l ’appartement du grand-feigneur, où ils n'entrent
jamais avec des habits qui aient des poches.
La cinquième chambre, appellée kas-oda, c’eft-
à-dire ciajfe privée 9c(i composée de quarante pages
qui fervent à la chambre du prince.
Toutes les nuits, un nombre fixe de pages de ces
chambres font de garde , quand leur prince eft
couché ; ils font pofés en divers endroits , les
uns plus près de lui que 1 s autres , félon le
degré de leur chambre , & ceux qui font de la
chambre p rv é e les commandent. Iis prennent
garde auffi que la lumière, qu’ils tiennent toujours
dans fa chambre, ne lui donne point dans les
yeux , craignant qu’il ne s’éveille ; & s’ils le
voient travaillé de quelque fonge qui l’inquiéte &
qui le tourmente , il- en avertirent l’aga pour
qu’il le réveille, ( / ? .ƒ . )
O DABACHI ou ODDOBASSI, f. m. ( Hiß.
mod. ) eft un officier de l’armée des T u rc s , qui
répond à-peu-près à ce que nous appelions parmi
nous un jergent ou un caporal.
Les fimples foldats & les janiflaires, appellés
eldachis, lorfqu’ils ont fervi un certain nombre
d’années, font avancés , & deviennent biquelars :
de biquelars ils font faits odabachis, c’eft-à-dire ,
caporaux de compagnie , ou chefs de certaines
divifions dont le nombre n’eft pas fixé, étant quelquefois
de dix ho ; mes, quelquefois de vingt.
Leur paie eft de fix doubles par mois, & ils
portent pour marque diftinâive un grand feutre,
large d’un pied, & encore plus long que large ,
qui pend par derrière , &. orné par devant de
deux grandes plumes d’autruches.
L'odabachi eft proprement un c hef de chambrée
des janiflaires, comme ie porte fon nom, com-
pofé de deux mots turcs ; (avoir, oda9 chambre,
& bachi, chef. Lorfque les laniflaires entrent pour
la première fois dans cette chambre , Vodabachi
les frappe fur le cou, & leur fait baifler la tête
pour preuve de l’obéiflance à laquelle ils font
engagés. Us ne peuvent s’abfenter fans fa per-
miflion , & lorfqu ils négligent de la lui demander,
il leur Lait donner par le cuifinier de la chambrée,
des coups de baguette fur les fefles & non fur les
pieds afin de ne pas le mettre hors d’état de marcher
où le bien du fervice le requiert. S’ils commettent
quelque criiii grave, il les fait étrangler, mais
fecrètemenr, & je.er leurs corps dans la mer. Que
s’il eft forcé de rendre leur punition publique , il
doit auparavant les dégrader de leur qualité de
janiflaire i ce qui fe fait en mettant en pièces
le collet de leur habit, G u e r , mceu.s des Turcs,
tome 1 1 .
Qn donne encore en Turquie le nom d’odabachi
au dire&eur de ch que chambre des ichoglans ou
pages du grand-feigneur. Ii vei le à leur conduite,
5 leurs exercices , & Jçs fai châtier lorfqu’il leur
échappe quelque faute. {A . R. )
O P A G L A N D A R I, £ m. ( Hiß. mod, terme de
relation ) On écrit auffi odeglandart, odoglandarl ,
oddoglandari. Ce font les pages de la cinquième
chambre ou oda. ( Voye{ Od a. )
Ces pages font au nombre de quarante qui fervent
à la garde-robe du grand feigneur. Us ont
dix afpres par jo u r , bouche à cour , & deux
habits de velours, fatin ou damas, tous les ans.
Vigenère , illußrat. fur chalcondyle , page 2S9*
( £ » .ƒ . )
ODALIQUES ou OD A L ISQ U E S , f. f. ( HIß.
mod. ) c’eft ai fi qu’on nomme en Turquie les
fimples favorites du grand-feigneur , renfermées
dans le ferrail pour fervir à les plaifirs. Elles y
font gardées par des eunuques, & occupent chacune
un appartement où elles font fervies par
des femmes. Les odaliques qui n’ont eu que des
filles, ont la liberté de fortir & de fe marier à qui
il leur plaît ; mais celles qui ont donné des fils au
grand feigneur , & font arrivées par-là au titre
d'afekis , font renvoyées dans le vieux ferrail
quand le fultan fe dégoûte d’elles, & n’en fortent
jamais à moins que leur fils ne monte fur le
trône , & pour lors on les nomme validé ou
fultane-mhre. Ce mot odalique vient (Toda, qui en
turc fignifie une chambre, parce que toutes ces
femmes font logées féparément. C’eft entr’elles
à qui emploiera le plus de manège pour plaire
au fultan, 6c d’intrigues pour fupplanter fes rivales«
( A . R . )
O D E
ODEN A T . ( Hiß. rom. ) Après la prîfe de
Valérien, parSapor, les P c fes fembloient d-voir
envahir toute l’Afie mineure ; mais la valeur
d'Odenat, roi de Palmyre , mari de la célèbre
Zénobie fidèle allié des Romains & de l’empe-
i reur Gallien , fils de Valérien , arracha aux Perfes
vainqueurs toutes leur-, conquêtes. Galli n voulut
recevoir les honneurs du triomphe pour les victoires
d'Odenat, ce qui fut d'autant plus ridicule,
que d’un côté il n’y avoit eu aucune part, &
que de l'autre, ces viéloires même n’avoient pas
procuré la liberté au malheureux Valérien, quoique
ce fût l’objet principal de l’ambition d’Odenat,
oc qu’ il eût tout tenté pour y parvenir. La recon-
noiflance de Gallien alla jufqu’à élever OJenat à
la dignité d’Augufte , & à lui donner le commandement
général des troupes romaines dans l’Orient.
Odonat avoit mérité ces honneurs, nom-
feulement par les viôoires qu’il avoit remportées
furies Perfes, mais encore par la deftruâion de
divers petits tyrans qui avoient eflayé de s’élever
fur les ruines de la p iffance de Gallien , & de
profiter du malheur de Valérien II chafla auffi
de l’Afie les Scythes qui la ravageoient. Il périt,
vers l’an de J . C. 2 6 7 , par des embûches domef-
tiques, dont Zénobie, fa femme , paroît n’avoir
pas été la caufè innocente. ( Voy. l’art. Zénobie,^
Qdenak
Odenat étoit originairement le chef d*une tribu |
-de farrafins. Dès l’enfance il s’étoit accoutumé j
à braver les injures de l’air ce l’intempérie des |
iaifons, il s’étoit endurci à la fatigue, il s’étoit j
exercé à combattre les lions , les léopards , les I
ours. Il s’étoit procuré, par les exercices les plus I
durs , une force de corps qui fecondoit merveil- s
lèufement fon grand courage , & qui fut le prin- j
cipé de fes fuccès.
O D I
ODILON , ( S a in t .) ( Hiß. eccléf. ) cinquième
abbé de C lu n y , né. en Auvergne l’an 962 ,
mort à Sôuvigm en 10 4 9 , aPr®s avoir répandu S
fon ordre ea Italie , en Efpagne , en Angleterre. j
11 eft fur-tout célèbre comme inftituteur de la a
.commémoration des morts , pratique non moins f
tendre que fainte, non moins infpirée par la |
nature que par la piété. Elle pafla des monaftères j
de Cluny dans d’autres églifes , & fut enfiiite j
adoptée par l’églife nniverfelle« Il y a quelques I
ouvrages de faint Odilen dans le recueil intitulé : j
■ Bibliotheca Cluniaccnfis : enn’autres, la vie de'faint j
Alayeul, {on prédécefieur dans l’abbaye de Cluny, j
& celle: de l'impératrice , fainte Adélaïde. Saint
Odilon refufa, dit-on , l’archevêché .de Lyon. Il
étoit d’une narfîance diftinguée , fils de Bernard ,
dit le Grand, feigneur de Mercceur.
ODIN. ( Hiß. du N o r d ) Les Romains en poursuivant
Mithrklate tant de fois vaincu & jamais
dompté, avoient pénétré jufqu’au Tanaïs 6c aux
Talus Méotides, qu’ils appelloient les bornes du:
monde ; les alliés de Mithridate, ou laffés, ou
fournis , cherchèrent leur falut dans l’efclavage ou
dans la fuite; Odin, chef d’un peuple feythe ,
établi vraifemblablement entre le Pont-Euxin &
la mer Cafpienne , prit le parti plus noble d’aller,
chercher dans des pays plus feptentuonaux, & •
inconnus aux Romains, la. fureté qu’il ne trouvoit
plus dans fa patrie. Son véritable nom étoit Sigge,
•fils de Fridulphe ; il avoit pris celui A'Odin, qui
étoit le Dieu fuprême des Scythes , foit parce
qu’il en étoit le fouverain pontife , foit par quel-:
que motif politique qu’on fuppofe & qu’on ne
fait point. Odini conquérant rapide, fournit d’abord
en pafïant quelques peuples de Ruffie & là Saxe -,,
c’eft-à-dire, ces vaftes contrées que poffédoient -
autrefois les Saxons, du Rhin jufqu’à l’Elbe ,6c
même vers l’Od er, & dont prelque aucune n’a
retenu le >nom de Sa x e , excepté cette foible
portion qui porte aujourd’hui le nom de baffe-.
S a x e , & qui, par une autre fingularité, de tous
les pays qui portent aujourd’hui ce nom , eft le
fieul qui ait appartenu aux Saxons. Il partagea
ces domaines entre fes enfans , prit enfuite la
route de laScandinavie par le Holftein & le Jutland
.ou h Jntlande ; ces provinces éputfées d’habitans,
iii réfiftèrent peu ; il parut, & conquit la Fionie j
Hißoire» Tome IV «
il y bâtit la ville d’Odenfée, dont le nom perpétue
le fouvfenir de fon fondateur ; il étendit
fes conquêtes dans tout le refte du Nord ; .il fournit
le Danemarck, la Suède & la Norvège. Les peuples
éperdus croyoient voir en lui une divinité
terrible , prête à,les,foudroyer 2 la moindre réfif-
tance ; il ne dédàignoit pas d’employer la fourberie
pour fortifier le preftige, il étoit infpiré; il
avoit deux corbeaux privés, comme Mahomet
avoit fon pigeon , Sertorius. fa biche , Numa fa
nymphe Egérie. Ces deux corbeaux qu’il nom-
moit, l’un mémoire, l’autre, intelligence , ( c e
qui donneroit plutôt l’idée d’une allégorie que
d’un inenfonge formel ) faifoient tous les matins
le tour du monde , & lui rapportoietit à fon dîner
des nouvelles de tout ce qui fe pafloit ; par ce
mélange de l’impofture & d’une éloquence impé-
tueufe comme fa valeu r, il pçrfuadoit aux crédules
Scandinaves tout ce qu’il vouloit : il avoit,
diîoit-il, par fes encliantemens , ranimé la tête
d’un certain Mimer, qui avoit eu pendant fa vie
une grande réputation de fagefle ; il confultoit
cette tête , il la faifoit parler, les oracles quelle
rendôit étoient aveuglément fuivis. Cependant
une. maladie mortelle vint détruire cette illufion ;
Odin fut encore en tirer parti pour fa gloire-:
(entant approcher fa mort, il voulut du moins la
rendre éclatante. Il rafiembla fes amis, les compagnons
de fes victoires & de fa fortune ; en leur
prîfe a ce , il fe fit neuf bleflùres en forme de cercle
avec la pointe d’une lance , & diverfes autres dé-
. coupures fur la peau ayec fon épée ; il déclara
enfuite, en mourant, qu’ilalloit en Scythie prendre
place avec les autres dieux à un feft.in éternel
où il admettroit tous ceux qui (croient morts honorablement
les armes à la main. Cette idée de la
divinité des guerriers , morts les armes à la main.,
& de leur admiffion dans le palais & aux feftins
d'Odin , fit une grande fortune dans tout le Nord.
Le chevalier Temple rapporte dans fes oeuvres que
le comte d’Oxentiern lui avoit dit à Nimègue qu’il
étoit refte en Suède un monument de cette ancienne
croyance,, dans une place nommée O d ins h all, ou
l a J ’alle d’Odin. C’eft une grande?baie, environnée
de tous côtés de rochers efearpés, où ceux mêmes
que la foibleffe de leur âge 011 de leur tempérament
empêchent d’aller chercî 1er à la guerre une
mort glorieufe , voulant du moins échapper à la
honte de mourir miférablement dans leur li t , &
donner en mourant une dernière marque découragé
, fe faifoient porter le plus près qu’il fe
pouvoit de la pointe de ces rochers, d’où ils fe
pfécipitoient eux-mêmes dans la m é r, perfuadés
qu’Odin9 touché de cet aâe de fermeté, ne les
puniroit pas d’avoir été privés du bonheur de
mourir à la guerre, & voudroit bien les admettre
dans fon .palais. Une des grandes voluptés dont
on jouiflpit dans ce paradis d’Odin , étoit de boire
, de fa bière dans les crânes de fes ennemis vaincus.
| U à roi des Danois, Lothbrok ou Lodbrog, célèbre
K