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à ceux: de Henri IV , puifqn’ elle de'fcendoît, aînfi
que fe; neveux, du :!uc de Carence, fécond fils d'Edouard
II I,& que iesLancaffresne delcendoient que
«u troifième. Malgré cette fupériorité de droits ,
le comte de Northumberland avoit confenti à fervir
Henri I V , & celui-ci l’avoit fait connétable d’Angleterre.
En Ecoffe,la inaifon de Douglas,en Angleterre,
celle de Piercy, fembloient, par la fituation
meme de leurs domaines fur la frontière, chargées
1 une contre 1 autre de la défenfe de la patrie ; auffi
etoient-elles prefque toujours en guerre, foit pour
H caufe commune , foit pour leurs querelles particulières.
Le comte de Northumberland, fondit fur
le comte de Douglas, qui perdit un oeil au combat
dHolmedon,& fut fait prifonnier ainfiquele comte
de F ife , neveu du roid’Ecoffe. Henri I V , voulant
saffUrer de l’Ecofle par de pareils otages, défendit
au comte de Northumberland de traiter de leur
rançon. Le fier Northumberland croyoit avoir peu
de défenfes à recevoir du r o i, & ne s’attendoit pas
fur-tout à recevoir celle-là. U refufa formellement
de ceder au roi fes prifonniers.
Vers le même temps Edouard Mortemer & le
comte de la Marche, ion neveu , tombèrent entre
les mains d’un defcendant des anciens princes de
Galles, nommé Glendourou Glendourdy ; le comte
de Northumberland voulut délivrer le comte de la
Marche fon neveu ; le r o i, qui redoutoit les droits
de ce dernier, voulut qu’il reftâtprifonnier de Glendourdy,
nouveau fujet de mécontentement pour le
comte de Northumberland & pour tous les Piercy.
Ils éclatèrent;la révolte fe déclara; Northumberland
mit le comte de Douglas en liberté, fit alliance
avec lui & avec Glendourdy, les Piercy redemandèrent
le trône pour le comte de la Marche , par j
un manifefle auquel Henri rf avoit rien à répondre ; j
il fallut combattre. Le comte de Northumberland J
étanttombê malade dans ces conjonctures, le jeune j
Piercy fon fils, furnommé Hot-fpur, chaud éperon, f
pour fon ardeur dans les combats, fe mit à la tête j
du parti du comte de la Marche contre Henri IV ,
lui livra, le 2 1 juillet 1403,1a bataille de Shrewsbury;
Piercy fut tué , Douglas .fut pris, ainfi que le comte
de Worcefter, oncle du jeune Piercy, & frère du
■ comte, de Northumberland jJWorcefter fut dans la
fuite envoyé au fupplice. Quant au comte de
Northumberland, quand il vit fon fils tué, & fon
frère prifonnier, il prit le parti de les défavotier, il
prétendit ne s’être armé que pour offrir fa média-,
tion ; Henri feignit de le croire & lui fit grace , mais
fans lui rendre ni fa faveur ni fa confiance. Le
comte de Northumberland, de fon côté, n’attendok
qu’une occafion de reprendre les armes ; il s’enfuit
en Ecoffe; mais il ne put engager les Ecoffois
à faire une incurfion en Angleterre, qu’après qu’ils
eurent laiffé le temps à Henri IV & à fon fils d’accabler
Glendourdy qui mourut peu de temps après.
3Le premier combat que Northumberland, à la tête
des Ecoffois, livra furies frontières d’Angleterre,
Jui coûta auffila vie. (en 1407}
I Sous le règne d’Elifabeth, un autre comte de-
| Northumberland de la même niaifon de Piercy, & un
j comte de Weftmoreland , entrèrent dans les inté-
! rêts de Marie Stuart, reine d’Ecoffe, & excitèrent
j quelques foulevemens parmi les catholiques dans
le nord de l’Angleterre ; ils furent défaits. Nor-
thumberland fe fauva en Ecoffe , où il tomba entre
les mains du régent Murray , frère & ennemi
mortel de Marie Stuart ; Weftmoreland s’enfuit
dans les Pays-Bas , puis en France où il mourut*
Le comte de Northurnberland, livré àElifabeth par
M urray, fut décapité en 15 72.
Quant au duc de Northurnberland ,d e la maifon
Dudley , beau-père de Jeanne Gray (yoye^ l’article
Gra y ( Jeanne) ; nous ajouterons feulement ici ,
pour l’inftrnélion de fes pareils qui s’oublient dans
la profpérité , que cet homme tout puiffant fous le
petit, roi Edouard V I , avoit fait trancher la tête
au duc de Sommerfet Seymour, oncle du roi ,
qu’il favoit être innocent ; qu’ayant voulu mettre
fur le trône . malgré e lle , Jeanne Gray , fa belle-
fille, qui y avoit en effet des droits, il eut à fon tour
la tête tranchée fous le règne de Marie d’Angleterre
, malgré toutes les baffefies qu’il fit pour
fauver fa v ie , implorant lâchement la pitié ^ des
ennemis qu’il avoit accablés de mépris & d outrages
au temps de fa faveur ; nous ajouterons
encore que, dans le moment où on le menoit à
la tour, une femme du peuple s’approcha de lui, &
lui montrant un mouchoir fanglant : « vois-tu
» ce fang, lui dit-elle, c’eft dufang innocent, c eft
» celui de Sommerfet qu’a verfè ta fureur ; j’y
» ai moi-même trempé ce mouchoir, & j’attendois
» ce jour pour te le préfenter.
N O S
NOSTRADAMUS (MICHEL), hijl. mod.) médecin
de Montpellier, vivoit à Salon en Provence ,
& y mourut en 1566; il y afoiftombeau dans l’églife
des cordeliers. Il étoit né en 1503 ,àSaint-Remy
dans la même province. Il a plus de réputation
comme prophète , que comme médecin ; & il dut
principalement cette réputation de prophète au
foible de Henri II 8c de Catherine de Médicis
pour les prédirions , & à leur fureur de croire.
Ils le firent venir,& non-feulement ils le crurent,
mais ils le comblèrent de bienfaits, & l’envoyèrent
à Blois tirer l’horofcope des princes leurs fils, alors
dans l’enfance. On ignore ce qu’il dit ; mais il
faut convenir qu’un pareil horofcope eût été difficile
à déclarer, en fuppofant un homme réellement
doué du talent de connoître l’avenir , & qu’un tel
homme auroit pu dire, comme le grand - prêtre
dans OEdipe :
Fatal présent du cie l, fcience malbeureufe ,
Qu’aux mortels curieux vous êtes, dangereufe !
Plût aux cruels deftins, qui pour moi font ouverts,
Que d’un voile éternel mes yeux fuflent couverts...,..»*
Ah 1 â vous m’eu croyez * ne lu’interiogez gas.
A
N O S
Il auroit fallu dire à un père & à uftémère,
à un roi & à une reine que l’aîné de leurs fils
mourroit à dix fept ans ; qu’on le croiroit ernpoi-
fonné, qu’on le diroit même empoifonné par fa
mère ; que le fécond mourroit à vingt-quatre ans,
qu’on le croiroit auffi empoifonné , qu’on le diroit
auffi empoifonné par fa mère, qu’il mourroit après
s’être fouillé du fang de fes fujets attirés par lui
clans le piège, égorgés la nuit fous fes yeux par
fes ordres,par fes mains mêmes ; qu’il mourroit
marqué, en apparence , du fceau de la vengeance
çélcfte.
D i e u d é p lo y a n t fu r lu i f a ju f t i c e f é v è r e ,
M a r q u a c e r o i m o u r a n t d u fc e a u d e f a c o l è r e . . . . . .
S o n fa n g à g r o s b o u i l lo n s d e fo n c o r p s é l a n c é ,
V e n g e o i t le fa n g F r a n ç o i s p a r f e s o r d r e s v e r f é .
Que le troifième mourroit affaftiné à trente-
huit ans, après avoir fait affaftîner l,iii même l’ennemi
qui l’avoit chafîe de fa capitale -, & qui alloit
le chaffer du trône,
_ Que le quatrième mourroit à trente ans , de
chagrin & de débauche , & qu’il mourroit banqueroutier.
-
Que de deux filles, l’une -mourroit à vingt-
trois ans, empoifonnée par un vieux mari jaloux.
L’autre .femme fcandaleufe , & répudiée,reine
détrônée, n’échapperoit au mépris comme Charles
I X , fon frère, à l’horreur, que par fon goût
pour les lettres.
Si Noflradamus a dit tout cela , il a été"un grand
prophète ; mais on n’a pas même ofé dire qu’il l’ait
dit ; & s’il l’avoit d it, il n’auroit pas été fi bien
récompenfé.
Mais voici ce qu’on fait certainement qu’il a dit;
&. voici à côté ce qui arriva.
Le célèbre philofophe Gaffendi étant à Salon en
*638. Jean-Baptifle buffren , juge de cette ville, lui
communiqua l’horofcoped’AntoineSuftrenfon père
tiré par Noflradamus, 8c même écrit de fa main.
Suffren portera une barbe fort longue & fort crêpée.
Il fe la fit toujours rafer.
Les dents mal propres & rongées par la rouille.
Jamais homme n’eut les dents plus blanches, &
il les conferva telles jufqu’à la mort.
I l fera fort courbé dans fa vieilleffe. Jeune 8c
vieux il fut toujours extrêmement droit.
Dans fé> dix-neuvième année il recueillera une
fuccejjicn étrangère. Il ne recueillit jamais d’autre luc-
ceffion que celle de fon père, & ce ne fut pas dans
fa dix-neuvième année.
Ses frères lui d reflétant des embûches. Il n’eut
point de frères. I l fera blejfé dans fa trente-feptieme
année par fes frères utérins.. Il n’eut ni frère utérins
, ni frères coafanguins, & fa mère n’eut qu’un
feul mari.
Tl fer'mariera hors de la Provence. Il fe maria dans
la ville de Salon même.
Dans fa vingt-cinquième année , il apprendra la
théologie, les fciences naturelles ; il s'appliquera fur-
N O S S ,
tout à la philofopkie occulte, à la Géométrie , a
Varithmétique , à la rhétorique. Il ne s’occupa jamais
d’aucune de ces fciences, il fe livra tout entier
à l’étude de la jurifprudence , feule fcience que
Noflradamus avoit paru exclure , au moins par fon
i filence.
DansJ a vieilleffe il aimera la mufique , & jouera
des infhumens. Jamais ni dans fa vieilleffe , ni
dans fa jeuneffe il ne s’occupa de mufique ^ jamais
il ne joua d’aucun inftrument.
Dans fa vieilleffe encore , il aimera beaucoup la
navigation. Jamais il ne fit aucun voyage fur mer.
I l mourra en 16 18 . Ï1 mourut en 1597.
C’eft Gaffendi lui même qui rapporte ces faits
dans le premier volume de fa phyfique.
En voilà plus qu’il n’en faut pour juftifier ces
vers en forme de calembourg que Jodelie fit fur
Noflradamus.
N o f t r a d am u s , çum falfa damas , nam falltre noflrum c fi;
E t cùm falfa damas, nïl nifi N o f t r a d am u s .
Noflradamus étoit d’une famille juive , ce qui
ne contribua pas peu encore à accréditer fes prédirions.
Il fe prétendoir de la tribu d’Iffachar;
& précifément il eft dit dans le premier livre des
Paralipomènes, chap.XII, vers 32. De filiisquoque
Iffachar virï eruditi qui noverant Jingula tempora ad
prcecipiendum quid facere deberet Ifra 'él, principes
ducenti : ornnis autern reliqua tribus eorum conjilium
fequebatur : ce qui fignifie feulement que ces principaux
chefs de la tribu d’Iffachar connoiffoient
i’hiftoire de tous les temps paffés; mais Noflradamus
étendoit ces mots, fingula tempora, jufqu’à l’avenir,
& il vouloit qu’on regardât ce paffage des Paralipomènes
comme prophétique à fon égard. Tout
cela étoit fait pour réuffir alors , 8c peut-être
encore aujourd’hui.
On a les centuries de Noflradamus , c’eft-à-dire »
le recueil de fes prédirions en autant de quatrains
rimés, divifés en centiries.
La première édition eft de L y o n , 15 55.; elle
ne contient que fêpt centuries. En 1358 , il publia
les huitième , neuvième & dixième centuries, qu’il
dédia au roi Henri I I , & qui réuffiffoient d’autant
mieux, qu’elles font d’une obfcurité impénétrable ,
& qu’on y voyoit clairement toutes chofes comme
dans l’apocalypfe. La réputation de ces centuries
étoit, 6c a continué d’être telle , qu’aujourd’hui
encore, à chaque événement, on publie ce qu’on
appelle une centurie de Noflradamus , c’eft-à-
dire , une prédirion en quatrain , qu’on affiire être
dans Noflradamus, & que perfonne ne vérifie, de
peur de ne Py pas trouver.
NostradamuS avoit un frè re , nommé Jean „
procureur à Aix , auteur des vies des anciens poètes
provençaux.
Il laifia deux fils qui fe font auffi fait connoître :
C éfa r, né en 1555 , auteur d’une mauvaife
hifloire 6> chronique de Provence , & de mauvaife s
poéfies. Mort en 1629»