
& confentit de régner ; "bientôt après , les princes
djfpar tirent. Lorfquc fous' Charles I I , ôn fit des
réparations à la partie de la tour de Londres ou
les jemnes princes avaient été enfermés, on y trouva
des os d’un ou de plufieurs petits fquelettes humains;
on jugea que. c’étoient ceux d’Edouard V
& du duc d’Yorck fon frère, ou de l’un d’eux,
De crime en crime, voilà Richard ro i, & le plus
malheureux des rois; tout le monde le craint, il
cfaiut tout le monde ; il verfe des flots de fang,
il abbat les têtes qui lui font ombrage, il révolte
les coeurs. On murmure, on cabale, on f l fou-
lè v a , on tourne les yeux vers le comte de Riche-
mont , alors réfugié en Bretagne , feul Anglois qui
reftât, même par femmes, de la race de L,ancaftre.
C e fut le roi Henri VII.
La guerre décida entre ces deux rivaux. Les
armées ennemies furent en prefence à Boiworth ,
lieu devenu célèbre par cette journée du aa août
14 8 5 , qui termina la querelle des deux Rôles.
Richard, à qui la fureur rendoit toute l’intrépidité
que fes remords lui otoicBt fouvent, voulut combattre,
la couronne fur la tête, foit pour braver
fon ennemi, Ibit pour mourir, s il te falloit, avec
les marques de la royauté; les deux compétiteurs
fe rencontrèrent dans la mêlée; Richard s’ élança
fur Henri avec tant de violence, que, d’un feul
coup, il tua le pofte-étendart de Henri, & ren-
veffa un autre de fes officiers. Henri ne put fe
défendre de quelque trouble à l’approche de. ce
formidable ennemi; mais, confidérant qu’il étoit
devenu néceffaire de vaincre ou de mourir , il
s’avança l’épée à la main avec une,aj-depr égale
à l’impémofité. de Richard; on fe jetta en foule
entre eux deux, & ils' furent fepares. Richard
fuccomba fous la lipine générale ; on fervoit Ri-
.çhard à regret , on combattait avec joie pour
Henri. La viéioire ne fut pas incertaine;; maijs
Richard ne pouvolt être vaincu impunément : il
fit de fa main un carnage horrible de fés ennemis,
c’eft-à-dire, de fes fujets; enfin, quand il vit tout
défefpérè, il fe jetta dans le bataillon le plus'épais
de l’armée de Richemont, tendant' la gorge aux
épées & aux lances; on le vit tomber percé de
coups, ce fut le lignai de la paix.
Richard 111, fcèlérat intrépide & altier, eut une
‘énergie effrayante', une forte d'élèyation & de
grandeur, fl ce n’étoit pas preftitner ces mots
eue de les appliquer au crime ; une valeur prefqne
f urnamrelle ; toutes les fortes de courage , & de
i ’efprit & du coeur, des miens diftinguès, à quelques
égard?, même pour le gouvernement; tout
en lui , jufqu’à' fes vices, ayoit de 1 éclat; ileroit
également impoffible &. de pe pas lç haïr, de
Je méprifer.
Son extérieur fpmbre, farouche $c menaçant,
i’avpit fait nommer U funglier9 anuonçoit la
férof ité de fon ame ; il avoit des choies < monfr
gj&ejtfçs dans I4 cgnjjitutjoii coi»m$ d y »
le c a rsâ è re , une taille contrefaite, lin bras def-
féché > un regard .affreux, une phifionomie bifarre.
Le peu de confiance qu’il fut capable d’accorder
, il 1® plaça maUCatesby, Ratcliffe & L o v e l,
fes favoris , p'artageoient avec lui J a haine publique.
Les chanfons fatyriques du temps difoient que
le chatj, le rat & le loup défoloient VAngleterre fous
le régné du fanglier. Ces favoris de Richard furent
entraînés dans~ fa chûte ; Catesby , le principal
miniftre de fes violences , ayant été pris à Bof-
worth, fut exécuté à Leicefter ; Ratcliffe fut profc'rit,
Lovel vécut quelque temps fugitif; étant revenu
enfuite dans le royaume pour y exciter des troubles,
il fut défait par Henri V II à la bataille de Stoke
prés de^Newark fur la Trent en 14 8 7 , & il
difparut. Les uns difent qu’il fut tué dans la bataille,
d’autres qu’il fe noya dans la Trent eu
voulant fe fauver ; mais, fuivant une tradition
allez générale, il traîna une longue vie , cache ,
comme on le raconte de Sabinus, au fond d un
fouterrain. Cette tradition paroît confirmée par
une découverte dont parle le célèbre M. Carte.
Vers le commencement du fiècle aôuel9 des ouvriers
travaillant à des réparations dans une maifon
qui avoit appartenu à ce feigneur, trouvèrent dans
une chambre fouterraine un vieillard immobile ,
affis dans une grande chaife ou il fembloit dormir ;
aufli-tôt qu’ils y touchèrent, le corps tomba en
pouffière. c
RichardIII avoit époufé Anne, lhine des filles
de ce fameux comte de W a rw ick , tué à la bataille
de Barnet en 14 7 1 ; elle étoit veuve de ce jeune
prince de Galles, ( fils de Henri V I ) fi indignement
maffacré par Richard'après la bataille de Tewkef-
bury. Elle fut malheureufe, & le méritoit bien ;
on ne daigna pas même la plaindre;, on ne lui
pardonna jamais de s’être jettée d’elle-même dans
les bras, du meurtrier de fon premier marijTam-
bitîon feule avoit pu lui faire rechercher ï une
pareille alliance : quelle femme auroit pu aimer
Richard 111' ? : !
Elle en eut un fils qui eut le titre de prince
de Galles, & qui mourut dans l’enfance.
Pendant la durée de ce mariage , Richard avoit
offert la main à la priacèffe Ëlifabeth, Pâmée
des filles d’Edouard IV , & foeur de cet Edouard V
& de ce duc d’Yorck que Richard' avoit détrônés &
affaflinés ; Ëlifabeth rejettoit avec horreur l’offre
du meurtrier de fa famille ; elle fe réfervoit, di-
foit-elle, au vainqueur de ce monftrë. En effet
elle épôufa le roi Henri V I I ; c’étoit pour empêcher
ce mariage, qui rewnifloit dans la perfonne dit
comte de Richemont les droits d’Yorck à ceu*
de Lancaftre, que Richard fe propofoit à Ëlifabeth.
La vie de la reine Anne, fa femme, étoit pour
jui un foible obftacle ; c’étoit l’affaire d’un crime
de plus.' En effet, cette princeffe mourut quelque
temps après ; fa mort fut attribuée au poifort ou
aux mauvais traitemens qu’elle éprouvait, & tel
«§ l’avis 4 e tous les hi&ojriçns, à la p i d’un
feul
ieirl qui attribue fa mort à la douleur qu’elle eut
de la perte de fon-fils.
Richard 111 fut le dernier roi d’Angleterre de
la maifon d’Anjou, dite de Plantagenet, maifon
françoife qui avoit occupé U trône d’Angleterre
pendant 3 3 1 ans, à compter de Pavésement de
Henri II en 1 1 5 4 ; c’-étoit la maifon Tudor qui
montoit fur le trône dans la perfonne de Henri V II.
RICHARDSON ; ( Hifl. lin. moi. ) c’eft l’auteur
de Pamela , de Qràndiffon , de Clarijfe. Cette fimple
annonce fuffii.à fon éloge & donne l’idée des plus
belles productions peut-être de l’efprit humain. On
connoit l’éloge de Richardjon par Diderot ; c’eft in-
contefiablement le meiLleur ouvrage de Diderot;
il eft fur-tout très-piquant de voir avec quel zèle &
quelle bonne foi Didérot adopte & partage la
fainte colère d’une zélatrice de Richardjon contre
ceux qui trouvent Clarifie trop dévote. M. Richard-
fon a, iiluftré le fiècle où nous vivons ; on ne conçoit
pas comment l’abbé Prévoft qui nous a le
premier fait connoitre Clarifie , a pu manquer de
goût au point de comprendre dans les retranche-
mens qu’il a cru devoir faire , & dont il n’auroit
du faire aucun , un morceau aufli touchant que
l’enterrement de Clarifie , & le plus touchant peut-
être qui foit dans aucun des ouvrages dont on peut
dire :
Sunt lacrymce rerum , & mentent mortalia tangunt.
M. Diderot a tonné contre lui fur cette omiflion
avec une jufte éloquence. M. Le Tourneur a
rendu aux lettres françoifes .un véritable fervice ,
en. nous donnant de Clarifie une traduâion complète
& fans aucun de ces retranchements qui font
une véritable profanation.
r RICHELET, ( C e sa r -P ie r r e . Hi(l. litt. ’mod. )
auteur connu par fon diâionnaire françois & par
fon dictionnaire des rîmes ; par une traduction
françoife de l’hiftoire de la> Floride , de Qarcilaffo
de la Véga ; on a suffi de lui un recueil des plus
belles lettres des meilleurs auteurs françois, avec des
notes. La première édition du dictionnaire françois
de Rich'elet ( Genève , 16 8 0 , « -4 " )eft recherchée
de quelques perfonnes à caufe des fatyres^ grof-
fières dont elle fourmille & quL ont été fup-
primées en partie dans dés éditions fubféquentes.
Si on veut voir de quelle nature & de quel ton
font ces méchancetés, en voici un exemple. Il dit
dans une des éditions qu’il a données lui-même de
fon dictionnaire, que » les Normands feroient les plus
» méchantes gens du monde , s’il n’y ayoit pas de
» Dauphinois. On voit que la dèlicatefiè d’une
pareille remarque eft égale à la juftice d’un pareil
jugement. Ce trait ne fe trouvoit pas dans la
première édition , & il acquiert un nouveau degré
de ridicule, quand on fait ce qui a procuré de fa
part cette faveur aux Dauphinois ; c’eft que dés
habitans de Grenoble, irrités & la fies de fes fatyres
perpétuelles , Lavaient chaffé de leur ville à grands
Hifloireï Tome IV %
Coups de canne. Comme ce n’étoit point en vertu
] d’un jugement, cette exécution militaire ne peut être
j ni approuvée ni même ex eu fée ; mais la vengeance
(. de Richelet n’en eft pas moins ridicule , &. fur-tout
pas moins mal-adroite , elle confacre le fait. La
dernière édition de ce dictionnaire a ete donnée par
M. l’abbé Goujet en 1759 à Lyon , en trois volumes
in folio : elle eft'purgée d’une grande partie de
ces gaîtés de mauvais, goût. Richelet, né en 16 3 1
dans le iliocèfe de * Châlons en Champagne,
mourut à Paris en 1698.
RICHELIEU, (Pl e s s is ) Hijl. de Fr.) Maifon qui,'
félon André du Ghefne , tire fon nom de la terre du
Pleffisen Poitou ; elle étoit déjà connue du temps
de Philippe Augufte, ait douzième & au treiziéma
fiécles. » La maifon du V\z{R$-Richelieu , dit M*
Fléchier dans l’oraifon funèbre de madame la du-
cheffe \d’Aiguillon , » après s’être foutenue durant
» plufieurs fiècles par elle-même & par fes glorieu-
» fes alliances avec des princes , des rois & des
» empereurs , s’eft enfin trouvée au plus haut point
» de grandeur où des perfonnes d’ïlluftre naif-
' » fance puifient atteindre. »
Nous diftinguerons dans cette famille : i* .
Louis du Pleffis , feigneur de Richelieu, qui f’ervir utilement
dans les armées les rois François 1 8c
Henri I I , & mourut à la fleur de fon âge en iç 51«
2.®. François , dit Pillon , feigneur de la Js&inière ;
frère puiné de Louis, meftre-de-camp de l’un des
deux feuls régimens qu’il y eût de fon temps en
France , mourut d’un coup d’arquebufe qu’il reçut
à l’épaule au fiège du Hâvre de Grâce en 15 ^ ? ;
Le gouvernement de cette place lui avoit ëiQ
deftiné.
30. Antoine, dit le moine, parce qu’il l’avoit été
eft celui dont M. de Thon l’hiftorien a dit un mal
qu’on prétend avoir influé dans la fuite fur le fort
au malheureux de Thou fon fils, décapité en 164 a
(Voyez l’article (de) T h o u ) ; il étoit frère puiné des
deux précédens.
4°. Louis, IIe du nom, fils aîné’ de Louis î ;
& neveu de François & d’Antoine, lieutenant de la
compagnie d’ordonnance du duc de Montpenfier ,
fut tué par un fieur de Brichetières.
y ° . François, îroifième du nom, fon frère , vengea
fa mort ; il fe fignala depuis à la journée de Mont-
contour , fuivit en Pologne le duc d’A n jo u ,
Henri I I I , lui fut fidèle dans l’une & l’autre fora
ine , fut fait grand-prévôt de France en 15 7 8 ;
chevalier des ordres en 1586. Henri IV le fit capitaine
de fes gardes. Il mourut à Goneffe , le 10
juillet I'îço, à quarante-deux ans. C’eft le père des
deux cardinaux de Richelieu ; c a r , malgré une or - Idonnance de Sixte-Quint, qui ne permet pas que
deux frères ; {oient cardinaux en même-temps, il y
C c c c