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lagon , dont il prît le nom & les armes, & c’eft
de lui que defcendoit le fameux général Odlave
Picoipjmni, dont rions avons parlé.
PICH :N. ( Le P . Pichon, jéfiuite | ( Hiß. litt,
moi. ) Les jéfuites a voient entrepris de refaire
tous les bops livres de Port - Royal & de les
faire oublier; mais il leur éroit plus ailé d’armer le
pouvoir de Louis X IV contre leurs ennemis , que
de difpofer le public favorablement pour eux. Le
janfénifme fut, même dans les plus beaux jours
de la gloire de Louis X IV , un des articles lur lesquels
l’idolâtrie de la nation pour fon r o i, fembla
connoître quelques bornes. Les livres de dévotion
des jéfuites, fur-tout ceux qui portoient le même
titre que des livres connus de Port-Rbyal, tombèrent
dans un décri univerfel, & c’étoit lin proverbe
reçu , que tout livre de dévotion d’un jéfuite,
ruinoit infailliblement un libraire. Sous Louis X V ,
le P. Pichon , mal corrigé par l’exemple de fes
confrères , voulut refaire une_ fréquente communion
pour Toppofer à celle de Port-Royal, & comme
les janféniftes dans l a crainte des communions
indignes & par reipecr pour ce facrement, ne permettaient
pas d’approcher trop fouvent de la lainte
table , le P. Pichen recommanda de s’en approcher
tous les jours , & repréfenta cette fréquence
exceflive comme le feul moyen de triompher des
péchés d’habitude, & de s’affermir dans la voie
du falut. Les janféniftes jugèrent que ce fyfiême
îendok à une profanation perpétuelle du facrement.
L e clergé de France fe partagea, le plus grand
nombre des évêques , fans doute par prudence ,
& pour ne point attifer le feu , garda le plus
profond filençe. Plufieurs d’entre eux condamnèrent
le livre du P. Pichon, quelques - uns même
l e défendirent , ou du moins l’excufèrônt. De cq
nombre fut l’archevêque de Sens, Languetde Ger-
g y ; il obferva que c’étoit mal consulter les intérêts
de la religion , que de févir avec cette rigueur
contre fes défenfeurs les plus zélés, que c’étoit
ï ’efprit du janfénifme qui infpiroit cette rigueur ;
que s’il arrivoit aux défenfeurs delà foi de s’égarer
à force de zèle , il fall oit les' ramener par la
douceur & par les ménage.mens , non les irriter
, ou les décourager par les anathèmes qui
dévoient être rçfervés pour les impies ou les héréa-
tiques ; il réfulta de toutes ces .pontradi&ions ,
que le livre & le' fyfiême du P, Pichon furent
profçrits dans l’< piston pybliqye, & ce n’e.ft plus
que dans quelques paroifles de village , dirigées
par des prêtres anciennement jéfuites, ou formés
par e u x , qu'on tâche encore de mettre en pratique
îe fyfiême du P. Pichon , mais fans pronon-r
CQX fon nom , qui eft trop décrié,.
P ichon , ( Hiß. litt. mod. ) poëte François., né
I Dijon, ad'afiiné en i6 ) i à la fleuf de fon âge.
ô n 3 de lui «ne traduwion en vers françois de
Sa F i f o d e f o i r e , L e cardinal de Richelieu faîfoit
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grand cas de cette traduâion , ce qui ne prouve
pas qu’elle fût bonne. On a de lui quelques pièces
de théâtre, l'Infidèle confidente, pièce jouée avec
fuccespar les comédiens de l’hôtel de Bourgogne ;
les folies de Cardenio, les avantui.es de Rojilèon. Il
a donné aufli YAminte en vers françois.
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P IDOU , ( F r a n ç o i s ) ( Hiß. litt, mod.) plus
connu peut-être fous le nom du chevalier de faint
Olon, envoyé extraordinaire à Gênes & à Madrid ,
ambafladeur extraordinaire a Maroc, né en Touraine
en 16 4 0 , mort à Paris en 17 10 . On a de
lui V état préfient dt P empire de Maroc , & les évé-
ne'mens les plus configurables du regne de Fouis le
Grand.
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P IE . ( Hiß. eccl. ) On compte fix papes de ce
nom. Les plus célèbres fo n t, Pie I I , Pie IV ,
& Pie V . Le fixieme eft celui qui fiége aujourd’hui.
Pie II eft ce fameux Æneas S y l-
vius Picolomini , fi connu par (es écrits «&
par les variations de fa conduite & de fes fenti-
mens ; il avoit été fecretaire du concile de Baie
il en avoit défendu hautement l’autorité ; la cour
dé Rome le regardoit comme fon plus redoutable
adverfaire ; n’ofant le combattre, elle eflaya de
le gagner , & elle y réuflit ; tout parti étoit indifferent
à cet ambitieûx ; comblé des bienfaits des
papes, voyant la route de la fortune plus ap-
planie de ce côté là , il trahit la caufe qu’il avoit
foutenue aVee tant de gloire; il écrivit contre
le concile; le zèle-qu’il fit éclater pour les intérêts
de Rome l’ éleva au pontificat ; alors il jura
la ruine de cette fameufe pragmatique, à l’établif-
fernem & à la publication de laquelle il avoit.tant
contribué ; il employa pour la faire révoquer
en France , Balue & Joffredy } ( voyez ces deux
articles ) il crut en être quitte pour dire qu’il fe
repentoift comme faint Pierre , qu’il expioit comme
faint Paul le tort d’avoir perfècuté par ignorance
l’églife de D ieu , qu’il fe rétfàéïoit comme faint
Auguftin, & qu’il abjiftoit les erreurs de fa fçu-
sefîe ; qu’on devoit plutôt en ..croire un vieillard
qu’un jeune homme, un fouverain pontife qu’un
parriculier.-C’étoit beaucoup compter fur là fim-
plicitédes fidèles, que d’efpèrer qu’ils en croiroient
plutôt un vieux pape combattant pour l’autorité
des papes , qu’un Théologien dans toute la force
de l’âge & des lumières, dans toute l’impartialité
du défintéreflement . défendant la caufe de
i’églife univerfelle. Ce fut d'ailleurs un homme de
lettres , très-diftingué pour le temps, qu’Æneas Syl-
vius ; l’empereur Frédéric I I I , dont il avoit été
fecretaire , & dont il fut vice-chancelier, lui déféra
la couronne poétique , & lui trouvant du talent
pour les affaires., l’envoya eu am ballade à
Rome » à jVJilaja, à Naples, en Éphèmç & ailleurs.
Ce pape fut l’Ovide de Rome moderne. On a de
lui un traité de l'amour , un des remèdes contre
Vamour, & une hifioire de deux amans. On a
de lui aufîi une. hifioire des Bohémiensdepuis leur
origine jufqù’à l’an 1458 ; une hifioire de Frédéric
III ; une hifioria rerum ubicumque geflarum ;
des mémoires fur le concile de Bâle , depuis la
fufpenfion d’Eugène jufqu’à l’éleélion de Félix. Des
mémoires de fa v ie , publiés par Jean Gobelin-
Perfonne , fon fecrétaire, & beaucoup de poèmes
& de traités fur diverfes matières. Il étoit né en
1405 dans le Siennois , avoit été fait pape en 1458.
Sa bulle de rétractation de ce qu’il avoit écrit au
eoncile de Bâle., lorsqu’il en étoit fecrétaire,.eft
de 1463. Il mourut le 16 août 1464..
Pie IV , ( Jean Ange , cardinal de Médieis ou
Médequin ) , étoit frère du fameux marquis de
Marignan ; ( voyez Marignan ) il fit étrangler dans
la prifon du 'château Saint-Ange , pour Conjuration
vraie ou prétendue , le cardinal Caraffe ,
neveu de Paul IV , fon prédécefleur , & fit trancher
la tête au prince de Palliano, frère de ce ■
cardinal;, il fe forma contre lui d’autres confpi-
rations qu’il crut de même étouffer par la rigueur
des fupplices. Il rétablit le concile de Trente
qui étoit refté fufpendu. Né à Milan en 1499 ,
cardinal en 15 4 9 , pape en 1 5 ^ 9 ,mort en 1565.
Saint Charles. Borromée étoit Ion neveu.
Pie V ( Michel Ghifleri} , né en 15 0 4 , fut fait
cardinal en 1 5 5 7 ; créé en même temps inquisiteur
général de la foi dans le Milanés & la Lombardie
, il exerça fi rigoureufement les fonctions
de ce rigoureux miniflère, que les Romains témoignèrent
beaucoup de mécontentement,, lorf-
cfu’ils le virent en 15.66 élevé au Pontificat. 11
tint à ce fujet un fort bon propos : j'efipère , dit-il,.
qu'ils fieront aufiji fiâchés à ma mort qu'ils le fiont à
mon élection. Sa conduite ne juftifia point cet augure.
Il continua de faire brûler beaucoup d’he-
rétiques ; il donna cette fameufe bulle in canâ
Domini, que toutes les puiffances rejettèrenc ,
parce qu’elle bleffoit toutes les puiffances , &
qu’elle afferviffoit tout & l’églife même à la tiare.
Il fe dédommagea de ce refus ,.en ordonnant qu’elle
feroit publiée à Rome tous les ans le jeudi fiaint ;
cérémonie qui n’a été abrogée que dans ces derniers
temps par. le pape Clément X IV. Sa bulle
contre Elifaberh, reine d’Angleterre . choque aufli
tous les égards dus aux têtes couronnées ; il contribua
beaucoup à-faire entrer les Vénitiens & le
roi d’Efpagne, Philippe II , dans une ligue contre,
les Turcs : l’étendart des deux clefs fut folemnel-
tement déployé contre le croiffant, & le pape
n’épargna ni dépenfes, ni mouvemens, ni fatigues
pour procurer la valoir e de Lépante. Il mourut
6 mois après, en 15 7 2 , de'-la pierre ; il répétait
fouvent au milieu des fouffrances cette
phrafe chrétienne : Seigneur, augmente{ mes dou-
Hifioire, Tome IV .
leurs & ma patience. S’il ne fut pas regrette comme
il avoit efpéré , ce fut peut - être moins pour le
mal qu’il fit inconteflablement que pour un bien
dont fon fiècle n’étoit pas trop digne , & que
toutes les cours fouffrent impatiemment ; ce bien
fut qu’il réprima le luxe des eccléfiafliques ,
le fafte des cardinaux & les déréglemens des Romains
; qu’il fit exécuter ponctuellement les décrets
de réformation faits parlé concile de Trente ;
qu’il chaffa de Rome les filles publiques, & permit
de pourfuivre pour dettes les cardinaux , ne
croyant pas que l’infidélité dans les engagemens
& l’infamie de la banqueroute duffent être les
privilèges des princes de l’églife. Sixte-Quint pre-
noit Pie V pour fon modèle ; ClementXx le cano-
nifa ; ce fut Pie V qui condamna Bains. Le Sultan
Selim prouva que Pie V avoit été pour lui un
ennemi redoutable , en ordonnant indécemment
des réjouiffances publiques pour la mort de ce
pontife. Les divers intérêts de religion & de politique
ne doivent jamais nuire au refpeèt réciproque
que les princes fe doivent, & . il eft au fil-
lâche qu’inhumain de fe réjouir de la mort, même
d’iin ennemi.
PIENNES , ( Hiß. de Fr. ) De Piennes eft le
nom d’.une grande & ancienne maifon qui avoit
fon hôtel à Paris près des grands auguftins.
Charles V III avoit acquis cet hôtel de Piennes,.
& François I en fit don. au chancelier Duprat.
De cette maifon de Piennes étoit un fage &
expérimenté capitaine, qui avoit aflifté à beaucoup
de grandes batailles.. 11 avoit fuivi Charles
V II I dans l'expédition du royaume de Naples ,
& l’y avoit très - bien fervi ;. il avoit vu cette:
célèbre bataille de Fornoue, où il falloit vaincre
feulement pour obtenir de fortir de Y Italie
, & de n’y pas relier renfermé. 11 étoit
aufii fous Louis X l l à la bataille de Guinegafie ou,,
des éperons,, du 18 août 15 15 ; il en blâma les
difpofitions , & donna des avis qu’on ne voulut
point écouter, ce que ficut bien reprocher le roi à
tous ypourquoy ils ne l'avoient creu , car il en avoit
bien veu d'autres, dit Brantôme.
De Piennes étoit gouverneur de Picardie; il
eut pour fuccefleur dans cette place un prince du.
fang, ( Charles de Bourbon.-Vendôme, aïeul de
Henri IV . )
Les de Piennes étaient une branche de la maifon
de Hallwin , qui tire fon nom d’une ville de
Flandre, fituée entre Comines & Menin , & qui
était déjà confidérable au douzième fiècle.
Trois frères de cette maifon furent tués ; favoir :
Antoine, feigneur de la Capelle, à la bataille
de Nancy en 14 7 7 , à la fuite du duc de Bourgogne,
Charlesde-Téméraire ;
François,, l’année précédente, à la bataille de
Morat ;
Jacques, bailli de Bruges, à la bataille de Gui^
negafte en 1479*
N n