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ce bon fouverain. Peut-être Recarede 11 eût - i l ,
comme fon père , mérité la confiance, l’eftime
6 le re fped de fes fujets ; peut-être auffi n’eût-il
été qu’un méchant p rin ce , & c’eft ce qu’on ne
fauroit dé cid e r, car il étoit fort jeune & prefque
dans l’enfance en co re , lo'rfqu’il fut é levé fur le
trôn e ; à peine il s’y étoit a fiis, que la mort vint
changer en deuil les fêtes & les réjouiffançes de
fon avènement. Ses fujets l’avoient' élu dans le
mois de mai 6 2 .1 , & il fut inhumé dans les premiers
jours du mois d’août fuivant. On ignore
jufqu’au genre de maladie qui conduifit ce roi enfant
dans le tombeau. ( L . C. )
R E C È S D E L ’EM P IR E , recejfus im perii. ( H if l.
mod. D ro it p u b lic . ) C ’eft ainft qu’on nomme eu
général toutes les conftitutions, les réglemens &
le s loix fondamentales de l’empire; mais dans un (ens
moinsétendu, ce font les loixuniverfelles portées par
l ’empereur & parles états de l’empiredans la diète; on
croit que l’origine du mot recejfus vient de ce que ces
lo ix ' fe fâifoient autrefois au moment où l’aftem-
blée des états ou la diète alloit fe féparer ou fe
retirer.
L e s jurifeonfultes allemands diftinguent les recès
d e l'em p ire en généraux -6c en particuliers. Les
premiers font les loix faites par tous les états afleiji-
blés en corps ; les derniers font les réfolutions
prifes par les députations particulières. On les d is tingue
encore en recejjus pri'marios i c recejfus f e -
(u n d a r io s . Les premiers font ceux que l’on fait
imprimer & que l’on p u b lie ; les autres font des
réfolutions que l’on tient fecrettes, & qui fe dé-
pofent dans les archives de l’em pire , dont l’électeur
les plaifirs de fa jeun efîe , & qui furent le charme
de fa caducité. Il fit conftruire âulïi le magnifique
monaftère de Saint-Romain d’Ornifga , 8c mourut
amèrement regretté de fe s peuples. L a na tiona voit
applaudi à i’affociaùon de R e c e fu in ih e , mais elle
avoit mécontenté beaucoup de grands q u i, comptant
< fur la mort prochaine du vieux r o i , avoient pris
I des me fur es pour q u e l’éleâion leur devînt fa v o -
! rable. L e plus ambitieux & le plus ulcéré d’entre
I ces afpirans à la royauté étoit F ro ïa , q u i, par fon
illuftre naiftance, fes riebeffes, fon crédit & la
puiiïance de fes, parens, s’étoit flatté que nul autre
que lui ne pourroit lui d ifputer, après la mort
de Chindafuinthe 9 la couronne des Vifigoths. Irrité
de la préférence que le fils du dernier fouverain
avoit obtenue, du vivant même de fon p è re , il
ne renonça point à fes vu e s1 d’élévation; au contra
de Mayence a la garde. V o y e z V it r ia r ii in f l i -
tutiones ju r i s p u b lic i Romano -gcrmanici. (A . R .)
R E C E S U IN T H E , roi des Vifigoths. ( H iflo ir e
’d ’E fp a g n e .)L ë vertueux Chindafuinthe,prince éclairé
dans un fiècle fort ignorant, & chez les Vifigoths
q u i , de toutes les'connoiftances humaines, n’efii-
meient & ne cultivoient que la fcience militaire,
Chindafuinthe, accablé fous le poids des années
& prefque nonagénaire, obtint de la nation que
fon fils Re cefuin ihe partageroit fon trône & lui
feroit aflbcié. I l y avoit eu jufqu alors quelques
exemplesdefemfelables afTociations, & elles*avoient
toutes été funeftes aux fouveràins qui les avoient
demandées ; mais Chindafuinthe connoiffoit les
v e r tu s , les talens & la modération de fon fils ;
il ne fut point trompé-dans fon attente , êç le fage
Re cefuinthe ne s’àftit fur le trône , en janvier 6 4 9 ,
que pour foulager fon père de ce qu’avoit de
plus pénible le fardeau du gouvernement. Quelque
temps avant cette affociation, le jeune prince avoit
époufé Riciberge , dont on ignore l’origine. Libre
des foins qui jufqu’ alors avoient rempli tous fes
momens, Chindafuinthe ne s ’occupa plus que des
kçlles-lçttres, des fciepces? qui ayoieni fait jadis
ire , rèfolu de périr ou de ré gn e r , au défaut
d'élection, il fe détermina à employer la force ,
& il alla le ve r une armée chez les Galcons q u i,
n’attendant qu’une oeçafion d’entrer en E fp a gn e ,
paffèrent en foule les P y rén é e s, fondirent lur les
terres des Vifigo ths, & conduits par F ro ïa , mirent
à feu & à fang tous les lieux par eu ils paffèrent.
R e c e fu in ih e , à là tête d’une armée peu nombreufe ,
mais aguerrie, vint arrêter ce torrent deftruéteur ;
il attaqua impétueufement les Ga fcon s , il les va inq
u it, en maffacra la. plus grande partie , Sc contraignit
le refte à prendre la fuite. L e petit nombre
de Gafcons qui échappèrent à la pourfuite dit
vainqueur , fe hâtèrent de gagner leur pays. Froïa
difparut auffi avec quelques-uns des fien s , & l’on
ignore entièrement dans quelle contrée il alla cacher
fà honte & fa vie . Quelqu’éclatante néanmoins
que fût cette viéfoire , elle ne concilia point encore
à Rec efuin th e l’aftedion & l’obéiffance de toutes
les prov ince s; il y en eut quelques-unes qui per-,
fiftèrent dans leur mécontentement , 8c qui fe préparèrent
à. fe défendre, au cas où io n voudroit
les foumettre par la force des arme s; mais il n em p
loya point cette v o ie , 8c peu-àrpeu fa douceur
& -fa clémence lui ramenèrent tous les Vifigoths.
Lorfqu’à force de foins & de v e r tu s , ce bon roi
eut rétabli le c a lm e , il convoqua un concile à
T o lè d e , & dans cette affemblée, compofèe des
évêque s, de-* prélats 8c des feigneurs les plus di(-
tingués du royaume, R e c e fu in th e , après a voir e x -
pofé l’état aéluel des affaires , demanda que le concile
fixât une confcffion de foi catholique qui fût
invariable ; qu’on ftatuât fur la maniéré dont i l
falloit en ufer envers les rebelles, auxquels il defiroit
qu’on pardonnât; qu’il fût délibéré q u e , dans toutes
les plaintes que fo n pourroit porter contre lu i ,
1 il feroit nommé des arbitres pour juger impartia-,
| lement & avec équité ; que les grands fuftent invités
à obferver ce qui feroit ftatué p a r les évêques
a0emblés ; enfin que l ’on délibérât fur la ^
nière dont il falloit traiter les Juifs q u i, après"'
avoir été baptifès, auroient apoftafié. L e concile
fit fur ces divers objets plufieurs canons & plufteurs
règlement
R E C
fégleméns qui furent jugés très-utiles,' que le roi
fit exactement ob fe rv e r , 8c auxquels il fe fournit
lui-même. L ’ attention de Recejuinthe à concourir,
autant qu’il dépendoit de lu i, au bonheur de fes
fujets & à la gloire de la nation , le fit chérir 8c
refpeéter même de ceux qui s’étoient le plus hautement
déclarés contre lu i , lors de la «rébellion
de Froïa. Il ne lui reftoit plus 'd ’ennemis dans
l’é ta t. & les eccléfiaftiques, fi faciles dans ce temps
à s’agiter & à fe fou le v e r , donnoient l’exemple du
zèle 8c de la fonmiflïon : leur confiance étoit fi
entière, que c’é^oit lui qu’ils confiiltoient fur les
points les plus importans, & que c’étoit à fon
autorité, & non à celle de l’évêque de R om e ,
qu’ils avoient recours. En e ffe t , ce fut R e c e fu in th e ,
d e non le p ap e , auquel même on ne fongea point
à s’adreffer, qui rendit à la métropole de Mérida
tous les évêchés qui en relevoient anciennement,
8c qui avoient été fucceffivement annexés à la
métropole de Brague. L e s affaires eccléfiaftiques
n’occupoient cependant point affez le .roi des V i figoths,
pour qu’il ne donnât pas également & avec
le plus grand fuccès , fes foins aux diverfes parties de
l ’adminiftration publique. Il veilla fur les juges
8c les tribunaux, réprima tous les abus qui s’étoient
introduits & multipliés dans la manière d’inftruire
les procès 8c de rendre la juftice , fit re fp e âe r
l ’autorité des lo ix , 8c ce qui produisit un bien plus
grand e ffet, donna à la n ation, qui n’avoit que des
moeurs corrompues, des moeurs douces & honnêtes.
Après bien des années d u n régné paifible 8c heure
u x , il perdit Riciberge fon époufe , & il fut
obfédé par fes parens $c par les fr è r e s , qui le
vo yan t v e u f , fans.enfans 8c v ie u x , le préitèrent
de partager,fon trône avec quelqu’un d’entr’ eux.
I l connoiffoit l’attachement des Vifigoths au droit
qu’ils avoient de s’élire un r o i , & comme d’ailleurs
peut-être il ne v o yo it p a s , dans le nombre de
ces afpirans à la royauté , perfonne qui fût capable
d’en' remplir les fonctions, il déclara qu’ il vouloit
régner feu l, & laifia à la nation l’avantage & la
liberté de lui choifir un fucceffeur. Quelque tranquillité
qui régnât néanmoins, dans l ’é ta t , Receju
in th e n’étoit point fans inquiétude; les progrès
des .Sarràfins & leurs conquêtes en Afrique l’alarmèrent.
L e comte G régoire , gouverneur de la
province de Carthage, du domaine des Vifigoths ,
avoit tenté de s’oppolèr aux fuccès des armes
de ces conquérans, & il avoit été cruellement
battu ; fes troupes avoient été maffacrées , & il
étoit refté lui-même au nombre des morts. Cette
défaite & la crainte d’avoir fur fes vieux jours
une guerre à foutenir contre ce peuple dévafta-
te u r , causèrent un tel chagrin à Re c e fu in th e , que
fa fanté en fut affoiblie* I l crut que l’exercice lui
rendroit fes fo r c e s , & dans cette e fp é rance , il
fe fit trapfporter à Gerticos , lieu de fa naiftance ,
fuivant quelques hiftoriens, & à environ quarante
lieues de T olèd e . Mais le changement d’air n’opéra
point l’effet qu’il en attendoit, au contraire fa
H ijlo ir e . Tome IV *
R E C 5:1?
maladie augmenta , & après quelques jours de
fouffranCe, il mourut le premier feptembre 6 7 2 ,,
dans la .vingt-quatrième année de fon regne. II
mérita pendant fa v ie le s regrets que les Vifigoths
lui donnèrent à fa mort. ( C . )
R É C H E N B E R G , (Adam et Charles-O thon)
H i f l . li t t . mod. ) pè're & fils , favans allemands dti
pays de S a x e ; le p remier, auteur de quelques ouvrages
de controverfe , éditeur de divers ouvrage9
tant anciens que modernes, entr’autres de l’ouvrago
du do&eur R ic h e r , intitulé : O b fl.t r ix animorum ,
& du recueil : R e i numerariot fe riptore s. L ’autre
auteur de plufieurs ouvrages de jurifprudence Sc
l ’un des auteurs du journal de Leipfick. A d am , né
en 16 4 2 ., mort en 1 7 2 1 . Charles-Othon , né en
16 8 9 , mort en 1 7 5 1 .
R E C O R D E R , (H i f l . munie. £ A n g lete rre .’) nom
d’un magiftrat qui fe it de confeiller au lord-maire ,
pour l’informer en foutes occafions des loix & coutumes
de la ville de Londres ; c’eft lui qui prononce
les fentences; il prend place dans le confeil
du maire avant tous les échevins qui n ont p as
encore été maires. ( D . J . )
R E C T E U R , (H i f lo i r e de V e n i f e . ) titre qui eft
commun aù pod e ftat, au capitaine des armées
des Vénitiens ; i l fignifie celui qui gouverne le s
villes de l’é ta f.- f A . R . )
R E D
R E D E M P T O R E S . f. m. ( H i f l . r om .) Orf
nommoit ainfi chez les Romains les entrepreneurs
pour la conftru&ion ou la réparation des ouvrages
publics ; c’étoit ave c eux que les -cenfeurs con-
cluoient tous les traités qui concernoient cette
partie de la police générale.
Je ne faurois mieux expliquer le mot redemptor
que par les paroles de Fe ftus, qui a écrit : redemp-K
totes propriè atque antiquâ confluetudine dicebantur q u iÿ
cum q u id publice fa c ien d um aut preebendum con dux e -
ra n t , ejfecerantque, turn demiim p ecun ia s accipiebant >
nam antiquitus emere pro accipere ponebatur : a t i l
nunc dicuntur redemptores, q u i q u id condùxerunt
preebendum utendumque. On appelioit proprement^
6c par une ancienne coutume, redemptores, ceux:
qui avoient fait, marché de faire ou de fournir
quelque chofe à la république, & qui après l’a voir
f a i t , recevoient l’argent qui leur avoit été prom
is; car anciennement, le mot qui fignifie achet
e r , fignifioit p r e n d r e ; mais aujourd’hui l’on appelle
redemptores, ceux qui ont loué quelque chofe pour
la relouer & pour s’en fe rvir. Horace emploie
toujours ce mot dans le premier fens. Ode 1 ,
l i v . 111. Ode 1 1 , f i I I , & ç . ( D . J . )
R E D I , (F rançois) H i f l . lit t . mod. ) de l ’académie
de la Ç r u fç a , au di&ionnaire de laquelle i l
T t t