
Quintilio f i quld récit arcs 3 corrige , fode$j
Hoc sïebat Gr hoc ; melius te pojje ne g ares »
JBis terque ex partum frujlra , delere jubebat 3
h t mâle formatos incudi reddere verfus
S i defenders delirium quam vertere malles *
Hullum ultrâ verbum aut operam injumebat inanem »
i Quin fine rivoli teque & tua Jolus amans.
F a i t e s c h o ix d ’ u n c e n f e u r f o l i d e & f a l u t â i r e ,
Q u e l a r a i fo n c o n d u if e & le f a v o i r é c l a i r e »
E t d o n t l e c r a y o n fu r d 'a b o r d a i l l e c h e r c h e r
L 'e n d r o i t q u e l ’ o n f e n t f o i b l e & q u ’ o n fe v e u t c a c h e r .
{ L u i f e u l é c l a i r c i r a v o s d o u t e s r id i c u le s ;
D e v o t r e e f p r i t t r e m b l a n t lè v e r a l e s f c r u p u l e s . ^
C ’ e f t lu i q u i v o u s d i r a , p a r q u e l t r à n fp o r t h e u r e u x
Q u e l q u e f o i s d a n s fa c o u r f e u n e f p r i t v ig o u r e u x ,
T n p re (T e r ré p a r l ’ a r t , f o r t d e s r è g le s p r e f e r i t e s ,
E t d e l’ a r t m êm e a p p r e n d à f r a n c h i r le u r s l im i t e s .
Certainement ces deux vers :
E t d o n t l e c r a y o n fu r d ’ a b o r d a i l l e c h e r c h e r
L ’ e n d r o i t q u e l ’ o n f e n t fo ib l e & q u ?on f e v e u t c a e h e r .
font d’une touche bien plus vigoureufe , & indiquent
bien mieux le foible le plus ordinaire des
A uteurs, que ces mots un geu vagues :
Corrige , J odes ,
Hoc aïcbat & hoc»
E t les quatre derniers vers de Boileau donnent
des lumières & du goût de Patru, une idée bien
plus élevée qu’Horace n’en donne du goût de-
Quintilius.
Boileau oppofe au goût fûr du profateur P
le mauvais goût dont il accufe Corneille :
X i ! e x c e l l e à r im e r q u i Ju g e fo r t em e n t :
T e l s ’ e f t f a i t p a r f e s v e r s d iû in g u e r d a n s l a v i l l e
Q u i ja m a i s d e L u c a i n n’ a d i f t in g u é V i r g i l e .
Corneille faifoit plus , il diitinguoit Lucain de
V irg ile , & c’étoit pour donner la préférence à
Lucain j il la lui donnoit au moins quant à l’imitation,
car il n’a rien pris à Virgile , & il a
beaucoup imité Lucain, mais il n’en a guères
imité que des beautés.
Quant à ce que dit La B ruy è re , que Corneille
ne jugeoit de la bonté de fes pièces que par
l’argent qui lui en revenoit, nous pourrions le
croire, fi Corneille n’avoit pas fait imprimer les
jugemens qu’il portoit fur chacune de fes pièces ,
jugemens qui ne font pas fans préjugés & fans
erreurs, mais qui portent fur des fondemens plus
folides que le produit de la répréfentation.
A u refte, quoi qu’il en feit du goût de Corbeille
, Boileau , en confultant Patru fur tous fes
ouvrages, rendoit au goût de celui-ci le plus
üatteur de tous les hommages, & montroit bien
gu’Û çherçhojt plutôt 4e» çnûquç$ fe to ire $ que
des éloges funeftes. La févérité de Patru ètoîr
connue. Boileau lui-même difoit à Racine , quand
celui-ci faifoit des objections qui lui paroiffoient
trop rigoureufes : ne fis Patru mihi, n’ayez point
pour- moi la févérité de Patru, au lieu du proverbe
: ne fis patruus mihi, n’ayez pas pour moi
la févérité d’un oncle, ce qui fembleroit cependant
indiquer que ce -grand fatyrique » cet
arbitre du goût, ce juge fuprème des tâlens ,
avoit aufli des endroits foibles, qu’il vouloit
cacher aux autres & fe cacher à lui-même.
Patru étoit dans le préjugé qu’un vers valéxan-
drin dans la profe eft une faute. On fait aujourd’hui
qu’un vers n’eft rien , parce que la v é r ification
ne confifte pas chez nous dans la feule
mefure, mais dans le concours de la mefure &
de la rime. On fait de plus que dans la profe
barmonieufe des bons écrivains , il fe gliffe toujours
un peu plus ou un peu moins de ces lignes
qui ont la mefure du vers héxamètre, & cela
en proportion du fentiment de l’harmonie & de
la bonté du ftyle ; & on fait de plus que ces
lignes ainfi mefurées font tellement inévitables
quelles fe rencontrent même , quoique plus ra-
Tement, dans les ouvrages les moins bien écrits
& les plus dépourvus d harmonie.
Patru t en coûféquence du préjugé de fon temps,’
vouloit que Defpréaux rompît la mefure dans ces
paroles du Traité du fublime, parce qu’elles forment
un v e rs : elle gèle, elle brûle, elle eft fo lle, elle
eft fiage. Et il défioit de trouver un feul vers
dans les plaidoyers imprimés : en voici u n , dit
Boileau, dans le feul titre d’ un de ces difeours:
Onzième plaidoyer pour un jeune allemand.
Patru n-âqüit à Paris en 1604. Il étoit fils d’irn
procureur au parlement. Sans négliger la profef-
fion d’avocat, où il fe rendit célèbre, il ne la
fui vit pas avec affez d’ardeur pour la rendre
utile à fa fortune, le goût des lettres l’emporta
dans une autre carrière, & partagé entre ces
deux états, fes fuccès dans l’un & dans l’autre
fe fentirem de ce partage. Patru correéf & froid,
dit M. de la Cretelle, retrancha les défauts qui
défiguroient l’éloquence judiciaire, mais il n’en
connut ni le cara&ère, ni les fefîources, ni les
effets. Il tomba dans la pauvreté & fut obligé
de vendre fa bibliothèque. Boileau, dans cette
occafion , eut à fon égard un procédé fort noble
; il acheta cette bibliothèque au prix que
Patru la voulu t vendre, & il mit en fuite à ce
marché une condition, ce fut que Patru en cen-
ferveroit la pofîeffion , & que l’acquéreur n’èn
auroit que la furvivance. On ajoute qu’il gâta
cette belle aéfion par une épigramme qu’il fit
contre Patru, de la reconnoiflance duquel il n’étoit
pas .content, ( voyez l’article B o i l e a u . )
Patru avoit été reçu à l’académie françoife
en 16 4 0 , cinq ans après l’inftitution de ce corps.
L ’ufage des difeours de réception n’étoit point
établi »lers, Qn faifoit, en venant prendre ffe
ance un remerciement verbal qui n’etoit pas
cenfé préparé. Celui de Patru qui peut-être parut
F être, eut tant de fuccès, qu’il donna lieu d’établir
J’ufage des-remerciemens publics. A la mort
de Conrart, un Grand-Seigneur riche & ignorant,
demanda la place qu’il laiffoit vacante; Patru
détourna fes confrères de ce mauvais choix: « Un
»ancien g re c, leur dit-il du ton d’Efope, avoit
» une lyre admirable dont une cordc fe rompit.
» Au lieu d’en remettre une de boyau , il en
» voulut une d’argent, & la lyre n’eut plus
» d'harmonie.
On prétend que Bofîùet alla voir Patru dans j
fa dernière maladie, Ôc lui dit : Oh vous a regardé
jufquic i, Monfieur, comme un efprit fort ;
jongez à détromper le public par des difeours finceres
O religieux. N 1 e ft - il pas plus à propos que je me
taife, répondit Patru ; on ne parle dans fes derniers
momens que par foible [fe ou par vanité. Il
mourut en 16 8 1. On a obfervé avec raifon que
quelques vers de Boileau font plus aujourd’hui
pour la renommée de Patru que fes propres
ouvrages.
P A T U , ( C l a u d e - P i e r r e ) ( Hift. litt. mod. )
Jeune avocat, homme de lettres, qui vraifem-
blablement eût joué un rôle dans la littérature,
s’il eût vécu. A vingt-cinq ans, en 1.754 s il donna
la comédie des Adieux du goût qui réufîit, &
dont, par une Angularité affez remarquable, tout
eft de lui,excepté les vers alexandrins qui font deM. !
Portelance, On dit que IA. Patu avoit peine à s ’af- I
treindre au travail particulier qu’exigent les grands
vers;d’autres,au contraire,en faifant des vers libres,
retombent plus qu’ils ne veulent dans le vers alexandrin,
com/ne fi leur oreille ne pouvoit fe contenter
que de cette mefure. M. Patu alla en Angleterre,
& donna en 17 5 6 , une traduéiion de quel-,
que? comédies angloifes. Il alla en Italie & fut
de l’académie des Arcades. En revenant en France,
il mourut pulmonique à Saint-Jean de Maurienne
le 2.0 août 17 .57, à vingt-huit ans. llfavoitplu-
fteurs langues & donnoit en tout d’affez grandes
efpérances.
P A V
PA V IE . ( R a i m o n d d e ) baron de F o u r q u e -
V A U X , (H i f t : de F r .) étoit d’une branche de l’anc
i e n n e famille des Beccari de Pavie, laquelle s^toit
retirée en France pour fe dérober aux troubles de
l ’Italie pendant les longues & fanglantes guerres des
Gnelphes & des Gibelins. Le baron de Fourque-
vaux dont il s’agit ici, fit fes premières armes au
malheureux fiége de Naple.% en 15 28 , où mourut
Lautrec ; il fut bleffé & fait prifonnier à la bataille
de Marciano en Tofcane, où Strozzi fut défait
par le marquis de Mariguan en .1554 ; il y
commandoit un corps confidérable d’infanterie.
tan t Grifonne qu’Itali'-nne ; il refta treize mois,
KPjQ fe u lem e n t p r i fo n n ie r , m a is g a rd é dan» u n
fort. On ignora long-temps fon exiftence, oa
le croyoit mort, & fa première femme en mou-»
rut de douleur.
A fon retour en France, il fut fait gouverneur
de Narbonne, où il imagina, dit-on, un moyen
fingulier de chaffer de la v ille , fans violence apparente,
quelques habitans malintentionnés ; il
fit publier que deux chevaliers Efpagnols dévoient
fe battre en champ clos hors de la v ille ; il fit
tout préparer pour le combat & toute la ville
ne manqua pas d’accourir à ce fjpe&acle; il fit
alors fermer les portes, & ne laifla rentrer que
les fujets fidèles au roi. Il contribua en 1562 à
la délivrance de Touloufe dont les Huguenots
étoient près de fe rendre maîtres. On a de lui
quelques ouvrages fur la guerre. Il mourut à
Narbonne en 1574. Il étoit chevalier de l’Ordre
du Roi. Nous ignorons fi Emeric ou Aimery de
Pavie étoit de cette famille : cet A imery àa Pavie
étoit un capitaine Lombard, qui avoit été gouverneur
d’Edouard III, Roi d’Angleterre. Ce prince
ayant pris Calais, en avoit donné le gouverne-,
ment à Aimery & étoit retourné en Angleterre.
Le feigneur de Charny, qui commandoit les
troupesFrançoifes près de Saint-Omer, entreprit de
corrompre Aimery & de rendreCalais àjaFrance ;
le marché fut conclu moyennant vingt mille écus.
Edouard averti de cette intrigue, non par Aimery,
mais par le fecrétaire de ce gouverneur, laine
Aimery dans fa place. & lui ordonne de fuivre
cette négociation. Le 3 1 décembre 13 4 8 , à minuit*
Charny fe .préfente, félon" les conventions, à
une des portes de la ville avec une troupe choifie;
Aimery répond que tout eft p rê t, & demande
fi l’argent l’eft auffi; on compte l’argent, ÔC
Charny entre dans la place : aufli-tôt il eft enveloppé
& chargé par des forces fupérieures, il
combat avec le courage du défefpoir. Un' chevalier
de fa fuite , nommé Luftache de Ribaumont,
qui fe diftinguoit dans ce combat par une valew
extraordinaire , fe battit long-temps corps à corps
avec un anglois qu’il fit chanceler deux fois, mais
qui enfin le renverfa lui-même & le fit prifon-
niér , aufli bien que Charny, & quelques autres
officiers françois; on les conduit dans la falîe du
château, où ils font traités avec la plus grande
diflin&ion. Un chevalier s’approche de Ribaumont:
» Reconnoiflez , lui dit-il, un foldat quia
» penfé deux foi fuccomfcer fous vos coups, &
» qui ne doit qu’à fon bonheur la gloire d’avoir
» triomphé d’un guerrier tel que vous. Vous êtes
» libre, il ne vous demande que votre eftime
» & votre amitié; il vous prie d’agréer un de
« ces légers préfens que des chevaliers reçoivent
» fans déshonneur les uns des autres. En même
temps il détacha de fa tête un chapelet de perles
& l’attacha fur celle de Ribaumont. C’étbit
Edouard lui-même, qui avoir pafle la mer avec
le prince de Galles & Mauny, pour fe trouve*