais Pépin,
foit qu’il fût peu flatté de l’honneur de cette
alliance, fo it, comme il eft plus probiable, qu’il
craignît d’indifpofer la cour de Rome , refufa d’y
confentir ; il leur répondit qu’il ne pouvoit donner
fa fille à un prince hérétique , parce qu’ayant
pris le faint Siège fous fa proteéiion , il avoit fait
ferment d’être l’ennemi de fes ennemis.
Si l’on réfléchit fur la conduite de ce monarque
, & fur le refus qu’il fit effuyer à l’empereur
de Conftantinople , on pourra croire que fon ambition
ne fe bornoit pas au triple diadème qu’il
avoit pofé fur fa tête. Les intérêts de la religion
ne le touchoient point affez pour lui faire négliger
les moyens de s’agrandir. La raifon dont
il venoit d’appuyer fon refus , n’étoit qu’un prétexte
r il étoit en alliance déclarée avec le calife
des Sarrazin s ; 8c la croyance de ce chef des Ma<-
hométans n’étoit pas aflùrèment auffi orthodoxe
que celle de l’empereur de Conflantinople. Tout
nous porte à. penfer qu’il avoit envie de porter
le
théâtre de la guerre en Thrace, & d’étendre
fes conquêtes jufqu’aux rivages du Pont-Euxin.
Ses complaifahces pour le faint Siégé étoient
moins un effet de (bn zèle que de fa politique. Les
troubles qui diviioient les efprits dans la capitale
de l’Orient, étoient très-propres à lui en applanir
la route. A la faveur de ces troubles, il auroit
conquis le trône des Grecs avec plus de facilité
qu’il n’étoit monté fur celui de fes maîtres.
Tels étoient fans doute les projets de Pépin ;
au moins ils font conformes à Ton ambition , lorf-
qu’une maladie le conduifit au tombeau ; & ce
fut dans ce1 trifte moment.qu’il déploya toute la
grandeur de fon" aine. Sa famille rapproche, &
témoigne déjà par fa douleur de quels regrets elle
va honorer fa mémoire : lui feu! retient fes larmes;
& s’il fonge à la mort, ce h’eft que pour
lui dérober quelques inftans, afin d affurer la tranquillité
de fes peuples. Après avoir placé des
gouverneurs & des juges dans toutes les villes
rebelles- de "l’Aquitaine, il partage fes états entre
fes fils ; & comme il connoiffoit à Charles , l’aîné
de ces princes, de plus grands talons qu’à Cafr-
loman, fon frère, il lui donne l’Auflrafie, où il
étoit plus à portée de cohnoître ce qui fe paffoit
au-delà des Alpes. Il joint à cet état l’Aquitaine,
©ù il avoit encore apperçu quelques femences de
révolte. Carloman eut la Bourgogne & la France ,
c’eft-à-dire, la Neuftrie. Pépin , après avoir ainfi
réglé le defiin de fes peuples & de fes enfans,
régla les cérémonies de fes funérailles : il pref-
crivit jufqu’à la manière dont il vouloit que fon
corps repofât dans le tombeau. Il demanda
à être inhumé dans l’attitude d’un pénitent, les
mains jointes, la face contre terre : tels furent
les derniers inftans de Pépin. Heureux à combattre
, il fut habile à gouverner. Il n’eut qu’un
reproche à fe faire , celui d’aVoir violé fes fermens
envers fon fouverain. Au refte, fon élévation
ne fut préparée ni par des profcfiptions , ni
par des affaffinats : fier & populaire tour-à-^our, il
ne déploya que l’appareil des vengeances, & n’en
fit jamais reffentir les effets : les grands-, trop
foibles pour ofer être rebelles, furent des fujets
obéiffans ; & l’indocilité des princes tributaires ,
réprimée par fes armes , eût fait, s’il eût vécu
plus long-temps , fuccédër des jours calmes à des
tours orageux. La France , forcée de plier fous
le joug , refpe&a, dans cet ufurpateur, un roi
citoyen q ui, en rendant fes fujets heureux , juf-
tifia fes titres pour commander.
La nobleffe, appellée aii gouvernement, eut
tout l’éclat du pouvoir fans en avoir la réalité ;
8c lorfque fes privilèges étoient les plus multipliés
, elle étoit réduite à la plus entière dépendance
: cette dépendance n?avoit cçepndant rien
jde férviie. Pépin avoit l’art d’enchaîner les coeurs ,
8c l’art plus grand encore de le cacher. Le génie
de ce prince préfidoit feul aux délibérations publiques
; & lorfqu’il paroifloit fe dépouiller de fa
Hiftoire, Tome l'V,
' puiffance., il, en étendoit les limites. Les papes
furent comblés de biens 8c, d’honneurs ; mais il
les leur ren d it, en rejettant fur eux la honte
du parjure dont il s’étoit fouillé. Enfin ce prince
q u i, dans un corps p e fit, renfermait l’ame d’un
héros , tiendrait un rang plus honorable dans nos
annales, s’il n’y remplifloit le vuide qui fe trouve
entre Charles-Martel & Charlemagne, qui, tous
deux, ont éclipfé fa fplendeur. Sa mort arriva
le 24 feptembre 768 , dans la cinquante-cinquième
année de Ton âge , la vingt-fixième depuis la
mort de Charles-Martel, & la dix-feprièmé de
fon règne comme roi de France. Ce fut Pépin
qui é t a b l i t .ces intendans appelles mijji, qui furent
d’une fi grande utilité fous la fécondé ra c e, &
dont les principales fondions étoient de punir
les juges q u i, par leur lenreur , pouvoient opérer
la ruine des familles qui le«r depiandoicnt juftice.
( M-Y. )
P E R
PER A U , ( Gabriel-Louis-Ca la br e ) ( Hift.
litt. moi. ') l’abbé Perau a continué , d’une manière
médiocre, le médiocre ouvrage des hommes îilufires
de la France de d’Aùvignyi Il a donné auffi une
édition de Boffüet, 'effacée depuis par celle des
bènédidins de Sairit-Mawr ; une dcfcription des
Invalides ; une vie de Jérôme Bignon. Mort le
3 1 mars 1767.
PERCUNUS, ( Idolâtrie ') fi l’oa en croit Hartf-
n ock , differt. X , de cultu deorum Prujj. c’eft le
nom d’un faux dieu des anciens Pruffiens. Ces peuples,
d i t - i l , entretenoient un feu perpétuel à
l’honneur de ce dieu ; & le prêtre, qui en étoit
chargé, étoit puni de mort,, s’il le laiffoit éteindre
par fa faute. Les Pruffiens crôyoient que quand
il tonnoit , le dieu Perçûmes partait à leur grand-
prêtre , qu’ils nommoient krive. Alors ils fe prof-
ternoient par terre poun.adorer cette divinité , &
la prier d’épargner leurs campagnes. Ce qu’il y
a de v r a i, c’eft que nous n’avons aucune connoiffance
de la religion des Borruffiens \ ou anciens
Pruffiens , fi tant eft qu’ils euffent une religion
; nous ne fournies pas plus éclairés fur leurs
moeurs & leurs ufages. On raconte, comme une
merveille , que fous l’empire de Néron , un chevalier
romain eût paffè de Hongrie dans ce pays-
là pour y acheter de l’ambre. Ainfi. tout ce que
Hartfnock dit de ces peuples-& de leurs dieux ,
doit être mis au nombre des fables de fon imagination;
( D. J .')
PERD ÏC C A S , ancienne. ) lieutenant d’A lexandre,
fut affocié à la gloire de fes conquêtes.
Adroit çourtifàn & brave guerrier., ce fut par fon
courage & fa dextérité qifil s’infinua, dans l’efpric
de fon maître , qui épancha tous fes fecrets dans
fon fein. Le héros enlevé par une mort prématurée
, ne la iffa point d’enfahs pour lui fuccédër ^
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