
Dans la branche de Piennes, Louis de Halkvin ,
feigneur de Prennes, eft le premier de cette famille
qui fe f it établi en France» Jufque-là, ils
avoienc été attachts aux ducs de Bourgogne, &
avant eux aux com.es de Flandre. Louis de Hallwin
ayant été fait prifonnier de guerre par Louis X I ,
le prince, dont le grand talent étoit de féduire
les fnjets des princes fes rivaux, attira celui-ci
à fon fervice, & le fit fon chambellan ; Louis
lnivit Charles V II I en Italie, & fut un des fix
b ave s, dont ce prince voulut être environué ;
la bataille de Fo;noue en 1495. C’eft celui dont
nom avons parlé plus haut d’après Brantôme.
Antoine de H a llv in , feigneur de Piennesa fon
petir-fils, grand louvetier de France, fut bleffé
à l’a {faut de Bailleul-le-Mont en 152,3 ; il fut fait
pril nnier par les Impériaux en 15 3 8 , en voulant
ravitailler I érouenne. Il fut l’un de ceux qui s'enfermèrent
dans Metz en 15 52 avec le duc de
Guife , & qui obligèrent l’empereur Charles-Quint
den lever le fiége au commencement de 15 5 3 .
Cette même année 1 5 5 3 il fut tué à l'affaut de
I érouenne»
Ce fut à Jeanne fa fille, & fille d’honneur de
la reine Catherine de Médicis, que François de
M ntmore'nci, fils aîné du connétable Anne, fit
une promeffe de mariage fans le confentement de
fon père; on prétendmêrae qu’il l’avott époufée.Le
connétable avoir d'autres vues pour l’établiffement
de fon fi s 8ç l’accroilfement de fa faveur; il vouloir
lui faire épouler Diane d’Angoulême, fille naturelle
dé Henri I I , & veuve d’Horace Far nefs.
Le roi & le connétable follirirèreor le pape Paul ÏV
de rele ver le duc de Mo.ntmorenci de la promefle ;
& ce cfûtv_ dégoûté apparemment alors de made-
demoifellë. de. Piennes Y ou plus fenfible à l’ambition
qu’à l’amour,. alla lui-rmême à Rome folliciter
cette difpenfe j mais le pape follicité d’un autre
coté par le duc de Guife, qui voyoit d’un oeil
jaloux le nouveau crédit que la maifon de Mont-
morenci aIJoit acquérir, par ce mariage, fe rendent
fort difficile; il avoir même d’autres vues :
Diane d’Angoulême étoit veuve d’iin prince ita- ;
lie s , petit-fils d’un pape il-vouloir la remarier j
à un prince italien, neveu d’un, pape; ce pape
étoit lui-même, & ce neveu étoit un des Caraffes ,
fils de fon frère ; foit qu’on démêlât ou non fes
motifs, en prit le parti de fe paffer daine difjjenfe
qu’il faifoir trop, attendre, & c’efl ce* qui donna
lieu à l’édit de 2*556' contre les mariages clandef- j
tins; mais cette loi nouvelle ne pouvoit annuller
un engagement, antérieur.;. on prit le parti.inj-ufie
de donner à la loi un effet- zétroaélif, fous le. prétexte.
que l'autorité paternelle, établie par lanar
ture & qui eft de tous les temps, étoit blefïee.
par ces fortes, d’engagemens. Madem. ifelle dé-
prennes èpoufa depuis Florimond Robertet, fei-
gneur d’Alluye & de Frefne, fecrétaire d’état.
C’efi pour Charles, fon frère., feigneur de.Piennes,
çae. H a llv in fut érigé en duché-pairie en, 1.578 ;
Charles fut fait auffi chevalier de l’ordre du Saint-
Efprit, dès la création de cet ordre. Il avoir rendu
de grands fervices aux rois Charles iX &
Henri ï l l ; mais auparavant, & au commencement
des guerres de religion, il avoir emh.afTê
le parti des proteftans, & fervi fous le prince
de Condé, & M. de Thou dit que ce fur par
1 ordre & à^l’indigation de Catherine de Médics,
qut avoit des intelligences dans les deux partis.
Ce de Piennes fut gouverneur de Picardie comme
fon bis-àyeul.
Antoine de Haliwin,. fon 41s , marquis de
Prennes & de Maignelais, fut tué à Blois le 4
mai 1 5 8 1 , par un domeftique du baron de Livarot
qu’il avoit tué en duel, & qui voulut venger
fon maître.
Florimond, frère d’Antoine & gouverneur de
la Fe re , y fut tué en .1592.
Robert, un autre de leurs frères, fut tué à là-
bataille de C-utras en 1587.
Deux autres de leurs frères, Léonor & Charles,'
furent tues, lorfque les Efpagnols prirent Dour-
lens en 1595.
Anne de Hallv^in,, fille de Florimond, époufa
i ° . Henri, comte de Candale, quelle fit duc 8c
pair de Hallwin en 16 1 1 , . en vertu de nouvelles
lettres d’ére&ion. Ce mariage fut déclaré nul, &
Anne epoufo, v ° . Charles de Schomberg qu’elle
fit auffi- duc & paifr de Hallwiry, en vertu de
nouvelles lettres d’-éreâion de 1620. Il y eut.con-
teftation entre M. de Candale & M. de Schomberg
pour là p a i r i e i l fut déridé qu’ils feroient
tous deux pairs, & que , quand l’un auroit pris
fa place au parlement, l’autre fe retirerait.
PIERIUS VALERIANUS. (HiJUitt.mod. ) Son
nom étoit Jean-Pierre Bolzani; il étoit de l’ancienne
famille desBolzani, & n’en fut pas moins
domeftique dans là première jeune fie , ce qui l’engagea
dans la fuite à cempofer fon tra ité e injelici-
tatelitteratorum, & quelques autres ouvrages relatifs
au même fujet. Il prit le nom de Pierius, pour
atteffer fon attachement aux mufes Piérides &
celui dè Valerianus, on ne fait pas pourquoi. IL
eût pourtant été un exemple du bonheur que les
lettres pouvaient procurer, fi l’amour même des
lettres ne lui eut foit préférer le loifir avec un©
fortune médiocre aux faideaux honorables & lucratifs
qu’on voulut .ui impofer. Il refufa l’évê-»-
ché d’Avignon & quelques autres; il fut l’ami
du célébré cardinal Bembe;. il eut pour difoiple
le cardinal Hippolyte de Médicis, auquel il dédia
le livre intitulé :p ra facerdotum barba apolegia;
fon traite des hiéroglyphes eft encore tin ouvrage
afiez célèbre. Mort à> Eadoue en 1558.
PIERRE. Ce nom a été ilkiffré par une foule
cfe perfonnages-, apôtres., pères de. l’éplife, docteurs,
fouverains,..hommes de lettres; nous paillerons
en particulier.'des principaux :
'1*. Saint-Pierre, priflCê 3eS S p S â ® ! 3 a«S
tout* le nouveau teftament , dans les quatre
évangiles, dans les aftes des apôtres, dans les
«îeux épitres qui porterjt le nom de Saiiit-Pierre,
<3ans la tradition & dans l’hiftoire du premier
fiècle de Téglife, qu’il faut chercher l’hiftoire de
ce premier vicaire de Jéfus-Chrift. ^
2°-. Saint-Pierre, martyr, évêque d’Alexandrie
au commencement du quatorzième fiecle. On
place fon martyre en l’an 3 1 1 » fons Dioclétien
& Maximien ; Theodoret nous a conferve dans
fon hiftoire quelques lettres de lui. k
3«. Saint-Pierre Chry/ologue, élu archevêque de
Ravennes vers l’an 433 » ^ ce qu’on croit,
en 458. On a fes ouvrages in fo l,, on y cherche
l ’éloquence qui a pu lui faire donner ce furnom
de Chryfologue,
40. Pierre Damien, né à Ravenrre au commencement
du onzième fiècle, fait cardinal & éyêque
d’Ofiie en 10 5 7 , mort .à Faenza le 2,3 février
10 7 3 . Ses ouvrages ont quelque utilité pour la
connoîfiance de l’hiftoire ecclèfiaftique du fiècle
•où il viyoit.
5 °. Pierre Ignée, de la maifon Aldobrandtn ,
d’abord moine, puis cardinal 8c eveque d Alba-
©ü. Il n’étoit que moine, lorfqu’en 1063 , il
• obtint ce nom d’Ignée, peur avoir fuhi impunément
aux yeux du clergé & du peuple de Florence
l’épreuve du feu , ignis.
'6 °. Pierre VHermite. L’éblouiflante idée d'arracher
Les lieux faints'aux infidèles, & je s chrétiens
d’Afie à l’oppreffion , les exhortations de ce
Pierre l’hermite, homme éloquent & fenfible,
qui peignoit vivement, les maux 'de fes^ frères,
dont il avoit été vivement frappe ; les inftances
des pape s, les intrigues des moines, 1 attrait
de la nouveauté, l’ardeur de la chevalerie, la
fuperftition des rois & des peuples, rempreffie-
rnent qu’avoLnt tant de brigands dévots d’aller
cheicher hors de l’Europe la fortune, l’abfolution
& l’impunité; peut-être auffi les invitations ^de
quelques peuples opprimes par les Tu rc s, & l c f -
pérance -d’étendre le commerce de 1 Europe, pro-
ouifirent cette fermentation univerfelle qui enleva
tarit de prélats à leurs Sièges, tant de fouverains
à leurs états, tant de-citoyens à leur patrie. L ’u-
fa g e , devenu commun depuis long-temps parmi
les pénitens & les dévots, rois ou peuple, de
■ faire le voyage de Jérufalem , devoit, par le concours
des conjonctures , amener les efprits à Cette
réfoluti-on. Puifqu’il falioit;aller à Jérufalem, il
falloit rendre ce pèlerinage libre & fûr ; il 4’avoit
, été du temps de.s Sarrafins, il avoit c eiféd e l’être
fous lès Turcs ou Turcomans, qui, -en 1065 ,
s’étoient emparés de Jérufalem. Ce peuple encore
féroce n’avoit guère pris du mahométifme que
la haine du nom chrétien ; les voyages des Occidentaux
a la Terre-Sainte ne fervoient plus qu’à
rendre -ceux-ci les témoins de la profanation des
lieux faims & de la misère des chrétiens d’Afie ;
cle-la Ce zèle d e Pierre l’hermite -, de-là l’enthou-
fiafme épidémique. Pierre l’hermite étoit un gentilhomme
d’Amiens qui s’étoit fait hermite &
pèlerin; il avoit fait un voyage à la Terre-Sainte
en 1093. Ce fut au concile de Clermont en
10 9 5 , qu’il fit réfoudre la première croifade ; ja
longue barbe, fon habit groffier, fon bourdon de
pèlerin, ajoutoient à - l’effet de fon éloquence.
Godefroy de Bouillon lui confia le commandement
d’un détachement confidérabfe de l’armee
croifée; il ne fe montra pas toujours^ auffi habile
à la tête des troupes, qu’il avoit été entraînant
dans iè concile; cependant il montra beaucoup
de valeur & de conduite au fiége de Jérufalem
en 1099»
7 °. Pierre de Cldni, ou Pierre le vénérable ; de
la maifon des comtes de Montboiflîer, tendre &
noble confolateur d’Abailard, que tout le monde
opprimoit alors. (Vo y e z l’article Abarlard. ) Il
écrivit contre les erreurs de Pierre Bruys 8c de
fon feâateur Henri ; il juftifia fon ordre de quelques
reproches que lui faifoit S. Bernard. On a de lui
des lettres & quelques antres ouvrages; en lifant
les écrits de ce temps-là, on admire S. Bernard,
on plaint & on condamne quelquefois Abailard,
c’eft Pierre le vénérable qu’on aime. Il mourut dans
fon abbaye, le ^ 4 décembre 11 5 6 .
’8 ° . Pierre Pombard. (Vo y e z LOMBARD.)
00. Pierre Comejlor ou le Mangeur, doyen de
réglife de Troy e s, compila Hiiftoire ecclèfiaftique,
& en fut nommé le maître, comme Pierre Lom-
i bard des fentences. Il mourut en 1-1.9^ a Saint-
! Virior, où il étoit chanoine régulier. Son épita-
phe, digne du goût du temps, commenceainfi :
Pctrus cram, quem petra tegit, -MHusque comeftor
Punc comedor, &c.
10 * . Pierre de Blois, ainfi' nommé parce qu’il
étoit né dans cette ville ; précepteur, puis fecrétaire
de Guillaume II ,ro i de Sicile, appellé en Angleterre
par le roi Henri I I , y mourut en 1200.
On a de lui des lettres , des fermons & c. où il
s’élève avec tant de force contre les déréglemens
du c lerg é , que les proteftans l’ont fouvenc cité
dans leurs déclamations contre l’ég-life romaine.
1 1 Saint-Pierre Nolafque, fondateur de l’ordre de
la Merci poïir la rédemption des captifs. Il étoit
né vers l’an 118 9 ; fa fondation eft du 12 août
1 2 2 3 ; il y affocia faint Raymond de Pegnafort ;
elle fut approuvée en 12 30 par le pape Gré goire
IX . Saint-Pierre Nolafque mourut la nuit
de noël 1256 ou 1258.
12 °. Pierre-, moine de Vaux ou des Vaux de
C e rn ay , au treizième fiècle, a écrit 1hiftoire de
la guerre des Albigeois, dont il avoit été le témoin
oculaire. Cette hifioire a été^ imprimée à
Troyes en 16 15 ; elle a même été traduite du
I latin en françois.
N n z