
n’ auroit pas eu droit de le faire ; mais l’efpfit de
Dieu l ’ayant faifi , il eri eut le droit & le pouvoir.
D ’ailleurs , i ° . les philiftins étoient ccnfés
dans un état de guerre avec les ifraélites *, -ils étoient
leurs oppreffeurs, leurs ; ,-tyrans.; 2.0, Samfon étoit
a&uellement le général d’Iiraël', choifi- du ciel pour
punir les Philiftins. 3°. Il ne fût -dans cette rencontre,
que'l*inftrument dont Dieu fe fervit'poiir
châtier les coupables.
L ’aventure des trois cents renards , rsffemblés
par Samfon , pour brûler les blés des philiftins
choque encore plus nos petits raiïorihéurs. Mais il
faut être bien incrédule pour douter ,d’ un. fait. qui
n’eflr pas ‘aüfii dénué'de vraifemblance qu’on, pour-
roit le croire.
i ° . Il eft certain, que les renards étqient, font
encore très-communs dans la Paleftine; où l’on, en
trouve en très-grand nombre, jufques- dans les
haies & dans les ruines des bâtimens.
2.-°. L ’Ecriture en parlé fur ce pied-là. On y
trouve que divers lieux , dans lé pays de Chanaan ,
y prenoient- leur ; nom des; renards qui1’ y abon-
dpient, • -
3 ° . Âjoütez que Tous le , nom dp renard, on
comprenoit 'encore les thpus, animal qui tient dû
renard & du loup, & qui eft fi commun dans la
Paleftine, fur - tout vers Cézarée, qu’on y en voit
quelquefois des troupes dé deux cents.
4-°. .Qu’jy a - t - i l de fi incroyable à voir striais
cents renards rafîemblés par Samjàn , quand on-à
lù dans l’hiftoire. romaine que.Sylia produifit,. dans
les fpeélaclés qu’il donna au peuplé romain , cent
lions; Céfar quatre cents, dont trois cent-quinze
avec leurs crinières -, Probus , mille autruches , &
une infinité d’autres animaux ? Qu’on life fur tout
.cela les yaftes Recueils de Bochart.
Si l%iftorien facré-difoit que S dm fon 'ràffembla
ces trois cents fenards dans, un jour, du 'dans 'Une
nuit, on pourroit iejelcrier. Mài^ q u i.l’empêcha
d’y mettre quelques':femàines, d’y employer plu-
fieurs mains, des pièges , dés filets & toutes les
rufes de la chàfle ? Enfin, fi l’on demande pourquoi
il employa des renards plutôt que des chiens
ou des chats au deflein qu’il fe propoioit, il eft bien
aifé de fafisfaire ceux qui propofent cette quef-
:tion. Car ,. outre que" la longue queue des renards
favorifoit fes deffëins, que cet animal eft fort'vif,
qu’il craint extrêmement le feu , & que fon inf-
tincl le porte à gagner la campagne & à fe jeter
dans les blés, plutôt que les atiimaux domeftiques;
outre cela, dis-je, Sam fon opéroit deux bien# à
}a fois. Il délivroit fon pays dé trois cents animaux
incommodes & nuifibles , & il lés jetoit dan3 le
pays ennemi.
• La mâchoire d’ âne dont le héros s’arma pour
défaire, les philiftins * a été une fource de plaifdh-
tçries pour les même? incrédules ; mais leurs railleries
font bien déplacées. Il eft aifé de concevoir
comment Samfon , animé de l’efprit de Dieu, rendit
cette arme fatale à la vie de fes ennemis. Les
philiftins, étonnés a l’afpeft du héros qui brifoit
fés chaînes, étoient encore dans toute l’émotion
de la furprife , lofïque fondant fur eux, comme un
liô n , il profita de lëûr trouble pour leur porter
des Coups ■ âffurés; Une terreur pani’qùe s’ empara
■d’eux. Ils crurent voir apparemment ceux de Juda
féconder leur redoutable ennemi ; &, aucun n’ôfant
réfiftér, si ne porte fur eux que des coups mortels.
Ain.fi | pour n’alléguer qu’un feul exemple d’une
•valeur extraordinaire, l’empereur Aurélien dans
la guerre* qu’il1 fit aux farmates, leur tua dans un
"jour ,; d é fit propre main , qüaranté-hùit hommes »
& ém divers autres' jours, jufqu’à neuf cent cinquante.
!
Nou,s le’ dirons néanmoins : il y a ici plus que
d’ une valeur humaine. C ’étoit celui qui ôte le cou-?
tage aux forts., & qui fortifie lés mains desfoibles,
qui aififtoi.t Sam fon dans cette rencontre. C’étoit
-l’efprit, .de Dieu qut accompliffoit en lui la promefte
.que Dieu avoit faite autrefois aux ifraélites : Per-
jb n n en e , pourra-fubfifler devant vous , & un feu l de
-vous en,pOurJiflvra mille.. Lêv it. x x v j. 8 . L ’incré-
.düle qui doute', que, le Toutr Puifiànt commande
à la nature jufque-là;, n’eft digne que de mépris.
Comment^ difènt nos nouveaux philofophes ,
Sam fon a-t-il pu , en fècouant deux colonnes, faire
tomber un temple., &. écrafer tous ceux qu’il ren-
fermoit ? ‘Poiir répondre à ..cette difficulté , il faut
être infiruit des ûfages antiques , & nos raifonneurs
fuperficiels lcsignorent.La maifon dont il s’agit étoit,
fuivant l’opinion là plus probable , confiante de
bois, à la manière dés égyptiens. C ’étoit proprement
une rotonde, une ville falle bâtie en rond,
& dé manière qu’elle repoToit fur deux colonnes.
De grands portiques lui fervoient d’entrées.; fon
toit etoit èn plate-forme, avec une large.ouverture
au milieu , par où l’on voÿoit dans le temple. S.im-
fo n , après avoir fervf dè fpeélacle au peuplé , qui
étoit defiùs &. defious les galeries dans les portiques ,
fut aparemment mené dans le temple, où les prin-
cip'âùx philiftins avoisnt, felcn la coutume, masgé
en préfence de Dagon , leur Dieu.
L e : toit étoit chargé’ dei fpeélâteurs.' Et comme
fans doute l ’édifice étoit bien, connu de Sam fon , il
n’eut pas befoin de -deviner p£ur être conduit vers
les deux ;colonnes;qui le foutenoient. On remarque ,
au refte, que le fameux temple d’Hercule, à T y r ,
& un autre auflï -d’Hercule , en Afrique , avoient
deux colonnes comme celui' de Dagon. Mais quand
il ne feroit pas certain que les temples fufient conf-
truits en Egypte comme on le fuppofe ic i, & qua
le temple du fameux Dagon Fût fur ce- modèle ,
on peut fùppofer, avec la foule des interprètes ,
que la maifon en queftion étoit une forte de théâtre-
de bois, appuyé fur des piliers dç matière ? fait ^
ta hâte , mais apparemment çonftruit à'* peu- près
comme ceux que les romains bâtirent'dans la fuite.
Au milieu de l’édifice dévoient régner deux larges
poutres fur lefquelles prefque tout le A-efte .portoit ,
& qui repofoient elles-mêmes par une de leurs extrémités
, fur deux colonnes prefque contiguës, en forte
que ces colonnes ne pouvoient pas etre ébranlées
fans que l’édifice croulât. On dira peut-être qu’il
eft inconcevable qu’ un pareil édifice eût été aftez
folide pour, foutenir plus de' trois mille âmes. Mais
qu’on life ce qu’àtteftè Pline y des' deux- théâtres
que C. Curion avoit fait cOnftrüire à Rome , & qui ,
aftez vaftés ,■ comme parle cet auteur , pour contè-
nir tout le peuple Romain, étoient d’une ftrüâure'fi
fingulière, qu’ils „portaient chacun fur un feul pivot.
Il y a pourtant une grande-difficulté dans ce feiiti^
ment ; c’eft que l’édifice de Gaza avoit un®toit capable
de porter .jufqu’à trois mille perfonnes. Il faut
donc que ce fût un. édifice d’utie ftruéfurè fingulière
, comme la fallé égyptienne de Vitruve , &
nullement femblable aux théâtres des anciens grecs-
& romains.
M. Shaw, ce voyageur fi éclairé & fi digne de
créance , croit avoir pris en Afrique une-juite, idée
de la. ftruéture du temple de Dsgon.
«c II y a , dit-il, dans ce pays-Ci ,yiufienrs palais
» & dou-wanas'( comme ils appellent les cours de
>» juftice ) qui font bâtis , comme ces anciens enclos
» qui étoient entourés les uns en partie feulement,
» les autres tout-à-fait, de Bâti meus avec des
» ’ cloîtres par-de'ffoiis. Les jours' “de fêtes, on couvre
» la place de fable, afin que lés pello-wdn, ou
» lutteurs ne fe faffent pas de mal en tombant ;
» pendant quë les^ toits des cloîtres d’alentour four-
» millent de fpedlateurs. J ’ai fouverit vu à Alger,
» plufieurs centaines de perfonnes dans, ces fortes
» d’occafions, fur le teit du palais du d e y , qui
» de même que plufieürs autres grands édifices, a
un grand appentis , n’étant foutenù dans lë 'milieu
» ou fur le devant, que par un ou deux piliers.
» C ’eft ; dans de femblables bâtimens ouverts,. que
» les-bâchâs, les cadis & autres grands officiers
» s’aflemblent & s’afiéyéht aii milieu de leurs gardes'
» & dé leurs ÇÔnfeillërs , pour àdminiftrer là juftice
» & pour régler les 'affaires', publiques de leur prôV
» vince. Ils y font aufti des .feftins , comme les
» principaux’ d’entre les philiftins eri'faifoient dans
»■ le temple de Dagon. De fdrte qii’eri' fuppofant
»• que ce temple étoit coriftruit cômrhe -lès bâtimens:
» dont je viens de parler’, il e'ft aifé de' concévoir
»'comment Samfori^ en 'fàïfant tomberies piliers
» qui foutenoient ce cloître, le'rénverfa, & tùa plus
» de Philiftins par "fa mort’, qu’il n’en avoit fait
» mourir pendant fa vie ». '
Samfon dit, en mvoqüant le Seigneur .pour
l’écroulement du temple , de Dagoji ; que je meure
avec les philiftins. On, demande-fl ce. fouhait étoit
innocent ï .fa conduite , ne favoriferpit-.ell^ pas le
fuicide ? Nous ne croyons point que ces queftions
puifient embarrafler les perfonnçs pieufes & éclairées.
1®. la prière que Samjbn venoit d’adrefîer à Dieu ,
prife dans fon vrai fens , ne laiffe aucun doute fur
la droiture de fes intentions. Ce n’eft ni le dégoût
de la vie , ni l’impatience, ni le défefpoir , ni
rien de femblable qui le pouffe à demander à Dieu
qu’il lui pçrmette de s’immpler. 2 J . Nous répétons
de nouveau , que Samfon étoit animé d’une façon
fingulière de l’efprit du Seigneur , qui l’avoit fait
naître pour.des actions héroïques & extraordinaires?
3°.. Dès qu’on le confidère-comme le chef & le
libérateur d’Ifraël, on ne doit plus voir dans le
voeu qu’il forme , & dans l’aftion qu’il commet,
qu’un effort d’héro'ifme & de vertu.
Ge qui nous-interdit .d’attenter fur nos jours ,
favoir le bon ufage que.nous pouvons toujours en
faire pour notre .propre; fai ut, & l’obligation où
nous fommes de les conferver , tant qu’ils peuvent
être de quelque utilité pour notre .patrie,.à l’état,
à l’églife & à nos familles; ces raifons-là même,
doivent difpofer un général vaillant & fidèle à fe
dévouera la mort, dès qu’il peut, par ce moyen,
rendre un fervice effentiel au public, & contribuer
à la glojre de Dieu. La premièue intention de notre
héros fuf.de venger.: la gloire, du Seigneur; & la
' fécondé, de donner fa vie pour cela, s’il ne pôu-
voit remplir.autrement fa vocation. C’eft un guerrier
intrépicre qui préfère de s’immoler plutôt que de
manquer P'occafion de porter un funefte coyp à
l’ennemi, (t)
SAM U E L , ^ Hijl. facr. ) prêtre & prophète
fameux chez l>s juifs. Son hiftoire mêlée avec celle
de Saùl & de David fe trouve dans lë premier livre
des R o if , aiix chapitres i , z , 3 , 7 , 8 ,9 , 1 0 , 1 1 ,
1 1 , 1 3 , 1 5 , 1 6 , 19. Sa mort eft rapportée" au chapitre
25 & au chapitre 2.8, & dans ce dernier chapitre
eft l’hiftoire de ion évocation par là pytho-
riifle d’Endor.
Tel fut' dans Gelboa le fecret facrifice
; Qu’a fes dieux infernaux offrit la PytKonjffe,
Alors qu’elle évoqua devant un roi cruel
Le fimùlaçre affeux du prêtre Samuel.
S A N
S A N A D Q N , ;( N o ë l É t i e n n e ) H iß . litt. mod. )
jéfuite , homme de lettres, n^édiocre traduélenr
d’Horace, auteur de poéfies latines eftimées. En
1728 il fut fait bibliothécaire du collège de Louis?
le-Grand-, & l’a été jufqu’à fa -mort. Il étoit né à
Rouen en 16 7 6 , & avoit été ami particulier de
M. Huet, évêque d’Avrânches, qu’il avoit connt)
' à Caën. Il mourut en 17 3 3 .
S A N A T E S , f. m. ( H iß . rom.) noms que les
romains donnoient à leurs voifins, qui après une
révolte fe foumettoient auflltôt ; cette prçjiiptç