
poète, ( car nous tarifons., k.fon patron réel ou chimérique)
plut, par fon elpri't & festâlens, au roi de
Naples, Frédéric', dernier roi de la branche bâtarde
d’Arragon , il le fuivit en France après Ton détrô-
nement, & ne le quitta point jufqu’à.ta mort de caprin
ce. Il retourna enfuite en Italie. Le fameux,princè
d’Orange, Philibert, de Naffau., fijcceffeur du connétable
de Bourbon , dans le commandement de
l’armée impériale, ruina la maifon de campagne
de Sann&'ar, qui en conçut tant de chagrin qu’il
en mourut. Ce fut eu 153.0, peu de jours avant fa
mort, il apprit que le prince d’Orange venait d’être
tué dans un ooipbat contré les Florentins; toujours
plein de. fon reffentiment ; il., s’écria ; je mourrai
content 'f puifque Mars a puni çe barbare ennemi des
Mu fes. La poéfie l’avoit tellement familiarilé avec
les divinités payennes, qu’il les eniployoit partout,
& fembloit être devenu payen. Il avoit fait
construire fon tombeau dans la chapelle d’une
: de fes maifons, & i’avoit orné de ftatnès d’Apollon
& de Minerve ; ce tombeau étoit placé derrière-
P autel. On, changea les noms., Apollon fut David,
fa lyre fut une, harpe ; la guerrière Pallas devint
Judith. Dans fon fameux poème de par tu Virgi/üs ,
, traduit, par Colletet, fous le titre de couches façrées
4e ta Sainte-Vierge, le nonj, de J.. C. ne fe trouve
pas une fois ; la Vierge Marie, qu’on ne pouvoit
pas ne pas nommer, eft Tefpoir des dieux.Par-tout des
Dryades , des Néréides, les Sibylles , Prêtée-,.&ç.
ee qui n’empêcha pas que ce poème ne lui attirât
des hrefe honorables de là part des papes Léon X
Clément V I I , plus fenfibles à. la belle poéfie
que choqués de cette profanation d’un fujet facré.
On regardoitalors cet emploi des divinités paye-nues,
"comme le langage effentiet de la poéfie,. La plus
fceïèbre des pièces italiennes de Sanna^ir eft
■ Tön- j&rcaàl&g.elle a été traduite en françois par
M.. Pecqh&fv '^grand-maître des eaux & forêts de
Rouen. Tout re monde çonnoît fes fix vers fut-
Venife..
Vidtrat Adrtacîs Venttam N ’tptimiis’in undis, &e.
SANSAC, ( L o u is P r é v ô t , baron de ) (Hiß.
de F r un.des braves capitaines du feizième fiècle,
s’étoft trouvé à onze batailles rangées, il ayoit été
fait prifonnier à la bataille. de, Tavie , avoit été
ile fle à la bataille de Dreux , & ne l’avoit. été
que dans cette Qccafioo , quoiqu’ i l eut paffé fa
vie au., mjlieu des. hafàrds de la., guerre ; c’etoit
le plus habile homme de cheval de fon temps,
& c’étQit lui- qui- avoit appris à monter à cheval aux
4iis de. François I v Henri I I , Lé feùl qui rçftât dç
fes trois é lè v e s le fit gouverneur des princes fes
fils. Sur la- fin. de- fa vie il quitta k cour , fe
retira dans fa maifo.n , 011 il mourut âgé de quatre-vingts
ans. Il avoit, dit Brantôme, l’état., les gages
St la pepfiqn de Maréchal de. Kéftç,
SANSCRIT ou S A M S g R p ^ f t m! (H iß n -o ft )
ÇXÔ-.lg, nom au’on donnQ>parfei^l^>:'«Jolâtre§ de J ’Iit;
do.ftan à une langue fort ancienne, qui n’eft connue
que- des bramines ou prêtres, & dans laquelle, eft
écrit le vedam -y qui contient les dogmes de la re--
Hgion des Indiens. Voyc^ V edam. Cette langue-
fe trouve ainfi nommée S an fer i t & Samskrotani >
il n’y a que la tribu des'prêtres &. celle des,
kufcteris ou nobles , à qui i l foit permis- de l’ap-.
prendre. ( A . R. )•
SANSON , ( J acques et Nicolas ) ( Hifl^
litt. mod.) tous deux d’Abbeville-& de la même
famille; le premier, carme déchauffé, auteur d’une
h'ßoirt ecçlèfiaflique d’Abbeville & d’une hißoire des
comtes de Ponfhieu j mort fo 19 août 1^04.
Le fécond, beaucoup plus connu , eft' le fameux,
géographe, il enfeigna la géographie à Louis X IV ;
oc le grand Condé, qui aimoit toutes les fcie/ices,
venoit fouvent s’entretenir avec lui fur la géographie
Se fur les autres foiences qu’elle fuppofe, Le roi lui
donna un brevet de confeiiler d’état, mais Sqhfon.
ne voulut jamais prendre ce titre , de peur, difoit-il,.
d’aiFoiblir dans, fes ejifans l’aniour de l’étude. Il
ëut trois, fils : l’aîné, nommée comme lu i, Nicolas,
fit tué à la. journée- des barricades de 16 48 , en
défendant le chancelier Séguier,. qui, lui-même.,
y. epurut rilque de la vie. Les deux autres , Guillaume
ÖC Adrien, publièrent, ainfi que leur père,,
un grand nombre dé cartes. Le père, mort à Paris
en 16 6 7 , né à Abbeville eu 1600 , a de plus beaucoup
écrit fur la géographie.
SANTAREL ou SANCTAREL , ( S a n c t a r e i,-
l l / s ),.( Antoine) ( Hiß. litt. mod. ) jéfuité italien,,
auteur du traité de.Hcerefi, fchifnate, apoflafiâ, follicU
tationc in façramento pcejiitentiq.,6*. de poteßatC:
fumrrù pofttißcis in, his
SANTE. ( G im-es-Anne-Xav ier de la ) ( Hiß;
litt. m.od. ) Le P. de la Santé, jéfuite, célèbreprofef-
feur de rhétorique, au college de Louis-le-Grand ,
même après le- r . Porée. On a de lui des harangues
ktines, où i l y a de l’efprit, & un recueil de vers
intitulé : mufoe rhetorices. Il cherchoit l’épigramme
& l’antithèfe; |né en Bretagne.le. %% décembre 16 8 4 ,
mort vejs l’an 1763 v
SANTEUL au SANTEUIL, ( J ean-Baptiste )
( Hiß. litt. mod. j G’eft de tous les poètes latins mander
nés, ce lui dont la verve fe fait le_ mieux fentir, il:
émeut, il tranfporte ; i l a. vraiment cet os magna ,
fonaturutti qui, félon Horace, cara&érife le vrai;
poète ; il eft plein d’harmonie, dp chaleur & d’énergie.
Les jéfuites eurent, quelques rivaux à lui
oppofer ,'tels que le P: Larue, k P. Rapin, le
PvCommire le-.R. Vanièr@--,.le P: Sanadon, mais i l
eft plus original qu’eux tQUS. ^ i l a plus de memye--
ment , il parle pluSt d’après, ki-même' & moins,.
d’après les anciens. Le B. Goffart, fon régenf de
Rhétorique , l’annonça , d’après les difpofitions, qu’ il;
reconnut en lu i, comme, un. des glus grands gp$£fî§,
qui duffent, iHuftrer fon fiècle-. On ignore â quel
point la rivalité ou. le dépit d’avoir vu Santeuil
préférer la communauté de S. Viélor à la fociéte
des jéfuites, put influer fur les querelles que Santeuil
eut dans la fuite avec ces mêmes, jéfuites ; nous-
avons rapporté ailleurs ce qui concerne la principale
de ces querelles, née de cette belle & tendre-
épitaphe que Santeuil avoit faite au doHeurA-rnauld.
( Voye% a A rn au ld l’article de ce- doHeur )
Santeuil eut avec. M. Boffuet une efpèce de difpute
littéraire fur l’emploi, des divinités- du paganifme
& des ornemens. de la. mythologie, non-feulement
dans les fujets chrétiens., mais même dans les fujets
profanes traités parades chrétiens ; Boffuet pouf-
, foit la févérité jufqu’à interdire à ceux-ci tout
ufage de la Fable, & il paroît que c’eft à cette
difpute- que Boileau fait allufion, & que c’eft !
Boffuet qu’il condamne, lorfqu’il dit :
Ç’eft d’un fcrupule vain s’alarmer fortement.,
, Bientôt ils défendront de peindre la prudence ,.
De donner à.Thémis ni bandeau ni; balance,
De figurer aux .yeux la guerre au front d’airain ,.
Et le temps .qui s’enfuit une horloge à la main,
Et par-tout des difeours comme une idolâtrie
Pans leur faux zèle iront çhafler l’allégorie,.
Cette difpute produifit de. beaux vers de là part
de Santeuil. On connoifr ces magnifiques inferiptions
dont il a enrichi k ville de Paris , fur-tout celle
de la pompe du pont Notre-Dame ;. il! a célébré
aufïi en détail h plûpart des principales beautés
:de Chantilly, il a chanté cette fontaine folitaire
de Sy lv ie , aujourd’hui trop négligée, & que le
fôuvenir de Théophile , & fur-tout de Santeuil au-
>oit dû engager à entretenir dans la fimplicité ruf-
tique.
Hoc fub îhornato tu 3 Sylvia marmore fiebas.,
Fonfaut tuus querulis auElior ibat aquis.
Defint fLere.y tibidignos reparamus honores, &c.
Il a peint la chute d’eau de la tête du. canal,
îfes détours du labyrinthe, &c. Il a fait cette belle
■ infeription qu’on lit au pied de la ftâtue du. grand
Condé fur le grand efcalier de Chantilly-,.en trois
vers latins.,..dont lepremier & la moitié du fécond
peignent ce héros terrible dans les combats , & les
autres,par le eontrafte le-mieux ménagé,lereprélentent
dans fon heureux &. favant loifi'r, entouré des arts,
embelliffant:fes,jardins, ÔC comme dit Boffuet,
«î conduii'ant fes amis dans ces fuperbes. allées au
bruif.de tant de jets d’eau , qui ne fe tailoient ni
jour ni.nuit »■< (Voye^ l’art. CoNDÉ- ) H étoit jufte
que SanteuiLchantât; les beautés de, ce lieu charmant -
©ù il étoit accueilli avec tant.de-bonté par de fi grands
.princes, „qui pouvaient s-amufer de les bizarreries
mais qui- reudoient hommage à. fon génie. On eft|':
étonné, de- le voir chanter ces princes & ces prin-
ÇÊflè&ju retracer les amufemens & les plaifaateries.
de leur focieté, d'ans une- langue qui ne devoit pas
leur être familière’. Le. latin n’étefft pas étranger
fans doute au grand Condé,. encore moins peut-être
au prince Henri Jules,pas même- peut-être à la du-
cheffedu Maine, qui eft nommée par-tout dansles
poéfies de Santeuil, la Nymphe de Chantilly,
Nympha Cantilliaca, & qui fut depuis la.déeffe de
Sceaux; mais croira-t-on que toutes les dames de
cette coür fuffent en état de lire, les vers de San-
teùil dans l’original ?.. car, s’il falloit les leur traduire
tout le. mérite de ces vers étoit perdu. L e malheureux
Santeuil trôuva fa mort dans les amufemens,
de cette cour. Le Duc de Bourbon,gouverneur de
Bourgogne, le-menoit toujours aux états de cette pro~
vince , hte pouvant pas s’en féparer. Santeuil fut emporté
à Dijon,.en 16 97, par une colique violente,
dit un hiftorien; mais il n’ajoute pas ce qui.eft pourtant,
écrit par-tout ,., que cette colique futrprovoquée
par un badinage-imprudent que fe permit une grande
princeffe, parce qu’elle le croyoit abfolument innocent
& fans conféquence, elle mêla du tabac dans-
un verre de vin. qu’il alloit boire & qu’il bur en effets
il mourut la nuit fuivanre ; ce ne fut pas fans avoir
dit: un bien mèilleur mot- que ceux qu’on lui fait,
dire dans le Santoli'ana.. Hn page étant venu à
fes derniers momens s’informer de fon état, de la
part de fon alteffe fèrînijjime monfeigneur le duc de
Bourbon , le mourant lève les yeux au ciel &
(s’écrie: tu falus altijjjmus : mot.de fituation ôt du.
moments
La même chaleur, la même fureur poétique quo^
Santeuil mettoit dans la composition de fes vers*,
il la mettoit dans leur déclamation, c’eft ce qui-a.
donné lieu-à cette, épigramme de Boileau;..
A voir de quel aîr effroyablè
Roulant les yeux, tordant les mains ,-.
Santeuil nous lit fes hymnes vains ».
Diroit-on pas que fc’eft le diable
Que Dieu force à louer les faints^.
Ses hymnes ( vains ou non ) lui procurèrent- une
grande réputation, indépendamment de fes vers
profanes. L’ordre'de Cluni lui fit une penfion pour
les belles hymnes dont il orna le bréviaire de Clunf*,
ainfi-que celui de Paris. M. Rollin lui fit une épitaphe
très-chrétienne-, & prefque auiïi bonne que-
celle qu’il avoit faite- lui-même à M. Arnauld. IL
y distingue fe-s' deux genres de travaux.,. & leut:
âfftgne à chacun fon jufte prix.
Qu cm fuperi proeco. nem, ha b uît quenrfànEta poeUvfc
R t ’.Llg'o, latet h.oc marmore Santolius :
JIU et sam Hérons >foJiufqiu &. fiuminafe hortos.
Fixerai , at cintres quid labor ijle juvat?,
Fama hominu mmerces fit verf bus oequa profanus^
Merced an pofcuntynrmina facra.Deum^ .