
Ogier le Danois, qui, après avoir rendu de grands
fervices à Charlemagne , eft forcé à l a y è voire,
par des mauvais traitemens & des injuftices, &
qui fait prifonnier , dans une bataille , Charlemagne
, qui ne le fut jamais en réalité, mais qui
l’eft fouvent en fiction dans ces romanciers , Ogier
Je Danois reflemble beaucoup , il faut l’avouer,
au connétable de Bourbon , d’autant plus que les
Danois étoient les ennemis de Charlemagne ,
comme les Autrichiens, chez, qui Bourbon fe
retira & qu’il fe rvit, étoient les ennemis de François
I. Dans l’hiftoire, on ne fait pas bien précisément
d’où venoit à Ogier ce furnom de Danois ;
s’il étoit ainfi nommé parce qu’il étoit né en
Danemarck, ou parce que fa valeur lui fit quel—
qu’établifièmerît, & lui acquit quelque petit état
dans les contrées du Nord aux dépens des Danois,
ou fi c’étoit un titre de gloire qui atteftât fes
v iâo ire s, & s’il fut nommé le Danois, comme
Scipion étoit nommé Y Africain ; Métellus , le
Numidique , & c. Les romanciers même qui , à
cet égard , tiendroient lieu d’hiftoriens , varient
fur ce point.
Ces mêmes romanciers parlent aiifti de la
retraite d'Ogier à la cour du roi des Lombards ,
& cette retraite paroît avoir quelque fondement
dans l’hiftoire : divers auteurs croient trouver
Ogier le Danois dans un feigneur auftrafien ,
nomméOtger, Auchaire ou Aurcaire, qui, lorfque
Charlemagne , appellé par la nation, enleva aux
enfans de Carloman , fod frère , les états de
leur père, fuivit & joignit ces enfans déshérités à
la cour de Didier, roi de Lombardie, leur fut
toujours fidèle , & finit par fe faire moine à Saint-
Faron de Meaux.
Un autre Ogier, plus moderne & plus certain ,
nommé Charles, fils d’un procureur au parlement
de Paris , né en 1595 , mort en 16 5 4 ,
auroit pu auflî être nommé le Danois , comme
auteur de l’ouvrage, intitulé : 1ter Danicum , mais
il eût fallu l’appeiler aufiî le Suédois & le Polo-
nois, car le titre entier du livre eft : Iter Danicum,
Suecicum , Polonïcum. Il avoit fuivi le comte
d’A v au x , ambafiadeur de France , en Danemarck,
e s Suède & en Pologne.
François Ogier, fon frère, qui avoit embrafîe
l’état eccléfiaftique , fuivit aufiî le comte d’Avaux
lorfque ce miniftre alla , en 1648-, figner la paix
de Wefiphalie. L ’abbé Ogier intervint dans la
querelle de Balzac avec le père Goulu. ( Voye^
ces deux articles. ) Il publia l’apologie de Balzac
fon ami*, mais il fe-brouilla dans la fuite avéc
lu i, parce que Balzac convenoit franchement, ou
fe vantoit ridiculement d’être l’auteür principal
de cette apologie , où il eft extraordinairement
loué : Je fuis le père de cet ouvrage , difoit-il ; Ogier
n’ en ejl que le parrain. I l a fourni la foie & moi le
canevas. On a de l’abbé Ogier d’autres ouvrages,
des fermons qui ne le placent pas au rang des
orateurs, des poéfies qui ne le placent pas au rang
des poètes , une critique du père Garafîe , qui
peut encore ne le pas placer au rang des critiques.
Mort en 1670.
OC ILBI ou O G ILV 1 , ( Ogilvius ) ( Hiß.
litt. mod. ) écrivain écofiois du dix-feptième
fiècle, auteur de deux éditions très-ornées , l’une
de Virgile, l’autre de la bible , Toits ce titre : Biblia
regia anglica, d’un atlas qui le fit nommer cofmo-
graphe du roi d’Angleterre.
O G N
OGNA SA N CH A , ( Hiß. d'Efpagne ) com-
teffe de Caftille, vivoit vers la fin du dixième
fiècle. Louis Turquet de Mayenne, père de Théodore
Turquet, fieur de Mayerne, ( V . Mayerne )
rapporte dans fon hiftoire d’Efpagne , comment
cette femme donna lieu à un ufage qui s’obferve
encore dans divers endroits de l’Efpagne , celui
de faire boire les femmes les premières. Veuve
du comte de Caftille, elle voulut époufer un prince
maure qui lui avoit infpiré une paflion violente;
mais craignant fes ôbfiacles’ que Sanche Gardas.,
fon fils, comte de Caftille, pouvoit apporter à
fon mariage, elle voulut l’empoifonner. Gardas
fût averti de ce defiein ; & lorfqu’on vint lui pré-
fenter à table, en préfence de fa mère , 8c par
fes ordres, le vin empoifonné qu’elle lui avoit
préparé, il la pria, comme par refpeâ 8c par
civilité, de boire la première. Ogna, jugeant que
fon crime étoit découvert , avala la coupe , &
mourut. C’eft abfolument la cataftrophe de Âo-
dogune.
S e i g n e u r , v o y e z f é s y e u x
D é j à to u t é g a r é s , t r o u b l e s & fu r i e u x »
C e t t e a fifre a fe futur qui c o u r t fu r fcm v i f a g e ,
C e t t e g o r g e q u i s ’ e n f le . A h ! b o n D i e u , q u e l le r a g e !
P o u r v o u s p e r d r e a p r è s e l l e , e l l e a v o u l u p é r i r .
On lit en effet dans l’hiftoire des guerres de
Syrie d’Appian Alexandrin , d’où eft tiré ce fujet
de Rodogune, qu’Antiochus contraignit Cléopâtre
fa mère, d’avaler le poifon qu’elle-lui avoit préparé.
O G Y
OG YA S , f. m. {H iß . turque) nom du précepteur
des fils du grand-feigneur. Quoique les
fils des fultans foient élevés dans la mollefle, au
milieu des plaifirs & de l’oifiveté du ferrail,ora
leur choifit pourtant des précepteurs , qu’on appelle
ogyas, qui font d’ordinaire les plus favans
du pays. Ces précepteurs vivent dans la fuite avec
éclat, & reçoivent du fultan , autrefois leur dif-
ciple, des honneurs & des diftinéîions qu’il refufa
au grand- vifir , au caïmacan & a u x cadilefquers.
Un ambafiadeur de France, qui.avoit réfidé fort
long-temps à la Porte, M. de B rè ves, remarque
dans fes mémoires, que les Turcs ont fouvent a
la bouche ces paroles qu’ils attribuent à Soliman:
U Dieu donne Tarne toute brute, mais le précep-
» teu-r la polit & la perre&ionne. » ( D . J . )
O G YG È S , ( Hiß. anc.) fils de la Terre, félon
les uns-; de Neptune, félon les autres ; langage de\
Fable. On rapporte à cet Ogygès la fondation de
pîufieurs villes dans la Grèce ; mais on ne fait
rien de certain fur fon hiftoire. Seulement fon
règne eft célèbre, parce qu’il fert d’époque à ce
fameux déluge local qui fiibmergea toute l’Afrique
& toute l’Achaïé. On le place communément à
l’an 17 9 6 , avant l’ère chrétienne, environ deux
cents trente, quarante ou cinquante ans, avant
le déluge de Deucalion. On peut voir à ce fujet
dans le Recueil de l’académie des inferiptions &
belles lettres, tome 10 , pages 357 & Suivantes,
les réflexions de M. Freret fur un ancien phénomène
célefte, obfervé an temps d’Ogygès ; & tome
2,3, p a g s 12.9 & fuivantes, les obfervations du
même M. Freret, fur les deux déluges ou inondations
d'Ogygès & de Deucalion.
O J A
O JA K , ( Hiß. mod. ) nom que les Turcs
donnent aux régimens de leurs janiftaires ; ceux
qui les commandent fe nomment ojak agalari.
( A . R . )
O I H
OIHi N A R T , ( A en a u ld ) (_ Hiß. litt. mod. )
auteur de livre intitulé : No'itia utriujque vafconiec.
11 vivoit au dix-feptième fiècle.
O I S
O IS E L , ( J acques ) ( Hiß. litt. mod. ) prrfef- 1
feiîr de droit public à Groningùe , .ami de.Fufien- !
dorff, auteur d’ un traité , intitulé': T ne jaunis feUc-
toram ' nunüfmatum antiquonm czre exprejfonim.
Mort en 1686 ; né à Dantzick en 16 3 1 , d’ une
famille originaire de France.
O K K
OKXÏSIK : ( Hiß. mod. fuperßition ) c’eft le
nom fous lequel les Hurons fan vages de l’Amérique
feptentrionale défignent des génies ou des
efprirs, fait bienfaifans, toit mal fai fa ns, qui font
attachés à chaque homme On trouvera les idées
que les fauvages en ont à /’article Manito us .
{ J . R . )
O K N
figfle fous ce nom les grands feigneur s ou principaux
officiers de la cour du roi de Cambaye,
dans les Indes orientales. Ce font eux qui forment
le confeil du monarque, & qui jugent les çanfes
des fujets dont ils font rapport à fa majefté. La
marque de leur dignité eft une boîte d’or qui
renferme le bétel que les Indiens mâchent perpétuellement;
ils la portent dans leur main, ou
bien ils la font porter par un efclave qui les précède.
Les.feigneurs d’un rang inférieur s’appellent
toni.mas ; il ne leur eft permis d’avoir qu’une boîte
d’argent. Les narnpras forment le troifiéme ordre
de la noblefle. ( A . R . )
O K O
O KO L SK I, ( S imon ) ( Hiß. litt. med.) jacobin
polonois, du dix-feptième fiècle, auteur de Y Orbis
polonus.
O KO Z Ï, ( Stanislas ) Orichovius , ( Hiß.
litt, mod. ) gentilhomme polonois , difciple de
l uther 8ç de Mélanchton , à Vittemberg, d’Egnace
à Venife, fut nommé le Dernoßhenepolonois. D’abord
proteftant, il fe fit enfuite catholique, & difputa
toür-à-toiir contre les deux partis. On a , ou
plutôt on eut de lui dans le temps divers écrits
de controverfe, 8c les annales en latin du règne
de Sigifmond-Augufte. Il vivoit au feizième
fiècle.
O L A
C L A U $ , ( Hiß. du Nord ) roi de Suède Si
de Danemarck, ne dut la première couronne qu’à
la haine que les Suédois avoienr conçue contre
Amund, 8c la fécondé qu’à fes armes. Il fut un des
premiers profélites que fit faint Ànfcaire, l’apôtre
du Nord: fidèle à la religion qu’il venoit*d’em-
brafter, il refufa d’offrir un facrifice aux faux
dieux, adorés dansvle temple d’Upfal. Une fa*1
mine affreijfe, 8c tous les maux qui en font la
fuite , caufoicnt alors en Suède des ravages déplorables.
Le peuple, égaré par le fe miment de
fa mifère , irrité du refus- d'Olaus , le traîna à
l’autel d’Upfal, 8c le facrifia lui-même à fes dieux,
vers l’an 853 , pour rendre le foi moins ftérile.
( M. DE SsLCY. )
OLAUS Sko tko nu nG , ( Hiß. de Suède ) fut
un des premiers rois chrétiens de la Suède. Il
étoit frère de Sehemiimilde qui fut mafiacré pour
avoir brifé- les idoles ^ il lui fuccéda. Son zèle
lui fit oublier le fou de fon frère ; il fe fit baptifer,
8c fe fournit , ainfi que fes fujets, à payer un
tribut au faint-fiége. Oluf, roi de Norwege, brigua
fon alliance , dont il efpéioit fe fervir pour
abattre la puiffance danoifo. Mais Suénon, roi de
Danemarck-, eut l’adieffe de meure Olaùs dans
; fes intérêts, 8c de le forcer à une rupture avec
I Oluf. On en vint à une bataille ; Olaùs fut vain-
L |
OKNIAS ou O K 1NIAS ; ( Hiß. mod. ) on dé