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lui abandonna l’Egypte dont il fit la Conquête
, & d’où il remporta ua butin immenfe.
C ’étoit pour cela qu’il l’y avoir appelle, comme
i l s’en explique lui-même dans -Ezéchiel : Fils de
l s homme , dit Dieu lui-même au prophète , Nabu-
c ho do no fo r , roi de Babylone , ~m a rendu avec fon
armee un grand fervice au fiége de Tyr. foutes les
têtes de fes gens en ont perdu les cheveux, & toutes
leurs épaules en font écorchées, & néanmoins ils n’ont
reçu aucune récornpenfe. C’efl pourquoi je vais donner
a. Nabuchodonofor le pays d’Egypte. I l en enlevera
le peuple & les dépouilles ; il y fera un grand butin ,
& fon armée recevra ainfi fa récornpenfe. Ce prince,
de retour de fon expédition , s’appliqua à embellir
fa capitale & à y faire conftruire de fuperbes
bâtimens. Il fit élever ces fameux jardins fufpen-
dus fur des- voûtes, que l’on a mis au rang des
merveilles du monde. Il eut dans le même temps
un fonge qui lui donna de grandes inquiétudes.
Il crut voir un arbre qui touchoit le Ciel de fà
cime, qui couvroit la terre de fes branches , &
à l’ombre duquel tous les animaux fe retiroient.
Tout d’ün coup un ange defcendit du ciel , fit
couper & abattre l’arbre , & ordonna qu’il fût
réduit pendant fept ans dans-l’état des animaux ,
broutant l’herbe de la terre x & expofé à la rofée
du ciel. LesTàges de Babylone n’ayaiit pu donner
aü roi aucune explication de ce fonge ;
Daniel lui dit qu’il fignifioit le changement qui
devoir arriver en fa perfonne : C’ efl vous, lui dit-il,
qui êtes défigné par ce grand arbre ; ■ vous, ferez
abattu , réduit à Vétat d’une bête & chajfé de la
compagnie des hommes ; mais après avoir été fept
ans en cet état , lorfque vous aurez reconnu que toute
puiffance vient du c\el , vous redeviendrez homme,
Ta prédiélion s’accomplit un an après. Ce prince.
V'élorieux de toute P A fie, fe promenant dans fon
palais, livré aux mouvemens de vanité que lui
infpiroient fes conquêtes & la magnificence de
Babylone qu’il venoit de rendre une des plus
fuperbes villes du monde, entendit une voix du
ciel qpi lui prononça fon arrêt. A l’heure même
il perdit le fens ; on le chaffa de fon trôné & de'
la.fociété des hommes , & il fut réduit à la condition
des bêtes. Après avoir paffé fept ans à
vivre dans la campagne comme, une bête farouche
, il recouvra la raifon, & -,1e premier ufage
qu’il en fit, fut de bénir & de glorifier le Très-
Haut qu’il avoit fi long-temps méconnu. Il reprit :
fa première dignité , & continua de régner avec
Je même éclat qu’aupara vaut. Alors il publia
dans toute l’étendue de fa domination lès merveilles
étonnantes que Dieu venoit de faire en fa
perfonne , & il en termina le récit par ces paroles
u Maintenant donc je loue le roi du c ie l, & je
» publie hautement fa grandeur & fa gloire,
» parce que toutes fes oeuvres font félon la
vérité , que fes voies font pleines de juftice ?
if 8c qu’il peut, quand il-lui plaît, humilier les
P fuperbes, » C e ’•prince mourut fur la fin de la.-
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même année , après avoir régné quarante - troisf
ans depuis la mort de fon père Nabopolaffar, qui
l?avoit affocié à l’empire deux ans auparavant. Il
y a plufieurs fentimens fur la métamôrphofe de
Nabuchodonofor , dont le plus fuivi eft que ce
prince s’imaginant fortement être devenu bête ,
broutoit l’herbe , fembloit frapper /des cornes,
laifloit croître lès cheveux & fes ongles, & imi-
toit à l’extérieur toutes les aâions d’une bête: ce
changement, qui probablement n’avoit lieu que
dans fon cerveau altéré , ou dans fon imagination
échauffée, étoit un effet de la lycantrOpie, ma-
ladie dans laquelle l’homme fe perfuade qu’il eft
changé en loup , en chien , ou en un autre
animal. { A . R .}
N A C
NACHOR. ( Hifl. facr. ") On en trouve deux
dans l’écriture fainte; Nachor, fils de Sarug. lit
père de T h s ré , 8c Nachor, fils de Tharé & père
d’Abraham,
N A D
N A DA B . ( Hijl. fie r . ) Il y en a deux aufS
dans l’écriture fainte, Nadab , fils d’Aàron & frèrè
d’A biu , dévoré avec celui-ci par le feir cd eft é • •
( Lévitiq. c , ,/p. ) & Nadab , roi d’Ifràël , fils & '
fucceffeiir de -Jéroboam, tué en trahifon avec,
toute fa race par Baafa, l’un, de fes 'généraux,'
T roi filme livre des Rois, oh ap. 14, 15, 16.
( Il y a même encore un troifième Nadab, fils
de Semei. Paralip, liv. i ) , c.2, v e r f 28.' f
N a d a b , ( Hifi. mod. ) nom du fóuverain pontife
ou grand-prêtre des Perfans , dont la dignité
répond à celle du muphti en Turquie, àyèc cette '
différence unique , que le nadab.peut fé dépouiller
. de fa dignité religieufé- ou eccléfiaftique, & afpirèt*'
aux emplois, civils ■; ce qui n’eft pas permis au
muphti. L e nadab prend place, après' l’atbmat?
dület, ou premier minifire, l i a fous lui de ax
juges, appellés l’un feeik, l’autre cafi, qui coin-'
noiffent, décident, de toutes les matières de religion
, qui permettent les divorces , àffiffent aux
contrats & aâes publics. Ils ont des fubfiitms
ou lieutenans dans toutes les vill.es du royaume.
( H" ).
N A D A L , ( A u g u s t in ) ( Hifi., ïitt. modk ) de
l’académie des belles. - lettres , n’a point d’éloge
( on ne fait pourquoi ) dans le recueil de cette
académie. Il y avoir été reçu élève en 17 0 6 ,,
affocié- en 17 12 , vétéran en 1714* On a de lu i,
dans le recueil de l’académie , une differration
fur l’ufage où étoient,l«s foldats* romains de dire
des vers fatyriques contre lés triomphateurs ; une
hiftoire des Veftales, des differtations fur. le luxe
des dames romaines. L’abbé Nadal a travaillé pou s? j le théâtre ; il prenoit ordinairement fes fuiets dans
1 Pécrinire fainte, ou dans l’hiftoire des Juifs : Sa ïd,
1 Fier9de, Ant'wclms ou les Muchabées. Marianne, J 1 fit
{
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suffi une tragédie d’Ofirphis , cet Ofafphis étoit
.Moïfe, dont l’hiftoire véritable étoit ornée de
beaucoup j d’incidens fabuleux ; le cardinal de
Fleury ,^cpfil appelle une perfonne éminemment
refpeaàble , ne voulut pas permettre .que cette
pièce fût-jouée ; elle eft imprimée. L’abbé Nadal
a donné aufii à la comédie italienne line parodie
de Z a ire, dont le titre fëul eft une injure : c’eft
Arlequin au Parnàjfe où la folie de Melpomlne.
Il a eu le malheur d’écrire encore contre cette
charmante pièce une lettre, ou il dit qu’Orofmane
eft un fcélérat, & Néreftan un perfonnage avili.
Il avoit auffi fort maltraité, dans des remarques
particulières , la tragédie d’Hérode & Mariamne de
M. de Voltaire. Ce grand poëte lui a payé toutes
fes dettes par une feule épigramme,'dont il.n’y
a même que le tiers, pour l’abbé N ada l, qui, a
pour affociés deux autres détraâeurs de M. de
Voltaire ; encore M. Titon du T ille t, auteur du
Parrfaffe françois , entre-t-il en partage, avec tous
les trois. C’eft: à lui que l’épigramme eft adreffée :
Dépêchez-voiis, Mönfieur Titon ,
Enricbîirëz votre Hélicon,
Plàçez-y fur un piédeftal
Saint-Didier , Danchet & Nadal ;
Qu’on voie.armés du même archet
Nadal,, Saint-Didier & Danchet ,
Et couverts du même laurier
- Danchet , Nadal & Saint-Didier.'
L ’abbé Nadal n’avoit pas a fiez de talent pour
pouvoir rendre juftice à M. de Voltaire ; il n’avoit
pas non plus affez d’efprît pour la rendre à M. de
la Motte qu’il juge très-févèrement. IL y a quel-,
ques idées raifonnables dans fes obfervations fur
la tragédie ancienne & moderne ; mais c’eft: toujours
la même înjuftice envers M. de Voltaire.
L ’abbé Nadal a auffi des penfées fur l'éducation ,
mais on a plus & mieux penfé depuis fur ce fujet.
On a encore de lui quelques poéfies fugitives où
il y a peu de poéfie. Ce ri’étoit en tout, ni un
homme de génie , ni un homme de beaucoup
d’efprit, ni un homme d’.un goût fur; mais c’étoit
un littérateur inftruit 8c eftimàble. Il mourut en
1740 ou 1-741 , âgé de 82 ans; il avoit été , en
1 7 1 2 ; fecrétaire d’ambaffade ou de l’ambaffadeur
( le duc d’Àumonr ) auprès de la reine Anne en
. Angleterre.
N A D A S T I,- ( Hiß. de Hongrie. ) Deux gentilshommes
hongrois de ce nom figurent dans l’hif- ~
toire , Thomas & François. Thomas, comté de
Nadafli, fujet fidèle de Ferdinand , roi de Hongrie.
& de l’empereur Charles - £)uint fon frère, défendit
vaillamment,, en 1 5 3 1 , la ville de Bude ,
contre l’empereur des Turcs, Soliman II ; fa valeur
fut trahie; la garnifon féduite livra.aux Turcs la
v ille ,& le château, & le livra lui-même à Soliman
; mais ce prince, qui avoit delà grandeur,,
punit les traîtres, en profitant de la trahifon ; il
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? combla d’éloges , il honora Natjafù , 8c le renvoya
fous une efeorte fuie; au roi de Hongrie Naclt.fii
continua de fervir Charles & Ferdinand. L e fameux
I Ferdinand de Tolède , duc d’Albe , qui avoit fervi
fous lu i, fe faifoit honneur de fe dire fen difciple,
& Nadafli prédit & annonça de bonne heure ce
que feroit un jour le duc ci’Albe.
. François de Nadafli , de la meme famille , qui
étoit une des plus anciennes & des plus confidé-
rables de la Hongrie , étoit - préfident du çonfeil
fouverain de Hongrie; il n’eut pas la même fidélité
que Thomas. Mécontent de n’avoir pu obtenir de
l’empereur Léopold la dignité de palatin , il entra
en 166.5 fians la révolte des comtes de Serin & de
Frangipani. ( Voyez leurs articles.; & à l’article
F r a n g i p a n i , à l’époque de leur fupplice , lifez
16 7 1 au lieu de 17 7 1. ) Non content d’être un
rebelle , il fut un fcélérat ; il ne mit point de
bornes à fon reffentiment ni à fa vengeance; cette
vengeance fut atroce ; il n’en vouloit pas moins
qu'à la vie de l’empereur ; il m it, dit-on, le feu
au palais impérial, dans l’efpérance que ce prince,
ou feroit brûlé , ou pourroit aifément être tué.
dans la çonfufion & le tumulte que produiront
l’incendie. Ce moyen n’ayant pas réufii, malgré
l’embrafement du palais , qui s’exécuta le23 février
16 6 8 , il tenta le poifon; il fit , dit-ôn, empoi-
fonner les puits, dont il crut que l’eau étoit employée
dans les cuiflnes de l’empereur ; & ce nouveau
crime étant encore refté fans effet, il invita
l’empereur , l’impératrice & toute la cour à venir
prendre chez lui le divertiffement de la pêche, le
5 avril' i66'8. L’empereur aimoit extrêmement la
pâtift'erie ; Nadafli donna ordre qu’on fervît devant
lui une tourte de pigeonneaux qu’il fit empoifonner
par foncuifinier. La comtefië de Nadafli, inftruite
du complot , le fit manquer ; elle ordonna au
cuifinieij: de faire' promptement une tourte fem-
blable à la tourte empoiforinèe , & ce fut celle-là
qu’elle prit foin defairefervir. Enfin , un des complices
ayant été arrêté, & fes papiers ayant fait
connoîfre là part que le comte de Nadafli avoit à
là conjuration , celui-ci affembla cinq cents hommes
, avec lefqüels il vouloit s’enfuir à Venife;
mais il fut prévenu & arrêté dans fon château. Il
avoua tout , & fut condamné à avoir le poing
coupé. & la tête tranchée. L’empereur lui remit
upe partie de la peine , il s ’eut pas le poing
coupé. Sa famille fut dégradée de noble^Te ; fes
enfans quittèrent leur nom & leurs armes , &
prirent le nom de Cruzémberg. Nadafli fut décapité
le 30 avril 16 7 1 , dans l’hqtel-de-ville de Vienne.
Dans la guerre de 17 4 1 , un général Nadafli
, ! envoyer
le doge avec fix fénateurs „ implorer la démence
de la rern®» de -Hongrie, temme la même ville de
Gênes avoit imploré, en 1682 , celle de Louis
XIV.