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le mont Palatin. Il excita & aida M . Bianchinî
à en donner la defcription. L e due de P a rm e ,
qui avoit ordonné les tr a v a u x , fit préfent au
cardinal de P o lig n a c d u n b a s-re lie f de quatorze
figures repréfeniant une fêté d’Ariane & de B a c chus
: il étoit enchafle dans la plus haute marche
de l’eftrade, fur laquelle fe plaçoient les empereurs
dans leurs audiences publiques. I l eut
encore les plus belles urnes ,du caveau de L iv ie
découvertes en 17 3 0 . I l n’auroit fouha ité, di- |
fo it - ilj d’être le maître de R om e , que pour dé- |
tourner pendant quinze jours le cours du T ibre
depuis Pontemole jufqu’au Mont-Teflacio , & en
retirer les fta tue s, les trophées & autres monu-
mens qu’on ÿ avoit jettés dans les tems de troubles
& dé guerres civiles , & dans ceux des incurfions
des barbares. D ’après cette id é e , il avoit fait niv
e le r le terrein des en v iro n s , & pris tous les
renfeignemens relatifs à i’ exécution de ce projet.
I l auroit auiïi voulu faire creufer les ruines du
temple de la p a ix , brillé l’an de Jé fu s Chrüt i $ r ,
fous l’empire de C om m o d e ; il efpéroit d’y retrouv
e r le chandelier , la mer d’airain , & tous ces
va fe s précieux que T itu s y avoit dépofés, après
■ avoir triomphé de la Ju d é e .
L e cardinal de Polignac mourut le 20 nov em bre
1 7 4 1 , âgé de quatre-vingts ans, un mois &
n eu f jours.
Un de fes p anégyrifies lui rend le témoignage
qu’ il fesnblôit n’être fait que pour aimer &
pour être aimé. Sa leu le vue terminoit les procès &
les qu e re lle s, adoucifibit les efprits & les difpo-
•foit à la paix.
PO L IN ou P A U L IN , ( le capitaine ) vo y e z
G arde ( la ) .
PO LTN IER E ( Pierre ) H iß . lit t . mod. ) p h y s
ic ien célèbre par fes expériences & qui fut choifi
le premier .pour en faire dans les collèges. Il fut ,
avant M. l’abbé N o lle t , l’homme réputé le plus
habile dans ce g en re , & celui qui favoit le mieux
mettre fes leçons & fes expériences à la portée
de fes écoliers ; on a de lui des élémens d e mathématiques
, & un traité de phyfique expérimentale fous
ce titre : expériences de p h y fiqu e . N é en 1 6 7 1 , près
de V ir e ; mort dans le même lieu en 17 3 4 .
P O L IT I (Alexandre) H iß . litt.mo d. ) flo ren tin ,
clerc régulier des écoles pieufes , eft connu par
une édition du commentaire d’ Euftathe fur Homère
, avec une traduélion latine & des notes.
On a de lui auffi un ouvrage de jurifprudence :
d e p a t r id in condendis teßamentis poteflate ; il a
corrigé & commenté le Ma rtyro lo g e romain.
P O L IT IE N ( Ange ) H i f i , litt. m ed . ) Laurent
& Julien de Médicis , furent fes p ro te éleu r s, &
Je a n de M éd ic is, depuis p a p e , fous le nom de
Léon X , fu t fon é lè v e ; Pic de la- Mirandole fu t
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fon ami, Meruta fut fon ennemi, mais Politien étoit
l’aggreffeur. En général fa vie fut un peu troublée
par les querelles littéraires, ce qui n'arrive
qu’à ceux qui le veulent bien ; par cette raifon
il fautun peufe défier des diverfes imputations qui
lui ont été laites par fes ennemis ; ila é té a c cu fé
d’impiété : on lui a imputé d’avoir dit qu’il avoit
lu , comme un autre, l’écriture fainte & qu’il s’étoit
toujours repenti d’avoir fi mal employé fon temps.
On a imputé fa mort à un défefpoir amoureux,
on a fait encore d’autres contes fur cet événement
arrivé en 14 9 4 , & que fes amis au contraire ont
attribué au chagrin d’avoir vû les Médicis fes bienfaiteurs,
prêts à être chafîes de Florence. On a
de lui l’hiftoire en latin de la conjuration des
Pazzi ; une traduélion latine d’Hérodien , u n livre
depigrammes grecques très-eftimées, des poèmes
bucoliques ; deux livres d’épitres latines; des tra-
duélions latines de plufieurs poètes & hitlorien
grecs ; divers traités de philofophie, &c.
POLITIQUES , f. m. pl. ( Hifl. mod. ) nom
d’un parti qui fe forma en France pendant la
ligue en 1^74. C’etoient des catholiques mécon-
tens,- qui fans toucher à la,religion , proteftoient
qu’ils ne prenoient les armes" que pour le bien
public, pour le foulagement du peuple | & pour
réformer les défordres qui s’étoient glifles dans
l’état par la trop grande puiffance de ceux qui
abufoient de l’autorité royale ; on les nomma auffi
royalifies, quoique dans le fond ils ne fuffent pas
trop fournis au fouverain. Ils fe joignirent aux
Huguenots, fous la conduite de Henri de Montmo-
renci ^maréchal de Damville & gouverneur de
Languedoc, qui, pour fe maintenir dans fa place,
avoit formé ce parti, & y avoit attiré le vicomte
de Turenne fon neveu , qui fut depuis duc de
Bouillon. ( A. B. )
POLLIO (v o y e z T rebe l l iu s . )
POLLION ( Hifi. rom. ) C. A sinius Pollio )
homme confulaire, poète & orateur célèbre; auteur
de tragédies fort eftimées de fon temps & d’une
hiftoire des guerres civites de Rome. Horace parle
des tragédies, fat. 10. liv. i .
Pollio regum
. Fafta canit pede ter pereuflo.
Et dans la ie re. Ode du livre 1.
Paulum feverse mu fa tragoedi*
Défit theatris..... grande mucus
Cecropio répétés cothsrno.
Cette ode lui eft adreffée , & elle eft confacrée toute
entière à fa gloire ; elle roule principalement fur
I fon hifioire des guerres civiles :
Motum
p o L
Motum ex Metello confule civicum»
& arma
Nondum explatis undla cruoribus
_ Traôas
C ’eft de cette hiftoire que Suétone a tiré ce mot
d eC é fa r, à la vue des corps des romains étendus
fur le champ de bataille de Pharfale : hoc volue-
runt, tant.is rebus gè (lis, C. Cafar condemnatus ejfiem ,
nifiab exercitu auxilium petiijjem. Ils l'ont voulu : après
tant de grandes délions, Céfar étoit condamné s'il neût
demandé du fecours à fon armée. Peu d’hommes font
auffi vantés & parHorace & par Virgile, & comme
poète & comme homme d’état, que Pollion. C’é-
toit l’efpérance & l’appui des affligés & des opprimés
:
Infigne moeftis præfidium reis^
Il étoit l’oraele du fènat :
Et confulenti, P o llio , curia:.
Il avoit commandé des armées, il avoit triomphé
des Dalmates & mérité le confulat.
Cui laurus asternos honores
Da/matico peperit triumpho*
Il étoit le proteâeur des lettres qu’il cultivoit
lui-même avec tant de fuccès :
Pollio amat noftram, quamvis eft ruftica , mufam..»..
Pollio & ipfe facit nova carmina
Qui te, Pollio y amat, reniât quô te quoque gaudet.
( Virgile égl. j . )
Le 4eme.éclogue de Virgile,5 /ce/icfej c. porte
le titré de Pollion , & fes louanges y font célébrées.
Si canimus fylvas, fylvæ fint. confule dignas.
Il n’eft nullementTûr que cet enfant merveilleux
dont Virgile chante fi pompeufement les grandes défi
tinées futures, foit Caïus Afinius Gallus Saloninus,
fils de Pollion y & M. de la Nauze dans le volume
3 1 des mémoires de littérature , fait voir que
Virgile avoit en vue l’enfant dont Scribonie ,
3 cme. femme d’O'ïavien Augufte, étoit grofte l’an
de Rome 7 14 : la naiffance de cet enfant démentit
toutes les prédirions de Virgile.
La (ignora mit au monde une fille »
E t cette fille fut la fameufe Julie ; mais c’eft du
confulat de Pollion, l’an 7 14 de Rome, que Virgile
fa it commencer l’heureufe réforme de l’univers.
Teque adeô decus hoc aevi » te confule, inibic
Pollio, & inçipient magni procédére menfes ;
Te duce , fi qua manent feeleris veftigia noftri,
Irrita perpétua iblvent formidineterras.
Hiftoire Tome IV .
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Pollion eft le premier qui ait ouvert à Rome une
bibliothèque publique, en quoi , dit Pline, il a
fait, des productions de l’efprit humain, le tréfor
public de l’état', ingénia hominum rempublicam fecit.
Il avoit été.ami de Céfar & d’Antoine, il le fut
d’Augufte dans la fuite ; celui-ci voulut l’attirer
à fon parti contre Antoine ; Pollion s’en défendit,
alléguant les fervices qu’il avoit rendus à
Antoine & ceux qu’il en avoit reçus ; il demanda
de refler neutre & d’être la proie du vainqueur.
Augufle ayant fait contre lu i, par plaifanterie,
de ces vers qu’on appelloit. Fefcennins :
Fefcçanina per hune invefta licentia morem
Verfibus alternisopprobria ruftica fudit.
On attendoit la réponfe de Pollion : je me garderai
bien, dit-il , <£écrire contre quelqu’un qui
peut piofcrire : non eft facile in eum feribere qui
pote.fi projeribere. Pollion avoit écrit contre Cicéron
& contre Salltlfte , ce fut lui qui reprocha
le premier à Tite-Livre ce qu’on appelle la
Patayimté ( voyez à l’article : Tite-Live , ce que
c’eft que cettte patavinité.
POLLUX ( J ulius) Hifi. litt.anc.) VOnomaf-
ticon ou didionnaire grec de Julius Pollux eft
connu. Ç’ étoit un grammairien égyptien, pro-
feffeur de réthorique à Athènes, vers l’an 18 0
de Jéfusr-Chrift.
PO LO G N E , (hifioire 5 * gouvernement dé) [Hifi.
& droit politique) un tableau général de l’hiftoire
& gouvernement de la Pologne , ne peut qu’être
utile ; mais quand il eft auffi bien deffiné que
Ta fait M. l’abbé Coyer à la tête de fa vie de
Sobieski, il plaît encore, il in ftru it,il intéreffe,
il offre des réflexions en foule au philofophs &
au politique ; on en jugera par l’efquiffe que j’en
vais crayonner. Qu’on ne la regarde pas cette
efquiffe comme une fuperfluité , puifque ce
royaume eft beaucoup moins connu que les Pays-
Bas, l’Allemagne, la Suede & le Danemarck.
D’ailleurs, l’hiftoire des royaumes héréditaires
& abfolus, ne produit pas ordinairement le grand
intérêt que nous cherchons dans les états libres.
La monotonie d’obéiffance paffive, falutaire, fi
le monarque eft bon, ruinéufe s’il eft méchant,
ne met guere fur le théâtre de l’hiftoire, que des
aâeurs qui n’agiffent qu’au gré d’un premier a&eur ;
& quand ce premier a&eur eft fans crainte, il
n’a pas le pouvoir lui-même de nous intéreflèr
vivement.
Il n’en eft pas ainfi d’un pays dont le roi eft
é le â if, ou fes vertus le portent fur le trône, ou
c’eft la force qui l’y plaee. S’il s’élève par fes
vertus, lè fpeââcle eft touchant; fi c’eft par la
foree,àl attire encore les regards en triomphant
des obfta'cles; & lorfqu’ il eft au faîte de la puiffance
, il a un befoin continuel de confêil & d’ao-
tion pour s’y maintenir. Le ro i,la loi & la nation ,