
» & nos ennemis qui les répandent avec èTftpreffe-
» ment, lui en font honneur dans le monde. Ce j
» n’eft point nous, c’eft le public & le roi qu il |
» a intérêt de détromper, & il fait bien les moyens j
» de le faire quand il voudra. . . . s’il ne le faifoit j
» pas , il donneroit lieu à ceux qui ne l’aimeroient j
» point, de dire qu’il a bien voulu avoir auprès
» d? nos ennemis le mérite d’avoir fait ces vers-là,
» fans avoir auprès de nous la témérité de les avoir
*> faits. » La témérité ! il pouvoit y avoir de fin juftice;
mais pourquoi y avoit-il de la témérité à attaquer
des moines ? C'efl le roi q u il a intérêt de détromper !
eh ! pourquoi falloit-il que cette querelle de moines
& de poètes allât jufqu’à Louis X I V > & devînt
une affaire d’état ?
Cette lettre porte en tête cette formule dévote :
P a ix en J . C. C’étôit le cas de dire :
L a p a i s e f t d a n s t a b o u c h e , & t o n coe u r e n e f t lo in .
On a die dans une gazette étrangère , que l’apoplexie
dont M. l’abbé d'Olivet étoit mort, avoit
été caufée par une violente difpute qu’il avoit
eue avec deux de fes confrères fur le jugement
des prix. La vérité eft que le prix étoit donné
plus de deux mois avant la maladie de M. l’abbé
d 'O liv e t t que fes deux confrères nommés par le
gazetier, »voient été fur le jugement des prix
du même avis que l’abbé d 'O l i v e t , & qu’ils en
avoient été prefque fou Isa Audi le gazetier lui-
même a-t-il depuis retraâé fa fauffe anecdote.
Enfin, pour montrer tout ce qui a pu être dit
de jufte ou d’injufle fur le comte de l’abbé d'Olivet,
il ne refte plus qu’à rapporter l’épitaphe plaifam- ,
ment maligne que Piron lui a faite, & o ù , comme
il arrive ordinairement dans ces fortes de fatyres,
*1 ne s’eft pas piqué d’une équité bien fcrupuleufo.
C i - g î t m a î t r e J o b e l in ,
S u p p ô t d u p a y s l a t i n ,
J u r é p iq u e u r d e d ip h to n g u e }
E n d o â r i n é d e t o u t p o i n t ,
S u r l a v i r g u l e & le p o i n t ,
L a f y l la b e b r è v e & lo n g u e ;
S u r l ’ a c c e n t g r a v e , l 'a ig u ,
L e c i r c o n f le x e t o r r u ,
L ’ u v o y e l l e & l ’ v c o n fo n n e »
C e g e n r e q u i l e c h a rm a ,
E t d a n s le q u e l i l p r im a »
F u t f a p a ffio n m i g n o n n e ,
S o n h u i le i l y c o n fu m a , v
D a t i s c e c e r c le i l s’ e n f e rm a , '
E t d e fo n c h a n t m o n o t o n e
T o u t l e monde i l a f fom m a ;
D u r e f t e i l n ’ a im a p e r fo n n e ,
P e r fo n n e a ü ffi n e l ’ a im a .
OLIV E T A N , ( R obert ) ( Hi(l. du calvinifme. )
ami & parent de C alv in , eft auteur de la pré-
mière tradu&ion françoifo. de la bible que les pro-
tçftans adoptèrent j c’e ft 'la fameufe verjion de
Genève , que Bochard appelloit Yaverjion des fa-
vans, imprimée d’abord à Neufchâtel, en 15 35 ;
puis à (jenè ve , en 1540. Olivetan mourut peu
de temps après la publication de cette bible.
O L IVIER DE M ALMESBURY. « H Ma l -:
MESBURY. )
OL IVIER , {H i f l . de F r .) nom d’une famille
françoifo , qui s’eft élevée par fon mérite, & qui
a produit de grands magiftrats, & des hommes
diftinguès dans plus d’un genre.
Le premier homme connu de cette famille ,
étoit un procureur au parlement de Paris, qui
avoit amaffé de grands biens.
Son fils, Jacques Olivier de Leuville, fut avocat-
général au parlement, ou avocat du r o i , comme
on difoit alors, & finit par être premier-préfident
fous le règne de-François Ier. Il mourut en 15 19 .
( Le P. Hénault en fait deux hommes différens.
Je an , évêque d’Angers, frère du premier préû-
dent, mourut en 1 £40. Ç’étoit un homme de mérité
& un homme de lettres. On a de lui un
poëtne latin, intitulé : Jani Olivarii Pandora.
Mais l’hqmme le plus célèbre de cette famille,'
Si qui l'eft même parmi les chanceliers de France,
eft François Olivier de Leuville, fils du premier
préfident, & neveu de l’évêque d’Angers. Il étoit
préfident à mortier au parlement de Paris, lorfqu’a-
près la deftitution ignominieufo du chancelier
P o y e t , 8c comme pour expier l’indignité de ce
choix , François I er nomma chancelier Olivier de
Leuville. Sous le règne de Henri I I , la ducheffe
de Valentinois lui fit ôter les fceaux a caufo des
entraves qu’il mettoit aux libéralités funeftes du
roi envers fa maitreffe & fes favoris; ce fut le
cardinal Bertrandi ( vcye{ fon article ) qui eut les
fceaux, d’abord par commiflion , enfuite il fut le
premier qui les eut en titre d’office > Olivier ayant
bien voulu s’en démettre , par complaifance pour
le ro i, en même temps qu’il déclaroit fièrement
qu’ayant toujours rempli d’une manière irréprochable
les fondions attachées à la dignité de chancelier
, & pouvant fommer & fommant réellement
ceux qui cherchoient à le dépouiller , de
déclarer publiquement en quoi il avoit démérité,
il croyoit devoir aux loix fous la fau ve- garde def-
quelles il poffédoit cet office , de ne confontir jamais
que perfonne de fon vivant ofat en prendre le
titre, ni s’en arroger les prérogatives. Il alla vivre
dans la retraite, où il cultiva les lettres en paix.
L’Hôpital, fon ami, & qui fut fon fucceffeur après
fa mort, ne manqua pas de le féliciter alors fur
l’honorable difgrace queja vertu lui avoit attirée ,
il lui adreflà une épitre où il lui peint eet empire
fi noble que la vertu ne doit qu’à elle-même ,
& qu’elle exerce fur ceux même qui l’oppriment*
Voici quelques vers de cette épître :
Ecce velut fupero demijjiim fulmen Olympo,
Concujjit totam geminatis ictïbus cedem
Jujlltia j quâ tu ingenti- çcçidijfè ruinâ .
CreditxSy
Créditas , erextî c*iput altius : ardua tanquam
Impofito attollit contra Je pondéré palma.
Le chancelier Olivier lui répond :
a Tuam illam epiflolam legens , quàrn ingenti
» voluptate fum perfufus haud facile dixerim : ciim
v tu mihi ineam felicitatem poneres ob oculos , qui
n à fréta illo aulico , procellis, ventis, tempéflatibus
h continuis inhorrefeente, in hune porium, in hanc
n tranquillitatem devenerim , à quâ vel Attalicis
» candidonibus nunquam dimoveri fuflineam. n
Quand on rapproche cette lettre de la conduite
d’Olivier, quand on fe rappelle .que las de la liberté
qu’il vantoit par dépit, il confacraJa fin de fes
jours à l’efclavage, on voit qu’il eft plus aifé_drétaler
une maxime philofophique , & d’appliquer ingé-
nieufement un trait d’Horace, que de fo défendre
des careffes de la cour. En e ffe t, fous Fran-
ois I I , en 15 5 9 , il fut rappellé plutôt en haine
. e la ducheffe de Valentinois qui l’avoit renvoyé,
& pour accréditer le miniftère nouveau des Gmfes,
que par aucun vraidefir de faire le bien. Pendant fa
retraite, on avoit publié les édits de Château-
Briant’ & d’Ecoiïen , portant peine.de mort contre
les réformés ; Olivier ne c.effa d’oppofor à la per-
fécution le peu de liberté qu’on lui laiffoit, mais
on lui en laiffoit peu. « il s’apperçut bientôt, dit
M. le préfident Hénault, « qu’on l’avoit rap-
» pelle à la forvitude plutôt qu’à la libre 'fonction
» de la première charge de l’état, & que l’on
» vouloit fo fervir de fa réputation pour .autorifor
» l s injuftices dont on le forceroit d'être le
w miniftr,e, j>
S’il étoit tolérant envers les proteftans, il ré,-
fervoit une jufte févérité à ceux q ui, pour leurs
intérêts particuliers , trahiffoient les intérêts de
l’état. :Il étoit au confoil lorfque l’empereur Ferdinand
I envoya demander la reftitution de Metz,
T oui & Verdun , pris par Henri II en 1552., fur
Charles-Quint ; il fut que l’évêque de Trente ,
ambaffadeur de Ferdinand , avoit gagné plufieurs
membres du confeil ; il n’attendit pas qu’ils fe
déclaraffent, & pour four en ôter les moyens,
il commença par direiiautement, en plein confoil,
qu’il ne concevoit pas comment l’empereur avoit
pu fe flatter de quelque fuccès dans cette négociation,
puifqu’aucun fujet du roi ne pouvoit la
favorifor fans, fe montrer traître & mériter d’avoir
la tête tranchée. Tout 1e monde fut ou parut ue
fon avis.
Mais il fut foui de fon avis, lorfqu’après la
conjuration d’Amboife, rrifte effet & caufo fo-
nefte de tant de cruautés exercées contre les
proteftans , il ofoit vanter encore le pouvoir dp
la clémence & demandoit grâce pour ceux qu’un
zèle aveugle de religion avoit entraînés ; il vouloit
du moins qu’on fe bornât ail châtiment des chefs
& des plus coupables ; mais lorfqu’ii commen-
çoit à faire quelqu’impreflion , un chef des conjurés
, nommé Lamotte, fit une entreprife fut
fiiflpire, Tome IV .
Amboifo , où la cour étoit alors ; la cruauté des
Guifos fombla triompher de ce qu’il ne reftoit
plus de prétexte à la clémence : le chancelier fe
tut & reconnut, en gémiffant, combien il eft difficile
de faire du bien aux hommes. La douleur le
confuma ; il mourut en 1560 à la vue de tant de
maux.
Il laiffa, outre fa poftérité légitime , qui ne s’eft
éteinte qu’en 16 7 1 , ufi fils naturel, d’un mérite
diftinguè , nommé Séraphin Olivier, qui fut quarante
ans auditeur de ro« à Rome , & qui a laifte
un ouvrage en deux volumes in-folio, intitulé :
Decifiones rota romance. Les papes Grégoire X I II
& Sixte-Quint l’employèrent en différentes nonciatures.
Il forvit avec zèle Henri IV , auprès du
pape Clément V I I I , dans l’affaire de l’abfolution :
ce fut lui qui dit à ce pape , fur les nouvelles difficultés
qu’il faifoit chaque jour au fujet de cette
abfolution : tres-faint père ,' permetteç-moi de vous
dire que Clément V I I perdit l'Angleterre pour avoir
voulu complaire à Charles - Quint , & que Clément
V I I I perdra la France s'il continue de cher-
cher à complaire à Philippe I I . Le même Clément
V III le fit cardinal, en 16 0 4 , à la recommandation
de Henri IV . Il eut aufîi l’évêché de
Rennes après le cardinal d’Offat. 11 mourut en
1609. ‘
Claude Matthieu Olivier, avocat au parlement
d’Aix, homme étranger à la famille du chancelier &
du premier préfident Olivier, eft auteur d’une htf-
toire de Philippe, roi de Macédoine & père d'Alexandre
h-grand ; de mémoires furies fecours donnés aux
Romains par les Marfeillois 'pendant la fécondé guerre
punique, & pendant la guerre contre les Gaulois.
Né à Marfeille en 1 7 0 1 ; mort en 17 36.
. OL IVIER M AILLA RD. ( Voyei M a i l l a r d . )
O L O
OLONNE. ( Voyeç T r e m o i l l e . ) ( l a )
OLONNOIS , ( J e a n -D a v i d l’ ) ( Hiß. mod.)
fameux- aventurier françois du dix-foptièm e fiècle,
nommé VOlorinois, parce qu’il étoit né prèsd’Oionne
en Poitou , s’étant joint aux- boucaniers de l'ile de
Saint-Domingue & à d’autres aventuriers dont il
devint 1e chef, fit beaucoup d’exploits & exerça
beaucoup de cruautés contre les Efpagnols en Amérique
, jufqu’à ce qu’à la fin il fut pris, haché,
rôti & mangé par les Sauvages.
O LUF ou O L E F , ( Hiß. du Nord ) roi de
Norwège & de Gothland, étoit fils d’O luf T r ig -
gefon, détrôné par Olaüs Skotkonung , roi de
Suède. Son fils trouva en Angleterre une flotte
& des bras prêts à 1e fervir ; il voulut rentrer
dans fon patrimoine. D’abord le paffage du Sund
fut forcé , le Gothland fut conquis , Oluf eut
l’empire de la m s r, & fut le maître & le fléau
du commerce, Olaüs prit 1e parti le plus fage, U
M