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rioitre avantageufement, M. le chancelier Aguef*
feau, alors exilé à Frefne, apprit avec çUtfir que
R a c in e qu'il avoit beaucoup aimé, avoit un fils
digne de lu i; il defira de le connoître; Louis
Racine alla s’éclairer auprès de lu i, & fut le compagnon
aflidu de fa retraite. .
Il fut reçu , 1e 8 août 1719 , à 1 academie des
belles-lettres, que fon père avoit vu naître &
dont il avoit été un des premiers membres; M.-de
Valincour qui avoit été ami du père & qui 1 étoit
du fils , travailloit à faire-recevoir celui-ci à 1 académie
françoife ; l’évêqüe de Fréjus qui fut depuis
le cardinal de F leury , s’y oppofa p arla rai-
fon, toujours fi puiffante fur lu i, que Louis Racine
étoit janfénifte, & que fon pere l avoit été; il
colora ce refus d’un prétexte de zèle & d intérêt.
Affligé, difoir-il, de voir le fils du grand Racine
dans une médiocrité trop voifine de la pauvreté,
il vouloit l’arracher à des occupations^ fténles ©t
lui ouvrir la route de la fortune; il l’envoya en
1 7 1 2 en province, remplir une direction des fermes ;
ainfi Racine put dire de lui ;
Fleuri, d*an faux refpeft colorant fon injure,
Se leva paravance , & courant jn’ enrbrafiex,
11 m’écarta du trône oh je m’allois placer.
On vit donc Vélève de C l io , S e d e n t e m i n t e lo n io ;
il palTa d’emploi en emploi, de Marfeille a Salins ,
de Salins à Moulins, de Moulins à Lyon * dé
Lyon à Soiffons. Il fe maria en- 1728 L y o n ;
il paffa quinze ans entiers à Soiffons ; il fut reçu
ai la table de marbre , maître particulier des eaux
& forêts du duché dé Valois. Dans cette efpece
d’e x il, à travers des occupations fi étrangères aux
lettres, & au nom de R a c in e , il fut fidele aux
lettres & à fon nom, il compofa fon poème de
la R e lig io n & fes autres ouvrages, & M. le Beau
lui applique avec jufteffe ces vers d’Horace adreffes
à Iccius, directeur des fermes d’Agrippa en
Sicile :
Càm tu inter feabiem tantam & contagia lucri,
N il parvum fapias & ù-dhuc fublimia cures..
Il fut des académies de L y o n , de Marfeille, d Angers,
de Touloufe, Il revint, fe fixer à Paris & fe
du rivage pour fe rendre à une fête ou il étoit
invité.1 Avec lui périt le nom de Racine ; il ne
lui refta que des foeurs, que des pertes & des
malheurs de toute efpece, mais jamais mérités,
ont encore replongées depuis dans la pauvreté.
Louis Racine mourut le 29 janvier 1763 ; ^es
moeurs honorèrent fes talens. De tous les défauts
qu’on reproche aux poètes, .dit M. le Beau, il
n’eut que le "plus léger, la diftra&ion. Quant a
fon extérieur & à fes manières, il n’eut rien de
ces grâces nobles & tendres qui diftinguoient la
figure de fon père, comme elles formaient le caractère
livrer aux travaux de l’academie des belles-lettres ;
mais un accident fun.efte vint éteindre fon ardeuy
pour l’étude & répandre fur fes jour? un poifon
mortel. Le premier noyembre 17 55 , jour à jamais
défaftreux, 3 jamais mémorable par le tremblement
de terre de Lisbonne & de tout le'continent de
l’Efpagne, un fils unique , fa plus douce efpérance ,
qui devenoit déjà l’efpéranpe de la nation, un
fils vraiment digne de fon père & de fon ayeul,
qui oromejtoit de répandre un nouvel éclat
h, le nom d è ; Racine , fut malheureufement
entraîné par le gonflement fubit de la mer à Cadix
ü étoit alors, & où il paffoit en pofte le long
propre de fon talent.
RA CINE ( Bonaventure ) Hiß.lht. mod.) auteur
de Tabrégé de l ’hißoire eccléfiaflique , auquel
les janféniftes ont donné une fi grande vogue ,
& qui eft en effet le meilleur abrégé de la grande
hiftoire eccléfiaflique de monfieur Fleury , écrit
d’ailleurs avec ce feu & cet intérêt cju’infpire
l’efprit de parti. L’abbé Racine fut 1 ami de i archevêque
d’Alby la Croix de Caftries, de 1 evêque
de Montpellier C o l b e r t d e l’évêque de Senez
Soanen, de l’évêque d’Auxerre Gaylus.T^es jé-
fuites le perfécutèrent, fuivant leur coutume qui
a fini par tourner contre eux & qu’ils reprendroient,
s’ils étoient rétablis; car c’eft ainfi que les hommes
fe corrigent. Le cardinal de Fleury le fit aufli
fonir de Paris, en 16 3 4 , & l’envoya être jan-
fénifte en province au lieu de l’être a- P «iris. A
quoi bon ce déplacement ? L ’abbé Racine étoit né
à Chauny en 1708, Il mourut à Paris en 17 5 5 .
R A C K , ou A R A K , (Hiß. mod. ) liqueur fpi-
ritueufe, très-forte, que les habitans de l’Indoflan
tirent par la fermentation & la diflillation , du fuc
des cannes de fucre , mêlé avec l’écorce, aromatique
d’un arbre âppellé jugra. Cette liqueur eft
très-propre à enivrer ; fon ufage immodéré attaque
les nerfs, fuivant Bernier, &. produit un grand
nombre de maladies dangereufes. On ne fait u
c’efl la même que les Anglois apportent des Indes
orientales, & dont ils font le punch le plus
eftimé par eu x , quoiqu’il ait communément une
odeur de vernis, affez détegréable pour ceux qui
n’y font point accoutumés ; cependant on prétend
que cé rack ou arach eft une eau-de-vie tiree du
riz par une -diflillation qui vraifemblablement a
été mal faite, à en juger par le goût d’empy-
reume ou de brûlé qu’on y trouve. On apporte
pourtant quelquefois des Indes orientales une efpece
de rock plus pur & plus âromatifé , qui pa-
roît avoir été fait avec plus de foin & qui peut- ■
être a été re&ifié ou difliÙé de nouveau comme
l’efprit de vin. Une très-petite quantité de ce rack
mêlé avec une grande quantité d’eau, fait un
punch beaucoup plus agréable que celui que les
Anglois nomment rack-punch ordinaire. Quoi qu il
en ïo it , les voyageurs femblent s’çtre beaucoup
plus occupés de boire ces liqueurs dans le pyas,
que de nous les faire connoitre.
RACOCÈS , ( Hiß. anc. ) perfonnage diftingué
chez, les Pertes par une vertu rigide,-.avoit fept
fils élevés-par lui .à la vertu ; le dernier de fes
fils, nommé Cartomès, lépqndojt mal à fes teins
& à fes leçons : il pria le roi Arrawreés .de faire
mourir ce fils indocile,- Quoi ! clic Arraxercès ,
un père demander- la mort de fon fils. | Seigneur ,
dit Racocès, quand un arbre de mon jardin a de
mauvaises branches, je les coupe & l’arbre en devient
plus beau. Le roi frappé de, cet*e r.éponfe.& de,
i’infléxibiiiné févère qu’elle fuppofoit, mit Racoles,
au nombre de fes juges , menaça Cartomès, &
lui pardonna. Ne pourraitron pas foppçonner, que ,
Racocès a voit prév.u cet effet, de i k 'demande , & ,
que bien fûr 3e né pas l’bbtenir, il s’etoit flatte-
en teeret de donner à fon maître une haute idée
de fa vertu l
RACONIS ( Charles-François d’A bra de )
Hiß. litt. mod.
Qui polîédé Àbely , ijiu fait tout Raçonis.
Profeffcur de philofophie , puis de théologie ,
devenu en 16 3 7 , évêque de Lavaur ; auteur d’une
théologie latine., d’un livre intitulé : la vte & la
mort de madame de Luxembourg , duché [fe de Mer-
coeur , & de quelques écrits polémiques & mo-
Jiniftes, qui lui ont valu ce trait de la part de
Boileau. Né en 1580 , àü éhateau de Râçonis
dans fe diocèfe de Chartres. Mort en 1646. ’ -,
R A D
R AD AR IE , f. f. [terme de relation.) On nomme
ainfi un droit qù’oh payé en Pérfe aû gouverneur
de la province, fur toutes les marchandifes, pour
là fureté' des grands chemins , particulièrement
d«ns les lieux dangereux, & où' la rencontre des
voleurs eft Ordinaire, Voye^ Radars. ( D, J . j
RADA R S , f. m. pl. ( Hifi. mod.) nom qu’on
donne en Perfe à des efpèces d’archers , ou gardes
des grands chemins, poflés en certains endroits,
& particiilfèrement aux paffages des rivières
d es défilés pour la fureté publique. Ils deman-‘
dent aux voyageurs où ils vont, d’où ils viennent-,
oc courent au moindre bruit d’un v o l, pour.ta--
cher d’arrêter celui qui l’a çommi,s.Oh eft bientôt '
informé par leur moyen de ce qù’efl devenue une •
perfonne qui a commis une maûv,alte aélîon. Quel- ’
ques-uns de ces radars rodent dans les mbntagrfés
& dans les lieux écartés, & , -s’ils y trouvent
quelqu’un, ils s’en faififfent' fur le moindre foup-
çon, pour fa voir pourquoi il fuit des routes détournées.
Leurs appointeméns fort modiques d^ail-
lcurs, font compotes par les petits prétens qu’ils |
Hißoire. Tome
r rôçoîyeiit des marchands & antres voyageurs, en
leur remontrant la peine qu’ils ont de veiller à
la fureté des chemins. Tavernier de qui nous
tirons ces détails, ajoute que la coutume eft en
Perfe , lorfqu’un marchand a été volé , que - le
gouverneur de la province lui reflime ce qui liii
a été pris, pourvû qu’il faffe ferment en repré-
fentant fon, livre , ou faifant entendre quelques
•.témoins; & qu’enfuite c’eft au gouverneur à faire
‘la recherche du voleur. Tavernier, voyag. de
Perfe. (A . R . )
RA D EG A S T , ( Idolau germanrq. ) idole des
anciens Slaves. Quelques auteurs difgnt que Ra-,
dagaite, roi des Huns, qui : fe diftingua dans la
guerre du tems des empereurs Arcadius & Ho-
norius , fut après fa mort révéré comme un dieu ,
fous"le nom de Radegaß; mais la malheureufe
, iffùe de Tes deffeins n’étoit guère propre à per-
ffuader à des guerriers de l’adorer comme une
•;.divinité. Quoi qu’il en foit, il y.avoit une ftatue
de Radegaß à Rhethra, dans le Mecklenboufg.
1 L’empereur Othon I , en 9 6 0 , fit brifer cette
ftaïue, fans qu’aucun hiflorien l’ait décrite ; mais
dans les fièçlès , poftérieurs , chacun en a forgé
1 des. defcripiions fabuleufes. Telle eft celle de ceux :
qui nous repréfentent cette idole d’or maflif, ayant
.fur la tête un cafque de même métal, fur mon té
d’un aigle avec fes ailes déployées; les Slaves
neTavoient pas alors tant de chofes. (D . / . )
RADEGONDE (Sainte) Hiß. de Fr. ) Ber-
thier ou Berthaire , roi de Thuringe , tué par
Hermenfroy , ion frère , laifla un fils nommé
A m a la fro y& une fille nommée Radegonde , née
^ en 519. Clotaire, roi de Soiffons, époufa Radegonde
& fit affaffmer Amalafroy. II permit dans la fuite .
à Radegonde, quand elle eut ceffé de lui plaire,
d.e fe. faire, religieufe elle prit le voile à Efoyon .
de la main de faint Médard ; elle fe fixa. enfuite
à Poitiers-, . pu elle fit., bâtir.- f abbaye, de fainte-
Croix , & où. elle mourut le 13 août. 58.7. On a
Ion teftament, dans . le recueil des ,concijes: , & -,
f i Vie traduite du latin, par,Jean Bouchet, procureur
à, Poitiers, auteur des annales d’Aquitaine.
Le Père de Montçii a donné -une vie plus modern^
de cette..fairite. .
. RADERUS ( Matthieu ) Hiß. litt. mod. y
te va ht jcfiiiredu Tirol , à qui on doit la pübli-
caftöii clé la Chronique d’Aléxahdrie , une bonne
édinon de faint Jean- Climaque , des notes fur
plufu-urs auteurs claffiques; Bavaria fanRa & Bavaria
p ia V ï ndanum fanttorum. Mort en 1634.
• R A F AXIS*, ( Hiß. mod. ) c’eft-à-dire, infidèles;
Les TurcVdonnent ce nom aux Perfans qui fuivenc
une interprétation de l’aicoran' un peu difterente
.de la.leqr. On,fait à quels excès fe porte, dans
toutes: les religions , ce qu’on appelle l ’efprit de