
d’agir. Ce mot eft compofé de plénum, plein , &
■ potentiel, pouvoir, puiffance.
On le dit particuliérement des ambaffadeurs
que les rois envoyent pour traiter de paix, de
mariages ou autres affaires importantes.
La première chofe qu’on examine dans les conférences
de p aix , c’eft le pouvoir des plénipotentiaires.
( Â . R. )
P LÈ SSIS -M ORNA Y (V o y e z .Mornay.)
PLESSIS-PRASLIN (Vo y e z Choiseuil. )
PLESSIS-RÏCHELIEU (V o y e z Richelieu.)
PLESSIS (C laude du) Hiß. litt.mod.) avocat
au parlement de Paris on a fes oeuvres en deux
volumes in-fol. , favoir, fön traité fur la coutume
de Paris, fes confultations, & C ., avec des notes
de Claude Berroyer & d’Eufèbe de Laurière.
Mort en 16 8 1.
Dom Touffaint- Chrétien du PleJJis, bénédi&in ,
après avoir été Oratorien, mort à Saint-Denis
en 17 6 4 , eft auteur d’une Hißoire de la ville &
des feigneu r s d e Coucy, d’une Defcription de la
ville d Orléans, d’une de la Haute- Normandie,
d’une Hißoire de Jacques I I , &c . ; il fe fit beaucoup
d’ennemis pour avoir dit dans fon hiftoire
de Vèglife de Meaux, un de fes plus importans
ouvrages, que l’art de fabriquer des titres étoit
un vice prefque univerfel vers le onzième fiècls.
PLEUREUSES. ( Hiß. des Grecs modernes.') Les
Grecs modernes , fuivant l’ancienne coutume ,
o n t , à la fuite des enterremens , des femmes à
gag e , dont la principale fonéfion eft de heurler,
de pleurer & de fe frapper la poitrine, tandis
que quelques autres chantent des élégies à la
louange du mort ou de la morte ; ces fortes de
chanfons fervant pour les deux fexes & pour
toutes fortes de morts, de quelque âge & qualité
qu’ils foient.
Pendant cette efpèce de charivari, d’autres
perfonnes apoftrophoient de temps en temps le
défunt ou la défunte, en lui difant : « te voilà
« bien-heureufe, tu peux préfentement te marier
» avec un t e l» ; & ce tel eft un ancien ami que
la chronique fcandaleufe a mis fur le compte
de la morte. Au bout de ces propos, ou
autres femblables, les Pleureufes recommencent
leurs cris & leurs larmes.
Enfin , dès qu’une perfonne eft morte, les
parens, les amis, les Pleureufes , font leurs
complaintes autour du corps que l’on porte à
l’eg life , le plus fourent fans attendre qu’il foit
froid ; cependant on l’inhume, après avoir récité
quelques oraifons accompagnée* d e gémiffe-
mens feints ou véritables. (D . J . )
PLINE. ( Hifi. Rem.) Deux grands écrivains'^
oncle & neveu, ont illuftré ce nom.
i° . Caius Plinius fecundus, dit l’ancien ou le
naturalifte, auteur de ce grand & magnifique
ouvrage de l’hifioire naturelle , furpaffé en exactitude,
égalé en éloquence,_ ou plutôt furpaffé
dans tous les points par un - grand & magnifique
ouvrage de nos jours fur le même fu je t, comme
fi la nature imprimait fa grandeur & fon énergie
à tous les ouvrages qui la prennent pour
objet. Opus dijfufum, eruditum , nec minus variutti
quam ipfa natura, dit Pline le jeune, en parlant
de l’ouvrage de fon oncle.
Pline l’ancien étoit de Vérone ; il vivoit fous
l’empire de Vefpafien & de Titus qui l’employèrent
Aen diverfes affaires; il dédia fon hiftoire naturelle
à Titus, prefque affocié alors à l’empire;
« Votre élévation,; lui dit-il, n’a caufé en vous
» d’autre changement que d’égaler chez vous le
» pouvoir à la volonté de foire le bien. Nec
» quidquam in te mutavit fortunée amplitudo, nifi
» ut prodeffe tantumdem poffes & velles ». Ce langage
» que là flatterie efl toujours fi difpofée à tenir
à tous les princes, qu’on eft heureux, quand
le prince à qui on l’adreffe eft Titus !
Quels hommes étoient ces Romains! Cet ouvrage,
pour lequel la plus longue vie paroît trop
courte, & qui, outre les obfervations particulières
de Pline, avoit exigé la le&ure de près de deux
mille volumes ; cet ouvrage auquel il en avoit
joint un grand nombre d’autres, avoit été compofé
à fes heures perdues, c’eft-à-dire aux heures
que les autres hommes donnent au foinmeil ,
fuccifivis temporibus ifia citramus, id efl noElurnis,
dit Pline lui-même. Ses jours étoient employés
aux affaires publiques, car il fut toujours chargé
d’-emplois importans ; il avoit porté les armes avec
diftinéfion; il étoit du collège des augures, il fut
chargé de l’adminiftration de l’Efpagne. Pline le
jeune nous apprend que fon oncle menoit la vie
la plus fimple, qu’il étoit fur-tout très-ménager
du temps.
Le fage eft ménager du temps & des paroles,
dit la Fontaine. Pline ne perdoit jamais un moment;
pendant fes repas, il fe faifoit lire ; dans
fés vo y ag e s , il avoit toujours à fes côtés fon
liv re , fes tablettes, fon copifte; il ne lifoit rien
dont \X ne fit des extraits; iL dormoit peu pour
prolonger fa v ie , difoit-il, car le fommeil nous
en dérobe une partie, on ne vit qu’en veillant ;
plurïbus horis vivimus, profeSlo enim vita vigilia eft.
Pline mourut à 56 ans , en véritable naturalifte
, en obfervant de trop près un des plus terribles
phénomènes de la nature; le Véfuve fut -
pour lui ce qu’avoit été l’Etna pour Empedocle.
Il étoit à Mifène où il commandoit la flotte dans
le temps de la fameufe éruption du Véfuve arrivée
fous Titiis. 11 s’en approcha le plus qu’i l
put 3 faifânt fes ôbfefyations & les (liftant à fes
fecrétaires, jufqu’à ce qu’il fût étouffé par la cendré
& la fumée. Pline le jeune ne voit dans cette mort
"que l'intrépidité. que la grandeur d’arne de fon
oncle. M. Ro'.lin y trouve de la témérité , il ob.
ferve que Pline, pour une curiofité qui lui étoit
perfonnelle , expofoit non-feulement fa vie , mais
celle de ceux qui l’accompagnoient ; ce jugement
e f t févère , mais il peut être jufte.
2°. Pline lejeune naquit à Côme en Italie; il etoit
neveu par fa mère de Pline le naturalifte qui 1 adopta.
Il eut pour tuteur Virginius Rufus dont Tacite a prononcé
l’oraifon funèbre , pour maîtres Quintilien
& le ftoïcien Rufticus Arulénus que Domitien fit
périr en haine de fa vertu ; pour amis ces mêmes
maîtres &. Tacite, Suétone. Martial, Siltusitalicus,
tous les gens de lettres, tous les hommes de bien
de fon rems, il fervit pendant quelques années en
fyrie à la tête d’une légion; il acquit au barreau
line grande réputation & d’eloquence & de eou-
rage. A la mor e de D om itien il voulut faire punir
lès délateurs & venger la mort du vertueux Hel-
vidius Prifcus fur le fénateur Publicius Cerfus ,
homme puiffant, défigné conful pour 1 annee fui-
vante; il l’accufa, un confulaire des amis de Pline ,
effrayé pour lui des dangers où il s’expofoit' ,
l'avertit tout bas qu’il avoit manqué de prudence :
Vous vous rendrez, lui dit-ü, redoutable aux empereurs
à venir : tant mieux, répondit Pline, f i c’ efi aux
mauvais empereurs. L’affaire de Publicius Certus ne
Tut point jugée; mais ce délateur ne fut pas consu
l .Pline l’ancien avoir été le panégyrifte de Titus,
■ Pline le jeune le fut de T rajan , heureux l’un &
ï ’autre dans le choix des princes qu’ils ont célébrés.
On connoît les lettres de Pline le jeune ,
«lies fourniffent d’excellens mémoires fur fa vie : il
jdéfiroit ardemment que cette vie fût écrite par fon
jami Tacite, & i l n’y avoit qu’un homme vertueux
jqui pût ne pas craindre & même defirer un tel
hiftorien. On connoît fur-tout la lettre de Pline
à Trajah au fujet des chrétiens & la réponfe de
Trajan. Pourquoi faut-il que Trajan ait perféruté
& que Pline ait été miniftre de la perfécution }
Les talens de Pline l’élevèrent fuçceflivement aux
plus grands emplois ; il fut préteur, même fous.
'Domitien, il fut conful fous Trajan, il avoit été
préfet du trêfor public, il gouverna comme pro-
conful le Pont & la Bithynie.
La vertu qui parut le diftinguer fur-tout parmi
tant d’autres vertus, fut la libéralité ; il donna beaucoup
à fa nourrice , à fes maîtres, à ceux de fes
amis, que leur mauvaife fortùne autorifoit à recevoir.
Çalvinus devoit à Pline des fommes con-
fidêrables ; Calvina fa filie alloit renoncer à fa
fucceffion ; ne répudie^ point, lui écrivit Pline .
Vhérédité paternelle , ne faites pas cet affront à la
mémoire d'un père, & il lui envoya une quittance
générale.
Des marchands ayant acheté fes vendanges
n’y ayant pas gagné, il leur fit des remifes; j;e
ne trouve pas moins glorieux, dit-il à ce fujet ,
de rendre juftice dans la mai fon , que dans les
tribunaux, dans les petites affaires , que dans les
grandes, dans fes affaires, que dans celles d’autrui.
Mihi egregium imprimis videtur, ut foris ita domi, ut
in mcignis ita in parvis , ut in alienis ita in fuis , agi-
tare jufiitiam. Il donna trois cents mille fefterces à
Romanus , pour qu’il eût le revenu néceflaire pour
entrer dans l’ordre équ'eftre.
Corellius Rufus avoit été fon ami & avoit été
digne de l’être ; Corellia fa feeur avoit acheté de
. Pline des terres pour le prix de fept cents mille
fefterces ; elle apprit que ces terres en valoient
neuf cents mille, elle fit à Pline les plus fortes
inftances de recevoir le furplus, & ne put jamais
lobtenir.
Lorfque Domitien chaffa de Rome les philo-
fophes, Pline paya les dettes dû philofophe Ar-
temidore fon ami ,. au hafard d’attirer fur lui. la
foudre qui vendit de frapper tous ceux de’ fes
amis qui avoient ofé montrer des vertus fous De-,
mitien.
Il fonda des maîtres & une bibliothèque dans
la ville dé Gômé fa patrie.
Il ri’étoit cependant .point riche ; mais ce qui
me manque de revenu, dit-il, je le rétrouve dans
la frugalité.‘Voilà la fource de mes richëffes &
de mes libéralités , qui font mes vraies richeffes.
■ quoi ceffat ex rèditu , frugàlitatè fuppletur ; ex
qùâ , velut è fonte, liberalitas nofira decurrit. On
ne fait ni le tems ni les particularités de la mort
de cet homme doux , aimable , vertueux, bienfai-
fant, plein d’efprit. Il fut marié deux fois, & fut
auflï bon mari que bon citoyen , il ne laiffa
point d’enfans.
P L O
PLOMBEUR, f. m. ( Chancellerie rom.') oit ap-
pelloit autrefois plombeurs , ceux qui mettoient
les plombs ou les bulles de plomb aux diplômes
des papes , c’eft à-dire, qui mettoient les fceaux
ces fceaux étoient de quïtre fortes , d’o r , d’argent,
de cire, & de plomb. Les papes ne mettoient
le fceau à la bulle de plomb , qu’aux a&es
& aux diplômes de conféquence. D ’abord ils
avoient, d i t - o n , deux religieux de Cîteaux,
qui étoient chargés d’imprimer l’effigie fur ces
plombs , & qu’on appelloit à caufe de cela les
frères, du plomb ; en fuite on en chargea des ec-
cléfiaftiqües féculiers qui furent appellés plombeurs.
( D. J . ).
PLONGER, ( Hiß. mod. ) Paftion deplongerquel-
qu’un dans l’eau en punition de quelque faute.
Selle, à plonger, dans les anciennes coutumes
d’Angleterre.\ A . R. )
i PLOT (R obert ) Hiß', litt, mod.') prefefieur d«
chÿm'ié dans' rùmvérfitê d’Q^fotd , auteur d’une