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P ÉNITEMS INDIENS , ( Hiß. mbJ. fupirfl.')
rien n’eft plus étonnant que ce que k s voyageurs
nous rapportent des aufférités 8c des rigueurs que
quelques bramincs ou prêtres de"Tlndoitan exercent
fur eux-rnèmes. Les vies'des pr. miers foli-
taires & anachorètes de l’ègl fe chrétienne ne nous
offrent rien de fi frappant que les pénitences que
s’impofent ces fanatiques idolâtres, que l’on nomme
joguïs ou jaguis. Ils forment plufieurs feélea
qui diffèrent 1< s ifhes des autres , non par la doctrine
, mais pour'le genre de vie qu elles embraf-
lfint, dans la vue de plaire à la divinité.
Les vanaprajlas vivent avec leurs femmes Scieurs
enfans dans les dèferts & les forêts ; ils ne
fe noumffent que des plantes & des fruits que la
terre donne fans qu’il foit befbin dé la cultiver.
Quelques-uns d’entr’eux pouflent le fcrupule juf-
qu’â ne point arracher des racines de la terre , de
peur de déloger quelque ame qui pourront y être
paffée.
Les fanjaffi ou fanias renoncent à tous les plai-
firs du monde. Ils s’interdifent le mariage , ne
prennent de la nourriture qu’une fois' le jour ; ils
liefe ''er vent que Je vaifieaux de terre. Ils font obligés
de ne vivre que d aumônes , fans cependant
qu’ l leur fort permis de touch r de Large-nt. Cts
.pénitens n’ont point de -demeure fixe , ils ne peuvent
demeurer plus d’uns nuit dans un mène
endroit. Ils pontnt un habit rouge de un bâton.
Iis ont fix ennemis à combattre; la côncupifcçnce,
la colère, l’a varice , l’orgueiL, l’amour du monde,
& le defir de la vengeance , pour s’élever à la contemplation
des chofes divines. Les fanjaffi font
de la tribu des bramines. Ceux de la tri eu des
kutterys ou nobUs, fe nomment permd air.fi ;
ceux de la tribu des loueras ou du petit peuple, fe
. nomment joguis ; ces dern ers font moins régies.
Les avadoutas font encore plus auffères que les
' fanjaffi. Iis quittent tour, femmes, enfans & leurs
biens. Ils vont tout nuds , cependant quelques-uns
couvrent leur nudité avec une pièce d’etoffe. Ils.
fe frottent le corps avec de la fiente de vache.
Four demander à manger, ils ne font que tendre
la main, tans proférer une parole; d’autres attendent
qu’on vienne leur apporter ces al mens
pour fe nourrir. Ces pénitens pratiquent quelquefois
des macérations incroyables , comme de
garder pendant long-temps la même pofture. Les
uns tiendront pendant plùfie-..rs jours les deux
bras élevés ; les autres fe font fufpendre par les
pieds au-deffüs d’un feu qui rend une fumée
cpaiffe ; d’autres fe tiennent immobiles , 8c font
comme en extaie, fans paroître s’appercevoir de
ce qui fe paffe autour d’eux : en un mot il n'y
a fortes d’aufiérités & de rigueurs que ces pém-
teas n’exercent fur eux. Ils n’en ont d autre re-
compenfe que la vénération qu’ont pour-eux les
Indiens idolâtres; les femmes pouffent la leur
jufqu’à leur baifer dévotement les parties que la
pudeur ne permet point de nommer. (A . R .)
PENSIONNAIRE , f, m. ( Hiß'. mod. ) fe dit
d’une perfonne qui a une penfion , un appointent
ent y ou une fomme annuelle , payable fa .vie
durant , à titre de reconnoiffance , rni-ffi. fur l’état
d’un prince ou d’une compagnie , fur les biens
d’un particulier ou autres lemblables , &c.
Dans l’églife romaine , il eft fort ordinaire de
mettre des penfions fur des bénéfices : on les ■
accordoif autrefois -avec la plus grande facilité ,
fous prétexte d’infirmités, de pauvreté, &c. Mais
depuis le douzième fiècle , cesprétextës avoient éfê
portés fi loin , que les. titulairesdes bénéfices étoient
un peu plus que des fermiers. Cela détermina les-
puinances fpir.tueîies à fixer les caufés 8c. le
nombre des penfions. Il n’y a préfenterner.r que.
lé pape qui puilTe créer des penfions ; elles ne
doivent jamais excéder le-tiers du revenu , étant
arrêté qu’il doit toujours en refier les deux tiers
au titulaire. -
La penfion une fois établie , fubfifle pendant
touie la vie du penßonnaire, quoique le bénéfice
paffe à un autre : faute de payer la penfioiî
pendant plufieurs années, le réfrgnant peut demander
à rentrer dans le bénéfice. La- penfion
fe perd par les mêmes voies que le bénéfice ; par
le mariage , par l'irrégularité, parle crime ; mais
elle peut être rachetée par une fomme d’argent,
pouvu qu’elle ne ferve pas de titre-clérical aa
penßonnaire , & qu’elle ait été créée de. bonne foi
fans aucune pâéiion fimon-iaque. Fleury jnjlituti
au droit ecciefiaßiqne, tome h
Penßonnaire, eff auffi un nom que Ton donne
au prémier minifite des états de la province
de Hollande.
Le penßonnaire eff prefident dans les affemblees
des états de cette' province ; il prpjibfé lés matières
fiar lesquelles On doit délibérer ; il recueille-
les voix , forme 8C prononce les réfolutions ou
décifions des. états, ouvre les lettres , confère avec
les'miniffres étrangers, &c.
Il eft chargé d’avoir l’infpeffion des finances r
de maintenir Ou de défendre les droits de la-provin
ce , de foute.nl: l’autorité des états & d’avoir
l’oeil à l’obienation des lois , &c. pour le bien-
on la prospérité de Pétât. Il affilié .à l’afiembiée'
des confeillers députés de J a province , qui repréfente
la fouveraineté en l’abfence des états ; 8c
il eff un député perpétuel des états - généraux:
des Provinces - unies. Sa eommiffion n’eft -que
pour cinq ans ; après quoi, on délibère s’il fera
renouvellé où' non. Il n’y a point d’cxempxe , à
la v é rité , qu’il ait été révoqué ; la mon etff la
feule eaufie qui met un terme aux fondions /importantes
de ce miniffre: o-n l’appeHoir autrefois
avocat de la province. Le titre de penfio'pnaire
ne lui fut donné que du temps que Bar/ieyek
fut élevé, à cette charge. Grotius l’appelle en latin
adjeffior jaris-peritus ; Merula', advoeatus generalis
i Mathæns, profeffeur à Leyde , conßliarim.
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Penßonr anus , qui eff la qualité que les états lui
donnent dans les a&és publics.
Penßonnaire, fe dit auffi du premier miniffre
de la régence de chaque, ville dans la province
de f: bilan de.
Sa charge confifte à donner fon avis fur les matières
qui eut r port au gouvernement , foit de
M ville èn pa-ticulier, ou de l’état en général ;
8c dans les affembleés des états des provinces , il
parle e.i faveur'de fa ville en particulier.
• Néanmoins la fonélion de ces penfionnaires n'eff
pas égale par-tout. Dans quelques villes ils donnent
feulement leur a v is , 8c ils ne fe trouvent
jamais a-.x. affemblées des magiffrats', à moins
qu’ils n’y fo ent expreffémenc appelles ; dans d’autres
, ils s’y trouvent toujours; & dans d’autres.,
ils font même des propofitions de la part des
bourguemeffres, 8c tirent leurs conclufions. On
les appelle penfionnaircs, à caufe qu’ils reçoivent
des appointemens ou une penfion.
Gentilshommes penßonnaires , c’e.ff une compagnie
de gentilshommes, dont la charge eonfiffe
à. garder le roi dans fa propre mai fon, c’eû dans
cette vue qu’il j - font expeâans dans la chambre
de préfence.
Henri V II eff le premier qui les ait mis fur
pied I ils font quarante : chacun d'eux eff obligé
d’entretenir trois chevaux qui portent en croupe,
8c un valet qui doit être /armé ; de forte, qu’à
proprement parler, ils eompofent un corps-dé
garde ; c’eft pourquoi Ils doivent paffer en revue
devant leurs propres officiers ; mais le roi.les dif-
penfe ordinairement de ce devoir . auquel ils fe '
font obligés par ferment. Leurs officiers font un
capitaine , - un lieu eriant, Un enfeigné & un clerc ..
decontrôle; leurs armes ordinaires fönt la hache
d’armes dorée, a v .c laquelle ils accompagnent 1e-
r o i, quand il va à la chapelle royale , ou lorfqu’il
en revient;' Ils le reçoivent dans la chambre de 1
préfence , ou quand :1 fert de fon appartement ;
pri>é, de même que dans toutes les grandes fo
îemnité . Leur penfion eff de cent livres fier fin g
par an. ( A . R. )
' PENTHIEVRE , ( Hiß. de Bretagne) Artus I I ,
duc de'Bretagne , a voit eu d’un premier mariage
rrob-"fils; Jean III qui lui fuccéda ; Guy , comte
de Penthièvre , qui (ut père de Jeanne la boiteufe ;
8c Pierré, qui mourut fans enfans. D’un fécond
mariage, Artus ent Je an , comte de' Mont fort.
Jean III, l’aîné du premier lit , ayant perdu .fes -
deux fi ères G u y &. Pierre, 8c n'ayant point
d’enfans, avoit toujours regardé Jeanne la boiteufe
fa me c e , fille du comte de Penthièvre, comme
fön héritière; il l’a voit mariée à Charles , comte
de Blois, de la mai fon de Châtiîlon , neveu de
Philippe de Valois. A la mort de Jean I I I , le
comte de Montfort avoir réclamé le duché en
vertu de Ja> mafculinité ; il s’étoit emparé dès tré-
furs & des places ; Charles de Blois avoit demandé I
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\ juffice à Philippe de Valois fon oncle ; Montfort
j avoir traité avec Edouard I I , roi d'Angletcirc ,
I rival de Philippe de V alo is; cité en fuite à la
| ccur des pairs de France, il avoit ofé y parc-jtre J
mais bientôt la crainte d’être arrêté l’avoir déterminé'à
s’enfuir. L ’arrêt rendu à Confia ns le
7 fepteiïtbre 134.1 , avoit jugé en faveur du comte
de Blois, comme on devoit s’y attendre. Philippe
lui foui nit des troupes pour faire valoir fes droits,
& Montfort demanda du fecours au roi d’Angleterre.
Cette rivalité, des maifons de Montfort te
de Penthièvre occupe tout le règne de Philippe
de Valois, tout le règne du roi Je an , une partie
de celui de Charles V . Jean de Montfort
tomba entre les mains des François, le comte de
Blois entre les: mains des Anglois; Jeanne de
Penthièvre femme de ce dernier, & Jeanne- de
Flandre , cotnteffe de M o n fo r tja rivale, foutin-
renc avec éclat & avec grandeur la querelle de la
Bretagnè. .La comteffe de Montfort, foldat &
capitaine, guidoit fon fils au milieu des périls ,
enflammoit, étonnoir fes gueiriers tantôt par
des coups hardis, rantôc par. des opérations la vantes
^ par des retraites fupérieures à des victoires.
A tant de valeur , la comteffe de Bloisoppofoît
l’oigueVl de fon fan g., la certitude de fes droits
&. l’i ri fié x ibili té de fon caiaélere.Dans fa foibleffe
aliicre & opiniâtre , elle avoit juré de neconfen-
tir à aucun partage du duché ; elle défavoua tous
les traités, tous les facrifices que l’amour de la
paix eût pu arracher à fon m «ri : feule armée de
I’auto.iité, elle ne lui laifibit que ie rang, de fon
premier fiijet, 8i que l’honneur de mourir pou*
elle. Il eut cet honneur fùnefte.
Les inffances de la nohlefle de Bretagne, les
bons offices de Charles V & du prince Noir
a voient fait enfin cônfeniir les ecncuriens au
partage de la Bretagne. Tous deux con fer voient
le tine de due avec les mêmes prérogatives.
Rennes & Nantes étoient les capitales des deux
duchés ; la paix étoit conclue, les otages donnés
de part & d’autre. Le comte .de Blois envoie à
fa femme le trâiiè pour lui demander â/H avtu ;
elle répond avec aigreur que fon mari fait Lon
'marché de ce qui n’efi pas à lui„ quune caufe pour .
laquelle tant de braves gens ont pé ri, mérite d'être
fou tenue jujqu'au bout. C’efi précifement parce que
cette caufe avoir coûté tant de fan g , qu’il falloi*
ce fier d’en répandre. Le comte de Blois fut touché
jufqu’au fond du coeur des larmes d'ergueiî
ou de fureur que fa femme avoir verfées 8C donr
on lui rendit un compte trop fidèle; il ado roi e
cette fimme altière, il vint la confder la raffu-
re r , prendre fes ordres, & jurer de mourir cnr
de vaincre pour elle. La comteffe en i’emb'rafTane
à fon départ, lui recommanda encore de ne con-'
fentir à; aucun partage : Ce fut leur dernier adieu J
II fallut que le fort des armes yuidât la-querelle