
corps 'de [Màrdonius ,- général‘des Pei Tes * tué à*,
la bataille dé Platée ; Paufanias refufa d’étendre
ainC fa vengeance fur lès morts : Laijfons, dit-il,
cet indigne ufage aux barbares ; efl-ce à nous a les
prendre pour modèles dans de telles atrocités ? Les
mânes des héros tués aux Thermopyles, font ajfeç
vengés par la mort de tant de Perfes immolés à
Platée. Le camp de Màrdonius fut pillé par les
■ Grecs,ils y trouvèrent d’immefifes riche iîe s,&
ces richeffes commencèrent à corrompr© la Grèce ,
comme les richeffes des Grecs corrompirent dans
la fuite l’Italie. Paufanias, après la bataille, fit
dreffer deux tables * l’une couverte de tous les
mets qu’on fervoit journellement à la table de
Màrdonius , Tautre fini pie & frugale à la manière
des Spartiates, & à la vue de ces deux tables ,
Comment, dit - i l , Màrdonius accoutumé d defem-
blablës repas , a-t-il pu avoir timprudence d'attaquer
des kommes qui favent, comme nous, fe pajfer de
tout ?-• mot d’un grand fens. Mais Paufanias par
fbn orgueil commença dès-lors à déplaire à fa
nation. En envoyant un trépied tl’or à Delphes
en mémoire de la vi&oire de Platée , il s’attribua
dans l’infcription tout1 l’honneur de cette victoire.
Les Lacédémoniens, pour le punir , .firent ;
effacer fon’ nom de l’infcriptiôn, & mirent à la •
place les noms des-vkks—epri »voient contribué
à la vidoiré. Depuis ce temps , la vertu de Pau
■ fanias dégénéra de jour en ’jour. En voyant de ;
près les Perfes ; leur fafte & leur luxe le fédui-:
firent; il fe dégoûta de cette vie pauvre & fri:-;
gale de Sparte dont il avoit lui-même fait l’éloge,
& fur-tout de ces loix rigoureufes & infléxifo'les ?
qui exerçoien.t leur empire fur les rois-• comme
fur les moindres des citoyens. La flotte des Grecs,
commandée, pour les Lacédémoniens, par Pau-~
fanias , pour les Athéniens, par Ariftide & par
’ Cimon , fils de Miltiad^, ayant furpr-is Byzance,
( l’an 476 avant J. C. y Paufanias fit courir le
bruit que des prifonniers confidérables qu’on avoit
faits dans cette ville , s’étoient échappés-pendant
la nuit. La vérité étoit, que trahiffant .rièsdors fa
patrie , il les_ avoi't lùi-mêmë renvoyés à Xercès
avec une lettre , dans'-laquelle il lui offroit de lui
livrer la’ ville-dé Sparte & toute la G rè c e , fi
Xercès confentoif à‘ lui donner fa fille en mariage.
Xercès lui donna toutes 'les efpérances capahles
de l’engager , & comme l’argent eft |e plus puif-
fant moyen de corruption, il lui envoya des femmes'
confidérables pour gagner'ceux d. s Grecs
qui pourroient entrer dans fes vues. Artabaze ,
qu’il fit gouverneur général des côtes maritimes
de l’Afie mineure , fut chargé de cette négociation.
i-aufantàs ne daigna pas mettre la moindre
prudence dans l’exécution de fes delfeins perfides ;
il prit l’habillement, les manières , les moeurs ,
la fomptuofité, l’arrogance, le defpotifme des
Perfes.; il traitoit les alliés avec une hauteur insupportable
, ne parloit aux officiers qu’avec emportement
& avec menaces; fon joug devin*
odieux, il fut fecoué.. Sa conduite impérieufe &
choquante , mire en parallèle avec la vert« douce
d’Ariftide, & l’aimable popularité de Cimon , fit-
paffer le commandement de la Grèce aux Athéniens.
Les Lacédémoniens eux-mêmes rerioneè.-
rent de bon coeur à la fupériorité qu’ils1 avoitnt
eue jufqu’alors fur les autres peuples de la G rèce,,
jugeant qu’en cet e occafion c’étok- l’avantage
général; ils rappellèrent Paufanias à Lacédémone
pour rendre compte de fa conduite r on ne put le
convaincre alors de fesintelfigene.es avec Xercès ;
mais moins averti que trompé par ce premier
fuccès , il retourna fans miffion & de fon autorité
.particulière, à Byzance , pour être plus à portée
de continuer fes pratiques fecrètes avec Artabaze.
Il apprit qu’un de fes efclaves , nommé l’Argilien,
qu’il avoit chargé d’un meffage pour ce
Satrape ^ s’étoit retiré à, Tenare dans le temple
de Neptune , comme dans un a fy le ; il y courut
pour favoir la r ri fon de cette retraite. L’Argi-
lien qui ne voyoit revenir aucun des autres enclaves
employés avant lui à de pareils meffages*
étoit entré en foupçon fur leur fort & fur celui
qui l’àttendok peut-être-; il avoit ouvert la lettre
dont il étoit chargé, il y avoit vu qu’en effet
Paufanias rëcommandok au Satrape de traiter ce
courier comme les aut.es qu’il n’avoit pas laiflé
fùrviVre à leur meffage. L’Argilien a'yo’t porté
la lettre aux Ephores, & c'étoit de concert avec
eux qu’il s’étoit réfugié dans le temple de Neptune
pour y attirer Paufanias ; ce moyen ayant
réuffi, l’Argilien avoua fout à Paufanias, excepté
qu’il l’eut dénoncé aux Ephores; il lui laiffa Croire
que la crainte , d’abord de fes ^deffeins , enfuite
de fon reffentimeritétoit le feul motif qui lui
avoit fait chercher cet afyle :■ dés Ephores
d’autres Spartiates cachés dans de petites loges
pratiquées fecrètement pour cet ufage ,. enten-
doient tout cet entre tien ; Paufanias , de fon côté ,
avoua tout ce qu’il ne pouvoit nier il fit des
exeufes pour le paffé à l’A gilien , & für-tout de
grandes promeffes pour, l’avenir, il crut l'avoir
• gagné',' ils fe féparèrent. Paufanias' étant rentré
d.rns la v ille , rencontra les Ephores qui fe mirent
en devoir de l’arrêter; il lut fa perte écrite dans
leurs y e u x , parvint à leur échapper , & fe retira
dans-le temple de Pailas, furnommée Chalciæcos.
On crut ne pss..violer .cet afyle en l’y enfermant ;
en en mura la porte, & fa propre mère, dit-
on, y porta la première pierre. Telles étoient
les Lacédémonien nés, ciroyenneS d’abord, mères
en fuites. On découvrit auffi le toîf du temple, pour
que le coupable reftât*expofé h.toutes les injures
de l’air. On le laiffa périr de faim & de misère.
Ses premières années promettoientun héros, les
dernières furent d’un traître. On put lui dire :
Ah ! de yos-premiers ans Ubeureufe- expérience ,
Vous fait-elle, feîgneur >• haïr vota; innocence l
L’oracle de Delphes déclara que Paflas étoit
irritée de la violation de fon temple, .& qu’on
ne pouvoir l’appaifer qu’en érigeant deux ftatues
à Paufanias ; ce qui fut exécuté. Tout cela , en
ftyle d’hiftoire ancienne , fignifie que le vainqueur
de Platée avoit à Lacédémone un grand parti
auquel il fallut donner cette fatisfaélion. P au fa -
nias mourut l’an 475 avant J . C.
2°. Il y a quelque rapport entre la deftinée
du fécond Paufanias & celle du premier. Le
fécond régnoit du temps de Darius Nothus &
d’Artaxerxe Mnémon ; il fut le fucceffeur de Plif—
tonax & régna quatorze ans. Il commandoit avec
Agis , fbn collègue dans la royauté , au fiége
" d’Athènes dans la guerre du Péloponefe, l’an 404
avant J. C. Touché de l’état malheureux où les
difeordes civiles fous les trente tyrans, jo ints
aux guerres étrangères, avoient réduit cette v i’le
autrefois fi ftoriffante , il eut la générofité d’en
favorifer fecrètement les habitans, & de leur'pro-
curer la paix, qui fut bientôt fuivie de la liberté
par la rrine des trente .tyfans. L ’an'304 avant
Jéfus-Chrift, dans un temps où- la plupart des
villes de la Grèce fe liguoient contre les Lacédémoniens
, ceux-ci entrèrent, en campagne avec,
deux armées, l’une commandée par Lyfandre
l’autre par Paufanias. L e premier demanda du
. fecours au fécond pour afliéger Haliarte, & lui
donna rendez-vousà- jour ncmrr.é, fous les murs
de cette ville. La lettre eft interceptée , Lyfandre
attend vainement, & forcé de livrer une bataille
fans le fecours donc il avoit befoin , il y périt.
Paufanias apprend , après coup , cette trifte nouvelle
, il accourt, mais fur Finfpeéfion cfe l’état
dès chofes, il ne juge pas à propos de renou-
yeller le combat. A fon retour à Sparte, ilr eft
cité, pour rendre compte de fa conduite , il refufa
de comparoftre & fin condamné à,mort ’, il s’enfuit
& paffa le refte de fes jours à Tégée, fous la pro-
tedîon de Minerve; C’eft lui quldifoit qu’à' Sparte
les loix commandoient aux hommes & non les
hommes aux loix.
Il y a auffi. en Macédoine deux Paufanias
connus.
i° . Un prince de la- famille royale qui voulut
difputer le trône à Perdiccas & à Philippe fon
frère-, père d’Alexandre - le - Grand , il fut jehaffé
par Iphicrate. ( Voye% I p h ic r a t e . )
2°. Paufanias eft le nom de ce jeune fi igneur
Macédonien , qui ayant reçu dans une partie de
débauche , une infulte fanglante d’Àttalus , oncle
de Cléopâtre, fécondé femme de Philippe:; &
n’ayant pu en obtenir vengeance , s’en, prit au
roi qui lui refufoit juftice , & l’affaflina au milieu
de la folemniré des Etes par lefque’.les il célè-
. b toit les noces de fa fille. Il fut pris & mis en
pièces fur-le-champ. Cet événement arriva Fan
335 avant J . C.
, P a u s a n i a s , ( Hifl. litt. anc„ ) hiftorien & orat
ur G re c , fi connu par fon voyage hiftorique
de la Grèce en-dix livres , traduit en François
par l’abbé Gédoyn , étoit établi à Rome fau&
l’empire de Marc-Aurèle.
P A Y
P A -Y A ; {H iß . med. ) titre que le roi de Siam
confère aux principaux feigneurs de fa cour, 8c
qui répond à celui de prince en Europe. Le roi
ne donne ce titre qu’à ceux qu’il veut favori-
fe r . car fouven't les princes de fon fans ne l’ont
point.
PAYS, ( René le ) ( Hiß. litt. mcd. ) né à
Nantes en 1036. Mort en 1690. Direéteur-générai
des gabelles en Provence & en Dauphiné, auteur
d’un recueil de profe & de vers , fous ce titre ,
qui en fit d’abord la fortune : Amitiés, amours &
amourettes ; asteur encore d’un autre recueil de
vers & d’un roman ou hiftoire galante , intitulé ;
Zélotide , n’eft plus connu aujourd’hui que par ce-
vers de contre - vérité que Boileau met dans la
bouche du campagnard ridicule de la fatire da
feftin :
Lç. Pays j fans mentir, eft un bouffon plaifanr.
P A Z .
PAZZÎ , {Hiß. mod.y famille diftinguée de Florence
, rivale de celle de Médicis. Rien de plus-
connu dans l’hiftoire de Florence que la conjuration
des Pantfi contre’ les Médicis , exécutée , le
26 avril L478, dans l’églife de Sainte-Réparate
où on çélébroit une fête folemnelle. Les.chefs de
la conjuration-étoient Jacques Paççi , banquier
Florentin, & divers au très perfonnages.de la même
fs-mille- ; l’archevêqae de Pife François Salviati,
le cardinal Riario, neveu du Pape Sixte I V , qui
promettoit de faire confacrer cette entreprife par
l’autorité pontificale , quand elle auroit réuffi^
L ’objet de cette conjuration étoit de fa re périr
Laurent & Julien de Médicis ,,'petits-fiîs dé i’il—
lufrire Corne, honoré dans fon temps du titre de
Père de la Patrie ces deux frères gouvernoienc
leur république non en citoyens ,.mais en maîtres ^
leur autorité exceffîve faifôit ombrage, non-feulement
à leurs concitoyens, mais à quelques princes
voifins , & fur-tout au pape. C’étoit pendant-
la meffe, au moment de l’élévation de l’hoftie ,
lörfque le peuple, pi'ofteriié & attentil’aux faints
myftéres , ferôit le moins en état-, de s’oppofer
aux conjurés, que ceux-ci dévoient s’élancer furies
Médicis ; en e f fe t Ju lie n fut tué par un des
Paçfi & par quelques autres. Laurent, légèrement
bleffé,. eut le temps de fe fauver dans la
facriftie, ou il fut fecouru I l e peuple fe fou le va s.
également indigné de l’attentat1 & du choix- du;
lieu & du moment,. choix qui joignoit l’impiété,
du facrilège à l’indignité de l’aflaffmat ; l’arche^
vêque de Pife & Jacques Paçfi faicnt arrêtés