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©des très-philofophiques de M. de Voltaire, maïs
dont la marche imposante eft régulière 8c mefurée ,
telle que I ode à la reine de Hongrie & l’ode fur
la mort de l’empereur Charles V I fon père.
*O n fait quel éloge Horace a fait de Pindare.
Quintilien le met à la tête de tous les poères
lyriques grecs. Horace, quoiqu’il regarde comme
une témérité d’ofer l’imiter, l’a pris pour fon
modèle; on a eu tort de dire qu’Horace ne le
louoit que par le caraélère de fublimité ; c’eil fans
doute celui fur lequel il infifte davantage, parce
que c’eft véritablement celui qui frappe le plus
dans Pindare ; mais il lui accorde aufli cette elo*
quence pénétrante, ce cara&êre de douleur tendre
& noble qui conftitue l’élégie ; c’eft fûrement ce
qu’il a voulu peindre dans cette ftrophe :
Flebili fponfz juvcnemve raptum
Plorat, & vires, animumque moresque
Aureos deducic in aftra, nigroque
Invidet orco.
En conféquence, Horace a mis beaucoup de
variété dans le genre lyrique ; il y a bien loin
de l’ode.
Qualtm mintftrum fulmims alitem , Crc.
A l’ode
Doute gratus tram tibi &c.
L ’ode ©ii il retrace toutes les douceurs de la
vie champêtre:
Beatas ïtle qui procul negotïis, &c*
Celle où il repréfente les conjurations magiques
des Canidies 6c des Sagana :
jit ô Dcorurn quidquid in cttlo régit, &c,
Tant d’autres au contraire où il célèbre Jes
charmes des Cynares êc des Glycêres paroiffent
à peine des ouvrages du même genre. Rouffeau
eft bien moins varié ; on trouve cependant à çôté
de l'ode à la fortune, l'ode à une veuve , qui eft
d’un ton Ôc d’un caractère bien différens.
Corinne, Corynne ou Corynna , rivale de Pin-
'dure y & qui, foit raifon , foit injuftice, de la part
des juges, remporta jufqu’à cinq fois contre lui
le prix de l’od e; Corynne, qui étoif furnommée
la mufe lyrique ( voyez fon article ) reprochoit à
Pindare un défaut dont nous ne fommes pas trop
à portée de juger, & qui eft bien loin de nous
frapper dans fes ouvrages, celui d’y répandre trop
de fleurs. L ’abbé Fraguier, dans un mémoire inféré
au fécond volume du recueil de l’académie
des belles-lettres, pages 33 8c fui vantes, a tracé
le caraâère de la poéfie de Pindare, tel qu’il l’a
conçu.
L ’abbé MaflSeu a traduit en françois une par*
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c® p©ëte. M. de Chabanon s’eft
1 diftingué .aufli par la traduéfion qu’il en a donnée.
M. de Vauvilliers l’a fait applaudir parmi nous,
en traduifant avec élégance 8c avec harmonie
quelques-unes de fes odes. Pindare vivoit environ
cinq cents ans avant Jelùs-Chrift.
PINEAU ( du ). On connoit de ce nom un chirurgien
( Severin du Pineau ) , de qui on a un
dfleours lur 1 extraction de la pierre dans la velîie,'
& un traité de virginitatis notis. Mort en 16 19 .
Er un jurifeoniulte (Gabriel du Pineau) , maire
dAngers, maître des requêtes de Marie de Mé*
dicis, mort en 1644» on a de lui des notes latines
fur le droit canon, oppofées à celles de
Dumoulin. Il a écrit aufli tant fur le droit français
en général, que fur la coutume d’Anjou en particulier.
Ménage fit (tir la mort de du Pineau ces
deux vers latins, qui ne font ni bons ni mauvais;
Pinellus periit, Themidis plus ille facerdos ,
In. proprio judex limine perpétuas.
PINEDA ( J e a n ) Hifl. litt. mod. ) jéfùite efpa—
gnol, entié dans la fociété en 1 5 7 2 , mort en
1037» On a de lui , outre des commentaires fur
divers livres de la bible , une hiftoire univerfelle
de leglife & une hiftoire de Ferdinand I I I, l’une
8c l’autre en efpagnol.
PINET ( A n t o i n e du ) Hifl. litt. mod. ) feigneur
de Noroy, Franc-Comtois, proteftant zélé du
feizième fiècle, auteur du livre intitulé : La conformité
des églifes réformées de France & de Véglifé
primitive ; on a de lui des notes ajoutées à la
traduftion françaife de la taxe de la chancellerie de
Rome. Dans un genre plus littéraire, on a de lui
une traduéèion de l’hiftoire naturelle de Pline, qu’on
lifoit autrefois & dont on eftimoit les notes; du
Pinet a aufli donné les plans des principales for-
tereffes du monde.
PINGOLAN ou PUYGUILLON {H ifl. litt;
mod.) poète provençal, mort vers l’an 1 2 6 ® ,
qui, à quelques égards, a fervi de modèle à
Pétrarque. On a de lui un poème intitulé : Las
angueyjfas d'amour.
PING-PU {Hifl. mod.) C’eft ainfi que les Chinois
nomment un tribunal ou confeil qui eft chargé
du département de la guerre, & qui a foin
de tous*les détails militaires; c’eft lui qui donne
les commiflions pour les officiers de terre 8c de
mer ; il ordonne les levées des troupes, les appro-
vifionnemens des armées ; il a foin de l’entretien
des places fortes 8c des garnifons, de la difei-
pline militaire, 8c de l’exercice des foldats., Il y
a quatre autres tribunaux militaires fubordonnés
à eelqi dont nous parlons ; ils font préûdés par
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dès ififpe&eurs nommés par l’empereur à qui ils
rendent compte de tout ce qui fe paffe, 8c ils
veillent fur la conduite des membres des diffè-
rens tribunaux, ce qui les tient en refpeCl. ( A . R. )
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Cordeliers de cette ville , où fes héritiers lui firent
drefler une ftatue en bronze. Ses ouvrages ont été
recueillis à Paris en 1 5 9 1 . 7
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PINON, ( J a c q u e s ) Hiß. litt. mod. ) confeiller
au parlement de Paris, poète latin moderne,
auteur d’un poème, De anno romano, dédié à
Louis X I I I , 8c de quelques autres poéfies. Mort
doyen du parlement, en 1.641.
PINS ( J ean de) , Hiß. litt.mod.) confeiller-clerc
àu.parlement de Touloul'e^, puis évêque de Rieux
en 15-23 , ambafladeur à Venife 8c à Rome , né
d’une famille qui avoit donné aux treizième &
quatorzième fiècles deux grands maîtres à l’ordre
de Malthe, mourut à Touloufe fa pairie en 15 37 .
On a de lui en latin les vies de Saint-Roch , de
Sainte^Catherine de Sienne 8c de Philippe Beroalde,
un traité ^ vitâ aulicâ, un autre de clans faminis ;
Erafme a dit de lui : potefi inter Tullianot diÛionis
competitores numerari Joannes Pinus. Grand témoignage
1 On a imprimé en 1748 à Avignon les
lettres de-Jean de Pins à François I 8c à Louife de
Savoie, régente pendant l’abfence de fon fils.
PINSONNAT ( J a c q u e s ) Hiß. litt. mod. ) | de
Châlons fur Seine , profefleur d’hébreu au col-
lége-royal, eft auteur d’une grammaire hébraïque
& d’autres ouvrages. Mort en 17 2 3 .
PINSSON ( F r a n ç o i s ) Hiß. litt, mod. ) favant
jurifconfulte , fur-tout en matière bénéficiale; fon
traité des bénéfices, fon traité des régales, fes
commentaires fur la pragmatique-fanâion de Saint-
Louis 8c fur celle de Charles V I I , font confultés
& cités dans les tribunaux. Il étoit de Bourges,
fils d’un profefleur en droit; il mourut à Paris,
cri 16 9 1 , à quatre-vingts ans.
PINTOR ( P i e r r e ) , Hiß. litt, mod.) efpagnol,
médecin du pape Alexandre V I , eft auteur d’un
traite de peflilentid, 8c d’un autre de morbo fatdo
& occulto, his temporibus aßiigenti, &c. Ce dernier
ouvrage paroît n’avoir pas été connu de M. Àftruc,
qui a fait tant de recherches fur les maladies vénériennes.
Pintor fixe à l’année 1494 l’origine de
ces maladies en Europe. Né en 14 20 , mort en
1503.
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PIO (A l b e r t ) Hiß. litt, mod.) prince de Car-
pi dans le Modénois, eft célèbre par fon amour
pour les lettres, 8c célèbre aufli par fes violentes
difputes contre Erafme, dont un ami des lettres
auroit dû naturellement être l’ami. Il mourut à
Paris au mois de janvier 1 5 3 1 , 8c fut enterré aux
PIRON ( A l e x is ) , ( Hifi. litt. mod. ) un des plus
beaux efprits qui aient illuflré la ville de Dijon,
fi féconde en beaux efprits 8c en hommes de
lettres de toutes les clafles. La feule comédie de
la Métromanie lui • afliire le rang le plus diftinguô
parmi nos poètes comiques. Quel parti Piron tire
dans cette pièce de la fingulière avanture de Def-
forges-Maillard I ( voyez l’article Des forges-Maillard
) comme il rend fon métromane, fon M. de
l’Ëmpirée ridicule à la fois 8c refpeâable ! combien
il le rend fupérieur à fon rival, qui eft bien:
de fon côté ce qu’il doit être ! combien de vraie
phtlofophie dans cette conception ! que d’efprit,
de talens, de grâce, d’éloquence dans les détails
de Inexécution ! quel naturel, quelle vérité parfaite
dans le dialogue! comme chaque perfonnage
dit ce qu’il doit dire, 8t du ton dont il doit le
dire ! En comparant cette pièce -avec les autres
ouvrages dramatiques de Piton , 8c le ftyie facile,
élégant, ferme , plein , animé dont elle eft écrite,
avec le ftyie dur, incorrect ou languifîant de fes
autres pièces, fur-tout de fes tragédies, il femble
qu’il ait eu pour faire la Métromanie une infpira-
tion particulière; il^ti’y a aucun rapport, aucune
proportion de talent entre cet ouvrage 8c les autres ;
ce ne font plus des ouvrages de la même main ,
8c cette difproportion entière ne fe rencontre chez
aucun autre écrivain. On ne peut prefque pas
défigner Racine, Voltaire, Molière,, 8cc. par un
de leurs ouvrages , fans commettre une efpèce
d’injuftice envers leurs autres ouvrages ; car l’auteur
de Phèdre l’cft aufli d'Athalie, d’Iphigénie, 8cc. ;
l’auteur de Zaïre l’eft aufli d'Alfire^ de Mahomet,
de Mérope, d'OEdipe, 8cc. ; l’auteur du Mifantrope
l’eft aufli du Tartuffe, 8cc. &c . Piron eft l’*uteur
de la Métromanie , 8c n’eft que cela , 8c c’eft être
beaucoup ; ce n’eft pas qu’il n’y ait du mérite dans
fes autr s pièces, de l’agrément dans fes Fils ingrats
8c dans fes Cour fes de Tempé ; Gûflave a de
l’effet au théâtre, quand cette tragédie eft mieux
jouée qu’elle n’eft faite, 8c fur-tout qu’elle n’eft
écrite; il y a des mots fiers 6c hardis dans Cal-
lijlhène, mais ils font mal-adroitement préparés
ec entaffés. *
Le refte ne vaut pas l’honneur d’être nommé.
Dans tous ces autres ouvrages, on ne recon-
noît plus l’auteur de la Métromanie, 8c on retrouve
à peine,
Difjecii membra poetee,
Piron a aufli quelques épigratnmes bien faites,
dont la meilleure eft celle qui fert d’épitaphe à
l’abbé d’Olïvet; mais il n’eft point clafîique dans