NA.NNI, ( J e a n ) eft auffi le nom d’Annius
de Viterbe. ( Voye^ A n n iu s . )
N A N Q U IER , ( S im o n dit l e C o q ) (Hifi.
Un. mod.) poète latin du quinzième fiècle , auteur
de quelques e'pigrammes, d’un poème : De lubrico
Hmporis curriculo, deque hominis miferiâ, & d’un
autre poème en forme d’églogue fur la mort de
Charles V I I I , roi de France.
N A N T ER R E , (Ma t th ie u de ) ( Hift. de Fr.)
premier préfident au parlement de Paris , étoit
d’une ancienne famille qui tiroit fon nom du village
de Nanterre près Paris. En 1465 , Louis X I fit entre
Matthieu de Nanterre & le préfident Dauvet un
échange de places affez fingulier. Dauvet étoit
premier préfident du parlement de Touloufe, il j
le fit premier préfident du parlement de Paris , &
il envoya Matthieu de Nanterre tenir fa place àTou-
loufe. Matthieu de Nanterre revint dans la fuite
Paris, & n’y fut plus que fécond préfident. Il
n’eft pas aifé de rendre raifon des difpofitions de
Louis X I. 4 En général, il aimoit à placer & à
déplacer arbitrairement & fans raifon apparente,
ce qui produifoit deux effets : l’un de foulever
contre lui tous les officiers deftitués ou déplacés,
leurs parens & leurs amis ; l’autre d’alarmer &
d’effaroucher la-nation, aux voeux de laquelle il
fut oblige d’accorder , en 1467 , la fameufe loi de
1 inamovibilité. Matthieu de Nanterre mourut en
14 8 7.
N A N T EU IL , (l e com t e de) ( Voyez S ch om -
BERG.)
N A N T EU IL , (R o b e r t ) (Hift. mod.) peintre,
& fur-tout graveur célèbre. Nous laiflerons les
maîtres de l’art juger de fes talens, & nous ne
Rengagerons que par les côtés qui intéreffent
Fhiftoire. Il étoit de Reims; il montra dans l’enfance
, pour les arts qui l’ont illufiré , des difpofitions,
qui, félon l’ufage, furent contrariées par
fes parens , auxquels ils ne parurent pas une route
affez fure vers la fortune. Ses parens fetrompoient.
Nanteuil fit fortune par fon talent , & devint
1 appui de fa famille. Nanteuil, plein de la dignité
de fon art, demanda en grâce à Louis X IV , après
l’avoir peint & gravé à la fatisfadion de ce
monarque & à celle de tout le monde , que l’art
de h gravure ne fût jamais érigé en maîtrife pour
qu il ne ceffat point d’être compté avec honneur
parmi les arts liberaux; fa demande lui fut accordée.
Ce privilège eft connu fous le nom 8 arrêt de faint
Jean-de-Lu^.
Le portrait du premier préfident Pomponne de
Bellièvre paffe pour le chef-d’oeuvre de Nanteuil;
à propos du portrait de mademoifelle de Scudéry,
fait auffi par Nanteuil, & flatté, de l’aveu même
de mademoifelle de Scudéry, cette fille célèbre
fit pour lui ces quatre yers :
Nanteuil, en fai Tant mon image,
A de fon art divin fignalé le pouvoir ;
Je hais mes yeux dans le miroir ,
Je les aime dans fon ouvrage.
Nanteuil a aijffi gravé la fameufe Chriftine, reine
de Suede& l’emphatique Scudéry, frère de l’auteur
des vers precedens, mit les quatre vers fuivans
•au bas du portrait de cette reine :
Chriftine peut donner des Ioix
Aux coeurs des vainqueurs les plus braves;
Mais la terre a-trelle des rois
Qui 1 oient dignes d’en être .efelaves ? .
Nanteuil grava prefque tous les grands'hommes,
du régné de Louis X I V , & ceux qui, fans
être grands, étoient alors fameux. Dans le premier
rang étoient certainement le grand Condé, Boffuet,
Colbert, peut-être le cardinal Mazarin; dans le
fécond, Voiture, & même Chapelain.
, Nanteuil mourut à Paris , le i8 décembre 1678*
âge de 48 anà. On eff furpris qu’ayant fi peu vécu,,
ayant d ailleurs aimé les plaifirs au point de s’y
livrer fans ménagement, il ait trouvé le temps
de compofer le grand nombre d’ouvrages qui nous
refient de Ifii. On trouve au cabinet des efiampes
de la bibliothèque du roi, quatre volumes in-folio
de fes oeuvres.
On lit dans les mélanges d’hifioire & de littérature,
que le père d’Argone, bénédiélin, demandant
un jour à Nanteuil s’il pourroit peindre une
perfonne abfente fur la defcription qu’il lui en
feroit: je la peindrai , répondit Nanteuil, pourvu
que vous répoadiez jufte à toutes les quefiions
que je vous ferai fur cette perfonne-là.
N a n t e u i l auffi des vers; on a de lui quelques ’
poefies françoifes oubliéesjr voici des vers qu’il
! récita peu de temps avant Ta mort à Louis X IV ,
: en demandant un délai pour achever un nou—
1 veau portrait de ce monarque qu’il avoit entrepris
Après les a étions qui vous couvrent de gloire ,
Après tant de faits éclatans ,
Il me faûdroit, grand fo i, donner un peu de temps
Pour rendre votre image égaie à votre hiftoire.
On verroit dans les traits de votre majefté
Une grandeur parfaite unie à la bonté ,
Ce fouris fi charmant, cet air fi magnanime »
Ces mouvemens caufés par un efprit fublime ,
Et tout ce qui compofe & fait voir à la fois »
Dans un homme un grand homme & le plus grarid des rot«.
Mais pourquoi dans mes vers achever votre image?
Tant d’écrjVains fur moi n’ont-ils pas davantage ,
Quand nul autre graveur par fa dextérité
Ne peut vous confacrer à la poftérîté ?
Je me puis bien vanter, brûlant d’un zèle extrême,
Je fais mon a r t, & j’aime.
Ainfi dans cet ouvrage on pourra voir un jour
Ce que peuvent cnfemble & l’adrcffc & l’amour#
ExcUfez ce tranfpört, & pardonnez-moi, Sire,
Ce qu’un fujet fidèle a bien ofé vous dire.
Nanteuil fe rend juftice ici comme poète & comme
graveur ; il pouvoit en effet fe borner à la gravure.
Quant fcit uterque , libens , cenfebo , exerceat artem.
N A N T IG N I, (L o u is C h a so t d e ) (Hiß. litt,
mod.) né en 1690, à Saulx-le-Duc en Bourgogne,
avoit fait une étude particulière des généalogies.
On a de lui des généalogies hifioriques des rois,
des empereurs, & de toutes les maifons fouveraines;
quatre volumes in-/\0 \ des tablettes géographiques,
des tablettes hifioriques , généalogiques & chronologiques;
des tablettes de Thémis; divers articles
généalogiques dans le di&ionnaire de Moréri. Il
devint totalement aveugle en 17 5 2 , & mourut
en 17 5 * .
N A N T ILD E , ( Hiß. de Fr. ) femme de Dagobert
I , mère de Clovis I I , dont elle eut la tutèle,
& fous la minorité duquel elle gouverna très-
fagement. Morte vers le milieu du ieptième fiècle.
NANTOUILLET. ( Voye% Me l u n ) Boileau,
dans la peinture du paffage du Rhin, fait mention
d’un chevalier de Nantouillet, qui fe diftirïgua dans
cette occafion:
Mais déjà devant eux une chaleur guerrière ,
Emporte loin du bord le bouillant Lefdiguicre ,
Vivonne , Nantouillet, & Coifiin & Salard.
L e même chevalier de Nantouillet eut la cuiffe
percée à la bataille de Caflèl en 1677 , & , dit-on,
à côté de Monfieur, qui commandoit à cette
bataille.
• - v N: A- R
NA RC ISSE , (Hiß. rom.)
La cour de Claudius , en efelaves fertile
Avoit élevé à la fuprême puiffance trois affranchis,
Pallas, tréforier de Claude, Narciffe, fon fecrétaire,
& Callifie chargé de recevoir les requêtes adreffées
à l’empereur ; ces trois hommes étoient, comme
tant de miniftres & de favoris,
Divifés d’intérêt & p«ur le crime unis,
Narciffe étoit le plus entreprenant & le plus audacieux,
tous étoient très-avides; & on difoit un
jour à l’empereur Claude , qui feplaignoit de manquer
d’argent, qu’il feroit bientôt riche, s’il pouvoit
obtenir de fes affranchis qu’ils vouluffent bien
partager avec lui ce qu’ils luiavoient volé. Toute
la confiance de Claude & par conféquent tout le
pouvoir étoit partagé entre fes femmes & fes
affranchis, & il fallut d’abord que ceux-ci fe
miffentfous la prote&iondes femmes,& ferviffent
leurs paffions & leurs crimes. Meflàliue régnoit
alors , & tous les vices avec elle. Appius Silanus,
proconful d’E fpagne, avoir eu le bonheur de plaire
à l’empereur , qui lui avoit fait époufer Lépida ,
mère de Mefialine, & qui avoit choifi fon fils
pour gendre ; mais ce même Appius Silanus avoit
eu le malheur de plaire auffi à Mefialine, & n’avoit
pas répondu à fa paffion ; il pouvoit l’accufer,
elle réipîut de le perdre. Pour obtenir de Claude
le facrifice de fon meilleur ami, il ne falloit que
lui répréfenter cet ami comme redoutable : Mef-
faline s’étànt concertée avec N arc ffe , qui affeéloit
de veiller avec un foin particulier à la conferva-
tion de l’empereur, de la vie duquel il avoit en
effet befoin, Narcffe entre un matin dans la
chambre de fon maître qui étoit encore au l i t ,
& lui dit d’un air effrayé qu’iU ’a vu en fonge
poignardé par Silanus. Mefialine admire le rapport
fingulier de ce fonge avec un fonge tout pareil
qui la tourmente toutes les nuits ; voilà Silanus
condamné :
Le ciel nous le fait voir un poignard à la main ;
Le ciel eft jufle & fage, & ne fait rien en vain.
Dans le moment arrive Silanus que Mefialine 5e
Narcffe avoient eu foin de faire mander de la
part de l’empereur, afin qu’il arrivât dans le moment
de la plus grande frayeur de ce prince : quoi l
s’écria Mefialine, vient il déjà confommer fon
parricide ? On le fait tuer à l’infiant.
Depuis ce temps , la puiffance de Narcffe n’eut
plus de bornes ; il accompagnoit l’empereur au fé-
nat, s’y affeyoit à côté de lu i, jugeoit avec lui les
fénareurs & les chevaliers romains, & les faifoit
appliquer à la torture, quoique Claude, au commencement
de fon règne , eût promis avec ferment
de leur épargner toujours cette indignité ;
mais Claude & fes fennens n’étoient rien. Au
milieu de tant de bafleffes , l’énergie romaine fe re-
levoit quelquefois. Un affranchi de Furius Camillus
Scribonianus , nommé G aléfus, ofa donner à Narcffe
une fage & courageufe lççon. N arc ffe , afiis à
côté de Claude, interrogeoit Galéfus fur le complot
de fon maître qui $’étoit fait proclamer empereur :
qu’auriez-vous fait, lui difoit-il, fi votre patron
étoit réellement devenu empereur ? « Je me ferois
» tenu debout derrière lui, répondit Galéfus, &
» j’aurois gardé le filence. » Comparez ce mot de
Galéfus avec la lâcheté de V itellius, qui avoit parmi
fes dieux domefiiques les images en or de Narciffe
& de Pallas.
Narcffe croyoit fon pouvoir refpeâé par-tout»
comme il l’étoit à là cour & au fénat : Claude
envoyant dans la Grande - Bretagne une armée
fous la conduite de Plautius , les foldats réfifioient
à leur général, & refufoient de paffer, difoient-ils ,
dans un autre monde ; Narciffe vint les haranguer
& monta fur le tribunal de Plautius ; les foldats,
indignés de i’infçlence de cet e fclave, crièrent
aux fatumales, pour lui reprocher les fers qu’il