
ces volontés fut d’obliger Ordogno d’époufer dona
Urraque , femme répudiée d’Ordogno I I I , & qui,
par ce moyen, fut pour la fécondé fois élevée
au trône de Léon. Quelques dommages que les
grands euffent foufferts pendant les troubles de
l’anarchie , ils la préféroient encore aux maux
bien plus confidérables qu’ils craignoient d’éprouver
fous le règne de ce nouveau fouverain , auffi
ne fut-ce que forcément qu’ils confentirent à le
reconnoître pour roi. Leurs craintes n’étoient que
trop fondées, & le vicieux Ordogno fe conduifit
avec fi peu de décence / & commit tant d’injuf-
tices, de vexations , que les peuples lui donnèrent
le furnom de mauvais. Cependant Sanche,
en proie à une cruelle hydropifie, & ne trouvant
point de remèdes qui le foulagealïent, alla , par
les confeils du roi de Navarre, fon oncle , à la
cour du roi de Cordoue , où on lui faifoit efpérer
qu’il trouveroit d’excellen9 médecins. Le roi de
Cordoue lui fit l’accueil le. plus diftingué ; 8c, par
l’habileté des fes médecins maures, il guérit de
fon hydropifie. Les grands de Léon , informés du
Téjour de Sanche à Cordoue , lui firent favoir
qu’ils éroient excédés de la tyrannie d’Ordogno ; &
que s’il vouloit fe montrer à la tête de quelques
troupes, toutes les villes du royaume lui ouvri-
roient leurs portes; 8c en e ffet, Sanche, fécondé
par Abderame & le roi de Navarre , n’eut pas
plutôt paru fur les terres de Léon , qu’Ordogno IV ,
abandonné de tous, fe crut trop Jietireux qu’on
voulût bien lui laiffer la liberté, dont il profita ,
pour s’enfuir dans les Afturies. Gonçalez, pendant
fon abfence, voulut faire quelque réfiftance,
mais il fut battu. 8c. fait prifounier. Ordogno ,
averti que les Afturiens vouloient auffi l’arrêter
&. le livrer à don Sanche , fe fauv a; & , fuivi
de fa femme , fe retira à Burgos. Les habitans
de cette ville reçurent avec refpeâ dona Urraque
, mais ils ne voulurent point donner afyle à
fon époux, qui ne fachant que devenir, accablé de
terreur, alla fe réfugier chez les Mahométans d’Ar-
ragon , où il vécut couvert d?opprobre, très-mi-
férable , & également méprifé par les infidèles &
par les chrétiens, ( L . C, )
O R E
O R EG IU S , ( Augustin ) ( Hiß. litt. mod. )
théologien florentin ; le cardinal Bellarmin '4’ap-
pelloit fon théologien , le pape Urbain V III fon
d o â eu r , en conféquence ce pontife le fit cardinal
en 16 3 4 , & lui donna l’archevêché de Bénévent,
où il mourut en 1635. On a à'Orégius un traité
intitulé : Arißctelis vera de rationalis anima immor-
talitate fententia , & d’autres traités théologiques
de D ieu , des anges, de l’ouvrage des fix jours.
ORELLANA. (F rançois) ( Hiß. mod, ) C’eft
Te nom du premier Européen qui a reconnu la
Ü Y& e des Amazones ; elle fut ainfi nommée >
parce qu’Orellana rencontra en effet en defcendant
ce fleuve , quelques femmes armées , dont unr
cacique indien l’a voit averti de fe défier. Il s’étoit
embarqué en 15 39 , près de Quito, fur la rivière
nommée Coca , 8c de rivière en rivière , il étoit
arrivé au cap du Nord , fur la côte de la Guyane
ou Goyane , après une navigation de dix - huit
cents lieues.
ORESME, (N icolas) précepteur de Charles V ,
qui le f i t , en 13 7 7 , évêque de Lizieux. On a
de Nicolas Orefme divers ouvrages & quelques-
unes de ces premières traductions que Charles V
fit faire en France, par exemple, celle de la morale
8c de la politique d’Ariflote; il traduifit auffi' le
traité de Plutarque , des remèdes de l ’une & de.
Vautre fortune.
ORESTE. ( Voye^ Odoac re. )
O R G
ORGE MONT, ( Pie r r e d’) ( Hifl. de Fr. ) reça
premier préfident au parlement de Paris lé 12 novembre
1 3 7 3 , 8c. fait chancelier huit jours après, le
20 du même mois ; étoit fils d’un autre Pierrre d ’Or-
gemont, bourgeois de Lagny-fur-Marne , dont il
eft fait mention dans le teftament de Louis Hutin,
de l’an 13 16 . Des aéïes anciens de la chambre
des comptes, portent que JPierre d'Orgemont fut
élu chancelier de France par fcrutin, en préfence de
Charles V , qui tenoit au louvre un grand-confeil,
compofé de princes 8c barons, des feigneurs du
parlement 8c autres, au nombre de cent-trente.
Il remplit cette place avec diftinétion, 8c remit
les fceaux volontairement, à ce qu’il paroît, au
mois d’o&obre 1380 ; depuis ce temps il vécut
en homme privé , tantôt dans fa maifon de Méry-
fur-Oife , tantôt à Chantilly , qu’il avoit acheté
de Gu y de Laval, 8c que Marguerite d’Orgemont^
fon arrière-petite-fille, porta dans la maifon de
Montmorenci , d’où elle a paffé dans celle de
Bourbon-Condé»
Un des fils du chancelier , nommé Pierre d’Or-
gemont, comme fon père 8c fon aïeul, fut évêque
de Paris.., ,. - ' ,
Un autre, nommé Nicolas, 8c furnommé le
Boiteux, chanoine de Notre-Dame de Paris, 8c
"Yun des plus riches clercs de France , fe rendit
coupable de lèfe-majefté , fut privé de fes bénéfices
& offices , condamné en quatre-vingts mille
écus d’amende envers le ro i, traîné dans un tombereau
aux halles, pour affifler au fupplice de deux
de fes complices qui eurent la tête tranchée, puis
enfermé pour toujours à Meung-fur-Loire , où
il mourut le 16 juillet 14 16 .
Pierre üOrgemont, petit-fils du chancelier, fujet
plus fidèle que Nicolas, périt pour fon pays à la
bataille d’Azincourt en 14 15 .
Un autre à'Orgemont ( Méry ) fut fait prifonnier g
& mourut de fes bleffuresen 1 5 5 1 ,
t a famille S O ’gemont s’éteignit, en iS 39 , par
!a mort de GuiUemette ü'Orgemont, qui n’eut point
d’enfans de fon mariage avec François des Urfuis,
marquis de Traynel.
O R I
ORIBASE D E PERGAME , ( Hifl. anc. ) médecin
de l’empereur Julien. Ses oeuvres ont été
imprimées à Bâle , en 1 5 5 7 , en trois volumes
in-folio , & on a encore imprimé depuis, à p ar t,
Ton anatomie.
O R IEN T, empire d’ ( Hiß. ) c’eft ainfi qu’on
appel la l’empire romain, lorfque Conftanrin, par
la vanité de faire une ville nouvelle , 8c de lui
donner fon nom , tranfporta le trône à Byzance. \
Alors on vit Rome prefque entière paffer en
Orient ; les grands y menèrent leurs efclaves,
c’eft-à-dire , prefque tout le peuple, 8c l’Italie fut
privée de fes habitans. Par cette divifion du feeptre
les richeffes allèrent à Conftantinople , 8c l’empire
d’occident fe trouva ruiné. Toutes les nations
barbares y firent des invafions confécutives ; il
alla de degré en degré , de la décadence à la
chûte , jufqu’à ce qu’il s’affaiffa tout-à-coup fous
Arcadius 8c fous Honorius.
Juftinien reconquit, à la vérité , l’Afrique &
ritalie par la valeur de Bélifaire ; mais à peine
furent --elles fubjuguées , qu’il fallut les perdi^.
D ’ailleurs Juftinien défola.fes fujèts par des impotV
cxceffifs, 8c finalement par un zèle aveugle fur
les matières de religion. Animé de cette fureur ,
il dépeupla fon pays , rendit incultes les provin-
ces, 8c crut avoir augmenté le nombre des fidèles,
îorfqu’il n’a voit fait que diminuer celui des ho mm es.
Par la feule deftruâion des Samaritains, la Palestine
devint déferte , 8c il affoiblit juftement l’empire
par zèle pour la religion, du côté par où
quelques règnes après lès Arabes pénétrèrent pour
la détruire.
Bientôt toutes les voies furent bonnes pour
monter fur le trône : un centenier, nommé Phocas,
y fut élevé par le meurtre. On y alla par les pré*
Tages, par les foldats , par le clergé, par le fénat,
par les payfans, par le peuple de Conftantinople ,
par celui des villes , des provinces , par le brigandage
, par Paffaffïnat ; en un mot, par toutes
Tortes de crimes.
Les malheurs de l ’empire croiffant de jour en
jour , on fut naturellement porté à attribuer les
mauvais fuccès de la guerre , 8c les traités honteux
dans la paix , à la conduite de ceux qui gou-
vernoient. Les révolutions firent les révolutions ;
& l’effet devint lui-même la caufe. Comme les
Grecs avoient vu paffer fucceflivement tant de
diverfes familles fur le trône, ils n’étoient attachés
à aucune ; 8c la fortune ayant pris des empereurs
dans toutes lès conditions, il n’y avoit pas
de naiffance affez baffe, ni de mérite fi mince,
gui pût ôter l’efpéraçces
Phocas,'dans la ccnfufion étant mal affermi ,
Héraclius vint d’Afrique , 8c le fit mourir ; il
trouva les provinces envahies, 8c les légions
détruites.
A peine avoit-il donné quelque remede a ces
maux, que les Arabes fortirent de leurs pays
pour étendre la religion 8c l’empire que Mahomet
avoit fondés d’une même main. Apôtres conqué-
rans, comme avoit été leur chef , animés d’un
zèle ambitieux pour leur nouvelle doélrine, endurcis
aux fatigues de la; guerre , fobres par habitude,
par fuperftition 8c par politique, ils con-
duifoient fous l’étendard de leur prophète des
troupes d’enthoufiaftes, avides de carnage 8c de
butin, contre des peuples mal gouvernés , amollis
par le luxe , livrés à tous les vices qu’entraîne
l’opulence , & -depuis long-temps épuifés par les
guerres continuelles de leurs louverains. Auffi
jamais progrès ne furent plus rapides que ceux des
premiers fucceffeurs de Mahomet.
Enfin , on vit s’élever , en 1300 , une nouvelle
tempête imprévue qui accabla la Grèce entière.
Semblables à cette nuée que vit le prophète,
q u i, petite dans fa naiffance , vint bientôt couvrir
le c ie l, les Turcs , méprifables en apparence
dans leur originel, fondirent comme lin tourbillon
fur les états des empereurs grecs, paffèrent
le Bofphore , fe rendirent maîtres de TA fie , 8c
pouffèrent encore leurs conquêtes jufque dans
les plusJ^elles parties de l’Europe; mais il fiifnt
de dire i c i , que Mahomet II prit Conftantinople
en 1453 , fit fa mofquée de l’églife de Sainte-
Sophie , 8c mit fin à l’empire à'Orient, qui avoit
duré 1 1 2 3 années. Telle en la révolution des états.
( D . / . )
ORIFLAMME , (. f. (.Hifl. de F r .) Nos anciens
hiftoriens font ce mot mafeulin , 8c écrivent tantôt
oriflamme , tantôt oriflambe , tantôt auriflamme,
tantôt auriflambe ou orïflande : étendard de l’abbaye
de Saint-Denis ; c’étoit une efpèce de gon-
fanon ou de bannière, comme en avoient toutes
les autres églifes ; cette bannière étoit faite d’un
tiffu de foie couleur de feu , qu’on nommoit
cendal ou faint vermeil, qui avoit trois fanons -, 8c
étoit entourée de1 houppes de foie. L’oriflamme de
Saint-Denis étoit attachée àu bout d’une lance ,
d’un fuft, d’un bâton, que Raoul de Prefles nomme,
glaive de Y oriflamme.
Louis-le-gros ,. prince recommandable par la
douceur de fes moeurs , 8c par les vertus qui font
un bon prince , eft le premier de nos rois qui ait
été prendre Yoriflamme à Saint-Denis, en 1 1 2 4 ,
lorfqu’il marcha contre l’empereur Henri V . Depuis
ce temps , fes fucceffeurs allèrent prendre en
grande cérémonie cette efpèce de bannière à Saint-
Denis , lorfqu’ils marchoient à quelque expédition
de guerre ; ils la recevoient des mains de l’abbé ,
8c, après la v iâ o ire , l’oriflamme, étoit rapporté©
dans i’églife de Saint;Denis, 8c remife fur fç a