
foie à las enlever fur la route, lorfqu’il vit p a -
roitre Arons, fils de Porfenna , qui venoit a, leur
rencontre & qui les efeorta ju(qu’au camp des
Etrufques. Il faut rendre juftice à Porfenna, il parut
toujours dans toute cette guerre le plus fin-
cère admirateur de la vertu des romains. Ses
motifs pour faire la guerre avoient été purs 8c
nobles, les moiifs pour faire la paix furent vertueux.
Des facrifices généreux de fa part donnèrent
à cetre paix toute la folidité que la politique
vulgaire oublie fi fouvent de donner à fes traités,
ou plutôt qu’elle fe fou vient toujours trop bien
de ne leur pas donner. Il rendit aux. romains, &
fans rançon , tous les prifonniers, & ils étoient
en grand nombre ; il leur fit préfent de toutes
les richelTes qui fe trouvoient dans fon camp,
I l voulut que fes troupes y laiffafîènt tout leur bagage
, & il leur en donna l’exemple. Rome n’a-
voit en lui qu’un voifin, elle eut un ami , 6c
telle fut l’ilTue de cette guerre.
Délivré des (oins qu’elle entraînoit, il n’étoit
pas encore en paix avec tous fes voifins; d’autres
intérêts lui mettoient les armes à la main
contre les habitans d’Aricie ; il envoya fon fils
Arons faire le fiége de cette v ille ; ce fiége entraîna
une bataille ©ù ce jeune prince fut tué ;
fa. mort caufa la dèfaite^c la déroute des Etrufques.
Plufieurs d’entr’eux cherchèrent un afyle
fur les terres des romains : on vit alors un grand
exemple de ce que les petits politiques machia-
véliftes ont rant de peine à comprendre, c’eft
que fi le mal fe rend toujours & même avec
ufure , le bien fe rend aufii quelquefois. Les romains
recueillirent avec emprefiement les Etrufques
dans leur défaftre ; ils - prirent foin des
bleffés, fournirent des chevaux à ceux qui n’é-
toient que démontés, ' des chariots à ceux qui
n’étoient pas en état de fupporter le cheval, ils
les tranfportèrent à Rome, les logèrent dans leurs
maifbns , les pourvurent de v iv re s , de m dica-
mens, de feconrs de toute efpèce. Se voyant
traités ainfi en amis, en hôtes, en concitoyens,
plufieurs d’entr’eux ne voulurent plus d’autre patrie
que Rome ; le fénat Jour afligna un terrain
entre le mont Palatin & le mont Capitolin, ils
y bâtirent, s’y logèrent, & cet efpace s’appella
la rue des Etrufques. Porfenna, touché d’un procédé
fi fraternel, montra encore par un nouvel
exemple, que le bien fe rend en politique, & que
la véritable politique feroit de faire du bien; il
remit volontairement, 8c uniquement par recon-
noifîance, les Romains en pdfiëfîion de certaines
tçrres, limées au-delà du Tibre , 8c qui lui avoient j
été cédées par fop traité de paix avec les Romains.
Attentif à toutes les convenances, & jaloux de
remplir tous les devoirs de juftice 8c d’honneur,
il avoir renoncé à faire la guerre aux Romains
pour l’intérêr des Tarqvrîns; mais il n’avoit pas
renoncé à foliieiter & à négocier en faveur de
ceux-ci ; \\ ne leur ayoit point retiré fa protection,
8c il ne put leur refufer une dernière démarche.
L’an de Rome 24 7, il envoya des ara-
bafîadeurs a Rome plaider encore une fois dans
la cmlé des criminels Tarquins, la caufe intéref-
îante des rois. Le fénat répondit en fubftance ce
que B ru tus dans l i tragédie qui porte fon nom,
répond en fi beaux vers à l’ambaffadeur tofean ;
Arons, il n’eft plus temps ; chaque état a fes Iôix
Qu’il tient de fa nature^Jù qu’il change à fon choix ;
Elclaves de leurs rois & même de leurs prêtres ,
Les Tofcans fembleni nés pour fervir fous des maître«,
Et de leur joug antique adorateurs heureux,
Voudroient que l’univers fut efclave comme eux ;
La Grèce entière eft libre , & la molle Ionie
Sous un joug odieux languit afliijettie ;
Rome eut fes fouverains , mais jamais abfolus ;
Son premier citoyen fut le grand. Romulus,
Nous partagions le poids de fa grandeur füprême;
Numa qui fit nos lois , y fut fournis lui-même.
H ajouta que la haine des rois étoit devenue
l’efprit romain ; il conjura Porfenna, au nom de
l’étroite & finoère union qui étoit entre lui & les
Romains, 8c que tant de fervices mutuels avoient
cimentée, de ne pas troubler cette union fi chère
par une demande qui les mettoit dans la trifte
alternative ou de renoncer à leur liberté, ou de
refufer quelque chufe à un prince auquel, 8c par
inclination, 8c par reconnoiflance, ils voudroient
pouvoir tout accorder'. Porfenna ne leur en parla
plus, & Tarquin fe retira pour lors à T11 feu 1 uni
chez Mamilius Oflavius, fon gendre. Sur fes autres
retraites, voyez fon article.
PO R T A , ( J ean-Baptiste) B ijl. lut. mod.)
gentilhomme napolitain , auteur de tragédies & de
comédies qui eurent quelque fuccès, mais fur-
tout grand écrivain fur la magie 6c les fciences
occultes, la divination, 8cc. Ceft à lui qu’on doit
l’invention de la chambre obfcure, perfeétionriée
depuis par S’gravefande. 1' avoir aufii conçu le
projet d’une Encyclopédie, 8c c’cft déjà un mérite
de concevoir un pareil projet. Mort en 1 y 15.
PO R TA G E , ( terme des îles <£Amérique') c’eft
un trajet que les coureurs de bois, 6c ceux des
habitans de la nouvelle France à qui on accorde
la traite avec,les fauvages, qu’ils font ordinairement
avec des canots ou petits bateaux fur les
rivières 6c étangs, aux bords defquels lé trouvent
les habitations de ces fauvages, font obligés de
faire à pied, lorsqu’ils trouvent des fauts & des
endroits difficiles dans leur chemin ; pendant cette
courfe, ils doivent porter fur leurs dos leurs canots
, hardes, marchandifes & provifions. (D . J . )
PO R T E , ( la ) Hifî. des'Turcs.') c’efl le nom
[ qu’on donne à l’empire des Turcs. Leurs conquêtes
o n t
ont affaibli cet empire, parce qu’ils n’otlt pas fu
les mettre à profit par de fages réglemens; détrui-
fant pour conferver, ils n’ont acquis que du ter-
rein. Leur religion ennemie des arts, du commerce
6c de l’induftrie, qui fait fleurir un état,
a laiffé regner des vainqueurs dans des provinces
dévaftées, 6c fur les débris des puiffances qu’ils
ont ruinées; enfin le defpotifme a produit dans
la monarchie ottomane tous les maux dont il cft
le germe.
On a remarqué que tout gouvernement defpo-
tique devient militaire, dans ce fens que les fol-
dats s’emparent de toute l’autorité. Le prince qui
veut ufer* d’un pouvoir arbitraire en gouvernant
des hommes, ne peut avoir que de vils efclaves
pour fujets, & comme il n’y a aucune loi qui retienne
fa puifiance dans de certaines bornes, il
n’y en a aufii aucune qui la protège, 8c qui foit
le fondement de fa grandeur. Se fervant de la milice
pour tout opprimer, il eft néceffaire que cette
milice connoiffe.enfin ce qu’elle peut, 6c l’opprime
à fon tour, parce que fes forces ne peuvent
être contrebalancées par des citoyens qui ne prennent
aucun intérêt à la policé de l’état, 8c qui cependant
dans le cas de la révolte des gens de guerre,
font la feule reffource du prince. , -
Soliman I connoiffant tous les dangers auxquels
fes fuccefleurs feroient expofés, fit une loi pour
défendre que les princes de fa maifon panifient
à la tête des armées,. & euflënt des gouvernemens
de provinces.il crut affermir les fultans fur le trône,
en enfeveliffant dans l’obfcuritè tout ce qui pou- 1
voit leur faire quelque ombrage. Par cette politique ]
il crut-ôter aux janiffaires le prétexte de leurs i
féditions, mais il ne .fit qu'avilir fes fuccefleurs. :
Corrompus par l’éducation du ferrail, ils portèrent
en imbécilles l’épée des héros qui avoient • fondé
6c étendu l’empire. Les révolutions devinrent encore ;
plus fréquentes ; les fultans incapables de régner, j
furent le jouet'.de l’indocilité 6c de l’avarice des ;
janiffaires; ceux auxquels la nature donna quelques
talens, furent dèpofés par les intrigues de leurs
propres miniftres', qui ne vouloient point d’un
maître qui bornât leur pouvoir.
Malgré les vaftes états que poflede le grand fei-
gneur, il n’entre prefque pour rien dans le fyf-
tême politique de l’Europe. Les Turcs font, pour ainfi
dire; inconnus dans la chrétienté, ou bien ©n ne
les y connoît que par une tradition ancienne 8c
faillie, qui ne leur eft point avantageufe. Si la
Porte ëntretenoit des• amba{fadeurs ordinaires dans
toutes les cours; que, fe mêlant des affaires, elle
offrît fa médiation 6c la fît refpeéler ; que fes .fujets
voyage affent chez les étrangers , 6c qu’ils en-
tretinflènt un commerce réglé, il eft certain qu’elle
..forceroit peu-à-peu les princes chrétiens à s’accoutumer
à fon alliance.-
Htfoire. Tome IV ,
Mais il n’eft pas vraîfemblable que la Porte
change de politique; elle penfera toujours que fon
gouvernement doit avoir pour bafe l ’ignorance oc
1-a mifère des fujets.
L’Europe n’a pas lieu de craindre beaucoup les
forces de la Porte. L’empereur, la Pologne, la
Rufiie & la république de Venife forment une
barrière que les Turcs ne peuvent forcer. Oh ne
fauroit même douter que ces quatre puiffances
ne fu fient en état de repouffer le grand feigneur
en A fie , s’il étoit de l’intérêt des autres princes
chrétiens de leur laifièr exécuter une pareille en-
treprife, ou fi elles pouvoient elles-mêmes réunir
leurs forces pour un femfelable deffein. Ainfi la
Porte confer ver a l’empire qu’elle a acquis en Europe,
parce que d’ailleurs fa ruine agrandiront
trqp quelques puiffances, fur-tout la Rufiie, 6c
qu’il importe à tous les peuples qui font le commerce
du levant, que la Grèce 6c les autres provinces
de la domination ottomane foient entre les
mains d’une nation oifive, pareffeufe, 8c qui ignore
l’art de tirer parti des avantages que lui préfente
fa fituation. (D . J . )
Porte, ( C h a r l e s de l a ) Hiß. de France)
duc de la Meiileraye , maréchal de France. Si l’on
en croit les mémoires de Choify, qu’on peutabfolu-
ment fe difpenfer de croire, l’origine de la famille de
la Porte étoit fort récente. Selon cet auteur, le
maréchal d’Ancre fe foüvint, dans fa gloire , de
Barbin, procureur du roi de Melun, qui l’àvoit
autrefois fervi dans fes amours, avec Eléonore
Galigaï, devenue depuis la maréchale d’Ancre. Il
le fit contrôleur-général; Barbin fe fouvint à fon
tour de ion ami Bouthillier, avocat, qui lui donnoit
autrefois une chambre à Paris, quand il y avoit
affaire; delà les Bouthilliers, furintendant des finances
& Secrétaire d’état. Bouthillier avoit été
clerc du vieil avocat la Porte qui l’avoit fort bien
traité; l’avocat la Porte étoit fils d’un apothicaire
de la ville de Parthenai én Poitou, à qui le peuple
a voie donné le nom de la Porte, à caufe que fa
boutique étoit fur la porte de la ville. Le fils
devint un des plus fameux avocats de fon temps.
Il avoit fait gagner une caufe importante à l’ordre
de Malthè, qui, par reconnoifiance, reçut un de
fes fils chevalier, fans exiger de preuves. Ce fut
•le grand prieur de France, Amadorde la Porte „
bailli de la Morée, ambaffadeur de l’ordre de
Malthe en France, gouverneur de la ville & château
d’Angers hn 16 19 , du Havre-de-Grace en
1626. lieutenant-de-roi d’Olèron & du pays d A unis
en 1633 ; mort le 3 1 c&obre 1634.
Son frère aîné, Charles de la Porte, acquit la terre
de la Meiileraye dont il prit le nom, 8c fut père du
maréchal de la Meiileraye ; celui- ci s’étoit diftingué
à l’attaque du pas de Suze du 6 mars 1629 , où
| étoit le roi Louis X III en perionnè ; au combat
j du pont de Carignan en 16 3 0 , au fiége de la Mothe
A a a