
avec l*Angleterre ». & pa; oit a la têts d une armée
de deux cents mille hommes ; on en vient aux
mains près de Bouvines. On prétend c|u avant le
combat Philippe dit aux foldats : « François, voilà
» ma couronne ; s’il en eft un parmi vous plus
n digne que moi de la porter, qu’il fe montre,
» je la lui mets fur la tê te ; mais fi. vous me
»> croyez digne de vous commander, fongez qu’il
» y va aujourd’hui du falut & de l’honneur de
« la France. » Philippe fit éclater tout le génie
•d’un général, tout le courage d’un foldat : ren-
•verfé fous les pieds des chevaux, il fe releva plus
-terrible , & gagna la bataille.
Jean venoit d’être détrôné en Angleterre ; Louis,
-fils de Philippe, y-fut appelle j mais cette révolution
paftagère ne lui offrit la couronne que pour la lui
ravir aufii-tôt.
La cojir de Rome pria Philippe d’ajouter à les
domaines tefut ce qu’on avoit conquis fur Raimond
, comte de Touloufe , & fur les Albigeois ;
le roi méprifa les dons des papes comme il avoit
méprifé leurs foudres. Ce prince -mourut le 15
juillet 12 23 , âgé de 59 ans. Si l’on n’envifage en
lu i que les qualités guerrières, c’efi un des plus
grands hommes qui aienrgouterné la France ; il
•conquit la Normandie, l’Anjou, le Maine , la
Touraine, le Poitou , l’Auvergne, le Vermandois,
l’Artois,. & c ... Infatigable dans les travaux de la
•guerre , .fans luxe dans fos camps , fans molleffe
dans fa tente , fage -& calme avant le combat,
•terrible dans la mêlée, doux après la v iâ o ire ,
H avoit toutes les qualités que l’on appelle héroïques.
Il avoit coutume de dire qu’i- rie tenoit
fii couronne que de Dieu & de fon épee. Ce-.fut
d ’après ce principe qu’il lutta contre l'ambitioh
de la cour de Rome avec une fagefle que Ion
iraitoit alors d’audace & même d’impiété; mais
on lui reprochera toujours une croifade inutile ,
les Juifs injuftement chaffés & dépouilles , fes
.éternels démêlés avec l’Angleterre, où l’on ap-
perçoit autant' de ja'oufie contre Henri & Richard,
que de zèle pour la défenfo & la fplen-
,deur de l’état, ( M. de Sacy. )
P h i l i p p e I I I , furnommé le Hardi, naquit en
a *45 . époufa Ifabelle d’Aragon en 12 6 a , & fuivit
Saint Louis, -fon père , dans fa dernière croifade
en Afrique. Ce prince étant morr en 1270 fous
les murs de Tu nis , Philippe I I I fut proclamé
par toute l’armée : c’êioit moins un camp qu un
Jiôpital ou plutôt un cimetière; la pefte avdit
enlevé des milliers de foldats, le refle lânguif-
•foit. Les Sarrafms étoient devenus agreffeurs ;
leur mnV itiide fembloit devoir accabler les Fram
■ çois. Philippe mérita le furnom de Hardi par
l ’audace avec laquelle il les repouffa ; il conclut
avec eux une trêve de dix ans , Sc revint en
Franc e , cù il fut facré en 1 2 7 1 ; il y trouva
.euelqûes • révoltes que Vabfence du maître avoit
givorifées, & les calma fans violence. La guerre
déclara à ^rPi deCaftille jR v e e que
ce prince avoit dépouillé de leurs droits les enfans
de Blanche , foewr de Philippe, ne fut pas plus fu-
nefie ; elle fut bientôt terminée. Philippe eut la
foibleffe de fo laiffer gouverner par la Broffe , fon
favori ; mais il eut le courage de le faire pendre,
lorfque ce vil calomniateur accula Marie de Brabant,
fçcoiide femme du ro i , d’avoir empoifonné
Louis , l’un de fes enfans du premier lity Ce prince
mourut en 1285 , dans la quarantième année de
fon âgé. La gloire de fon règne fut entièrement
effacée par celui qui l’a voit précédé-.; il eût paru
grand peut-être, s’il n’arvoit remplacé un prince foi-
ble ou méchant : mais c’étoit beaucoup, en fuccé-
dant à Louis IX , de ne pas fe montrer indigne d’un
tel père. Ce fut lous fon règne que Pierre, roi
tl A ragon, fit égorger tous les François qui étoient
en Sicile , époque qui n’eft que trop connue fous
le nom de .vêpres- Siciliennes. ( M. de Sacy. )
P h i l i p p e I V , furnommé le B e l, fils & fuccef-
four de Philippe III ; il parvint à la couronne en
1285 ; il poffedoit déjà celle de Navarre ; Jeanne ,
fon époufe , la lui avoit apportée pour dot. Charles
de Valois , roi de Sicile , étoit dans lés fers;
Jacques, frère d’Alphonfe, roi d’Aragon, l’y
retenoit. Philippe obtint fa liberté ; mais à peine
échappé de fa prifon , Charl.es alla mettre l’Italie
en fe u , & reprit fe?. prétentions auxquelles il
, avoit renoncé.
Cependant une infulte faite par les Anglois à
quelques vaifleaux Normands , excite une querelle
fériéufe ; l’Angleterre & l’Empire fe liguent
contre la France : Edouard eft cité à la cour des
pairs , comme vaffal de la couronne : il ne com-
paroît point ; on le déclare convaincu de félonie ,
& fora duché de Gu)enne eft confifqué. Philippe
y envoie des princes de fon fang à la tête d'une
armée ; pour lu i, il pénètre dans la Flandre , &
fe faifit de la perfonne du comte Guy, fanatique
partifan du roi d’Angleterre.; Edouard demanda
la paix ; on négocia; le pat.e B niface V l i l voulut
dans cette querelle jouer le rôle d’arbitre des rois,
fa bulle fut déchirée en France ; Philippe fut excommunié,
mais il,brava les foudres de Rome,
& fut en lancer de plus réelles. De plus grands
intérêts aftbnpirent ce différend pn^r quelque
temps ; la guerre continuoit entre l’Angleterre &
la France.; on fe menaçoit en Champagne; pn fe
battoit en Guyenne ; une trêve fufpendit les hof-
tiiités, & l’on convint, en ï.297, que Marguerite,
foeur de Philippe , .épouferojt ^Edouard I , qu Ifa-
belle de France s’uniroit à Edouard , héritier pré-
fomptif de la couronne d’Angleterre, & que cette
princeffe lui apporteront pour dot la Guyenne ,
dont fon époux deÿoit rendre hommage au roi l e
France.
Philippe avoit défendu aux feigneursffs prendre
les armes contre eux-mêmes tant'qa’il les auroit à
la main contre l’Angleterre. Puifqu’il avoit affez
d’autorité pour affoupir ces guerres privées penffan
t
dant quelques années, que ne les éteignait-il
pour toujours ? Ces petits combats minoienr len-
• tement l’édifice de l’état : ce n’étoient que des
efearmouches ; mais elles étoient fi fréquentes,
qu’en livrant une bataille chaque année, on
auroit perdu moins de fang , & caufé moins de
ravage?.
Cependant en Flandre toutes les garnifons
fnnçoifos font maffacrées. Lan 12 0 2 , un tiffe-
rand à la tête d’un ramas de payfa .s , taille en
pièces une armée de cinquante mille françois qui
dédaignoient de fe tenir en garde contre t et te
troupe jndifeiplinée. D'un autre côté , Boniface
V III ne pardonnoit pas à Philippe de n’avoir pas
Voulu partager avec lui les décimes evées fur le
clergé de France ; il l’excommunia , & jetta fur
le royaume un,interdit général. Philippe envoya
Nogaret en Italie ; fidèle miniftre de la vengeance
de Ion maître , cet officier fe faifit de la perfonne
du pontife : la mort de Boniface qui arriva peu de
temps après , prévint les fuites de cette affaire.
Il reftoit encore à Philippe un affront à venger,
c’étoit la défaite <;e Ceurtrai. Il entra en Flânai
dre à la tête d’une armée, & préfenta la bataille
aux Flaman ts près de Mons-en Puelle. Ce prince
fit des prodiges de bravoure , & demeura maître
du champ de bataille v le 18 août 1304. A fon
retour , il attaqua d s ennemis pb s difficiles à
vaincre que les Flamands , c'étoient les préjugés
de fon fiècle : il tenta d’abolir cet ufage atroce
de prendre la bravoure ou l’adreffe pour juge de
toutes les conteftatioris ; mais malgré cette fage
ordonnance, le duel fe renouvella encore.
L’ordre des Templiers étoit parvenu à un dégré
de puiftance qui excitoit la jaloufie de tous les
corps de l'état. 11 feroir difficile de prononcer d’une
manière décifive fur les motifs qui déterminèrent
*Philippe, en 1 3 1 2 , à anéantir cet ordre. Des acr
eufations ridicules furent le prétexte de cette
perfecut on , peu s’en faut, aufti affreufe qu.- le
fut depuis le maffacre de la faint B'rthélemi. On
reproche encore à Philippe d’avoir altéré la mon-
noie ; on i’appelloit à Rome faux monnoyeur. Ces
fautes ne font point affez réparées par les loix
qu’il établit contre lq, luxe , & par Jes titres de
nobleffe qu’il accorda aux françois qui a oient
bien forvi l’état. Il mourut le ;o novembre 1 514.
* Ce prince avoit de grandes qualités; mais il étoit
fa île à (éduire, opiniâtre dam fon erreur , implacable
dans fes vengeances , & il fit tant de
mal qu’on ofe à peine le louer du bien qu’il a
fait. ( M. de Sacy. )
Philippe V , furnommé le Lo^g, étoit frère
de Louis X , & i l lui fuccéda l’an 13 16 . Un parti
confidérable voulut, au mépris de la loi falique,
placer fur le trône Jeanne, fille de Louis : mais
Philippe triompha de cette faâ on : il avoit époufé
Jeanne , fille & i êritière d'Othon , comte de
Bourgogne, & de Mahaud, comtefle d’Artois.
Robert d’Artois prétendoit eacore à ce comté ;
Hifioirti Terne IV .
il fut déclaré déchu de fes prétentions , & prijt
en vain les armes pour les foutenir ; les Flamands
ne tardèrent pas à -lever l’étendard de la révolte
qu’ils avoient tant de fois arboré ; la paix fut
l’ouvrage de la cour de Rome ; elle fut conclue
le 2 juin 1320. Cette guerre , qui avoit duré
feize années , avoit fait couler beaucoup de fang ,
fans rendre ni les Flamands plus libres, ni les rois
de France plus puiffans. Un des projets de Phi-
lippe-le-Long , étoit d’établir dans toute l’étendue
du royaume , une même monnaie, un même
poids, une même mefure. Peut-être le fuccès de
cette opération lui auroit-il fait fontir aufti la né-
ceftité de donner un même code à toutes nos
provinces. Mais la mort le prévint avant qu’il
eût même achevé la première entreprife. Elle
l’enleva le 3 janvier 1 3 2 2 , à l’âge de 2.8 ans. Ce
prince donnoit les plus belles efpérances. Sa modération
eft d’autant plus fublime , qu’il étoit né
v if & impétueux. Les courtifans Pexcitoient un
jour à châtier l’archevêque de Paris, prélat inquiet,
ennemi fecret de fon maître. « Il eft beau,
répondit Philippe, » de pouvoir fe venger & de
n ne le pas faire. » ( M. de Sacy. )
P h i l i p p e V I , ( d e V a l o i s ) roi de France.
Charles-le-Bel étoit mort fans enfans mâles en
13 28 . Philippe-de-Valois étoit fils de Charles *
frère de Philippe-le-Bel; Edouard I I I , roi d’Angleterre,
étoit, par fa mère Ifabelle, petit-fils du
même Philippe-le-Bel. Si les femmes avoient pu
friccèder à la couronne de France, elle lui auroit
appartenu.
(Pourquoi lui auroit - elle appartenu plutôt
qu’aux enfans mâles des filles des trois derniers
rois , plutôt qu’à Charles d’Evreux , petit-fils, par
fa mère, de Louis Hutin, plutôt qu’à Philippe de
Bourgogne & à Louis de Flandre , petits - fils, par
leurs mères , de Philippe-le-Long ? )
Mais la loi étoit pofitive ; Philippe - de - Va-_
lois étoit l’hér tier du trône. Edouard crut que
quelques viéloires lui tiendroient lieu des droits
qu’il n’a voit pas , il prit les armes & vint disputer
la couronne à Philippe. Celui - ci fe montra
digne de régner , par un aéle d’équité bien
rare. Il rendit à Jeanne, fille de Louis le-Hutin,
le royaume de Navarre, dont, fous le nom de
tuteurs, Philippe IV & Charles IV s’étoienr emparés.
Au lieu de raflembler fes forces contre
l’Angleterre quiexerçoir déjà les fiennes, Philippe,
moins attentif à fe? intérêts qu’à ceux de fos
vaffaux, alla foumettre les Flamands qui s’étoient
révoltés contre Louis leur comte. Il s’avança juf-
qu’à Mont-caffel, les rebelles vinrent fondre fur.
fon camp , & y portèrent le défordre. La bravoure
du roi rétablit le combat , i’iiTue en fut
! glorieufe pour les Franço s , le champ de bataille
1 leur demeura, & toute la Flandre fe fournir ; mais
j il falloit réferver tant de bravoure & de bonheur
| pour la journée de Créci. <? Mon coufin, dit Phi-
l lippe au comte, » fi vous aviez gouverné plus
L \ .