
j> males nuis; mais le repas eftoit fobre, comme
» il affî ère à femme v e fv e , & toutefois vivre
» convient ».
La manière dont elle peint fa honte & fa douleur
, lorfqu’elle étoit obligée d’emprunter, a de
l’intérêt, & montre une belle ame.
«c Mais quand 'il convenoit que je feifle aucun
» emprunt, ou que foit pour efehever plus grant
m inconvénient, beau fire , Dieux! comment hon-
” teufement à face rougie tant fuft la perfonne
» de mon amiftié, le requèroïe, & ancore aujeur-
55 d’hui ne fuis garie de cette maladie, dont tant
» ne me greveroit, commï il me femble..... Un
» accès de fièvre ».
C ’étoit en 1405 qu’elle fe plaignoit ainfi de fa
fortune; elle avoit alors environ quarante an s;
le relie de fon hiftoire eft peu connu. On voit par
des titres de la chambre des comptes , qu’il lui fut
accordé par lettres du 13 mai 1 4 1 1 , en confidé-
rarion des lervices de fon père, une fomme de
deux cents livres ; & c’étoit quelque chofe alors
que cette fomme.
Ses enfans lui donnèrent de la fatisfa&ion. Il lui
refia un fils & une fille religieufe. Voici le portrait
qu’elle en fi.if.
35 fils, aufly bel & gracieux , & bien mori-
» ginez & tel que de fa jonèce qui ne pafie vingt
» ans, du temps qu’il a eftudie en nos premières
” fiiençes & grammaire, on ne trouveroit en ré-
» thorique & poétique langage, naturellement à
» luy propice, gaires plus-aperte & plus foubtil
» que il e l i , avec le bel entendement & . bonne
» judicative que il a.
» Une fille donnée à Dieu & à fon fervice rendue
v par une infpiration divine, de fa pure volonté,
m o filtre mon gré , en l’églife & noble religion des
» dames à Poifiÿ , où elle en fleur de jonèce &
».très-grand beauté, fe porte tant notablement en
» vie contemplative & dévotion , que la joye de
» la relacion de fa belle vie fouventefois me rend
» grand réconfort.
Il faut compter auffi parmi les adouciffemens de
la fituation de Chriftine un avantage dont elle rend
grâces à Dieu , & dont elle paroît femir tout le
prix , c’eft celui d ’avoir corps fans nulle difformité
& affe{ plaifant, & non malade , mais bien com-
flexionné.m
On trouve fon portrait à la tfte de fon livre
intitule de la cité des dames, dans divers manuf-
crits, & la p'us parfaite de tou’es ces miniatures,
félon M. Boivin , eft celle qui fe trouve dans le
manuferit 7395 de la bibliothèque du ro i, & dont
il donne une^defeription détaillée.
On ignore le temps de la mort de Chriftine de
Pifan.
Outre les poéfies, il refte d’elle plufieurs ouvrages
en profe, dont M. Boivin donne la lifte,
& c’eft des principaux de ces ouvrages, tels que
l ’hiftoire du roi Charles-le-Sagc ; la vifion de Chriftine ; ,
la cité des dames, & c. que font tirées les particularités
qu’on vient de voir,
PISANI, ( V i c t o r ) (Hift. de Venife.) général Vénitien
, célèbre dans les guerres des Vénitiens contre
les Génois au 14 e. fiècle. Il tomba dans la difgrace,
foit qu’il 1 eût méritée ou non , on lui fit fon procès,
il lut condamné à avoir la tête tranchée. La
peine fut commuée en une prifön de cinq ans. Ce
terme n’étoit pas encore révolu , lorfque la guerre
s étant rallumée entre Gênes & Venife, les matelots
& les foldars Vénitiens refufèrent de monter fur
les galères, fi on ne leur rendoit le général fous
lequel ils étoient accoutumés à vaincre. Les nobles
furent obligés d’aller eux-mêmes ouvrir les portes
de fa p rifon,& il fut porté en triomphe au palais
aux acclamations du peuplé. Ceci peut n’appartenir
qu’aux viciffitudes ordinaires de la fortune ; voici ce
qui apparnem à Pifani en propre : il ne fe vengea
point, il ne fe plaignit point, il approuva le ju -
gemen rendu contre lu i, puilqu’il avoit été prononcé
dans des vues d’utilité publique ; il reprit 1©
commandement fans fafte , fervit la république
avec le même ,zèle & le même fuccès qu’aupara-
vant. I! mourut au milieu de fes vi&oires en 1380.
PISCHINAMAAS, (. ni. terme de relation, mi-
niflre de la religion mahométane en Perfe , qui a
foin de faire la prière dans,les mofquées. On choifit
ordinairement pour cette fonâion des feüd-Emirs ,
c’eft-à-dire , des defeendans de Mahomet du côté
paternel & maternel , ou des Chérifs , qui n’eia
defeendent que par un côté. {A . R .)
PÏSCHKIESCH , ( Hift. mod. ) c’eft ainfi que le»
Turcs nomment la taxe ou le préfent que chaque
prince établi par la Porte-ottomane, paye au grand-
feigneur & à lesminiftres (A . R.)
P IS IST R A T E , ( Hift. de la Grèce. ) defcendanÉ
de Codrus, fe mit à la tête de la faâion oppofée
à celle de Megaclès qui dominoit dans Athènes.
Les témoignages qu’il avoit donnés de fa valeur à
la conquête de l’ile de Salamine, l’avoient rendit
cher à fa nation dont il ambitionna de devenir 1©
tyran. Refptôé par le privilège de fa naiftance,
autant que chéri pour fes manières affables & populaires
, il le fervit de fon éloquence naturelle
pour éblouir les Athéniens fur leurs véritables intérêts.
Il defeendû au plus bas artifice pour préparer fa
puiffance. Solon fut le feul qui pénétra fes deffeins
ambitieux. Pififtrate s’étanr fa:t lui-même une ble'fc
fure, fe fit porter tout fanglant dans un char fur
la place publique, où il expofa au peuple aflem-
blé que c’étoit en défendant fes intérêts qu’il avoir
couru le danger de perdre la vie. Les Athéniens
attendris fur fon fort l’autorifèrent à prendre cinquante
gardes pour veiller fur fes jours ; & ce fut
avec ces fatellites mercenaires qu’il ctevint le premier
tyran de fa patrie : mais il ne jouit pas d’a bord
paifiblement de fon ufurpation ; une fa&ioiî
puiflante l’obligea de quitter Athènes où fes par-
tifans préparèrent fon- retour. Ils apofterent une
femme qui avoit la figure & tous les attribuas de
Minerve. Elle parut montée fur un char magnifique
au milieu d’Athènes , & annonçant que
Minerve alloit ramener Pififtrate triomphant. Le
peuple fuperftitieux, crut que c’étoit un avertiflement
de la divinité, & le tyran fut rétabli fans
obftacles. Quelque tems après ce peuple inconftant
l’obligea de fe retirer dans l’île d’Eubée avec fa
famille, & après onze ans d’e xil, il rentra dans
Athènes en vainqueur irrité. Ce fut dans le fang
de fes ennemis qu’il cimenta fa pui fiance.. Après
qu’il eut immolé tous les rivaux de fon pouvoir, >
il fit oublier fes cruautés par la douceur de fon
gouvernement. Il donna l’exemple de l’obeiflance
aux loix; & moins roi que premier citoyen, il effaça
par fon équité la honte de fon ufurpation.
La facilité avec laquelle il s’énonçoit, lui fervit à
faire oublier aux Athéniens la perte de leur liberté.
Quand il n’eut plus d’ennemis, ni de rivaux, il
goûta les douceurs de la familiarité , & fe montra'
fi populaire , que Solon avoit coutume de dire
qu’il eût été le meilleur citoyen d’Athènes , s il
n’en avoit pas été le tyran. Dans un feftin qu’il
donnoit aux Athéniens, un des convives dans l’i-
vrefle , lança contre lui d’amères inventives : au
lieu de s’en venger, il répondit froidement: un
homme ivre ne doit pas plus exciter ma colère,
que fi quelque aveugle m’eût heurté. Les foldats,
avant lui, n’avoient d’autre falaire que leur butin;
il ordonna qu’ils feroient entretenus & nourris aux
dépens du tréfor public. Il fupprima le fpeétacle ;
des mendians par une jufte répartition des biens.
Chaque citoyen eut un fonds de terre dans les
campagnts de l’Atiique. Il valoit mieux , difoit-il,
enrichir l’état que d’accumuler les richefles dans
une feule ville pour entretenir le fafte. Ce fut lui
qui infpira aux Athéniens le goût des lettres, en
les gratifiant des ouvrages d’Homère, qui jufqu’à-
lors avoient été épars & fans ordre dans la Grèce.
Il fonda une académie qu’il enrichit d’une bibliothèque.
Enfin , apres avoir joui pendant 33 ans
d’une fouveraineté ufurpée, il tranfmit fa puiflance
à fes enfans. (T - iv )
PISON. {Hift. rom. ) L’hiftoireromaine offre une
foule de perfonnages de ce nom, les uns fameux ,
les autres diffamés.
i*. Lucius Calpurnius P ifo n , qui eut l’honorable
furnom de frugi, homme de bien ; il eft l’auteur
de la fameufe loi calpurnia contre les con-
euffions, de pecunïis repetundis, qu’il propola étant
cenfeur l’an de Rome 603. Gonfui, l’an de Rome
6 19 , il rétablir la diieipline par des ordonnances
jufte s & févères ; il eut des avantages fignalés
dans la guerre des efcLves en Sicile , & fon fils
s’étant montré avec gloire dans une occafion importante
, le confiü, dans ,1a diftribution des rétfofflpénfes,
lui afligna une couronne d’or du poids
de trois livres. Comme fon général, dit-il, je lui
en accorde, dès-à-préfent, l’honneur; comme fon
père, je lui en afturerai la valeur par mon tefta-
ment; car, ajouta-t-il, il ne conviendroit pas qu’un
magiftrat fît faire à la république les frais d’un
préfent qui doit entrer dans fa maifon. L’an 62.9 de
Rome , Caïus Gracchus ayant, par un excès de
popularité, fait ordonner une diftribution de bled ,
à laquelle les gens de bien s’oppofèrent. parce
qu’ils la croyoient contraire au bien public, comme
épuifant le tréfor & portant les pauvres à la fai-
néantife en les difpenfant du travail, Pifon s’étoit
fort diflingué parmi les oppofans, & Caïus ne fut
pas peu étonné de le voir fe préfenter pour avoir
part à la diftribution; il lui témoigna fa furprife
(iir cette contradiâion dans fa conduite. I l n’y a
point de contradiElion , lui dit Pifon, votre - loi eft
toujours mauvaife ; je ferois fort mécontent que -vous
en fiffte{ une pour dïftribuzr mon bien aux citoyens ;
mais fi vous la faifie^ , je viendrois au moins en
demander ma part.
2,0. Un autre Lucius Calpurnius Pifon fut conful
l’an .de Rome 640. Nous ignorons fi ce fut celui-
ci ou le précédent qui périt l’an 6 4 5 , dans un
combat perdu contre lesTigurins ( les habitans de
Zurich ) qui vouloient paffer en Italie pour fe joindre
aux Cimbres.
3 °. Lucius Pifon, fils du premier Pifon, & digne
de fon père par fa fainte & religieufe probité ; étant
en Efpagne où il avoit l’autorité de préteur , il
arriva qù’en s’exerçant à faire des armes, un anneau
d’or qu’il pprroit au doigt, fe rompit. Il ne
voulut pas que perfonne pût même foupçonner que
l’anneau qu’il fe propofoit d’y fubfluuer fut un
préfent qu’il eût reçu dans fa province ; il fitvenig
un orfèvre dans la place publique de Cor doue
il lui donna , & lui pefa en préfence de tout le
monde, l’or dont il vouloit que l’orfèvre lui fît
un nouvel anneau , & lui ordonna de le faire fur
le lieu même , auffi en préfence de tout le monde.
De quoi s’agifioit-ii cependant ? d’une demi-once
d’or. N’importe, il voulut que toute l’Efpagne fût
d’où lui venoit cette demi-once d’or, llle in auri
femuncid totam Hifpaniam feire voluit undè preetori
annulus fieret, dit Cicéron en parlant contre un
homme qui n’avoit pas eu de tels fc.rupules dans
fa province, contre Verrès.
4 0. Caïus Calpurnius Pifon, conful l’an de Rome
6 8 5 , étoit un homme d’un caraâère ferme ; il
propofa & fit pafier une loi contre la brigue, malgré
de grandes oppofitions ; la république lui eut l’obligation
d’échapper à l’opprobre d’avoir pour
confui un certain Palicatus, fujet infâme , mais
très-appuyé. Il s’oppofaTortement à la propofition
que faifoit Gabinius, de confier pour trois ans à
Pompée le commandement général des mers, &
il ofa dire à Pompée lui-même , que puifqu’il vouloit
marcher fur les pas de Romùlus, il devojt
s’attendre à finir çorarae lui, & cette comm i0w