
mais rhérmeï de Céfar vouioit éteindre jufqidau
nom de Pompée. L’injuffice- & la vioLnce ne
font fouvent que rendre redoutables ceux qui ert
font l'objet ; Sextus réduit à fe défendre , fe
montra digne fils de Pompée , digne vengeur
de fes droits, & utile dèfenfeur.des relies de la liberté
opprimée. Il offrit un afyle à tous les prof-
crits : fi les triufnvirs promettoient une femme
pour chaque tête profcrite qui leur feroit apportée
, Sextus promettoit le double de cette Comme
à ceux qui fauveroient un profcrit, 8c il par-
venoit à faire afficher fes offres dans Rome 8c
dans toutes les grandes villes d’Italie. En quel-
q'u’etat qu’on arrivât auprès de lu i, on y trouvait
la fin de fes m'ifères , des habits, de l’argent
, des fc cours de toute efpèce, de l’emploi
fur-tout dans la flotte 8c dans fon armée. Maître
dè la Sicile , il couroit,il infeftoit toutes les mers
qui baignent l’Italie , il interceptait des convois,
il coupoit toute communication entre l’Italie d’une
p art, la Macédoine 8c la Grèce de l’autre. Ses
brigantins, fes barques, fes vaiffeaux de guerre
diÜribués le long des côtes , avertiffoient par
des fignaux les malheureux profcrits qui fe ca-
choient, 8c recevoient tous ceux qui pouvoiént
dborder; il remporta des avantages affez fignalés
fur les - triumvirs , que Brutus 8c Caflius oc-
cupoient d’ailteurs de leur côté. Mais après la
bàtaille de Philippes, 8c la mort de ces» deux
dernïers-des romains, refié feul ennemi des triumv
ir s , il ne fe rendit pas encore ; par une conduite
adroite il fe fit eonfidérer d’Antoine 8c craindre
d’Oélavien ; il profita , peur s’agrandir, des divisons
qui-s’élevoient déjà quelquefois entre ces
deux chefs; à la Sicile il joignit la Sardaigne,
& par fes flottes qui croifoient toujours dans ces
m e r s , il répandit la famine dans Rome 8c dans
l’ Italie ; maître de la me r, il fe faifoit appeller
fils de Neptune. Velleius Paterculus vante fa bravoure
, fbn aélivité , fon ardeur , fon imagination
v iv e 8c prompte, fa fidélité à fes engage mens,
en quoi il le diftingue de fbn père; mais il le
peint comme un efprit greffier 8c dont la barbarie
fe faifoit fentir dans fon langage ; il ajoure
que fes domeftiques le gouvernoient, qu’il étoit
l’affranchi de fes affranchis & l’ëfcteve de fes
efclaves; qu’il portoit envie aux grands, 8c qu’il
©béiffoit aux derniers des hommes. Studiis rudis,
fermone barbants, impetu ftrenuus, manu promptus.à co-
gitatione celer, fide pat ri dijjlmillimus. libertorum fuo-
jriim libertus fervorumque fervus , [pe cio fis invidens ut parer et humillimis.
On cite pour exemple de fa facilité à fe laif-
fer conduire par des fujets indignes, la confiance
aveugle qu’il eut dans ce Méiîas, affranchi de fon
père, qui ne ceâà de le trahir 8t de paffer de
fon parti dans celui d’Oéhvien , 8c de celui d’Oe-
tavien dans le fien. C’éft ce Ménas contre lequel
eff faite la quatrième ode du cinquième liyre
d’Horace.
Lupis & agnis quanta fortitb obtigit
T ecuin tr.ihi difcordia efi.
Et qu’Morace appelle dans cette ode:
Ibericis perujtefùnibus latus
Et crurà dura compède.,..,
Sec:us jlagcllis hïc triumviralibtis
Prceconis adfafiidium.....
Oéhvien , Oélavc ou Augufl v pour prix de fes
trahifons, le fit tribun militaire, c’eil -à quoi Horace
fait allufion dans ces vers :
Qiud attinet tôt ora naviurn gravi
Rojlrata duci pondéré
Contra latronss atque jcrvilem manum
Hoc hoc tribuno niilitum }
C’effce même Ménas qui, lorfque Sextus eut enfm
confenti à traiter avec les triumvirs , l’an de Rome
7 1 3 , 8c à partager en quelque forte l’empire avec
eux , pfa donner à Sextus un confeil également
hardi 8c perfide. Sextus donnoit fur fon bord
une fête aux triumvirs: Youlet-vous , lui dit
Menas à l’oreille, que je vous rende feül le
maître du monde ?-----Comment ferois-tu l — -
je couperois les cordages des ancres , 8c ces deux
hommes ( Oéïave 8c Antoine ) feroient en votre
pouvoir.-----fl falloit le faire, dit Sextus, fans
me le dire 8c fans me rendre ton complice ; mais
puifque tu m’as confülté, je ne fais pas manquer
à ma parole, 8c je te défends de rien tenter. Il
* efl fingulier que Sextus n’eût pas cru manquer à
fa parole 8c fe rendre complice de Ménas r-era
profitant de la perfidie parce qu’il n’en auroit pas
été prévenu, comme fi du moment qu’il l’an-
roit sûe , il n’auroit pas été obligé de la réparer
.V
oyez à l’article Triumvirat le mot que Sextus
dit à Antoine au fujet de cette fête donnée fur
fon bord ; voyez - y auffi comment la guerre
s’étant rallumée entre Sextus 8c Oôave , leslieu-
tenans d’Odàve parvinrent à chaffer Sextus de
File de Sicile. Il s’enfuit alors en Afiè 8c reprit
fon ancien métier de pirate 8c d’avanturier ; il
effaya de partager avec Antoine l ’empire de
l’A f ie , il forma des projets aü-deffus de fes forces
, y fuccomba, fut abandonné de fes foldàts
8c de fes matelots, finit par tomber entre les
mains des lieutenans d’Antoine, 8c fut tué à
Milet par l’ordre de ce triumvir, Pan de Rome
717. Dùm inter ducem & fupplicem tumulluatur, dit
Velleius Paterculus, &rtunc dignitatem retinet, nunc
vitam precatur, à M. Titio jujju M. Antonii jugu-
latus eft.
Ce Titius, de retour à Rome , ayant donné dans
le théâtre même de Pompée , des jeux publics en
réjouiffancc de la mort de Sextus, dernier fil?
de Pompée, fut chargé d’imprécations par le peu- .
p ie , 8c obligé de fortir ignominteulement dun <
fpeâacle dont il faifoit lui-même les frais ; tant
le nom de Pompée étoit encore en honneur à Rome!
POMPEIA , ( Hift. rom. ) petite-fille de Qüin-
tus Pompeius Rufus 8c de Sylla , qui furent
confuls enfemble, Pan de Rome 664, 8c fille du
jeune Quintus Pompeius, fils du premier, gendre
du fécond, tué cette même année, fous le Con-
fulat de fon pète & de fon beau-père , dans la fé-
dîtion excitée par le tribun Sulpitius en faveur
4e Marius, fut la première femme de Céfar ; elle
fut foupçonnée d’une intrigue amouréufe avec
Clodius, ce coupable ennemi de Cicéron , ( voyez
l’article Clodius ) ; mais Aurélia , mère de Céfar ,
femme d’une vertu févére , veilloit fur la conduite
de fa belle-fille , 8c fa vigilance mettoit beaucoup
de gêne dans un tel commerce. Les myftères de la
bonne déeffe qui (ecélébroient l’an de Rome 6 9 ® ,
dans la maifon de Céfar , parurent à Clodius uné
occafion favorable de s’introduire auprès de Pom-
peia , 8c on croit que cette femme étoit complice
de fon projet ; il n’en étoit guéres cependant de
plus hardi , ni de plus dangereux. 11 y allofc de
fa vie à profaner ces myflères par l’admiffion d un
homme dans la fociété des femmes, qui feules
avoient droit de les celebrer. La maifon etoit
abandonnée à celles-ci ; tous les hommes^, 8c le
maître même de la maifon étoient obliges d en for-
tir. La mafculinité étoit un titre d’exclufion pour
îèsanimaux mêmes, 8c on couvroit jufqu’auxpeinturés
qui repréfentoient des animaux males. Ces
fêtes entraînoient d’ailleurs beaucoup de mouvement
8c de liberté ; elles fe célébroient par des
danfes ; les muficiennes , Scies inflrumens de mu-
fique y abcndoient ; elles ptéfentoient l’image du
plaifir autant'8c plus que d'une cérémonie facrée ;
8c comme tout ce qui renferme du fecret 8c du
myftère donne lieu aux foupçons , & quelquefois
à la calomnie, on prétendit que dans les ténèbres ,
& à la faveur de quelque dégûifement, il y étoit
fouvent arrivé du défordre. Clodius etoit dans tout
l’éclat de la.plus brillante jeuneffe, 8c cette ame violente
8c perfide qui caufa depuis tant de troubles, fe
cachait alors fous les apparences de la candeur 8c de
la pudeur virginale ; il fe dèguifa ep fille , 8c entra
dans l’affemblée à titre de muficienne, étant intro- s
duit par une efclave de Pompéia qui étoit du fecret.
Cette efclave l’ayant quitté un moment pour aller
avertir fa maîtreffe, Clodius refia embarraffé de
fa contenance , évitant les regards, n’ofant cependant
changer de place , courir 8c danfer comme
les antres, dé peur que l’efdlave n’eût de la peine à
le retrouver , craignant fûr-tout les endroits trop
éclairés, 8c s’en éloignant arec quelque affectation
; une efclave d’Aurélia remarqua fon air emprunté
, en conçût quelque foupçon , l’aborda, lui
fit des queftions. Clodius oublia de déguifer fa
v o ix , elle parut ateiijr quelque ehofç dç y ir il} l’efcîave
furprife 8c effrayée, courut avertir Aurélia’,
8c dans fon effroi elle crioit tout haut qu’un homme
s’étoit introduit dans la maifon , 8c que les
myflères étoient profanés. Auffi-tôt Aurélia fait
ceffer les myflères , couvrir les flatues 8c le$ images
des Dieux, fermer toutes les portes , allumet
des flambeaux*, chercher par-tout, perdant tout ce
mouvement, Clodius étoit forti de l’affemblée, mais
il n’a voit pu fortir de la maifon , il fui trouvé dans
la chambre de i’efclave de Pompera qui l’a voit introduit
, on fe contenta de le chaffer, mais cette
a van tu re fut bientôt publique dans t( ute la v ille ;
il y eut un cri nniverfel d’indignation contre l’impudence
8c l’impiété de Clodius ; lés veff aies expièrent
fun crime par un facrifice folemnel, Céfar
répudia fa .-femme, l’affaire de Clodius fut portée
devant le fénat ; le collège des Pontifes confülté fur
l’aâion de Clodius,prononça que c’étoitun facrilége
8c une impiété. En ccnféquenee on infiruifit fon
procès , tout autre y auroit p éri, Clodius fut s’en
tirer à forces d’intrigues , 8c en intimidant les juges
par cette foule de meurtriers 8ç d’afisfljns qu’il
avoit toujours à fes ordres. Aurélia 8c Ju lia , fa
fille , feeur de C é fa r, déppfèrest de ce qu’elles
avoient vu : Céfar cité auffi en témoignage dit qu’il
ne favoit rien , 8c que les maris étoient toujours
les moins inflruits en pareil cas ; on lui demanda
pourquoi donc il avoit répudié Pcmpeia ? ce fui
alors que ce C éfa r, le mari de toutes les femmes ,
8c la femme de tous les maris, répondit comme au-
roient pu faire Fabius , Curius eu Caton , qu’i/ ne
falloit pas que la femme de Céfar fû t même feup-
çonnée.
POMPONACE* ( Pier r e ) Hifi lut. mod.) Ses
ouvrages, recueillis fous ce titre : Pétri Pcmpo-
natii opera omnia philojophica, ont fait du bruit
dans le temps 8c l’ont fait accufer d’irréligion ;
ce temps étoit le feizième fiècle. Son livre de
l ’immortalité de l ’ame, où il foutient que l’on ne
peut la prouver que par l’écriture fainte 8c l’autorité
de l’églife , fut vivemenfattaqué; Théophile
Raynaud dit qu’il fut brûlé à Venife, 8c défavoué
par l’auteur. Son livre des enchantemens fut mis
à Yindex , parce qu’il ôte à la magie fon pouvoir ;
mais il ne faut pas lui en favoir gré, car ce n’eft
que pour le transférer aux affres. Pomponace étoit
né à Mantoue en 14 6 a ; il étoit remarquable par
, la petiteffe de fa taille; il mourut en 2525. L ’épitaphe
qu’il s’étoit faite , quoiqu’elle ne contienne
rien d’irréligieux, fortifia par un ton de doute 8c
d’infouciance, l’idée d’irréÜgionque fes autres écrits
avoient donnée. jVoici cette épitapife : Hic fepultus
jaceo 1 quare ? nefeio , nec f i fe is , aut nefeis euro. Si
voies , beutejl ;vivens valut. For ta f il nunc valeoffi f
aut non , dicere nequeo.
POMPONE. (V o y e z A rnà u ld .)
PGMPONIUS A T T IC V S . ( Voyez ÀTrceus, )