
• royaume & déteftées par les bons citçgreris, n’ont
été adoptées que par des fanatiques ambitieux,
qui s’efforcent de fapper les fondemens du trône ,
lorfqù’il ne leur eft point permis de s’y affeoir à
côté du fouverain.
L ’Angleterre donna dans le f i e d e paffé à l’uni-
v e r s étonné, le fpcâ a c le ' affreux d’un roi jugé &
mis a mort par des fujers rebelles. N ’imputons point
à une nation genéreufe un crime odieux qu’elle
d é favou e , & qu’elle expie encore par l'es larmes.
Tremblons à la vue des excès auxquels fe^or^e
rsm b it io n , lod qu’elle eft fécondée par le fanàtifme
S c la fuperftition. ( 4 . R . )
pbe & par la nouvelle philofopîite ; les dames
mêmes faifoient partie de la foule., ce qui étonnoit
! alors & qu’on ne remarque plus aujourd’hui ; on
foutint une thèfe de pur cartéfianifme, dédiée à
une des premières dames de Touloufe ; on n’y
difputa qu’en fran ço îs, & cette dame , que Regis
avoit rendue habile cartèfienne, réfolur elle-même
plufteurs difficultés confidérables. L e s Tou'oufains
firent à Regis une penfion fur l’hôtel-de-viile, événement,
dit M. de Fonten elle, qui femble appartenir
à l’ancienne Grèce.
Le célèbre marquis de V a rd e s , exilé alors eri
L anguedoc, connut à Touloufe le philofoplre' R e -
au grand regret de cette v i l l e , l’emmena
dans fon gouvernement d’Aigues-Mortes. Ils s’attachèrent
l’un à Tatffre , & peut- être « le phüofophe
” ne profita-t’il pas moins du commerce du c cu r -
” tifan, que le. courtifan de celui du philofophe.
» L ’un de ces deux différens cara&èrts eft o rd i-
” nairement compofé clç tout ce qui manque à
» l’autré ».
Regis fuivit M. de V ardes à Montpellier en 1 6 7 1 ,
& y fit des conférences cartéfiennes avec le même
fuccès qu’ a Touloufe. I l vint à P a risen 16 8 0 , 8c
ont auffi de fcmbiables conférences èhez M. L é-
mery : peut-être, dit l’illuftre fecréraire de l ’académie
des fciences, peut être la févériré « de cette
» hiftoire ne me dé fen n-fe lle pas de remarquer
» qu’on y v o yo it tous les jours le plus agréable
» aéfceur du théâtre ‘ it a l ie n , qui hors de là' caçhoit
» fous un mafque & fous un badinage inimitable,
» l’efprit férieux d’un philofophe ».
« Il ne faut pas réuffir t r o p j ces conférences
» eurent un éclat qui leur devint funefte. » On
avoit alors deux ma«ies dominantes, l’une de croire
la religion intèreffée aux fyftêmes de philofophie ;
l’autre qui étoit une fuite de la premiè re , de ne
pas plus fouffrir d’innovations dans la philofophie
que dans la théologie ; en conféquence de ces deux
erreurs^ l’archevêque de Paris , de H a rlay de
Chanvallon , venant au fecours de l’ancienne philo
fop h ie , c’eft-à-dire du péripatétifme , dont le
fort devoit fi peu le touche r, puifqu’il n’îîvoit fait
que gâter la théologie fcolaftique, en lui communiquant
fes form e s, M. de Harlay envoy a difcré-
temenr à Regis un ordre de fulpendre fes conférences
, ordre déguifé fous la forme de eonfeil ou
de p r iè re , & enveloppé de beaucoup de louanges.
L e s cartéfiens, Regis lui-même, auroient pu fol-
liciter cet o rd re , qui prévenant peut-être l’inconf-
tance naturelle du public , ne faifoit qu’augmenter
fon eftime pour ce dont on le privoit. L ’archevêq
ue de P a r is ,, en empêchant Regis de prendre
le public pouf d ifc ip le, voulut être fon difciple
particulier, & prendre de lui des leçons de carté-
■ fianifme.
M . Reg is voulut du moins faire imprimer (on
fyftême général de philofophie ; par une fuite des
mêmes erreurs dont nous avons p a rlé , il fut encore
trayerfé pendant dix ans dans ce deffein, ce
R É G IL IE N , ( Q u i n t u s - N o n i u s R e g i l l i a n u s )
H iß . rom .) grand capitaine qui fe diftingua fous
tes empereurs Valerien & Gallien. Les peuples
l ’élurent empereur & Poppofêrent à Gallien. On
prétend que fon nom R e g illia n u s , dans lequel fe
trouve celui de Regius, parut d’un bon augure &
contribua beaucoup à Ton é le â io n , & il eft toujou
rs à p ro p o s é e remarquer ces effets de la fuperftition
; 1 augure fut faux , fes foldats le tuèrent
pour appaifer la colère de Gallien, C e t1 événement
a rr iv a en 2 6 3 .
R E G IN A L D , ( A n t o in e ) H iß . du Ja n fén ifin e . )
dominicain , connu par des ouvrages de contro-
v e r fe -fur la g râ c e , où il fe déclare un des plus
ardens défenfeurs de la doeärmede S. Auguftin &
de S . Thomas. Mort à T ouloufe en 16 7 6 .
R E G IN O N , ( H iß . litt, mod. ) abbé de P rum ,
chroniqueur des neuvième & dixième ftècles.
Indépendamment'de fa chronique , on a de lui un
recueil de canons & de réglemens eccléfiaftiques,
dont Baluze a d onne, félon fon u fa g e , Une favante
édition. C e recueil a pour titre : D e d ife ip lin is eccle-
f ia ß i e i s , & d e religions chrißianä. Mort en 9 15 .
R E G IO M O N T A N . ( V o y e ç M u l l e r . )
R E G I S , ( P i ï r r e - S i l v a i n ) H iß . litt, m o d .) de
l ’académie des fc ien c e s, difciple de R o h au lt, &
comme lu i, un des premiers zélateurs de D e fca rte s,
étoit n é , en 1 6 3 z , à la Salvetat eu Sauvetat de
B lanque fort, dans le comté d’A g én o is; frappé de
la philofophie cartefienne , qu’ il commença de
connaître par les conférences de R o h au lt, il s ’y
atoacha entièrement, & on peut dire que toute fa
v ie Et tous fes travaux furent confacrés au développement
& à la défenfe de cette phifofephie.
C ’étoit k P a ris, dans le cours de fes études, que
B e g u avoit reçu les leçons de Rohault. Parti de
Paris avec une efpèce de million de fon maître
dit M. de Fontenelle, il alla établir la nouvelle
pbilofophie à T o u lo u fe , où il o u v r it, en r66 ç
des conférences qui furent trè s-fu iv ie s. Bientôt
soute la ville fut remuée par le nouveau philofone
fut enfin qu’ en 16 9 0 que l’ouvrage parut fous
ce titre : Syflême de philofophie , contenant la logique
, la. métaphy/que, la phyfiqut & la morale,
« vol", in 40« • . . .
Regis répondir, en 16 9 1 , a un liv re intitule:
Cenfura philofi-phioe cartefianoe y B a y le jugea que
cette réponfe ferviroit de modèle à tout ce qn on
écriroit dans la fuite pour la défenfe de la même
C En 1 6 9 2 , R e g is , en défendant toujours fon
m a ître , fe défendit auffi lui-même contré un pro-
feffeur de philofophie, qui avoit attaqué fon fy ftême
général. Regis eut auffi des difputes philofo-
phïques contre des cartéfiens m êmes, qui ne ti-
roient pas fur certains objets les mêmes refultats
que lui de la doctrine du maître commun ; il en
eut quelques-unes de cette nature avec le fameux
père Malebranche; ils difputèrertt fur la nature
des idées & fur leur .caufe ou efficiente oh exemplaire
, fur la queftion : f i le plaifir nous' rend actuellement
heureux ; fur l’explication du phénomène
qui fait paroître la lune plus grande à l’horifon
qu’au méridien. La queftion principale fur ce dern
ie r objet fe réduifit entre eux à fiavoir fi la grandeur
apparente d’un objet dependoit uniquement de la
grandeur de fon image tracée fu f la rétine, comme
le prétendoit Regis, ou de la grandeur de cette
image combinée avec le jugement naturel que
Famé porte de l ’éloignement de l’ob je t, de forte
q u e , tout égal d’ailleurs , elle dût le v o ir d’autant
plus grand q ue lle lequgeroit plus éloigne.; c’étoit
le femiment du P . Malebranche ; il foutenoit qu’un
géant fix fois plus haut qu’un n ain , & placé à douze
pieds de diftance , ne laiffoit pas de paroître plus
haut que le nain placé à deux pieds, malgré l’égalité
des images qu’ils formoient dans 1 oe ; l , & par
la feule raifon qu’on v o y o it le géant, comme plus
éloigné , à caufe de l’interpofition de différens objets.
Quatre géomètres des plus cé léb ré s, le marquis
de l’H ô p ita l, l’abbé' Catelan , M, Sauveur &
M . de Varignon , décidèrent la queftion en faveur
du P . Malebranche ; mais Regis, ne les ayant pas
pris pour arbitres, ne crut pas devoir le foumettre
à leur décifion. Le journal des iavans de l’année
16 9 4 fut J e théâtre de cette . guerre , & le fut en
partie auffi de celle qui concerne les idées.
E n 17 0 4 , parut un autre livre de Regis , qui
pour titre : l'UJage de la raifon & de la foi^ ou l accord
de la fo i & de la raifon. C e liv re fut dédié à
M . l’abbé Bignon, a L ’auteur ne veut point que
» ni Pla ton, ni Ariftoté ni Defcartes même ap-
» puyent l’évangile. Il paroît croire que tous les
n fyftêmes philofophiques ne font que des modes,
» & il ne faut point que des vérités éternelles
j> s’allient avec des opinions paffagère s dont la ruine
» leur doit être in d iffé r en te .... j> T e l eft le fp rit
général de l’ouvrage. I l fut le dernier de fon auteur.
11 mourut, le i l janvier 1 7 0 7 , chez M. le
duc de R o h an , qui lui avoit donné un appartement
dans fon hôte l, oune la penfion qu’il avoit
été chargé de lui faire par le teftament de M. le
marquis de V ard p s , fon beau-père.
M. R eg is étoit entré dans l’académie des fciences
en 1699. Il paroît qu’il a v o it un grand talent pour
enfeigner. L e P. F e r r ie r , confeffeur du r o i , qui
avoit affifté à fes conférences de T ouloufe , avoit
conçu pour lui une e ftim e , & même une amitié à
laquelle on ne reproche que d’â v c ir été un peu
ftérile pour R e g i s , à qui elle auroit pu être plus
Utile. Régis ave it fait du grand Condé un difciple
de D e fc a r te s; ce grand prince difoit qu’il ne pouvoir
s’empêcher de prendre pour vrai ce qui lui
.étoit expliqué fi nettement, mot qui nous paroît
plutôt louer la manière d’enfeigner de R e g is ,
qu’avouer l’évidence des principes de Defcartes.
Parmi les étrangers , le duc d’Efcalone , grand
d’Efpagne , vice-roi de Naples , fans connoitre la
personne de R e g i s , avoit pris pour lui la plus forte
eftime d’après la leéiure de fon fyftême général, &
lorfqu’à la journée du T e r en Catalo gn e , où il
commandoit l’armée efpagnole en 1694 , fes équipages
eurent été pris par l’armée du maréchal de
N o a ille s '(a y eul de celui d’aujourd’hui ) le duc d E f -
calone n’envoy a redemander au vainqueur que les
commentaires de Céfar & le liv re de R e g is % qui
étoient dans fa caffette. L o rfqu e le comte de Saint-
Ëftevan de G o rm a s , fon f i l s , vint en France en
1706 -, il vint vo ir Rég is par l’ordre de fon père , &
il y revint fans obéir à aucun ordre. L e duc d’A lbe ,
ambaffadeur d’E fp a gn e , vint auffi v o ir R e g is , à la
prière du duc d’Efcalone.
Un autre Regis ( Pierre ) célèbre médecin de
Mon tp e llie r, réfugié en Hollande après la ré v o cation
de l’ édit de Nantes , y mourut en 17 2 6 ; il
étoit né à Montpellier en 16 56 . Il a retouché les
articles de médecine & de botanique du d iâ io n -
naire de Furetière , de l’édition donnée par Bafnage
de Beau v al ; on lui doit de plus l’édition des oeuvres
pofthumes du favanr M alp igh i, & des obfervations
fur la pefte de Marfeille.
R E G IU S , ou le R o i ( Urbain ) Wfi. d e l à réf. )
difciple du fameux d oâeur catholique E c k iu s , auquel
il eut même des obligations particulières ; il
fe fit zuinglien, puis luthérien , & fut fur-intendant
des églifes luthériennes de Lunèbourg. A v an t
d’être théologien , il avoit été homme de lettres,
& avoit reçu la couronne d’orateur & de poète
de la main de l’empereur Max mi lien ; il avoit en-
fuite enfeigné la rhétorique & la poéfie à Ingolftat.
Il mourut à Z e ll, en 15 4 1. Ses oeuvre s ont été recueillies
en trois volumes in -fo lio .
Un autre Reg iu s , ou le R o i , ou du R o i , p ro -
feffeur en médecine à U t re ch t, fut tour-a-tour le
m a rty r & le déferreur du cartéfianifme. Ve ë rius
voulut lui faire perdre fa ch a ire , parce qu’il étoir
difciple de Defcartes ; & Defcartes ayant refufê
fon approbation à quelques idées particulières de
R e g iu s , ce difciple renia fen maître. On l’accufa de
plus d’avoir dérobé à Defcartes une copie de fon